Avant que cette question ne tombe complètement dans les oubliettes estivales, je vais tâcher d’y répondre, même de manière trop succincte.Kinaram a écrit :Salut Kavi!
Je n'avais pas noté que la notion de Kâmakalâvilasa eut un quelconque rapport avec la sexualité...Tu pourrais développer?
Je ne sais pas pourquoi tu persistes à voir de l'embryologie dans le symbolisme tantrique, comme le font beaucoup d'académiciens. Mais je reste ouvert, surtout que l'embryologie m'intéresse en tant qu'étudiant en Ayurvéda.
Pourquoi voir de l’embryologie dans le symbolisme tantrique ? Tout d’abord, il ne s’agit pas tant d’embryologie que d’un substrat matériel, d’une expérience commune évidente qui peut ensuite donner lieu à un symbolisme élaboré et à des perceptions subtiles. Cette position ne tient pas tant à celle d’universitaires qu’à ce qui a pu m’être dit et que j’ai tenté de comprendre et expérimenter de manière certes fragmentaire et incertaine.
A savoir, que le tantrisme (et des parallèles peuvent être vraisemblablement tracés avec le taoïsme) est issu de lectures du monde chamanique et animique. Que l’on peut entendre le kula à l’origine comme littéralement un clan, les dieux et déesses, des membres de cette famille. Śiva et śakti sont le père et la mère avant toute chose, m’a-t-on dit. Nos parents. Qui circonscrivent en partie notre propre maṇḍala ou sont inscrits nos vasanas.
L’embryologie. Dans l’aṣṭāṅga hṛdayam, l’embryon est dit venir de l’union entre śukra (sperme) et ārtava (menstrues), puisque l’on pensait à l’époque que c’était ces deux composants qui concourraient à la procréation. L’un blanc, lunaire, l’autre rouge, solaire. Deux bindu.
Dans le Kāmakalāvilāsa de Puṇyānandanātha, il est dit que les deux bindus, rouge et blanc (vak et artha, les signifiant et signifié saussuriens !) jouent ensemble, s’étendant et se contractant, fusionnant dans le bindu-mélangé, soleil qui donne naissance au monde. Les deux bindus sont les lettres A et Ha, leur mélange est Aham, nouvelle individuation.
Comme toujours, de nombreuses grilles de lectures peuvent être appliquées sur ce schéma, en fonction des lignées, des buts poursuivis. Mais à la base, on peut le relier à un phénomène naturel commun, toujours digne d’émerveillement et qui a pu directement engendrer ce symbolisme : la rencontre du deux qui devient un et récapitule le mouvement évolutif. La phylogenèse ne fait certes pas partie du programme d’étude de l’ayurveda mais l’intuition est là.
On peut bien entendu lire autre chose dans le Kāmakalāvilāsa, y développer de savantes abstractions et des interprétations liées à la physiologie subtile, mais cela n’exclut peut-être pas ces racines de glaise. Ce sont pour moi des poteaux indicateurs sur une route que je ne me hasarderais par à cartographier.
A suivre, au gré des moments propices…