Liens vers les autres voies :Voie de Siva (Sâmbhavopaya)
et absorption dans la vacuité
Cette voie du plan suprême (para) qui est celle de La pure volonté en son premier ébranlement (icchâsakti) prend son départ à un stade avancé de la vie spirituelle et laisse loin derrière elle la concentration avec support ainsi que la puissance évocatrice et intense de l’imagination (bhâvanâ). Ne la parcourt à grand pas que Le roi des yogin (yogîndra) dont La pensée stable et bien apaisée ne s’attache à rien, pas même à Siva conçu comme un objet de contemplation. Il est en effet tellement épris d’unité et d’absolu que, dans son élan spontané et fougueux vers l’unique Siva, il écarte brutalement doutes, alternatives et jusqu’à toute appréhension distincte. Contrairement à ce qui se passe dans la voie de l’énergie, l’intuition qui illumine les profondeurs du Soi ne requiert aucun effort pour s’affermir et le jnânin ayant atteint Bhairava en sa transcendance, devient d’emblée un ‘libéré durant la vie’.
La compénétration parfaite (samâvesa) du Soi du yogin et du Soi cosmique (Siva) est plus profonde et plus totale que l’absorption (laya) dans l’objet ou dans l’énergie des voies précédentes. La favorisent l’immobilité prolongée du corps et du regard, le silence, la contemplation de l’immensité spatiale ainsi que toute circonstance où les limites de la personnalité s’effacent s absence de soucis, de désir et de connaissance ; tout ce qui se rapporte, en un mot, à Siva indifférencié (niskala) et privé d’attribut ou de qualité. Comme la pensée empirique d’un tel jnânin se dissout entièrement et à jamais, sa condition s’appelle cittapralaya et lorsque la conscience limitée se dissipe avec tous les résidus (âsaya) dormant au fond de L’inconscience, l’univers s’absorbe dans la plénitude de la Subjectivité infinie, laquelle ne comporte plus l’ombre d’une différenciation entre sujet et objet. Dans le but de saisir le flot divin, la voie de l’énergie utilise, nous l’avons vu, deux moyens:
Excitation extrême de la force vitale (vîrya) et détente apaisée. Dans la voie de Siva, par contre, ces moyens feront place respectivement à un acte intense d’extase (udyama) et à une vacuité totale et spontanée (sûnyatâ) chez le héros qui a le courage de tout abandonner, même son moi, pour saisir l’occasion sans plus jamais la Laisser fuir.
Sa pensée (manas) s’engloutit dans le vide du coeur ou dans celui du brahmarandhra et toutes les fluctuations s’apaisent.
Ensuite, il doit prendre conscience de cette vacuité pour que jaillisse l’intuition indifférenciée (nirvikalpa) à l’instant où l’acte d’extase le précipite dans la Réalité absolue, Bhairava. C’est alors qu’il s’installe définitivement dans le domaine du milieu (madhyamapada) qui n~ est autre que sa propre essence à jamais reconquise. Telles sont les phases quasi simultanées de la voie de Siva.
Non voie
Voie de Siva
Voie de l'énergie
Voie de l'individu