Liens vers les autres voies :Voie de l’énergie (Sâktopâya)
et absorption dans la pure énergie
Cette voie subtile de la connaissance qui sert de transition entre les voies inférieure et supérieure - d’où sa qualification de parâpara - est plus courte et plus directe que la voie précédente. Elle ne répond pas comme celle-là à un effort délibéré de la volonté, mais à l’intensité d’énergie que suscitent spontanément l’amour envers Siva (bhakti) ou des émotions violentes telles la passion, la stupéfaction, la terreur, la fureur, etc. qui unifient soudain l’être tout entier.
la sublimation y joue un rôle prépondérant : le yogin ne s’ancre plus dans le concret immédiat, mais travaille sur un concept ou une image (vikalpa) qu’il purifie en le portant à son paroxysme jusqu’à ce qu’un seul vikalpa finisse par absorber exclusivement son attention. L’énergie dont il fait preuve n’est autre que l’énergie à la forme primitive, saisie en la nudité de son acte, encore profondément immergée dans la félicité et dans la conscience indivises, celles du pur sujet illimité.
Afin de réanimer cette énergie subtile, l’adepte délaisse la concentration sur des objets pour assumer une attitude spécifiquement mystique sur laquelle nous reviendrons longuement s il s’agit de bhâvanâ, élan de l’imagination accompagné d’une conviction si intense et si totale qu’elle est apte à fixer l’intellect “qui se stabilise” alors sur l’énergie originelle appréhendée en ses manifestations jaillissantes s félicité, connaissance, désir à l’état naissant, souffle introverti s’élevant le long de la voie médiane (la kundalinî), résonance intérieure (anâhata), vibration sonore primordiale (nâda), etc. Ainsi, à l’aide de la seule énergie que son évocation éveille et sans effort corporel ou mental, le yogin entre en contact avec l’énergie très pure et indifférenciée de sa conscience. Détente parfaite, spontanéité, apaisement de l’agitation issu d’un détachement naturel ou de l’adoration, caractérisent la voie inférieure.
Puis le yogin s’absorbe dans l’énergie prise à sa source qu’il vient de susciter de manières diverses, tandis que les limites et structures de sa personnalité s’effondrent brusquement (seconde étape, absorption, laya).
Le vide se creusant ainsi tout à coup, l’intuition affranchie de dualité fulgure inopinément. Tel est l’état d’illumination de la pensée (cittasambodha) propre à La troisième étape, la vacuité (sûnyatâ) et disparition momentanée de la pensée dualisante (état nirvikalpa).
Le yogin essaie ensuite d’affermir cette intuition instantanée en utilisant à nouveau l’énergie universelle sous la forme de bhâvanâ.
En effet, l’intuition mystique ne peut transformer la personne entière ni l’apaiser définitivement. Seule une suggestion puissante qui pénètre graduellement jusqu’aux sources de la libre énergie dont la cristallisation a engendré les croyances nocives qui confondent le Soi et ses appartenances (corps, pensée, etc) est apte à faire échec aux suggestions engendrées de Longue date par les tendances subconscientes (samskâra ou âsaya), à dénouer les complexes et à opérer la refonte de la personnalité (quatrième étape, bhâvanâ).
Tout l’être peut alors se ramasser et s’unifier de façon permanente dans la félicité et la tranquillité auxquelles il est parvenu.
A la suite de contacts répétés avec la Réalité, ce qui n’était qu’un état passager (avasthâ) se révèle peu à peu comme l’essence durable du Sujet connaissant (pramâtrtâ) et l’on atteint le Bhairava en son immanence (cinquième étape). Ainsi, dans cette voie, on ne transcende pas l’existence comme dans la voie de Siva, mais l’existence attire spontanément Le Yogin dans ses profondeurs jusqu’aux sources de la vie, là où tout conflit se résorbe.
Non voie
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