J'ai décidé de pratiquer Nadi Shodhana à raison d'au moins 2x 10 minutes par jour. Ce sera un minimum et autant que possible je souhaite aller sur des sessions de 15 à 20 minutes, qui pourront s'articuler de manière raisonnable avec ma vie quotidienne.
Je ne compte pas décrire chaque session, parce que ça va vite devenir répétitif, mais par contre faire part ici de ce que j'observe de cette pratique si jamais il y a des choses que je trouve intéressantes à relever.
Voici comment je pratique : visualisation du souffle qui monte ou descend, à gauche ou à droite, selon le nadi emprunté. Kechari Mudra tout du long, Brumadhya Drishti autant que possible. Mulhabandha sur l'inspir, les 3 bandhas sur la rétention à plein.
Souvent cette pratique est suivie d'un temps de prière, 5 à 10 minutes bien intériorisées et concentrées.
Voici donc mes premiers retours après une semaine de pratique à ce régime :
Déjà, exit le rythme 1/4/2, que je préfère dès les premières sessions monter à 2/8/4 !
1 seul temps pour l'inspir, c'est bien trop court, à moins d'inspirer fort et donc bruyamment. Je préfère adopter dès le départ un rythme 2/8/4, avec deux temps pour inspirer raisonnablement sans avoir l'impression d'être à court d'air. Chaque temps est de l'ordre de la seconde, en fait je me réfère aux battements de mon cœur qui bat aux alentours de 60 BPM (pratique

Je me concentre sur le parcours du souffle alterner dans chaque nadi et assez rapidement, cela devient autre chose que de la respiration. Le souffle devient très intériorisé, prend une texture "sirupeuse". La contrepartie, c'est que je ne remplis pas mes poumons d'air à l'inspiration, et j'ai la sensation physique d'être sur le point de manquer d'air, la rétention à plein passe encore, mais à l'expiration je n'ai qu'une envie : vider mes poumons aussi vite que possible, pour reprendre une belle grande inspiration !
Pourtant si j'arrive à faire le calme et ne pas céder à l'affolement, il est clair que je ne suis pas en manque. Mais mon corps, lui, n'est pas de cet avis : tandis que le souffle continue de monter et descendre sans heurts, ma respiration devient chaotique. Elle se fait hésitante, craintive, spasmodique. Mon corps devient subitement chaud, est pris de tremblements, tous les signaux m'indiquent "panique à bord !!!" ; très difficile d'ignorer cela, la crainte d'étouffer génère des sensations très puissantes auxquelles il est difficile de résister. Pourtant si je les ignore, si j'en détourne mon attention, me recentre et reviens au calme qui reste accessible à l'intérieur, ces soubresauts peuvent être ignorés. Et à chaque cycle, je continue bon gré mal gré de grignoter un espace de confort et de calme au sein de la tempête.
Arrive un moment où le corps accepte petit à petit ce régime, et progressivement tout redevient calme. A ce moment-là le corps semble bien plus léger, et habiter un espace bien plus grand. Dans la tête aussi, tout devient bien plus spacieux et lumineux. D'éventuels tremblements et bouffées de chaleur reviennent, accompagnés par des pensées souvent craintives voire effrayées (panique !!!), mais si je n'y cède pas alors le calme s'approfondit et je termine la session en 2/8/4 avec un souffle raréfié, ténu mais tout à fait suffisant et même rafraîchissant.
Voilà pour une session "idéale", parfois c'est un combat du début jusqu'à la fin, où chaque progrès dans l'aisance et le le confort est durement remis en jeu à chaque cycle.
A la sortie de la session, les pensées sont rares. Le corps reste léger un moment, au niveau de la tête aussi tout est clair et spacieux. Si une situation embêtante ou stressante se présente, la capacité gagnée lors du pranayama à rester centré et calme s'active presque automatiquement. Au bout de quelques dizaines de minutes ces effets sont bien atténués, quand ils n'ont pas complètement disparu. Il sera intéressant de voir avec quelle profondeur la pratique inscrit tout cela si je tiens la régularité sur des semaines, des mois...
Et voilà pour mes débuts... parfois alors que je m'accroche, j'entends Denis me dire que "beaucoup de choses se passent autour de 10/40/20", et il m'est difficile de réprimer un rire tellement mon petit 2/8/4 me met déjà à l'épreuve
