le yantra de Kâlî

Tantrisme ...
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kinaram

le yantra de Kâlî

Message par kinaram » 15 janv. 2011, 18:48

"Le yantra de Kâlî

Ce texte à été supprimé à la demande de Kinaram qui doit le publier un jour
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Denis
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Re: le yantra de Kâlî

Message par Denis » 15 janv. 2011, 19:33

Merci pour ce très bon texte sur le Kali Yoga !

Fut un temps j'avais dessiné quelques yantras...
Image
Dieu nous donne ce dont il veut qu'on se serve, pour aller vers lui.
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Re: le yantra de Kâlî

Message par kinaram » 16 janv. 2011, 18:07

Très jolie Denis!
Jay Mâ Kâlî!
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lorkan739
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Re: le yantra de Kâlî

Message par lorkan739 » 16 janv. 2011, 22:26

La beauté est le chemin qui mène au Divin.

Tous organisèrent un grand rituel de prières et de dévotions envers la Grande Déesse. Ils matérialisèrent l’effigie de la déesse dans sa beauté à l’état pur. Cette représentation archétypale prit forme de la déesse assise en position du lotus, absorbée en elle-même dans sa beauté intérieure. Sa chevelure se dressait au dessus de sa tête en une haute coiffe parfaitement arrondie à son sommet. Son corps était couvert d’une étoffe de couleur safran et or. Tous déposèrent des offrandes faites de fleurs, de mets exquis, de fruits paradisiaques et de liqueurs enivrantes. Tout autour d’elle, les encens et les bougies brûlaient en grand nombre diffusant un épais nuage de senteurs épicées. Toutes et tous se mirent à réciter les mantra afin d’augmenter la ferveur et la passion de leur foi :

« Tripurasundari maha vidya, kameshvari dhimahi, tanno klinne pracodayat…
Aim Hrim Shrim… Aim Klim Sauh…Tripurayai namah Him…
Prim shakti parivriti kuru mamah.. Shakti kuru svaha »

Les sons montaient et montaient encore dans une même vibration. Des dizaines de gorges vibraient à l’unisson dans une communion pure et parfaite. Eléonore se concentra sur le destin de son protégé et reconnut la pureté de son cœur. Cette façon d’être la touchait au plus profond, elle y mirait son propre amour pour la création toute entière. Pietro, en tant qu’être humain, participait de manière authentique à cet amour. A ses yeux, il était digne, plus qu’aucun autre, de représenter toutes les créatures de Dieu. Mue par l’élan d’une si grande passion, son cœur fulgura en une énergie de haute intensité. Son âme fut propulsée tel un électron libre vers son propre aimant. Elle se trouva immédiatement en le domaine exclusif de la Grande Déesse.

Tripura Sundari lui apparut sous sa forme charitable et apaisée. Des voiles d’une blancheur immaculée habillaient sa silhouette de rêve. Eléonore rendit grâce à la déesse d’avoir choisi d’aussi simples habits. Elle en fut grandement soulagée. Eléonore pensa tout de même à la légendaire beauté de Tripura Sundari. Selon cette légende, l’Impératrice de Beauté y dévoilait l’indécente nudité de ses chairs, l’opulence de ses seins, sa cambrure idéale et ses hanches emplies de divines promesses. La volupté de ses formes envoûtait irrémédiablement tous ces sujets. L’attraction de son aura de beauté était si puissante que toutes et tous tombaient, sur le champ, éperdument amoureux de son être.

C’est alors qu’Eléonore vit son visage. La finesse des traits ne pouvait suffire à réduire telle sensualité. Une chevelure blonde exubérante donnait le ton de l’éblouissement. Sur un grand front parfaitement dégagé, deux sourcils finement dessinés surlignaient l’apothéose de ses yeux. Au centre de chacun de ces écrins de nacre, irisés de reflets changeants, miroitaient deux lagons d’un bleu cristallin. En ce bain d’une eau si claire et si limpide, brillaient deux perles noires d’une finesse sans égale. La naissance du nez, d’aucune sorte, ne venait en troubler la fluidité, bien au contraire, sa forme délicate surmontait, avec une infinie justesse, le met délicieux de sa bouche. Ses lèvres promises aux baisers, formaient la gloire, l’union à sa grande passion… La déesse semblait brûler de l’intérieur d’un feu dévorant. La tension était extrême.


Pietro ému jusqu’au tréfonds, sa main tenant toujours la main de la Reine, sortit des rangs tout empreint de l’honneur qu’il lui était fait. Il se rappela sa rencontre avec Gianfranco. Il ne pouvait être décemment abandonné par les cieux. Il se souvint qu’il était un homme neuf, il possédait désormais l’allure d’un beau jeune homme. Comme pour s’en persuader, il se remémora encore une fois le miracle de sa résurrection. Plein d’allant, il se mit à hauteur de la Reine et se tourna vers elle. La Belle en fit autant, tous deux se sourirent l’un à l’autre. A l’instant, ils étaient liés par une puissance d’Amour infini. Qu’il s’agisse d’un simple rêve ou du pouvoir de la Mâyâ, Pietro décida de se soumettre entièrement au pouvoir de cette nuit sans lune. Ne pouvant se détourner du sourire de sa belle, il y vit mille promesses, mille vies et mille grâces.

Comme pour répondre à ce sentiment si doux, le visage de la Reine devint plus gracieux, ses longs cils battirent comme des papillons de nuit, découvrant en une subtile cadence, l’éclat surnaturel de ses yeux. C’était cela, pensa Pietro, il cheminait dans un temps fabuleux, aux côtés d’une Reine de beauté, dans un monde surnaturel. Ce monde réputé sauvage et primitif surpassait l’état naturel. Il en démontrait toute sa souveraineté, toute sa magie, au-delà de toute espérance, bien au delà même de toute imagination.

Pietro cheminait comme dans un rêve prégnant, un rêve chargé de pouvoir, aux côtés d’une beauté sauvage, une beauté exclusive, virginale, à jamais inégalée. Le ciel semblait s’être mis de la partie et diffusait une aurore de couleur bleutée. Au détour d’un virage, sur cette terre primitive, bénie des Dieux et des Déesses, le couple uni par l’Amour, arriva à l’endroit d’une clairière. Pietro fut époustouflé par cette seule vision :

La végétation enserrait d’un cadre majestueux les ruines d’un temple oublié. Un mur de pierres se dressait à des hauteurs inimaginables, portant son antique stature jusqu’aux cimes d’arbres gigantesques. Des lianes feuillues descendaient de leurs faîtes, offrant comme un écrin de verdure à ces vestiges sacrés. Au centre de la façade principale, se dessinait une fresque énigmatique en forme circulaire. Devant pareil spectacle, Pietro eut l’impression que la moelle de ses os allait fondre de l’intérieur. Il eut peur de rester planté là, sans force, auprès de la Reine. Sa raison lâcha prise et rendit ses dernières armes. Son ultime pensée fut l’évocation d’un culte secret ayant traversé les âges par le véhicule subtil des rêves.


C’est alors que soumis à pareil traitement, le corps de Pietro se rebella. Sans que Pietro n’en eut réellement la volonté, il se retrouva debout. À son grand désarroi, il découvrit que ses jambes flageolaient et le soutenaient avec grande peine. Forcé de revenir à la conscience ordinaire, Pietro découvrit avec horreur que sa peau était couverte de parasites. Il s’appliqua à enlever toutes les tiques et autres minuscules bêtes qui se nourrissaient de son sang depuis ces derniers jours. Durant cet infâme exercice de propreté, il essaya de percevoir le haut de son ventre. Il découvrit alors des marques inhabituelles sur son torse. Son sang ne fit qu’un tour ! Sous la crasse, il distingua nettement des marques d’une encre bleu de chine, presque noire. Tout de suite, Pietro frotta sa peau mais ces marques étaient indélébiles, elles avaient été tatouées par une main invisible à l’endroit même de son corps !

Subitement il reconnut le dessin du grand yantra ! Pietro fulgura d’un éclair qui déchira aussitôt le voile qui l’avait obscurci. C’était elle ! La présence qui l’avait tant occupé ! C’était elle qui lui avait transmis le mystérieux mantra ! C’était encore elle qui l’avait accompagnée tout au long de ses pénitences ! Patiemment, jour après jour, nuit après nuit, elle avait dessiné chacune de ces marques sur son corps, reproduisant à l’identique le Grand Yantra du Temple !

En pleine acceptation de ces actions de grâce, le cœur de Pietro se mit à déborder d’une reconnaissance sans borne et s’embrasa d’un feu étincelant. Sa protectrice lui avait tant donné ! Dieu que son immersion avait été profonde ! Pietro se trouva béni par la grâce du ciel.

Dehors, la pleine lune irradiait d’une blanche lumière. La place centrale était inondée par la lueur de l’astre sélène. Il y vit le jardin d’Eden et s’avança dans le champ laissé libre. Il eut la sensation inconnue d’une démarche parfaitement équilibrée. Dans la chaleur moite, une brise fraîche se leva, les feuilles des arbres bruissèrent avec une infinie douceur. Dans la nuit, il distingua le feu de camp de ses gardes qui brûlait encore à cette heure tardive. L’un des hommes s’avança alors vers lui de manière menaçante. A dix pas, il s’arrêta stupéfait par la vision du yantra tatoué sur son torse. L’autre garde, étant accouru, s’arrêta net avec de grands yeux incrédules. L’un et l’autre restaient paralysés par le pouvoir du yantra que Pietro portait sur son corps.

Sous cette lune énorme et sous ce ciel si pur, Pietro comprit sans l’ombre d’un doute, que son heure était venue. Il s’arrêta au milieu de la place et se mit face au grand Yantra. Le Temple tout entier semblait vibrer d’une énergie fantastique. Le Temple était vivant ! Chacune de ces pierres, plusieurs fois centenaires, suintaient le pouvoir de l’au-delà. L’évocation, durant la lune noire, de son union avec la Reine, retentit comme un écho sur les murailles du Temple. La lune blanche le drapa alors dans ce même lit d’Amour. Comme par magie, le grand Yantra s’illumina à nouveau d’une aura bleutée. Pietro en reçu le choc dans tout son corps ! Le yantra, dessiné sur son propre buste par des mains expertes, fut parcouru d’ondes surpuissantes. Pietro entra en parfaite résonance avec le Grand Yantra. Il eut l’impression que les particules élémentaires de son corps se chargeaient d’un champ magnétique. Une danse effrénée provoqua, à l’intérieur de son être, une profonde mutation métabolique. Pietro le sentit intuitivement, son corps avait pris forme, tout entier, d’une clé. Il ne lui restait plus qu’à ouvrir la porte de la Mâyâ.

L’esprit de Pietro devint omniscient et s’accorda alors au pouvoir de ces ruines. La grande muraille scintillait maintenant d’une lumière surnaturelle. Pietro se concentra sur sa rencontre avec Gianfranco, à Milan, sur la terrasse à ciel ouvert. A son instar, il ouvrit les paumes de main vers le ciel et accomplit une mudrâ tenue secrète. Immédiatement, le ciel se fractura d’une immense lumière aveuglante, puissante et douce à la fois. Comme en présence du messager céleste, la Vaste Lumière de Grâce se manifesta à ses yeux grands ouverts ! Pietro revint à l’origine même du temps et de l’espace et se fondit dans la lumière fabuleuse. Son corps, plongé en soruba samadhi, fut aussitôt happé par le vide. Les deux gardes, médusés, furent les seuls témoins de cette disparition spontanée.
Afin de guider l'âme, hors de cette prison, vers l'Unique...
kinaram

Re: le yantra de Kâlî

Message par kinaram » 10 juin 2011, 22:22

Il y a des choses à rectifier sur mon texte:

-Je dis que les 8 pétales figurent les 8 Bhairava. C'est faux, ce sont les 8 matrikas qui forment les pétales, et les Bhairava sont bien évidemment aux portes (bhupura).
RECTIFICATIONS FAITES SUR LE TEXTE ORIGINAL
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Re: le yantra de Kâlî

Message par lorkan739 » 24 juin 2012, 20:54

KRAMASTOTRA a écrit:

SrtIikâlî
1. Semblable à une vague pleine de félicité (qui flue et reflue) dans l’océan de l’Énergie cosmique et jouit en son intime profondeur à la fois (de l’éclosion de l’univers) quand elle ouvre les yeux et (de sa disparition) quand elle les ferme, celle qui repose latente dans le réceptacle indifférencié du monde sensible, cette énergie créatrice, perpétuellement je la salue!

Raktakâlî
2. Ardente à boire à l’aide des héros et de la ronde des Mères le nectar de sang très joyeusement offert, elle se colore quand la dissolution a pris fin. Je la salue, Kâlî-la-Rouge ou Ravie qui a pour forme l’univers!

Sthitinasakâlî
3. Se tenant au milieu du va-et-vient au centre où s’unifient les mouvements de la roue du souffle qui a fait sien le couple ailé, par sa flamme le Très pur s’est couché à l’horizon. Je salue la Bien-apaisée, l’énergie destructrice de l’existence

Yamakâlî
4. Le restricteur (régit) l’option restrictive dont la restriction consiste à pressurer toutes les choses pour en extraire (la Conscience) en vue de restreindre l’univers; Celle qui dans sa passion pour le jeu de l’apparition et pour le grand engloutissement extrait et tire à soi l’essence (de ce restricteur), Kâlî-l’extrayeuse, c’est elle que je salue !

Samhârakâlî
5. Sans pensée, infinie, matrice universelle, elle ferme les yeux en résorbant les choses afin de surgir à nouveau pleinement existante, elle l’éternellement surgissante. Je salue Kâlî –la ¬résorbatrice toute-vide et toute-joyeuse!

Mrtyukâlî
6. Conscience dévorante par laquelle est engloutie la Mort, orgueil démesuré, qui provient de l’heureuse excitation s’étendant à toutes les activités du moi quand il se dit « c’est à moi! » Énergie destructrice de (cette) Mort et qui surgit intemporelle, c’est elle que je salue!

Rudrakâlî ou bhadrakâlî
7. Par la flamme de son infinie puissance, elle avale l’univers en roulant les yeux avec un furieux froncement des sourcils qui met un terme au devenir comme au moment de l’extermination à la fin du grand cycle cosmique. Je la salue, cette pure bhadrakâlî ¬la-bénéfique!

Mârtandakâlî
8. Pour consumer l’activité temporelle elle absorbe la roue de l’oiseau-soleil comme (la flamme) boit un papillon de nuit. Elle met un terme à toutes les saveurs, je m’incline constamment devant cette énergie résorbatrice du soleil!

Paramârkakâlî
9. Bhargasikhâ, flamme aiguë de Siva, telle une flamme qui s’éteint dans la Splendeur apaisée où les douze soleils se sont couchés et levés; Celle en qui son éclat disparait, je la célèbre, l’Énergie infinie qui absorbe le suprême rayon de lumière!

Kâlâgnirudrakâlî
10. L’effroyable feu du Temps destructeur a embrassé et dévoré le carquois de flèches ignées (sous forme) de roue solaire en surmontant la succession temporelle ; Celle en qui il se dissout, je la célèbre comme l’énergie résorbatrice du feu temporel!

Mahâkâlakâlî
11. Au champ de crémation où de nuit se dissolvent les grands éléments, elle engloutit le Temps puissant ainsi que l’assemblée formant la ronde des énergies qui volent dans le ciel, dans l’espace. Je rends hommage à l’inconcevable Kâlî semblable au feu attisé par le vent!
Mahâbhairavaghoracandakâlî

12. Réalité même du Quatrième état, fort habile à mettre en branle la roue des rayons lumineux de celui qui charpente la triple succession, je rends hommage à cette énergie (dite) la Féroce, la Terrifiante, la Très-redoutable, Splendeur lunaire dans l’éther de l’absolu!


-La Danse de Kali-

Suite à l'hymne qu'il adresse à la Déesse, Bhairava demande dans quel but tous ces héros et ces yoginīs sont venus dans ce sanctuaire de la grande terreur.
La Déesse lui rétorque "Tu es le Seigneur suprême : tu es toi-même la réponse ! A quoi bon répondre ?" Pourquoi Bhairava demande t-il à la Déesse quelle est sa propre nature ? N'est-ce pas ridicule ?

Quelque peu intimidé, le Grand Terrifiant avoue alors que la Déesse est sa propre conscience de soi (svavimarśabalena), elle est la connaissance que Dieu a de lui-même. C'est elle, la réponse. Sans elle, tout se passe comme si Dieu n'existait pas, comme s'il était plongé dans le coma. Même s'il était infini éternel, etc., il serait, au fond, comme une pierre, dépourvue de la moindre liberté, indifférente comme un cadavre. Ce qui fait une différence, ce n'est pas Dieu, c'est cette conscience, ce pouvoir d'émerveillement, qui fait que Dieu est Śiva ("bienfaisant") et non une simple abstraction stérile. La réponse est donc le Cœur de la Déesse, son âme, sa substance, laquelle est l'âme de Dieu. Dieu étant la moelle de tout, la Déesse est la quintessence, le "secret ultime, divin" (1, 38a).

Et ce secret, c'est d'abord la Danse de Kālī (kālīkrama), c'est-à-dire la liturgie qui exprime, à travers des mantras, le cycle de la conscience, cycle de création-destruction des concepts et des precepts dans l'espace sans nom. Ce n'est ni la dualité, ni l'unité, mais la "suprême non dualité" en laquelle sont réconcilié ces deux ennemis de toujours.

La Déesse répond qu'elle va lui offrir la réponse absolue, le secret proclamé dans tous les Sanctuaires, symboles du corps humain. Dans cet espace ultime, espace du corps où sont naturellement présents toutes les puissances de l'univers, a lieu à chaque instant le grand sacrifice, création et destruction, émanation et retour. "Tout cet univers est annihilé par la vérité absolue comme un brin d'herbe dans les flammes" (I, 42). Des puissances terribles sont à l'œuvre, qui se prennent pour Dieu et qui se disputent en questions et réponses interminables. "Mais en réalité, dans le cœur, incognito, se tient la Question" (I, 43). Cette question, Bhairava la pose, éternellement, au plus intime de tous les êtres, afin qu'ils puissent, dans le Temps (c'est-à-dire la mort), se délivrer du Temps. C'est le Secret, la plus grand Secret, l’Événement, l'Effroi, la Terreur qu'attendent les hommes, les animaux, les dieux, les démons, et Dieu lui-même.
Le Temps dévore tous les êtres. Mais comment dévorer le Temps ? (I, 52)
La solution, c'est le Cœur de la Yoginī...


Belle !

Je suis pris au filet

De la plus extrême confusion !

Radieuse !

Révèle le point vital,

Tel qu'il est ! 54



Dis le secret ultime,

Ineffable, sans défaut.

Bienfaisante !

Révèle ce qui est dans le cœur de la yoginī, 55



Ce qui est indépendant des jours lunaires et des heures fastes,

Ce qui ne requiert pas de lieux, ni de moments (particuliers), etc.,

Révèle ce qui est affranchi des signes conventionnels des (différents) sites (sacrés),

Avec (leurs) constellations et leurs planètes, 56



Révèle ce qui ne dépend pas des gestes sacrés ni des formules, ni des couleurs comme le rouge, etc., Révèle ce qui ne dépend pas d'un rituel quotidien,

Ni d'une offrande au feu, ni (de l'offrande) d'eau parfumée de fleurs, ni de l'offrande d'huile, 57



Révèle ce qui ne dépend pas du rituel d'invocation (d'une divinité),

Ni de vœux quand à la manière de se conduire,

Révèle ce qui ne dépend pas des (techniques) spéciales comme les remplissages,

Les vidages ou les rétentions (du souffle)! 58



Révèle plutôt ce qui est naturellement libre

Et dépourvu de tout vice,

Ce qui ne dépend pas d'obligations ni d'interdits,

Ce qui est réellement grand ! 59



Dis le secret ultime

Présent dans le cœur (de tous les êtres).



Ayant tenu ce discours,

Il s'adonna à l'adoration de la Déesse. 60



Etabli en sa nature, il resta silencieux.

Plus tard, en un autre temps favorable,

Cette suprême (Déesse), sans corps, 61



Parole aspirant à entendre (les paroles du Dieu)[1],

Accomplit le grand sacrifice[2].

Quant aux autres êtres, corporels,

Quand ils entendirent ce discours (du Dieu) sans corps 62



Ils joignirent les mains

Et se prosternèrent vers (la Déesse)

Mais la maîtresse du Dieu des dieux,

Présente dans la matrice, ce royaume de notre vraie nature, 63



(Résonance) sans notes, présente en notre forme propre,

Au-delà des formes, transparente,

S'adonnait à la grande union[3],

Entourée des soixante-quatre (yoginīs). 64



(Ainsi) cette Déesse de tous les dieux

Accomplit méthodiquement

L'adoration, l'instruction et la transmission suprême[4]

Des yoginīs[5]. 65



Mais à la suite de cette (transmission),

Ceux qui étaient présent se rétractèrent d'un seul coup

(Et retournèrent) à à l'état de bétail (ignorant)[6].

Seul le Grand Bhairava resta, mais (comme) pétrifié[7]. 66



Quant aux autres dieux régents (du monde)[8]

Ils restèrent (aussi), par jeu et par dévotion.

Alors (ils) obtinrent le principe suprême,

Le suprême Śiva. 67



De mêmes, les soixante-quatre yoginīs,

Obtinrent (ce) principe

En s'appuyant sur la Roue de l'Espace

Et s'enorgueillirent des paroles de la Vérité intégrale[9]. 68



Planant dans l'espace, tous se

Répandirent en l'espace[10].

http://shivaisme-cachemire.blogspot.fr/ ... /kalikrama
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Re: le yantra de Kâlî

Message par kinaram » 24 juin 2012, 23:54

Brillantissime!
Jay Maa!
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Re: le yantra de Kâlî

Message par lorkan739 » 06 oct. 2012, 22:41

:wink:
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Re: le yantra de Kâlî

Message par kinaram » 07 oct. 2012, 12:26

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Re: le yantra de Kâlî

Message par Cocostick » 07 oct. 2012, 23:38

kinaram a écrit :
Super sympa ça, hypnotisant
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Re: le yantra de Kâlî

Message par lorkan739 » 22 déc. 2012, 18:53

Kinaram a écrit :-Je dis que les 8 pétales figurent les 8 Bhairava. C'est faux, ce sont les 8 matrikas qui forment les pétales, et les Bhairava sont bien évidemment aux portes (bhupura).
Un dessin que j'ai encadré...
Fichiers joints
Bhairava.jpg
Bhairava.jpg (165.9 Kio) Vu 10139 fois
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Re: le yantra de Kâlî

Message par MuadDib » 23 déc. 2012, 14:13

aa
Modifié en dernier par MuadDib le 05 juin 2015, 14:47, modifié 1 fois.
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Re: le yantra de Kâlî

Message par kinaram » 24 déc. 2012, 12:00

Je crois que c'est Yamantaka, et que Mahakala est à sa gauche.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Yamantaka
Dans le bouddhisme tibétain, Yamantaka est la face courroucée de Manjushri (boddhisatva de la sagesse), tandis que Mahakala est la face courroucée de Avalokiteshvara (boddhisatva de la compassion).
Pour moi, ces archétypes représentent donc deux manières différentes de décrire l'expérience de la victoire sur la mort, sous l'angle de la sagesse (par la vision de la réalité : Manjushri tient dans la main l'épée de feu de la discrimination), et celui de la compassion. Fondamentalement, c'est la même chose.
MuadDib
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Re: le yantra de Kâlî

Message par MuadDib » 24 déc. 2012, 23:01

aa
Modifié en dernier par MuadDib le 05 juin 2015, 14:47, modifié 1 fois.
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Re: le yantra de Kâlî

Message par kinaram » 25 déc. 2012, 04:39

Dans ma compréhension limitée, je n'associait pas Yamantaka/Mahakala à des divinités couroucées, mais à des protecteurs ... ce qui semble être supporté par leur 'origines' hindoues : Yamantaka/Yama, et Mahakala/Shiva.
Non! Yamantaka, çà n'est pas Yama, c'est le destructeur de Yama!

Joyeux Noël
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