Les fonctionnements subtils du souffle

Tantrisme ...
Un mot usité de partout, mis à toutes les sauces. Venez nous parler de vos expériences et idées sur cette voie.

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lorkan739
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Les fonctionnements subtils du souffle

Message par lorkan739 » 20 janv. 2014, 23:43

Abhinavagupta montre dans son Tantraloka comment les souffles recouvrent leur nature cosmique et énonce les sept félicités qui accompagnent cette évolution.

1. Le souffle commence par s'intèrioriser à la jonction de deux états que nous qualifierons de crépusculaires car avec eux la pensée cesse. Ainsi entre veille et sommeil, ou au réveil, quand on est encore assoupi, les souffles inspirés et expirés se reposent dans le coeur et le yogin éprouve une première félicité qui, relevant du sujet connaissant, est dite personnelle (nijananda). La félicité était éffleurée tant que l'on ne dépassait pas la discipline du pranayama touchant au souffle non encore intèriorisé. Mais si le souffle s'arrête complètement, de son propre accord, instaurant le vide de toute objectivité, la véritable félicité, devenue intime est nijananda.

On peut supposer qu'un Yogi restant bloquer encore et encore à cette première étape décisive finirait par develloper la certitude que la véritable félicité ne dépend d'aucune pratique objective. Puisque toujours éprouvé intimement, c'est donc par un vide dépourvu d'objectivité que la félicité peut s'épanouir.

2 C'est sans le désirer, sans rien attendre, sans rien imaginer qu'il faut prendre son repos dans le coeur à la jonction des souffles inspirés et expirés. Ce repos dure une à deux minutes et le souffle, devenu subtil, sort imperceptiblemnt vers l'extèrieur. Puis, suspendu, il se stabilise dans le vide de toute objectivité et engendre l'ivresse. La félicité est dite alors complète (nirananda). Immobile, les yeux fermés le yogin perd conscience du monde environnant.

Ici la félicité cesse d'être perçu comme totalement intériorisé et uniquement surgissante entre veille et sommeil. A l'image d'une lampe à huile, l'huile s'élève imperceptiblement entrainant un cortège d'impuretés qui se consume au sommet de la mèche...

3. Après être sorti, le souffle qui n'a plus rien de commun avec le souffle ordinaire rentre à nouveau sous forme d'apana et pénètre en talù où il tourne sans arrêt. Quand il s'immobilise, les poumons étant remplis d'air, on éprouve la félicité du souffle suprême (parananda). Extraite du monde objectif elle est du à la fusion de toutes les impressions subjectives et objectives qui, intégrées au Soi, vibrent à l'infini. Et le yogin jouissant de l'essence du Soi et sans aucun désir, se trouve au seuil du Quatrième état.

Le Yogi par l'acquisition du souffle suprême obtient le pouvoir d'engloutir son champ d'expérimentation. Le souffle subtil en sa qualité énergétique déploie émanation, permanence, et résorption et le Yogi acquiert peu a peu la souveraineté grâce à ce qui les transcendent.

4. Quand à l'intèrieur de la voie médiane, les souffles prana et apana se font équilibre en samana, souffle égal ou fusionnel, le monde apparait au yogin comme plongé dans un état d'égalité : toutes les forces y sont bien apaisées et harmonieuses. Le souffle étant suspendu, le yogin prend à nouveau son repos en lui-même, dans son coeur où il s'identifie à la félicité du brahman(Brahmananda). Les limites de la connaissance et du connu s'engloutissent et le souffle descend à travers le canal médian jusqu'au centre radical. A partir de ce moment seul règne la spontanéité. Si l'on imagine ce qui se produira ensuite, on ne dépassera pas cette félicité. Amour et dévotion offre la possibilité de franchir cette étape où effort, concentration de la pensée, récitation de mantra se révèle totalement inutiles.

Le Yogi prends des "bains" dans lesquels avec ardeur il engloutit toutes ces facultés sensoriels dans un sentiment d'égalité où toutes les forces déployés sont apaisés par son propre coeur.

5. Le souffle pénètre alors rapidement dans le centre infèrieur et n'est plus qu'élan ; c'est le souffle vertical (udana) qui s'élève à l'intèrieur de la voie médiane en dévorant toute dualité : sujet et objet, inspiration et expiration, etc.
Le Yogin qui s'apaise dans l'immense flamme d'udana éprouve la grande félicité(mahananda), paix du pur Sujet où limites et contingences n'ont plus cours.


Lorsque tout est consumé, plus rien n'est suscité dans, et par l'émanation. L'être devient un feu transparent qui ne brûle pas mais qui consume tout. 

6. Lorsqu'il repose de façon permanente dans cette félicité, le feu d'udana qui s'était élancé en susumna jusqu'au brahmarandhra s'apaise et surgit le souffle diffus, la Vie même(vyana). Le Yogi éprouve la félicité de la Conscience universelle(cidananda) propre à citkundalini. Et cette état de grande intégration resplendit partout, sans interruption. Nulle pratique ne conduit à cette Conscience éternellement présente et qu'accroit encore la suprême ambroisie.

Rien ne dépends de nous pour que le souffle pranique s'intègre à l'univers. Rien ne dépends de nous lorsqu'on s'est établit avec ferveur, foi, et amour dans la Bhakti ! 


7. Quand le souffle sort à nouveau en sa glorieuse puissance et s'intègre à la libre énergie qui remplit l'univers, le yogin ayant acquis la respiration du libéré vivant éprouve la félicité dite universelle(jagadananda) ; omnipénétrante, elle surpasse la félicité de la Conscience car elle relève de l'énergie totale à la source de tous les souffles, pranashakti qui imprègne les activités créatrices du suprême Sujet conscient. Dès lors, les actes qu'accomplit un yogin dont le coeur immensifié se répand ainsi dans l'univers sont d'ordre cosmique, il agit sur le monde comme l'homme ordinaire agit sur son propre corps.


En corrélation avec les étapes précédentes, pour ainsi dire, le Yogi jouit du souffle suprême à la jonction de tous les autres souffles et félicités. Il possède la respiration du Bhairava et ne conserve que cela.
Celui qui prendrait son assise dans cette félicité omnipénétrante finirait par trouver le parfait repos par l'épanouissemnent du Royaume Incomparable...
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Alexandra
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Re: Les fonctionnements subtils du souffle

Message par Alexandra » 12 mars 2014, 07:54

Est ce que tu as fais cette pratique ? Si oui quel est ton ressenti personnel ?
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lorkan739
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Re: Les fonctionnements subtils du souffle

Message par lorkan739 » 12 mars 2014, 10:34

Bonjour Alassea,

Pendant un temps j'ai tout misé sur la respiration. Par son intermédiaire, quelque soit mon activité je tentais d'y rester attentif en allant vers une essence de plus en plus subtil. Et puis un jour j'ai senti l'énergie accumulé jaillir au sommet de la tête pour laissé place à une lumière incroyable.

Mais la descente fut terrible, je suis passé de cette lumière à une impossibilité de revivre l'expèrience. Ce que je décris dans ce topic c'est en fait le reflet d'une incapacité à retrouver mes appuies.

Est-ce-que j'ai fait cette pratique ? Peut-être. Mais sans doute pas au moment où je pensais la vivre. Je crois que les pratiques les plus prometteuses se font loin des livres, seul avec soi-même comme base de travail. Dans ces moments là, se sont surtout les mots de "proches" qui ont arpenté le chemin qui portent leurs fruits. Des mots plus accessibles et qui résonnent mieux que ces textes venant d'un autre monde.
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Re: Les fonctionnements subtils du souffle

Message par hridaya » 12 mars 2014, 10:53

Je crois que les pratiques les plus prometteuses se font loin des livres, seul avec soi-même comme base de travail. Dans ces moments là, se sont surtout les mots de "proches" qui ont arpenté le chemin qui portent leurs fruits. Des mots plus accessibles et qui résonnent mieux que ces textes venant d'un autre monde.
Oui lorkan, j’aime beaucoup ce que tu dis, c’est très juste, au delà des textes très ésotérique, il est bon de retourner vers une forme de simplicité du langage et de pratique, nous somme de ce monde nous avons besoin de chose qui nous soi accessible, les pratiques sont simples, accéder au tapis est simple, se mettre en assise est simple,
Le retour a la simplicité, n’est ce pas là le but en soi ….. ?
chevauche la monture du silence, afin de rejoindre le Guru Kabir
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Olivier
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Re: Les fonctionnements subtils du souffle

Message par Olivier » 12 mars 2014, 14:53

hridaya a écrit :Oui lorkan, j’aime beaucoup ce que tu dis, c’est très juste, au delà des textes très ésotérique, il est bon de retourner vers une forme de simplicité du langage et de pratique, nous somme de ce monde nous avons besoin de chose qui nous soi accessible, les pratiques sont simples, accéder au tapis est simple, se mettre en assise est simple,
Le retour a la simplicité, n’est ce pas là le but en soi ….. ?
Ah oui, de la simplicité, ça fait du bien :D
J'avoue qu'entendre parler de félicité, de nectar, de pure lumière, etc.... ça commence à me saouler un peu moi :twisted:
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Alexandra
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Re: Les fonctionnements subtils du souffle

Message par Alexandra » 12 mars 2014, 16:29

On ne revit jamais les mêmes expériences et plus elles sont belles et plus on tombe de haut, on en a d'autres des différentes, et peu a peu s'installe un état de paix, de calme et il y a beaucoup de lumière, et elle n'est plus aveuglante car ça devient notre état.

fixer volontairement son attention sur la lumière intérieure apporte la connaissance de tout ce qui est subtil, caché et lointain Y.S patanjali.
La réponse entre autre c'est : je suis lumière, rien que cela.
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