Samadhi Pada - Sutra 20 : Les autres hommes l’obtiennent par la foi, la détermination, l’activité de la mémoire...

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Denis
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Samadhi Pada - Sutra 20 : Les autres hommes l’obtiennent par la foi, la détermination, l’activité de la mémoire...

Message par Denis » 09 mars 2025, 20:13

Sutra 20 !
20. Les autres hommes l’obtiennent par la foi, la détermination, l’activité de la mémoire, l’unification et le discernement de la réalité.

Il y a dans la vision du Yoga quelque chose qui n'est pas dogmatique...
En effet, dans beaucoup de textes, on trouve l'idée que le pratiquant puisse appeler la divinité qu'il souhaite et là Patanjali nous dit clairement qu'il existe aussi d'autres chemins qui permettent la réalisation spirituelle.
La foi permet cela aussi. J'ai parlé de la foi juste dans le sutra 18, pour moi, elle est fondamentale, j'aime Nisargadatta qui dit sans ferveur rien ne peut arriver.
Je le pense sincèrement. Le risque de ne pas avoir de foi, ou de ferveur est de "rater la cible" et d'essayer de consciemment ou pas de faire du Yoga pour diviniser Bibi et cela n'est pas le chemin du tout...
La détermination. Vaste sujet... Oui, se déterminer à rencontrer la réalisation, c'est un peu ce que propose Nisargadatta, qui finalement nous demande de rester tranquille et de chercher en nous. Il nous dit : "d'aller dans le sens du Je suis" et de ne rien faire d'autre, tout en comprenant que nous devons nous rappeler constamment ce que nous devons nous rappeler.
L'activité de la mémoire... Là, je ne vois pas trop... Oui, peut-être se rappeler, réactualiser sans cesse l'envie, la volonté de se réaliser...
L'unification... Pour moi cela est Yoga, c'est ce que nous travaillons avec le discernement.

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amandine
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Re: Samadhi Pada - Sutra 20 : Les autres hommes l’obtiennent par la foi, la détermination, l’activité de la mémoire...

Message par amandine » 09 mars 2025, 22:12

Au sujet de la mémoire et en commentaire à ce sutra, Aranya explique qu’il faut constamment se souvenir de la corrélation entre le OM et le divin lui même.
Il conseille d'imaginer Dieu éternellement émancipé et qui réside en notre for intérieur tout en continuant à répéter le OM.
(A un stade préliminaire, il conseille d'avoir un mantra plus long.)
En tant que maître du Samkhya, il dit que l’on devrait aussi effectuer la contemplation sur différents tattvas (principes) c'est-à-dire Bhuta-tattva , Tanmatra-tattva , Indriya-tattva, Ahamkara-tattva et Buddhi-tattva (respectivement les principes des éléments grossiers, des monades subtiles, des organes, du sens du Je et de l'Intelligence pure)
Selon lui « La pratique la plus élevée consiste à se souvenir constamment de la discrimination entre Purusa et Prakrti, la pure Conscience et le connaissable. En pratiquant cela, les pensées qui surgissent dans l'esprit doivent être maintenues devant l'esprit comme s'il s'agissait d'un objet, c'est-à-dire que votre processus de pensée doit toujours être le sujet de votre examen et aucune idée étrangère, c'est-à-dire rien d'autre que ce à quoi vous pensez, ne doit être pris en considération et vous devez continuer à observer ce que votre esprit reçoit. C'est le principal moyen de purifier votre esprit, c'est-à-dire d'atteindre l'auto-purification. C'est la meilleure forme de Smrti-sadhana. »
Smrti est une attention telle que le mental ne se laisse pas distraire.
C'est une pratique pour ascète tres tres avancé(e) sur la voie (comme beaucoup de choses dites dans ce premier chapitre. Ca devient difficile de se sentir concerné ).
Mithuna
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Re: Samadhi Pada - Sutra 20 : Les autres hommes l’obtiennent par la foi, la détermination, l’activité de la mémoire...

Message par Mithuna » 11 mars 2025, 10:41

Après avoir exposé dans les sutras 12 à 16 un premier ensemble de qualités nécessaires pour préparer et amener aux enstases (YS 1.17/18), ce sutra énumère cinq aspects de la pratique visant à implanter profondément en nous les racines de la métamorphose exposée dans ce texte, métamorphose dans laquelle nous sommes à la fois le Sujet avec sa légitime aspiration à la Délivrance et l'objet humain avec ses opacités et sa complexité. Il est possible de trouver superflu ce déroulement méthodique, patient voire répétitif, c'est cependant oublier qu'une telle "complexité" apparente ne fait que répondre à notre propre complexité. Nous sommes multiples, hétérogènes, pétris de contradictions et de désirs et si la déconstruction de cet édifice complexe et mouvant est longue et parfois fastidieuse c'est bien parce qu'une "démolition" brutale ne révélera aucunement "La Forme du Drastr" mais un terrain chaotique dans une forme de régression qui ne fera que promouvoir les formes de conscience, les "contenus mémoriels" les plus enracinés.
Les deux Sutras précédents nous ont clairement appris que toute enstase, quelle que soit sa profondeur et son intensité, n'était pas une fin, mais peut être le vrai début du sentier enseigné par les Ys, les phases antérieures étant une préparation néanmoins indispensable si nous désirons éviter les écueils dont le sutra précédent donne des exemples. Ce sutra 20 exprimera donc de façon plus précise les modalités de la discipline indispensable pour continuer notre évolution, les qualités ici exposées faisant partie du "Guide de voyage" tout au long de ce chemin.
Ainsi si dans les phases préparatoires les Ys insistaient sur la "pratique persistante et le non attachement" (YS 1.12) afin de permettre aux contenus de conscience de perdre leur force aliénante, l'ensemble des qualités requises pour permettre une évolution spirituelle durable se trouve ici pleinement exposée. La considération de cet ensemble de conditions pourrait être décourageante, mais en réalité de la même façon que nous percevions que " pratique persistante et le non attachement" étaient les deux aspects d'un engagement accepté et s'enrichissaient mutuellement, nous verrons qu'ici cette quintuple discipline constitue cinq outils chevillés ensemble à la manière d'un "couteau suisse" spirituel et se complètent en se fortifiant mutuellement. Par ailleurs – hors de toute dualité - la mise en œuvre consciente et sincère de tels moyens ne concerne pas uniquement notre devenir spirituel, mais également notre épanouissement personnel.
La première qualité requise sera donc la foi. Le sutra 14 avait déjà évoqué "l'enthousiasme" dont l'étymologie nous révélait la vraie nature. Placée en premier elle est le moteur nécessaire à la continuité du voyage, moteur s'opposant aux force réactives et centrifuges évoquées depuis le Sutra 4 "Identification aux modifications du mental". Il est à noter ici que cette foi est intransitive, sans objet. Ce que les Ys expriment donc c'est que l'objet de cette foi est moins important que la foi elle-même tout en indiquant qu'une conviction abstraite est insuffisante pour permettre la transformation profonde conduisant à la Délivrance ou à l'Union. Si l'objet de cette foi est un "levier" ce levier n'aura d'efficacité que s'il mobilise en nous une grande force émotionnelle, un désir profond et durable, qui se condense en une "Ishta" se présentant déjà comme une "imago" à la fois réflexion et anticipation de la "forme du Drastr". Nous touchons ici à l'intimité et la sincérité spirituelle de chacun de nous, intimité puissante et inspiratrice faisant partie intégrante de son jardin secret. Qu'il s'agisse d'une image Divine, de la confiance inébranlable en un Maître spirituel, d'une certitude enracinée de la réintégration dans notre héritage divin, nous ne pouvons faire l'économie d'une aspiration irrésistible, un véritable pont entre notre "être de chair et de destin" et notre nature divine.
La détermination dont il est ensuite question est la mise œuvre de ce moteur, la certitude de la bonne orientation, le flair irrésistible du bon chien de chasse qui sait sans hésitation qu'il est sur la piste sans se laisser distraire par la profusion des stimulis qui peuvent l'assaillir. Nourrie par la foi elle en représente la mise en œuvre concrète dans notre vie, en nous permettant sur la durée de rester constant dans l'orientation profonde de notre devenir, au-delà des aléas de notre destin personnel.
Nous avons rencontré à plusieurs reprises dans les sutras précédents en particulier le Sutra 11 l'importance de la Mémoire, dans le processus de transformation spirituel des Ys non comme une bibliothèque bien ordonnée et obéissante de contenus statiques, mais une entité toujours mouvante et constamment réactualisée susceptible de tracer des sillons intérieurs conditionnant notre futur. Cette mémoire est parcourue par deux courants mémoriels antagonistes (YS 1.2/1.4).
Dans les Mystères grecs, le Myste était conduit à s'abreuver à deux fontaines sources de deux fleuves. La première était la source du Léthé, source de l'oubli et la seconde celle du Mnémosyne, le souvenir. Nous retrouvons ici ces deux courants. Le premier l'oubli est le résultat de "l'inhibition des modifications du mental" (Ys 1.2) qui si l'on n'y prend garde conduisent à "l'identification aux modifications du mental" (YS 1.4) engendrant les conditionnements profonds. Pas plus que cette "l'inhibition des modifications du mental" ne signifie une forme d'éradication brutale de nos pensées, cet oubli ne signifie pas un effort acharné pour extirper des souvenirs dont l'impact émotionnel fort a déformé durablement notre monde intérieur (YS 1.11), un refus pathologique de tout contenu mémoriel mais une "attention" à la souffrance existentielle et spirituelle (Ys 1.5) provenant de l'enracinement de tels contenus par la discrimination (YS 1.7-1.8 et 1.15).
En réponse à cette discipline, plus profond et durable sera l'oubli résultant de toute enstase "sans support", quelle que soit son intensité et sa profondeur. Un tel oubli sera un "retrait" de ce que nous pensons être, une "désidentification" profonde de formes de conscience obsolètes, aliénantes, opacifiantes qui altèrent en nous "l'évidence" de la Présence, la "Forme du Drastr" (YS 1.3). Une source profonde dissout les agrégats de conscience en ouvrant de nouvelles voies qui accueilleront le "Souvenir" de ce que nous sommes, non un souvenir situé dans un temps formel mais comme une dynamique nous ramenant "à la Maison" et sera toujours un "préalable" à l'émergence d'une nouvelle dynamique spirituelle.
Un tel "oubli" progressif résultant du "non-attachement" (YS 1.15) précède la Réminiscence comme l'inhibition précède l'installation (YS 1.2/1.3). En effet le second courant mémoriel qui constelle notre chemin spirituel sera une anamnèse, dissipant l'oubli de notre nature profonde (YS 1.3) provoqué par la sédimentation des formes de conscience en conditionnements (samskaras) générant à leur tour des latences (vasanas). Ce "Souvenir" spirituel est moins temporel qu'ontologique : il concerne la genèse et le devenir du "Divin en nous".
Lorsque Yo-Gui parle "de forme de nostalgie et de désir de changement", il existe bien en nous une nostalgie des origines, de cet état chaud et indifférencié, participation inconsciente à la plénitude divine qui peut nous conduire à une sorte de régression ou de quiétisme, ou au contraire nous inviter à nous engager dans une participation consciente à un devenir spirituel. Dans ce cas elle devient un moteur fidèle engendrant un élan puissant sur le chemin qui mène à la "Réintégration", nourrissant la foi et la détermination. Cette nostalgie de source de "souffrance" spirituelle (YS 1.5) devient "Intuition directe du Soi" (YS 1.16), révélation de la "Présence" dans les rencontres spirituelles et enstases successives nous faisant pressentir le chemin devant nous. Ce "Souvenir" s'incarne progressivement au fur et à mesure que "l'oubli" se dissipe (YS 12/15), moins comme un événement figé de notre passé personnel que comme un "Nouveau Sens", émergence dynamique de la "Forme du Drastr" en gestation.
De cette "Réminiscence" résultera "l'Union" non encore comme l'Union ou la Fusion finale mais comme une continuité de la Présence, un aspect de "Turya", ou plus exactement un ressenti intime et profond de la transformation intérieure qui s'opère en nous jour après jour, affleurant, indépendamment de nos activités quotidiennes, de nos affects et nos préoccupations dés lors que nous sommes vigilants sur l'émergence de nouveaux courants centrifuges (YS 1.4) nous projetant vers la fragmentation de notre conscience et que nous laissons s'exprimer "l'intuition directe du Soi" émergeant dans "l'espace entre deux pensées" (YS 1.16).
Enfin nous avons déjà rencontré le "discernement ou "discrimination" dans les sutras précédents – notamment en évaluant les risques de la "non-discrimination" dans les sutras 6 à 8. Ici elle devient à la fois une conséquence de "L'intuition du Soi" (YS 1.16) et de l'émergence de la réminiscence spirituelle qui nous alerte dès lors que nous nous écartons de la voie spirituelle par l'apparition de trains de conscience "douloureux" (YS 1.5). Ce n'est pas arbitraire que le "discernement de la Réalité" ou la discrimination parachève cet ensemble de composants de notre engagement spirituel, à la fois le résultat et le moteur des quatre aspects précédents, dans la mesure où toute la trajectoire décrite dans les Ys s'articule autour de la "discrimination du spectateur du spectacle" en nous préservant des périls du chemin.
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pashupati
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Re: Samadhi Pada - Sutra 20 : Les autres hommes l’obtiennent par la foi, la détermination, l’activité de la mémoire...

Message par pashupati » 11 mars 2025, 12:35

Namaste 🙏 à tous
Et merci pour toutes ces explications.
Namaste 🙏
l esprit est plus fort que la matiere
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