« Le Livre des Morts Tibétain »
Traduction et commentaires de Robert A. F. Thurman (édition 1997)
C’est le « vrai » Bardo Thödol, complété par des commentaires, un glossaire, une présentation du Tibet et du Bouddhisme, des prières et d’autres textes qui n’avaient pas encore été traduits à l’époque de cette édition.
Bardo Thödol, est composé de bardo (état intermédiaire), de thö (entendre) et de dol (libérer), signifie libération par l’audition pendant les états intermédiaires (entre la mort et la renaissance).
Comme l’explique R. Thurman : le Bardo Thödol « est considéré comme un ouvrage scientifique sur les réalités et expériences de la mort. Il instruit les Tibétains sur le processus de la mort, sur la manière dont leurs actions dans le présent peuvent affecter ce processus et sur les moyens de gérer leur mort quand elle arrive. Ces instructions les aident aussi à comprendre la mort de leurs proches, à s’y préparer et à la gérer. »
L’objectif « est d’aider la personne à passer à un état de libération consciente ou au moins de lui permettre d’intégrer un royaume positif et orienté vers la libération tel qu’un Univers de Bouddha ou Terre Pure.»
Cet ouvrage fut composé par Padma Sambhava, et dicté à son épouse Yeshe Tsogyal au VIIIe siècle. Il est resté longtemps caché avant d’être découvert dans la montagne de Gampo Dar par Karma Lingpa au XIVe siècle.
Il fait partie d’un ensemble de textes intitulé : La Libération Naturelle par la Contemplation des Bouddhas Bénins et Féroces.
Le Bardo Thödol lui-même est composé :
- Des textes explicatifs pour celui qui accompagne le défunt (qui ne sont pas à lire au défunt)
- Des textes à lire au défunt lui expliquant ce qui est en train de se passer, comment il doit réagir, le rassurer, l’inciter à faire les bons choix…
- Des prières à lire au défunt pour l’aider à se les remémorer et à les réciter (idéalement ce sont des prières à apprendre par cœur de son vivant). Une même prière va être répétée à différents moments au cours des semaines qui suivent le décès. (Exemple : «La prière pour la délivrance des passages difficile du monde intermédiaire».)
Dans cette version viennent s’ajouter les commentaires de R. Thurman (des explications pour les occidentaux).
Ce qu’il faut faire et dire est expliqué pour chaque moment (par exemple le moment où la respiration s’arrête, le 2ème jour, le 3ème jour etc…). A chaque fois il est affirmé que c’est l’occasion pour le défunt d’être libéré car dans cet état ses capacités sont accrues, mais en cas d’échec (ou dans le doute), il est souhaitable de continuer la lecture du Livre.
« Le monde (ou état) intermédiaire du moment de la mort », la « Claire Lumière »
Arrêt du souffle extérieur, le souffle intérieur continue un certain temps…
« … ton souffle extérieur cesse et tu fais l’expérience de la réalité absolue et vide comme l’espace, ta conscience immaculée et nue se lève claire et vide, sans horizon ni centre. A cet instant-là, par toi-même tu dois la reconnaitre comme étant toi-même, tu dois rester au sein de cette perception-là. »
- Apparition de la première Claire Lumière
- Apparition de la deuxième Claire Lumière
Dissolution des éléments (au moment de l’arrêt du souffle?) : apparitions de mirage, fumées, bluettes, ciel éclairé par la lune, ciel éclairé par le soleil, ciel sombre, pénombre de l’aurore.
(Les durées de ces phases sont variables d’une personne à l’autre, temps d’un claquement de doigt, temps d’un repas, 4 jours et demi (?))
Il y a des moments d’inconscience, d’autres moments où le défunt peut croire qu’il est encore vivant.
« Le monde intermédiaire de la réalité » : longue phase des hallucinations du Devenir
- les divinités bénignes (pendant 7 jours)
- les divinités féroces (pendant 5 jours)
Apparitions impressionnantes de divinités, de sons, de couleurs, de lumières. On guide le défunt pour qu’il ne cède pas à la panique, ne fuit pas les lumières éblouissantes, et ne soit pas attiré par les lumières douces.
Les Divinités Féroces ici ne sont pas ennemies, ce sont « des formes terrifiantes de Bouddhas qui expriment la sagesse et la compassion selon des modalités nécessaires pour vaincre la férocité habituelle des pulsions égoïstes(…)» (Glossaire)
Extrait : le monde intermédiaire de la réalité des divinités bénignes:
« … en appelant le défunt par son nom, vous devez l’orienter de la manière suivante :
O noble … ! Ecoute sans relâche ! Pendant cette seconde journée, la lumière blanche qui correspond à la pureté de l’élément eau s’élève devant toi. Au même moment à l’orient, de la terre pure bleue d’Abhirati qui est jouissance intense, le Seigneur bleu Vajrasattva Akshobhya apparaît devant toi, assis sur un éléphant, portant un spectre vajra à cinq pointes, uni à sa parèdre Bouddhalochana, servi par les Bodhisattvas masculins Kshitigarbha et Maitreya et les Bodhisattvas féminins Lasya et Pushpa ; ils forment ensemble un groupe de six archétypes divins. La lumière blanche de la sagesse-miroir qui est pureté des agrégats de la forme blanche et perçante, lumineuse et claire, brille à partir du cœur du couple Vajrasattva devant toi et te pénètre, insoutenable au regard. En même temps la lumière douce et brumeuse des enfers brille devant toi, parallèlement à la lumière de la sagesse.
A ce moment-là, sous l’influence de la haine, tu cèdes à la panique, terrifié par cette brillante lumière blanche et tu t’en écartes. Tu sens une attirance pour la douce lumière brumeuse des enfers et tu t’en approches. Mais il faut que tu comprennes maintenant et avec audace que cette lumière claire, éblouissante, perçante, brillante, est la sagesse. Qu’elle te réjouisse dans la foi et la révérence ! Prie et fais grandir ton amour pour elle en pensant : « C’est la lumière de la compassion du Seigneur Vajrasttva ! Je prends refuge en elle !
(…) et répète après moi la prière suivante :
Alors que j’erre dans le cycle des existences entrainé par une violente haine,
Que le Seigneur Vajrasattva me guide sur la voie
De la claire lumière de la sagesse-miroir !
De la claire lumière, de la sagesse et de la perfection de la réalité ! (…)»
« Le monde intermédiaire de l’existence »
(durée variable, on dit en général 21 jours mais cela peut durer de 1 semaine à 49 jours)
Dans cette phase il est encore possible d’obtenir la libération, sinon il s’agit de s’orienter vers une existence bénéfique. (Choix de la matrice…)
Dans cette phase, des hallucinations surviennent encore, Yama, le Seigneur de la Mort, des tueurs, des intempéries, l’obscurité. (Il faut encore rassurer le défunt sur le fait que son « corps » n’est pas réel et ne risque rien.)
La mort compte 3 états intermédiaires qui font partie des 6 états intermédiaires (ou mondes intermédiaires)
- (existence) le monde intermédiaire de la vie naturelle (l’existence)
- (existence) le monde intermédiaire du rêve (sommeil)
- (existence) le monde intermédiaire de la contemplation (méditation)
- (mort) le monde intermédiaire du moment de la mort
- (mort) le monde intermédiaire de la réalité
- (mort) le monde intermédiaire de l’existence (précédant la réincarnation)
Comparativement aux livres écrits pour les occidentaux cités plus haut, dans Le Bardo Thödol, les divinités bénignes (appelées parfois «paisibles») et féroces (appelées parfois «courroucées») sont omniprésentes. Mais il est bien précisé que ce sont des hallucinations symboliques.
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