Voici une synthèse de la discussion http://www.pratique-du-yoga.com/forum/v ... c.php?t=82 sur le tantrisme.
Une simple et belle vision du tantrisme :
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Post de Michel C. Posté le: 24 Mar 2005
Le Tantrisme dans un exercice d"écriture, reste d'une approche intellectuelle extrêmement délicate, comme le dit Jean Papin, il se définit bien mieux comme s'agissant avant tout 'd'une ambiance'. En osant un peu, j'y ajouterai le mot 'magique', tout autant difficile à définir.
Selon les récits relatés et collectés de ci et de là et surtout selon sa propre expérience, chacune et chacun, ici, concèdera volontiers cette part véritable de magie inhérente au Tantra. Le Tantrisme donne ainsi à penser que là haut, ou là bas, plus sûrement là où nous sommes déjà, se trouve une imbrication de mondes, de sphères, enfin une auitre partie du monde tout aussi mystérieuse qu'insondable et dont la connaissance semble aussi véritable qu'intraduisible.
Pourtant, nul doute à ce sujet, en deçà de ce monde, un pouvoir plane au dessus de nos têtes, révèlant, pour celles et ceux qui s'y trouvent impliqués, des situtations non ordinaires, des coïncidences particulières ou autres phénomènes rares, transportant subitement l'âme comme hors du temps, dans un champ d'exception... Ces réalités non ordinaires ne sont pas bien sûr celles d'affabulations ou autres interprétations douteuses rapportées par des esprits trop agités ou encore sous l'emprise d'une trop grande fébrilité ... Au contraire, ces réalités sont justement percues d'une manière totalement surprenante, elles sont reçues spontanément dans la stupéfaction accompagnée le plus souvent d'une totale incompréhension.
Il n'est pas le propos ici de s'étendre sur la forme que peuvent prendre ces réalités non ordinaires, par contre, et ce plus prosaïquement, il est interressant de se pencher sur un de ces mondes, qui dit-on, nous est le plus proche, à savoir le champ de conscience représentée par 'Buddhi'. Si l'on en croit le Système énergétique de la Kundalini et des 36 Tattvas, 'Buddhi' est le premier de ces mondes impersonnels, il représente l'intution et l'intelligence du coeur.
Buddhi est bien ce champ de conscience d'où proviennent, avant la naissance, toutes nos prédilections ainsi que toutes les caractèristiques de la personne, c'est également lui, après la mort, qui accueillera la persistance et le résidu de nos désirs restés inassouvis, enfin c'est encore en lui et par lui, que nous évaluons dans cette vie même, toutes nos actions comme étant bonnes ou mauvaises.
A un certain niveau, il faut bien admettre que notre existence se reflète intégralement dans ce qui nous tient profondément à coeur, notre passage sur terre, trouve son sens, en grande partie, justement pour éprouver ces charges affectives intimes et par là même d'essayer de nous en délivrer à travers l'expérience de ce monde terrestre.
Il appartient à chacune et chacun, en se hâtant lentement d'entreprendre cet examen du coeur et ce à l'encontre de cet exercice d'écriture, dans le silence et l'intériorité.
Tiens donc ! cela me rappelle quelque chose ... La pratique du Yoga peut-être ... Oui, mais avec du feu, de la passion, de l'énergie, du sublime, de l'amour, de l'excès de la démesure ...
Ah oui je me souviens, c'est du Yoga Tantrique :
D’un côté s’absorber dans l’infini penchant du lâcher prise et de l’abandon, dans la parfaite insouciance et de l’autre côté trouver l’absolue certitude du souvenir des actions passées et à venir, du goût de la chair et du lieu sans pitié.
Le lieu sans pitié est d’une extrême importance et constitue à lui seul la pierre angulaire de la philosophie Tantrique : Il est ce lieu où se révèle l’inévitable lutte pour la survie, le lieu où se révèle, en définitive, la puissance de l’individu qui se sait alors « seul » face à son destin.
A ce moment là, le Yogi s’établit fermement dans l’attitude juste (Mudrà) qui, assumant son destin irrévocable, met à bas d’un seul coup et d’un seul, tous les discours et toutes les controverses.
En bute à la limitation, sa condition ne lui laissant aucun répit, l’individu n’a de cesse ! Jeté dans le devenir, ici bas, esclave des lois des hommes et de la nature, il doit payer le tribu de toute une vie, avec pour seule perspective l’anéantissement de sa propre existence. Le goût de la brûlure, faite sienne, dans la bouche, comment pourrait-il s'affranchir, avec comme ultime arme, une fois de plus, ce qui a fait jusqu’à ce jour son esclavage ?
Le lieu sans pitié existe justement pour prendre appui, là ou nul n’interdit, là où il n’y a plus de jugement, de morale, là où seule réside la liberté d’entreprendre enfin ce qui nous tient à cœur. Pour se libérer du Karman, il faut jeter ses propres bûches au feu du sacrifice, alors elles constituent non plus une attache personnelle et un devenir d’esclave, mais un pont providentiel pour établir le chemin de la réintégration. Ce qui est en bas est en haut, et on se libère par ce qui attache.
Sis fermement dans le lieu sans pitié, l’adepte met alors en perspective son propre devenir. Se voyant perdu dans le jeu des énergies sans limites, il perçoit l’impersonnalité des mondes, l’inefficience des convictions, et toute la vanité à y discerner une connaissance raisonnée.
Il anéantit sans ambages les vues illusoires qui le tenaient obnubilé par ses propres modalités conscientes et inconscientes. S’étant simplement laissé enfermé par la complexité de sa propre histoire personnelle, il se voit rejouer les mêmes actes, dans le décor d’un théâtre éternel, où tant de Divines énergies applaudissent au spectacle, et dont les clameurs résonnent encore à ce jour dans le fracas du Son non frappé.
Là, au-dessus de sa tête, dans l’éther immense, l’adepte voit planer le devenir des êtres, et distingue maintenant le « filet rougeoyant » gardant captif le désir des âmes. De l’autre coté est la pure efficience mystique, qui ne peut jamais être objet de connaissance, car étant la connaissance elle-même, là où l’individu continue à se percevoir sans qu’il y ait ni activité, ni réalisation particulière.
Enfin peut-être au bout de cette aventure, quand tout aura été brûlé, ne laissant dans le coeur aucun résidu que l'infini de notre être, ce monde n'étant devenu plus rien, paradoxalement de manière réelle et non réelle, il nous faudra encore le quitter, avec à ce moment là, le coeur léger.
Merci
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Post de Denis le : 05 Avr 2005
Merci à toi Michel !!!
Je suis heureux de te retrouver sur le forum.
Soit le bienvenu et livre nous encore de tes extraordinaires textes qui montrent ta réelle pratique et ferveur.
J'ai lu et relu ton texte avec délectation :
Citation:
Il appartient à chacune et chacun, en se hâtant lentement d'entreprendre cet examen du coeur et ce à l'encontre de cet exercice d'écriture, dans le silence et l'intériorité.
Tiens donc ! cela me rappelle quelque chose ... La pratique du Yoga peut-être ... Oui, mais avec du feu, de la passion, de l'énergie, du sublime, de l'amour, de l'excès de la démesure ...
Oui, que tu as raison et que je suis heureux de lire une chose comme cela. Notre monde prône tellement le propre sur soi, le politiquement correct, que le Yoga est devenu une gym pour gentilles mamans et papas stressés, ou alors il est de bon ton d'être un être tout coincé, tout pleins d'interdits et d'états d'âme...
Quant au lieu "sans pitié" dont parle très bien Don Juan, nous serions tous intéressé que tu nous en parle plus.
Quel chemin pour y accéder ? Comment se manifeste t il ?
A te lire
Denis
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Réponse de Michel C. postée le: 13 Mai 2005
Cher Denis
J’ai pu lire quelques uns de tes écrits sur ce forum, où se trouve d’ailleurs par ci et par là de belles expressions de Soi. J’avoue bien volontiers me trouver sur cette même longueur d’onde, et en tout premier lieu, lorsqu’elle manifeste de belles humeurs ainsi que des discours bien sentis. La réalité du Tantrisme n’est pas abstraite ni intellectuelle, elle est humaine et par là même emplie de sentiments véritables, de fait elle se trouve toute pétrie d’expériences et d’épreuves bien vécues. Comment pourrait-on ressentir cette abondance d’affection, comment pourrait-on se baigner dans cet océan de félicité, véritable apanage du Tantrisme, comment pourrait-on enfin saisir le jeu même de Shiva-Shakti, sans émotions sincères, sans quelques effusions du cœur, ainsi qu'en même temps sans quelques prises de consciences toutes aussi brutales qu'édifiantes ? Comment enfin, pourrait-on faire coïncider la conscience et l’énergie, sans quelques positions franches, audacieuses et bien tranchées?
Le Tantrisme se trouve immanquablement associé à l'émotion, et non au 'sentimentalisme'. L'émotion, à l'ocasion d'une image, d'une musique, d'une scène, d'une épreuve, peut faire ressurgir en l'individu une vibration sincère et profonde. Cette efficience de la Shakti est d'autant plus véritable que les émotions se trouvent virulentes et incoercibles, ces émotions, en aucun cas, ne peuvent être entachées de mondanités ou d'attitudes convenues. Au contraire l'efficience est d'autant plus grande que l'être y ressent sa propre aventure, sa propre singularité, l'indéfectibilité de ses convictions, et l'irrémédiabilité de ses tendances enfouies au plus profond.
Ces émotions, pour être porteuses de vérité, doivent être impersonnelles, fulgurantes, surprenantes et stupéfiantes, elles doivent transporter l’individu en dehors du raisonnable et de la pensée ordinaire, en un champ d’exception, le précipitant subitement dans un total déconditionnement. Dans le Tantrisme par exemple, les accidents et les épreuves de la vie sont vus comme autant de ‘chances’ de s’emparer de l’essence innée, de s’élever à l’unisson de l’énergie divine. S’il l’on sait, à ce moment là, en retirer promptement les objets auxquels elle se rattache, cette énergie pure, qui n’a fondamentalement aucune préférence entre ce qui est correct ou incorrect, entre ce qui peut être fait de bien ou de mal, révèle spontanément le centre, la motivation du Soi, sa Nature essentielle et fondamentale. Cette efficience est le cœur même du Soi, et de toute la manifestation, elle est empreinte d’un principe purement adamantin. En vérité la Réalité n'est qu'affectivité pure, car le sentiment de l'Etre est exactement confondu avec l'Univers. A ce stade, la Shakti est dit-on parfaitement infuse en Shiva.
Cette efficience est incompréhensible et à la fois si simple, inatteignable et à la fois si proche …
Le Vijnana Bhairava Tantra ne dit pas autre chose :
« Puisqu’il ne peut jamais y avoir aucune distinction entre énergie et détenteur d’énergie, ni entre substance et attribut, l’énergie suprême est identique au Soi suprême. Comme on n’imagine pas d’énergie consumante distincte du feu, la distinction entre énergie et porteur d’énergie n’apparaît pas lorsqu’on s’absorbe dans la Réalité de la connaissance absolue.
Si celui qui pénètre dans l’état de l’énergie réalise qu’il n’en est pas distinct, son énergie divinisée assume l’essence de Shiva et on la nomme alors ‘ouverture’. De même que, grâce à la lumière d’une lampe ou aux rayons du soleil, on prend connaissance des diverses portions de l’espace, de même O Bien Aimée ! c’est grâce à son énergie que l’on peut connaître Shiva. »
Je citerai également Lilian Silburn sur l’école Natha chère à mon cœur :
« Les Natha visent à se libérer durant la vie. Les mesures prises en ce but son simples. Ils ne préconisent ni les pratiques religieuses extérieures ni la connaissance des traités. Ils insistent uniquement sur une voie aussi brève que possible, celle que découvre le mystique en lui-même et jusque dans son propre corps, lieu privilégié de l’expérience, que celle-ci concerne la divinité, l’énergie ou l’univers.
A cette fin les Natha recourent à un seul moyen : l’intuition et le sahajasamadhi, l’absorption spontanée. On les appelle en conséquence « Sahajiya » adeptes de la spontanéité. Ils se caractérisent par la simplicité du cœur et de l’esprit. Grâce au Sahajasamadhi la pensée s’absorbe dans la félicité, l’impression erronée d’objectivité et de dualité s’estompe et finalement disparaît, pour atteindre la divinité.
Lorsqu’un tel samadhi se répand dans toutes les activités journalières, le yogin, quelques soient les circonstances, n’éprouve qu’une seule et même saveur (samarasa) qui imprègne l’univers entier, l’essence divine ».
Enfin pour revenir « au lieu sans pitié », et en écho de tout ce qui vient d’être énoncer précédemment, il est justement ce lieu exclusif et unique, d’où mystérieusement, fulgure l’énergie du Bhairava. Cette énergie est fondamentalement transpersonnelle, elle manifeste le sacrifice de la personne individuelle, pour un enjeu qui le dépasse, elle bouleverse et submerge les digues de l’égo phénoménal, pour atteindre au sublime, et enfin à la Réalité. Cette énergie est la moelle de ce monde, elle est dit-on la Shakti qui a tout pouvoir sur le cœur de Shiva.
Cette énergie confond d’Amour le cœur de toutes celles et ceux qui ressentent en soi, l’essence divine. Ce sentiment de se savoir affecté, en Soi comme en tout l’Univers, se trouve en chacune et en chacun, il perle dit-on en un fluide séminal, véritable ambroisie céleste. En ce lieu où s'unissent la Conscience et sa divine Energie, n’existe en vérité aucune limite, si ce n’est celle de l’ardeur amoureuse.
Cette sensation est indescriptible, elle ne peut être éprouvée que par soi même, et s’il convient de désigner, à cette seule épreuve, un centre bien improbable, ce ne peut être justement que celui d’un cœur universel empli de pure adoration, car rendu corps et âme à la divinité.
Qu’on le ressente par soi-même ….
Merci
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Le site de Michel C. http://www.tantra.fr/index.html
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Dieu nous donne ce dont il veut qu'on se serve, pour aller vers lui.
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