Ishvara est mentionné dans la Bhagavad-Gita et l'Adavaita Vedanta :
"À l'autre extrême, il est le Purushottama, le Purusha extrême, qui se situe au-delà de l'ultime dualité, celle de l'absolu et de la manifestation.
Ce nom qui ne semble être attribué qu'à lui et à Vishnou, ne lui est pas donné moins de 80 fois dans le Mahabharata"
"Entre ces deux extrêmes, Krishna se présente le plus souvent comme avatar de Vishnou, le « visage » (mûrti) du dieu personnel unique, Ishvara, qui a pour fonction de conserver et protéger l'univers."
"Or il est difficile d'imaginer qu'un « protecteur » se satisfasse d'un immobilisme chez une entité vivante dont il s'est chargé. Il ne peut que désirer la faire évoluer. C'est ce qui apparaît clairement dans la succession des avatars de Vishnou, chacun d'eux venant provoquer une nouvelle ascension dans l'évolution de l'humanité."
Une explication un peu longue mais peut-être un peu plus claire dans l'Advaita Vedanta...
Ishvara - lorsque l'homme essaie de connaître les attributs de Brahman avec son esprit, sous l'influence de Māyā, Brahman est perceptible comme étant Îshvara. Īshvara est Brahman avec la Māyā. Shankara utilise la métaphore suivante : lorsque le « reflet » de l'Esprit Cosmique tombe sur le miroir de Māyā, il apparaît comme le Seigneur Suprême. Le Seigneur Suprême est vrai seulement dans le niveau pragmatique — sa véritable forme dans la sphère transcendantale est l'Esprit Cosmique.
Īshvara est 'saguna-Brahman (Absolu qualifié) ou Brahman avec les qualités favorables et innombrables. Il est tout parfait, omniscient, omniprésent, incorporel, indépendant, le créateur du monde (Brahmā), son protecteur (Vishnou) et aussi son destructeur (Shiva).
Il est sans raison, éternel et invariable — et est pourtant la cause matérielle et la cause efficiente du monde. Il est deux fois immanent (comme la blancheur du lait) et transcendant (comme l’indépendance de l'horloger pour sa montre). Il peut même être considéré comme ayant une personnalité. Il est le sujet d'adoration. Il est la source de la moralité et le donateur des fruits du Karma . Cependant, il est au-delà du péché et du mérite.
Il gouverne le monde avec sa Māyā — son pouvoir divin. Cette association avec une connaissance « fausse » n'affecte pas la perfection d'Îshvara, comme un magicien n'est pas trompé par sa magie. Cependant, si Îshvara est le seigneur de la Māyā, qui est toujours sous son contrôle, les êtres vivants (jiva, dans le sens d'humains) sont les serviteurs de la Māyā (par le biais de l'ignorance).
Cette ignorance est la cause du chagrin et du péché dans le monde mortel. Alors qu'Îshvara est la félicité infinie, la béatitude, les humains quant à eux sont pitoyables, sources de souffrance.
Îshvara a toujours conscience de l'unité de la substance de Brahman, et de la nature illusoire du monde.
Pour cela, il n'y a pas de Satan ou de diable dans l’hindouisme, contrairement aux religions Abrahamiques. Les Advaïtins expliquent la misère par l'ignorance.
Ishvara peut être envisagé ou adoré aussi dans la forme anthropomorphique comme Vishnu , Krishna ou Shiva .
Ainsi, se pose la question de savoir pourquoi le Seigneur Suprême a créé le monde. Si l'un suppose que Īshvara crée le monde d'un but intéressé, ceci diffame la nature plénière et la perfection de Îshvara.
Par exemple, si l'un suppose qu'Îshvara crée le monde pour obtenir quelque chose, ce serait contre sa perfection. Si nous supposons qu'il crée pour la compassion, ce serait illogique, parce que le sentiment de compassion ne peut pas exister dans le monde vide d'avant la création (quand seulement Dieu existait). Donc Shankara suppose que cette Création est le jeu (līlā) spontané d’Îshvara. C'est sa nature, tout comme c'est la nature de l'homme de respirer.
Les seules preuves de Dieu qu'expose Shankara sont les mentions dans la Shruti (Révélation : les Véda) de Dieu, Dieu étant hors de la logique et hors de la pensée. Ceci est similaire à la philosophie de Kant, qui disait que la « foi » est la base du théisme. Cependant, Shankara a donné peu d'autres preuves logiques pour Dieu, dans le but que l'on porte attention dessus, non pas pour s'appuyer dessus entièrement :
Le monde est un travail — une œuvre pensée, un effet, et donc doit avoir une cause vraie. Cette cause doit être Īshvara.
Le monde a une unité, une coordination et un ordre, donc son dirigeant doit être une personne intelligente.
Les gens font de bonnes et mauvaises actions, et obtiennent en retour les fruits de leurs actes, dans cette vie ou après. Les gens ne peuvent pas être leur propre prodigueur de ces fruits, parce que personne ne se donnerait le fruit de son péché. Aussi, ce donateur ne peut pas être un objet inconscient. Donc le donateur des fruits du Karma est Dieu.
Je ne vois pas pourquoi tu penses que les purusas sont limités par le temps...

les purusas sont tous faits de conscience, éternels et en nombre infini...le purusa qui se tourne vers Ishvara c'est pour l'aider à le libérer et à mettre fin à l'illusion qu'il se croit engagé dans la souffrance et qui est une altération de Prakrti, c'est prendre conscience de sa réelle essence inaltérée, de son absence d'engagement dans la matière et de la différence totale entre lui et elle.
Mais il ne faut pas oublier que Patanjali ne mentionne pas uniquement Ishvara comme "planche de salut", il donne aussi d'autres moyens pour se libérer...Les techniques de connaissance de Soi n'ont rien à voir avec l'existence ou la non-existence de Dieu...Ce "non limité par le temps" veut peut-être dire que bien que les purusas soient éternels, il arrivera un moment où le cycle des réincarnations cessera à cause du désir "naturel" de se libérer de Prakrti tôt ou tard...alors effectivement, on peut parler de "limite dans le temps" pour les purusas...