Bonjour à tous,
Merci de votre accueil the_oliver et Alexandra !
Merci Hridaya, non effectivement je ne dédaigne pas la pratique bien au contraire, et je ne pense pas qu'il n'y a "rien à faire", sinon je ne serait pas là !
et cette tensions vers la réalisations est a un moment du parcours, est une façons de se maintenir dans la voie de l'individu et non de l’énergie voir de la conscience
Je ne peux que te rejoindre là-dessus !
Denis, il y a un moment dans le chemin où il n'y a pas à obtenir mais à lâcher, se détendre totalement et s'abandonner au Soi, à la Conscience. Quand cet abandon se fait, il n'y a effectivement plus de chemin, plus de souffrance, plus de cessation de la souffrance, etc... puisqu'on réside (ou on s'efforce de résider) dans la pure conscience immaculée, libre de dualité. Comment "obtenir" quelque chose qui est là depuis toujours ? C'est le point de vue absolu ! Mais du point de vue relatif bien sûr il y a à faire, à travailler, à fournir des efforts. Mais quand l'ego s'efface, qui reste-il pour faire des efforts, pour pratiquer ? Et le sacrifice à faire, c'est le plus grand des sacrifices, le plus dur : le "Je". Et attention, je n'ai jamais parler de "la pleine conscience", rien à voir !!!
Pour la citation du Bouddha Sakyamuni, je vais tenter de l'expliquer. Lorsque l'on s'efforce de quitter le samsara et l'océan des souffrances, c'est de la vanité. Quand on s'efforce de rejoindre le nirvana, c'est de la vanité. Puisque qui essaye de quitter le samsara ? Qu'est ce qui essaye de demeurer dans le nirvana ? Quand on rejoint une voie spirituelle, c'est forcément notre ego qui nous pousse à rejoindre cette voie : arrêter de souffrir, être heureux, bien dans sa vie... Parfois c'est même des buts moins avouable : obtenir du pouvoir, de l'influence, paraître sage, obtenir l'admiration, la reconnaissance... Et heureusement que cet ego nous pousse à cela ! Car sinon le travail ne serait jamais commencé... Cependant il y a un moment ou il faut lâcher cette ego, ou il faut renoncer au désir d'atteindre le nirvana, renoncer au désir de fuir le samsara... Car c'est justement ce qui nous fait chuter dans le samsara qui veut obtenir l'éveil !!! Le maître de mon père, Taisen Deshimaru, avait coutume de dire que celui qui pratiquait réellement bien, c'était celui qui ne savait même plus pourquoi il s'asseyait en zazen.
Lorkan et toi vous êtes d'avis que le Nirvana est totalement coupé du Samsara, et quand on s'absorbe dans le Nirvana, le samsara disparaît... J'ai lu dans un autre post :
Avec Dilgo Kientsé Rimpotché, ce fut les 2 êtres les plus lumineux que j’ai pu rencontrer dans mon existence...
Cela tombe bien ! Dilgo Khyentsé Rimpotché appartenait à la lignée Nyingma, et était détenteur des enseignements du Dzogchen, qui sont très proches de la transmission du Mahamudra que j'ai reçu. D'ailleurs la pratique éminente du Dzogchen est Men Ngak Dé (ou Thögal) qui n'a d'autre but que de réaliser la pureté et la luminosité du monde et des phénomènes. Mais donc je pars du principe que c'est un maître qui est, à ton goût, suffisamment "lumineux" et "vrai". Alors laissons le parler : La perception pure est le point de vue extraordinaire du Véhicule de Diamant. Elle consiste à reconnaitre la nature de bouddha qui réside dans tous les êtres et à percevoir la perfection et la pureté originelle dans tous les phénomènes. Chaque être possède l'essence de bouddha, un peu à la façon dont chaque grain de sésame contient de l'huile. L'ignorance est simplement la méconnaissance de cet état de fait. C'est la condition du mendiant qui ne sait pas qu'il y a un pot plein d'or enterré sous sa hutte. Le voyage vers l'Éveil, c'est la redécouverte de cette nature oubliée. C'est comme revoir le soleil qui n’a jamais cessé de briller, à mesure que les nuages qui le cachaient sont chassés par le vent.
Les qualités de l'état de bouddha imprègnent tous les êtres, à l'image de l'huile et du sésame. Expressions naturelles de la nature absolue, elles sont là depuis toujours, immuables et au complet. On peut donc dire que toutes les qualités du nirvana sont omniprésentes dans le samsara -monde de la souffrance et de l'illusion. Quel est le rapport entre les phénomènes de l’illusion et ceux de l’éveil ? Considérons les nuages dans le ciel. Ils se forment, en quelque sorte, grâce au ciel. Mais le ciel, lui, reste immuable : les nuages y surgissent puis, une fois que le vent les a dispersés, il réapparait exactement tel que depuis toujours. De même, les phénomènes, même ceux du samsara, ne sont jamais séparés de la nature éveillée du nirvana. Ils se manifestent tous au sein de cette nature, mais en ne la modifiant en rien. Est-ce que, par conséquent, les phénomènes de l'Éveil sont à leur tour imprégnés par ceux de l'illusion ? Non, car la nature absolue est immuable. Aucune illusion, aussi profonde soit-elle, ne peut l'affecter. On peut donc dire que les phénomènes illusoires ne sont jamais distincts de la nature absolue, mais que la nature absolue ne les "contient" pas. En d'autres termes, la nature de bouddha est présente dans l’illusion, mais l’illusion n’est pas présente dans la nature de bouddha.
L'esprit n'a ni forme, ni couleur ni substance ; voilà pour son aspect vide. Mais il peut connaitre les choses et percevoir une variété infinie de phénomènes ; c'est son aspect lumineux, c'est à dire connaissant. L’union inséparable de ces deux aspects - vacuité et luminosité - constitue ce que l'on appelle l'esprit originel immuable. Pour le moment, la clarté naturelle de votre esprit est voilée par vos égarements. Mais au fur et à mesure que ces voiles se dissiperont, vous commencerez à découvrir la radiance de la conscience éveillée, jusqu'au moment où vos pensées se libéreront à l'instant même où elles apparaitront, comme un trait sur l'eau disparait dés qu'on le trace. Quand on reconnait directement la nature de l'esprit, c'est ce qu'on appelle nirvana. Quand elle est voilée par la méprise, c'est ce qu'on appelle samsara. Mais le samsara comme le nirvana n'ont jamais été distincts du continum de la nature absolue. Quand la conscience éveillée atteint son degré de plénitude, les remparts de la confusion mentale s'écroulent et la citadelle de l'absolu, au-delà de la méditation, peut être conquise une fois pour toutes."
Pour ce qui est du "Non-faire" (qui est très différent de "ne rien faire" hein, on est d'accord Denis, ne me fait pas dire ce que je n'ai pas dit !), voici un traduction que j'ai faite (je ne sais pas si tout le monde parle anglais sur ce forum) d'un texte de Dilgo Khyentsé en anglais (vous pourrez trouvez le texte complet ici :
http://www.pathtobuddha.com/Dzogchen-Th ... poche.html). Vous m'excuserez le "style", je ne suis pas un très bon traducteur.
"Dzogchen - La grande perfection par S.S Dilgo Khyentsé Rinpoché
La nature du samsara et du nirvana, le début et la fin et de la confusion et de la réalisation, la nature de l'universel vide (Sunyata : la vérité que toute existence conditionnée est impermanente et vide d’identité permanente), plus fondamentale encore que le trikaya (les trois corps du Bouddha), parce qu'il est libre de tendance vers l'illumination, est alaya (La "terre" de conscience dans laquelle apparaissent toutes les expériences), parfois appelée aussi l'esprit pur et originel.
Bien que Prajna (la sagesse, fondée sur la réalisation d'Alaya) en elle-même ne se base pas sur de telles concepts et ses différents aspects, il est utile de distinguer trois aspects fondamentale dans celle-ci : ouverture totale, perfection naturelle et spontanéité absolue.
Ouverture totale :
Tout les aspects de chaque phénomènes sont complètement clair et lucide. L'univers tout entier est ouvert et inobstrué, tout s'interpénètre totalement. Comme toute choses sont nues, clairs et libres de toutes impuretés,
il n'y a rien à atteindre ou à réaliser. La nature des choses apparaissent naturellement et sont présente dans une conscience qui transcende le temps. La pratique quotidienne sert simplement à développer une acceptation complète et une ouverture à toutes les situations et émotions, et à toutes les personnes, expérimentant tout totalement sans aucune réserve du mental ni blocages, ainsi cette unitée ne nous sera jamais retirée où centralisée sur une chose. Cela produit une formidable énergie qui est habituellement bloquée dans le processus de l'évasion mentale et de la
fuite des expériences de la vie
[...]
Chacun doit réaliser que l'on ne doit pas méditer dans le sens d'aller profondément en nous-même et abandonner le monde.
Même lorsque l'on médite sur les cakras dans le yoga bouddhiste, il n'y a pas d'introspection et de concentration complète sans la clef de la complète ouverture de l'esprit.
Perfection naturelle :
Tout est naturellement parfait juste tel qu'il est, complètement pur et immaculé.
Tout les phénomènes apparaissent naturellement dans leur unique mode correct et les situations, formant l'éternel changement des schémas, plein de sens et de signification, comme participant à une grande danse. Tout est symboles, mais il n'existe pas de différences entre le symbole et la vérité symbolisée.
Sans effort et sans pratiquer quoi que ce soit, la libération, l'illumination et l'état de Bouddha sont déjà pleinement développé et perfectionné.
La pratique quotidienne est juste la vie ordinaire elle-même. Puisque les états sous-développés n'existent pas, il n'y a pas besoin de se comporter d'une manière spécifique où d'essayer d'atteindre ou de pratiquer quoi que ce soit.
Spontanéité absolue
Tout les phénomènes sont complètement nouveau et frais, absolument unique et entièrement libre de tout concepts d epassé, présent et futur, comme si l'expérience était dans une autre dimension du temps. Le perpétuel flot de nouvelles découvertes, de révélations fraîches et d'inspiration qui apparaît à chaque moment est la manifestation de l'éternel racine du Dharma vivant, et sa merveille, sa splendeur et spontanéité est le jeu ou danse les aspects de l'univers en tant que Guru. Apprenez à voir la vie de tout les jours comme un mandala où chacun est au centre et est libre de penchant et de préjudice des conditionnements passés, des désirs du présent, et des espoirs futurs. Les représentations du mandala sont les objets, jour par jour, de l'expérience de la vie, bougeant dans la grande danse du jeu de l'univers, le symbolisme par lequel le Guru révèle les profonds et ultimes sens et significations. Avant tout, soyez naturels et spontanés ; acceptez et apprenez de toutes choses."
Mais bon, je vois bien Lorkan dire à Dilgo Khyentsé Rinpotché : "Pratiquer le yoga dans cette vision des choses, pour moi c'est lettre morte"
Tu parle de Ma Ananda Mayi. Ecoutons donc ce qu'elle à a dire sur la non-dualité et sur le Soi : "Prenez soin des affaires de la vie courante. Je ne les déclare pas superflues. Mais toujours, gardez un oeil sur Dieu. Si vous faites ainsi, vous verrez fatalement que le "Cela est" et le "moi je" sont aussi liés que l'arbre et son ombre. Le "moi je" est une ombre projetée du "Cela est". En suivant l'ombre on parvient au pied de l'arbre. De la même façon on parvient à Dieu en menant une vie normale, avec toutes ses occupations mais sans Le perdre de vue."
"Dans la méditation, "faire" et "être" sont si différents ! On tente de méditer, on "fait" de la méditation, mais le jour où la méditation émane de soi, où elle "est", quel autre monde !"
Enfin "Il n'y a rien à quoi renoncer. Trouvons plutôt l'élan pour traverser la vie. Après tout les élans restreints, l'être humain doit trouver le Grand Elan."
Et enfin, juste pour le plaisir de vous imaginer bondir d'indignation sur vos tapis de yoga, je ne résiste pas à la tentation de mettre ici un doha (chant) de Saraha (7ème siècle), qui n'est pas "une interprétation récente" ou une "mauvaise traduction" puisque c'était un des 84 Mahasiddhas de la tradition tantrique et un des premiers à enseigner le Mahamudra : "Sans méditer, sans renoncer [au monde], on peut rester chez soi avec sa femme.Si l'on n'est pas délivré tout en prenant intensément plaisir au monde sensible, peut-on appeler cela Connaissance parfaite ? dit Saraha."
"S'Il est dépourvu de méditation, à quoi bon méditer sur Lui? Et s'Il est indicible, à quoi bon l'expliquer? Le monde entier se trouve asservi sous le sceau du devenir et personne n'appréhende sa nature propre."
"NI formule, ni texte religieux, ni objet médité, ni concentration, mais eux tous sont cause du leurre, ô insensé! Immaculée est la Conscience, ne la polluez pas par la méditation. Demeurez dans la Béatitude intime; ne vous tourmentez plus! "
"Ne te concentre pas sur toi-même sans respirer, ô yogin planté là comme un pieu! Ne fixe pas le bout de ton nez. Insensé, jouis du Spontané et abandonne [ces] liens qui ont relent de devenir!"
"Jouir du monde sensible, sans être pollué par le sensible, cueillir le lotus sans toucher l'eau, ainsi fait le yogin qui repose à la racine [des choses] : tout en jouissant du sensible, il ne se rend pas esclave."
"Celui qui s'adonne au vide et ne jouit pas [du monde] par des organes purifiés est comme une corneille qui, s'envolant d'une barque, décrit des cercles au-dessus d'elle et y retombe."
"« Les novices, les moines, les sannyasins, impressionnés par les Anciens, renoncent au monde, enseignent les écritures et se dessèchent à force de concentration.
D’autres se réclament du Grand Véhicule et des textes sacrés. Ils méditent sur les chakras et les mandalas, ils scindent la félicité en différentes étapes.
Ils ne font que s’écarter de la voie et se battent pour savoir si elle est espace et vacuité.
Délaisser le Spontané pour débattre du nirvana, c’est manquer le Sens ultime.
Qui s’écarte du Spontané ne connaîtra pas la délivrance. A quoi bon méditation, offrandes de lampes à huile, récitation de mantras ?
A quoi bon les austérités, à quoi bon les pèlerinages ? On ne se libère pas en se plongeant dans les eaux sacrées..."
Bien à vous,