Mais le Soi est SatCitAnanda, il ne "désire" pas se libérer puisqu'il est toujours libre. Il ne cherche pas à ne plus souffrir puisqu'il est pure béatitude. Il ne cherche pas à quitter le monde manifesté puisqu'il est dans le domaine de l'absolu, hors temps et espace.
Qui donc cherche à se libérer ?
C'est bien l'égo qui souffre ou qui prend plaisir. Or celui qui n'arrive pas à assouvir ses désirs et en souffre et pour qui la vie est devenue insupportable, ou celui qui se sent attiré par les mystères cachés plus que par n'importe quoi d'autres, cet égo va chercher une satisfaction dans la recherche du Soi. Le Soi lui-même ne peut pas éprouver de satisfaction, et c'est bien l'égo qui va expérimenter la fin de la souffrance ou la joie de trouver la vérité.
J'en arrive à la conclusion que toute démarche spirituelle est totalement égoïste, ou disons "individuelle" ; c'est le paradoxe que je voulais soulever.
J'avais relu le topic "ceci est mon corps" et l'intervention de Denis qui disait :
Oui, en effet, c'est l'égo qui aime la vie, et "l'amour de la vie" n'est donc pas forcément une marque de réussite spirituelle (qui consiste à réaliser le Soi).Denis a écrit : Ha oui, comme j'aime cette phrase...Elle nous oblige à voir clair, à trouver notre humilité et à tenter de voir que nous ne devons pas nous la raconter..." Enfin on sait très bien, que même chez les plus avertis, l'amour de la vie n'est qu'un flot de complaisance envers soi-même "
Mais celui qui est totalement détaché, qui ne fait plus de différence entre lui et le monde, c'est bien lui, le jiva qui va connaître la félicité, non égoïste, mais n'existant que pour lui...
Donc, autrement dit, à part pour ma satisfaction personnelle, à quoi bon "réaliser ma vraie nature" ?
Pour les bouddhistes ou l'advaita védanta, il me semble que le but soit bien l'arrêt de la souffrance, pour cette vie et les vies futures.
Mais y a t'il d'autres conceptions à ce sujet, qu'en est-il pour d'autres traditions ?