Samadhi Pada - Sutra 3 : C’est alors que le voyant, le Soi, réside en sa propre nature.
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Samadhi Pada - Sutra 3 : C’est alors que le voyant, le Soi, réside en sa propre nature.
Allez à vous de jouer !
La troisième phrase de Patanjali nous dit :
"Tadā draṣṭuḥ svarūpe avasthānam"
"3. C’est alors que le voyant, le Soi, réside en sa propre nature ;"
Vous en pensez quoi ?
La troisième phrase de Patanjali nous dit :
"Tadā draṣṭuḥ svarūpe avasthānam"
"3. C’est alors que le voyant, le Soi, réside en sa propre nature ;"
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Dieu nous donne ce dont il veut qu'on se serve, pour aller vers lui.
Formation de Professeur de Yoga => Un véritable chemin initiatique - Début janvier 2025
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Re: Samadhi Pada - Sutra 3 : C’est alors que le voyant, le Soi, réside en sa propre nature.
Namaste
Le voyant ne serait-il pas Purusha ?
Qu'est-ce le soi, n'est-ce pas notre propre conscience, la conscience de soi ?
Ça fait longtemps que j'écris comme quoi, on devient le témoin de nos propres pensées.
Étant adepte du Laya yoga, j'ai remarqué et je vis ça, moultes changements apparaissent dans la psyché.
Même le rythme cardiaque change et même la respiration change.
Ça vient tout seul, avis aux connaisseurs du silence mental.
Quand la pensée cesse, on est.
AUM TAT SAT AUM
Le voyant ne serait-il pas Purusha ?
Qu'est-ce le soi, n'est-ce pas notre propre conscience, la conscience de soi ?
Ça fait longtemps que j'écris comme quoi, on devient le témoin de nos propres pensées.
Étant adepte du Laya yoga, j'ai remarqué et je vis ça, moultes changements apparaissent dans la psyché.
Même le rythme cardiaque change et même la respiration change.
Ça vient tout seul, avis aux connaisseurs du silence mental.
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AUM TAT SAT AUM
l esprit est plus fort que la matiere
Re: Samadhi Pada - Sutra 3 : C’est alors que le voyant, le Soi, réside en sa propre nature.
Comment décrire ce qui se passe une fois que tout ce qui apparait dans le champ de la conscience (les chittas vrittis) se résorbe ? À la différence d'autres enseignements spirituels les YS se gardent d'évoquer même de façon subtile ou allusive ce qui est perçu, dans la mesure où toute représentation exprimerait une nouvelle forme de conscience, nous renvoyant ainsi au sutra précédent.
Pourquoi le sujet est-il appelé le Voyant ? Dans l'ensemble de nos perceptions, la Vue occupe une place singulière. Centrale, elle fait défiler devant notre conscience tant des images intérieures qu'extérieures. Il s'agit de notre sens le plus média, sollicitant l'ensemble des composants de notre psyché, nettement prépondérant dans notre relation au monde intérieur et extérieur. Figure de proue des "Chittas Vrittis", il tend à structurer l'ensemble de nos représentations intérieures. Mais l'œil n'est pas simple passivité, il est également créateur. Consciemment ou non nous tendons à façonner notre devenir en images, ce qui sera dans beaucoup de cas la base de la magie et de certaines techniques modernes de "visualisation créatrice". Bien loin de telles stratégies, dans les grands Monothéismes le Prophète voit et dans sa proximité avec le Divin, la dualité se résorbe entre une vision devenant réalité et un simple aperçu du plan divin.
Pour les YS, dans la plupart des pratiques qui sont la mise en œuvre du sutra précédent, après nous être installé dans une posture "stable et confortable", avoir laissé le souffle se réguler, nous fixons le regard, yeux ouverts, fermés ou mi-clos, verrouillés sur un point externe ou interne. A l'oscillation perpétuelle de notre vision, captivée par le chatoiement incessant et effréné des contenus de conscience, semblable à l'effusion sans fin de la nature, répond l'immobilité du Voyant, pure conscience sans aucune attache.
On retrouve ici (Avasthânam) la notion de fixation, non dans un état formel quel que soit sa richesse, mais dans une forme de "conversion" dans laquelle la pure conscience, le Drastr, n'est plus assujettie à quelque extériorité que ce soit et se retourne vers sa source. C'est ainsi que Mircea Elliade proposera le nom "d'enstase" s'opposant à toute forme d'extase, de transport ou d'effusion dont parlent souvent les écrits mystiques et qui traduit une sortie de soi.
Dans ces conditions les YS suggèrent une forme d'intimité profonde entre le Sujet (Drastr le Voyant) et ce qui n'est plus réellement un objet de perception, mais une forme d'Hypostase (Svarupe, sa nature) qui sans léser l'Unicité de la Conscience, induit en elle une dynamique. Cette dynamique trace tout le chemin que vont décrire les YS, un chemin qui nous ramène à la maison, ce que nous sommes réellement. Se détachant d'une vue réactive de ce qui traverse notre champ de conscience, pure sujétion aux effluves de l'extériorité, le Drastr le Soi recrée un monde, ou plus exactement dévoile une "forme divine".
Ainsi un aspect de ce sutra fortement inspirant est "la nature essentielle", "propre forme" ou même " propre demeure". En effet si le sutra précédent nous parle de dissoudre, de résorber les opérations du mental qui restent toutes, quel que soit leur degré de subtilité ou de grossièreté, des productions phénoménales, ce Sutra nous parle bel et bien d'une forme spirituelle.
A noter Tada (alors) en tête du troisième sutra exprime que ce qui y est décrit est une conséquence du second sutra. La sobriété de cette description suggère qu'il n'est pas question ici d'opérer sur des représentations ou des visualisations, ce qui peut être le cas dans d'autres approches. Le retour de la pure conscience dans sa propre nature est une conséquence du travail de résorption des contenus effectué dans le second sutra : la pratique spirituelle exposée ici sera donc un défaire et non un faire. L'émergence en nous de cette forme spirituelle n'est nullement une construction mentale, présentant le risque de réactiver des formes même très subtiles de représentations intérieures, mais le résultat d'une déconstruction de tout ce qui semblait constituer notre univers intérieur.
Ainsi compris le chemin tracé par les Yogas Sutras est un chemin d'alchimie spirituelle, de métamorphose continue qui se manifeste en nous, en nos pensées, nos émotions, notre corps et jusque dans notre contexte extérieur, se dissolvant et se restructurant au fur et à mesure que nos conditionnements intérieurs, les forces agissantes qu'ils génèrent et les situations extérieures qu'ils provoquent apparaissent puis se résorbent dans le silence intérieur bien au-delà d'une spiritualité abstraite et désincarnée.
Si au début de la pratique, la résorption progressive des opérations mentales du sutra précédent nous confronte souvent à un sentiment de vide, dans la mesure où notre univers perceptif, intérieur ou extérieur est focalisé sur l'écran des opérations mentales (dans le sens le plus étendu de tout ce qui est objet de conscience), leur coagulation les relègue au rang d'objets qui finissent par se dissoudre, restructurant cet univers intérieur, dissipant les stases et libérant ainsi l'énergie qu'ils accaparaient.
Plusieurs changements progressifs se produisent alors.
D'abord le vide initial laisse place à un silence intérieur qui émerge progressivement jusque dans notre quotidien, remplaçant les saillies des anciennes pensées. Le mur opaque de nos conditionnements s'entrouvre et laisse apparaitre de nouveaux horizons. Se révèle ainsi non seulement un nouveau continent dont on ne voit au début que quelques iles mais également une présence muette mais intense, éveillant en nous le sentiment étrange d'une réalité familière. Pour peu que nous en restions conscients, ce silence nimbe peu à peu notre vie d'une présence spirituelle inaliénable.
Ce silence intérieur, cette "forme" spirituelle, bien loin d'être vide et stérile, se révèle d'une fécondité active, régénératrice. De nouvelles pensées se manifestent, qu'il s'agisse de concepts abstraits répondant à une question profonde ou de solutions très pratiques. Là où le sutra précédent laisse se dissoudre les fluctuations mentales, les chittas vrittis coagulés puis précipités dans le silence, la découverte puis l'éveil du Drastr – le Soi - crée de nouvelles formes mentales, psychiques et énergétiques qui se subtilisent progressivement en tissant imperceptiblement la forme spirituelle, la "demeure" du Soi, révélant un nouveau chemin intérieur, ouvrant de nouvelles et parfois surprenantes perspectives sur le paysage de notre destin.
Nous sommes des tisserands, laissant se défaire dans la nuit profonde de la méditation les trames de nos attachements pour laisser en nous le Soi tisser dans sa présence mystérieuse un impalpable cocon intérieur, recélant en lui une présence que nous ne pouvons que deviner. Simultanément, imperceptiblement émerge une perception nouvelle, d'une qualité particulière qui nous ouvre la porte de cette nouvelle réalité, sans aucun rapport avec tout ce que nous connaissions auparavant, à la fois déconcertante et si familière, notre véritable demeure. La résorption progressive de la fascination permanente de nos sens vers l'externalité (extérieure à notre corps ou intérieure à notre psyché) développe en nous de nouveaux sens, ou un nouveau sens, global et inclusif, articulé au chapitre suivant dans le pratyahara, un des huit membres de l'Ashtang yoga.
Si progressivement, cette Présence imprègne notre quotidien, s'insinuant doucement entre les mailles de nos pensées, alors que cette nature intérieure devient insensiblement perceptible, dans certains cas elle se révèle pleinement, au sein même de notre réalité objective.
Mon oncle était un théologien chrétien, un Maître spirituel enseignant l'hésychaste et connaissant bien tous les aspects de la spiritualité orientale.
Ayant eu la chance de l'accompagner dans ses derniers moments, j'ai pu vivre une expérience profonde, éminemment transformatrice. Il arriva en effet un moment où il ne pouvait plus parler, mais dans le silence intérieur, au-delà des images et des mots, j'ai toujours ressenti une communion réelle. Le psychologue de l'hôpital ne comprenait pas que je puisse passer des heures auprès de lui sans parler, alors qu'il semblait plonger insensiblement dans l'inconscience.
Je lui ai expliqué que je partageais avec lui un espace intérieur, beaucoup plus profond et réel que les mots et les images, dans lequel existait une continuité non seulement avec nos dialogues, mais avec le résultat le plus authentique de tout ce qu'il m'avait transmis. Dans ces moments j'ai véritablement pris conscience du diamant qu'était cette nature essentielle, la demeure du Drastr décrit de mille façons différentes par tous les mystiques qui ont vécu une telle expérience, relatée ensuite par chacun en fonction de sa culture spirituelle, puisque cette réalité est au-delà de toute représentation mentale ou verbale.
Nous sommes des occidentaux, imprégnés de représentations parfois très naïves et parfois très subtiles de perdurance post mortem. Pour celui qui ne vit pas intimement la réalité du silence intérieur, le temple de cette nature essentielle, la distinction entre le vide et la plénitude de cette réalité est incompréhensible alors qu'il s'agit bien de la réalité.
Au moment de sa mort étrangement, j'ai eu le sentiment d'une continuité dans le silence intérieur, comme si l'espace et le temps se raccourcissaient en un point avant de s'expanser de nouveau vers un océan de liberté ouvrant de nouveaux magnifiques chemins.
Ce vécu s'inscrit dans une suite d'expériences intérieures qui ont imprimé en moi la réalité de cette "nature essentielle" exposé dans ce Sutra. Un espace et un lieu hors du temps et de l'espace objectif, un trésor inaliénable et tout à fait réel qui est notre héritage, la demeure du Drastr, le Divin en nous
Pourquoi le sujet est-il appelé le Voyant ? Dans l'ensemble de nos perceptions, la Vue occupe une place singulière. Centrale, elle fait défiler devant notre conscience tant des images intérieures qu'extérieures. Il s'agit de notre sens le plus média, sollicitant l'ensemble des composants de notre psyché, nettement prépondérant dans notre relation au monde intérieur et extérieur. Figure de proue des "Chittas Vrittis", il tend à structurer l'ensemble de nos représentations intérieures. Mais l'œil n'est pas simple passivité, il est également créateur. Consciemment ou non nous tendons à façonner notre devenir en images, ce qui sera dans beaucoup de cas la base de la magie et de certaines techniques modernes de "visualisation créatrice". Bien loin de telles stratégies, dans les grands Monothéismes le Prophète voit et dans sa proximité avec le Divin, la dualité se résorbe entre une vision devenant réalité et un simple aperçu du plan divin.
Pour les YS, dans la plupart des pratiques qui sont la mise en œuvre du sutra précédent, après nous être installé dans une posture "stable et confortable", avoir laissé le souffle se réguler, nous fixons le regard, yeux ouverts, fermés ou mi-clos, verrouillés sur un point externe ou interne. A l'oscillation perpétuelle de notre vision, captivée par le chatoiement incessant et effréné des contenus de conscience, semblable à l'effusion sans fin de la nature, répond l'immobilité du Voyant, pure conscience sans aucune attache.
On retrouve ici (Avasthânam) la notion de fixation, non dans un état formel quel que soit sa richesse, mais dans une forme de "conversion" dans laquelle la pure conscience, le Drastr, n'est plus assujettie à quelque extériorité que ce soit et se retourne vers sa source. C'est ainsi que Mircea Elliade proposera le nom "d'enstase" s'opposant à toute forme d'extase, de transport ou d'effusion dont parlent souvent les écrits mystiques et qui traduit une sortie de soi.
Dans ces conditions les YS suggèrent une forme d'intimité profonde entre le Sujet (Drastr le Voyant) et ce qui n'est plus réellement un objet de perception, mais une forme d'Hypostase (Svarupe, sa nature) qui sans léser l'Unicité de la Conscience, induit en elle une dynamique. Cette dynamique trace tout le chemin que vont décrire les YS, un chemin qui nous ramène à la maison, ce que nous sommes réellement. Se détachant d'une vue réactive de ce qui traverse notre champ de conscience, pure sujétion aux effluves de l'extériorité, le Drastr le Soi recrée un monde, ou plus exactement dévoile une "forme divine".
Ainsi un aspect de ce sutra fortement inspirant est "la nature essentielle", "propre forme" ou même " propre demeure". En effet si le sutra précédent nous parle de dissoudre, de résorber les opérations du mental qui restent toutes, quel que soit leur degré de subtilité ou de grossièreté, des productions phénoménales, ce Sutra nous parle bel et bien d'une forme spirituelle.
A noter Tada (alors) en tête du troisième sutra exprime que ce qui y est décrit est une conséquence du second sutra. La sobriété de cette description suggère qu'il n'est pas question ici d'opérer sur des représentations ou des visualisations, ce qui peut être le cas dans d'autres approches. Le retour de la pure conscience dans sa propre nature est une conséquence du travail de résorption des contenus effectué dans le second sutra : la pratique spirituelle exposée ici sera donc un défaire et non un faire. L'émergence en nous de cette forme spirituelle n'est nullement une construction mentale, présentant le risque de réactiver des formes même très subtiles de représentations intérieures, mais le résultat d'une déconstruction de tout ce qui semblait constituer notre univers intérieur.
Ainsi compris le chemin tracé par les Yogas Sutras est un chemin d'alchimie spirituelle, de métamorphose continue qui se manifeste en nous, en nos pensées, nos émotions, notre corps et jusque dans notre contexte extérieur, se dissolvant et se restructurant au fur et à mesure que nos conditionnements intérieurs, les forces agissantes qu'ils génèrent et les situations extérieures qu'ils provoquent apparaissent puis se résorbent dans le silence intérieur bien au-delà d'une spiritualité abstraite et désincarnée.
Si au début de la pratique, la résorption progressive des opérations mentales du sutra précédent nous confronte souvent à un sentiment de vide, dans la mesure où notre univers perceptif, intérieur ou extérieur est focalisé sur l'écran des opérations mentales (dans le sens le plus étendu de tout ce qui est objet de conscience), leur coagulation les relègue au rang d'objets qui finissent par se dissoudre, restructurant cet univers intérieur, dissipant les stases et libérant ainsi l'énergie qu'ils accaparaient.
Plusieurs changements progressifs se produisent alors.
D'abord le vide initial laisse place à un silence intérieur qui émerge progressivement jusque dans notre quotidien, remplaçant les saillies des anciennes pensées. Le mur opaque de nos conditionnements s'entrouvre et laisse apparaitre de nouveaux horizons. Se révèle ainsi non seulement un nouveau continent dont on ne voit au début que quelques iles mais également une présence muette mais intense, éveillant en nous le sentiment étrange d'une réalité familière. Pour peu que nous en restions conscients, ce silence nimbe peu à peu notre vie d'une présence spirituelle inaliénable.
Ce silence intérieur, cette "forme" spirituelle, bien loin d'être vide et stérile, se révèle d'une fécondité active, régénératrice. De nouvelles pensées se manifestent, qu'il s'agisse de concepts abstraits répondant à une question profonde ou de solutions très pratiques. Là où le sutra précédent laisse se dissoudre les fluctuations mentales, les chittas vrittis coagulés puis précipités dans le silence, la découverte puis l'éveil du Drastr – le Soi - crée de nouvelles formes mentales, psychiques et énergétiques qui se subtilisent progressivement en tissant imperceptiblement la forme spirituelle, la "demeure" du Soi, révélant un nouveau chemin intérieur, ouvrant de nouvelles et parfois surprenantes perspectives sur le paysage de notre destin.
Nous sommes des tisserands, laissant se défaire dans la nuit profonde de la méditation les trames de nos attachements pour laisser en nous le Soi tisser dans sa présence mystérieuse un impalpable cocon intérieur, recélant en lui une présence que nous ne pouvons que deviner. Simultanément, imperceptiblement émerge une perception nouvelle, d'une qualité particulière qui nous ouvre la porte de cette nouvelle réalité, sans aucun rapport avec tout ce que nous connaissions auparavant, à la fois déconcertante et si familière, notre véritable demeure. La résorption progressive de la fascination permanente de nos sens vers l'externalité (extérieure à notre corps ou intérieure à notre psyché) développe en nous de nouveaux sens, ou un nouveau sens, global et inclusif, articulé au chapitre suivant dans le pratyahara, un des huit membres de l'Ashtang yoga.
Si progressivement, cette Présence imprègne notre quotidien, s'insinuant doucement entre les mailles de nos pensées, alors que cette nature intérieure devient insensiblement perceptible, dans certains cas elle se révèle pleinement, au sein même de notre réalité objective.
Mon oncle était un théologien chrétien, un Maître spirituel enseignant l'hésychaste et connaissant bien tous les aspects de la spiritualité orientale.
Ayant eu la chance de l'accompagner dans ses derniers moments, j'ai pu vivre une expérience profonde, éminemment transformatrice. Il arriva en effet un moment où il ne pouvait plus parler, mais dans le silence intérieur, au-delà des images et des mots, j'ai toujours ressenti une communion réelle. Le psychologue de l'hôpital ne comprenait pas que je puisse passer des heures auprès de lui sans parler, alors qu'il semblait plonger insensiblement dans l'inconscience.
Je lui ai expliqué que je partageais avec lui un espace intérieur, beaucoup plus profond et réel que les mots et les images, dans lequel existait une continuité non seulement avec nos dialogues, mais avec le résultat le plus authentique de tout ce qu'il m'avait transmis. Dans ces moments j'ai véritablement pris conscience du diamant qu'était cette nature essentielle, la demeure du Drastr décrit de mille façons différentes par tous les mystiques qui ont vécu une telle expérience, relatée ensuite par chacun en fonction de sa culture spirituelle, puisque cette réalité est au-delà de toute représentation mentale ou verbale.
Nous sommes des occidentaux, imprégnés de représentations parfois très naïves et parfois très subtiles de perdurance post mortem. Pour celui qui ne vit pas intimement la réalité du silence intérieur, le temple de cette nature essentielle, la distinction entre le vide et la plénitude de cette réalité est incompréhensible alors qu'il s'agit bien de la réalité.
Au moment de sa mort étrangement, j'ai eu le sentiment d'une continuité dans le silence intérieur, comme si l'espace et le temps se raccourcissaient en un point avant de s'expanser de nouveau vers un océan de liberté ouvrant de nouveaux magnifiques chemins.
Ce vécu s'inscrit dans une suite d'expériences intérieures qui ont imprimé en moi la réalité de cette "nature essentielle" exposé dans ce Sutra. Un espace et un lieu hors du temps et de l'espace objectif, un trésor inaliénable et tout à fait réel qui est notre héritage, la demeure du Drastr, le Divin en nous
Re: Samadhi Pada - Sutra 3 : C’est alors que le voyant, le Soi, réside en sa propre nature.
Dans le Sutra 2, Patanjali nous décrit ce qu’est le yoga : Yoga Chitta Vritti Nirodha.
Le Sutra 3 nous apprend que cet état atteint, alors apparaît la vraie nature.
Dans le contexte dualiste du Samkhya, il s’agit de Purusha, immuable et permanent qui se reflète en nous.
Pour les traditions non-dualistes comme les Nāths, Purusha, Atman, Paramatma ne sont qu’un.
Le chemin du yoga est donc celui inverse de la manifestation cosmique.
Il faut dépasser l’ego, Ahamkara et l’agitation du mental, aller au niveau de perception, Buddhi pour arrêter le mental et ainsi, apparaît Purusha.
Les Sutras 1 à 4 décrivent les états du Yoga, les Sutras suivants, nous aiderons à comprendre ce cheminement.
C’est facile, non ? Tout est écrit !
Le Sutra 3 nous apprend que cet état atteint, alors apparaît la vraie nature.
Dans le contexte dualiste du Samkhya, il s’agit de Purusha, immuable et permanent qui se reflète en nous.
Pour les traditions non-dualistes comme les Nāths, Purusha, Atman, Paramatma ne sont qu’un.
Le chemin du yoga est donc celui inverse de la manifestation cosmique.
Il faut dépasser l’ego, Ahamkara et l’agitation du mental, aller au niveau de perception, Buddhi pour arrêter le mental et ainsi, apparaît Purusha.
Les Sutras 1 à 4 décrivent les états du Yoga, les Sutras suivants, nous aiderons à comprendre ce cheminement.
C’est facile, non ? Tout est écrit !
Modifié en dernier par Shaman le 19 juin 2024, 01:14, modifié 2 fois.
Re: Samadhi Pada - Sutra 3 : C’est alors que le voyant, le Soi, réside en sa propre nature.
J’ai intégré récemment ce qu’est le vide, Shunya, et ce que cela signifie.Mithuna a écrit : ↑17 juin 2024, 20:20Ce vécu s'inscrit dans une suite d'expériences intérieures qui ont imprimé en moi la réalité de cette "nature essentielle" exposé dans ce Sutra. Un espace et un lieu hors du temps et de l'espace objectif, un trésor inaliénable et tout à fait réel qui est notre héritage, la demeure du Drastr, le Divin en nous
Shunya est l’absence de soit, la conscience de l’absolue.
Yogi Lakshminath Maharaj dit que le Yoga c’est mourir.
C’est parce que tout est absolue, Parashiva. Il n’y a que le niveau de perception qui nous empêchent de voir et qui nous fait nous questionner.
Il faut lever les voiles, les questions disparaissent et tout apparait. Le niveau de compréhension est lié au karma, tous les voiles ne peuvent pas toujours être levés en une vie.
Re: Samadhi Pada - Sutra 3 : C’est alors que le voyant, le Soi, réside en sa propre nature.
Bonjour à toutes et à tous,
Merci pour ces beaux témoignages, très inspirants. Chaque instant de ce chemin recèle ses cadeaux...
Il y a bien dans ce sutra, la présentation d'une conséquence du sutra précédent :
SI l'activité mentale est suspendu ALORS nous accédons à notre véritable nature, le Soi.
Comme le remarque justement Mithuna, le Soi est associé à la vue, c'est le Voyant.
C'est aussi le rappel (pour moi en tout cas) d'un aspect qui échappe à l'évidence, tant nous sommes confiants en ce sens, prépondérant chez la plupart des humains : ce que nous voyons en temps "normal" n'est pas la réalité, n'est pas notre véritable nature alors que nous sommes persuadés de l'inverse. L'image du monde que nous construisons d'instant en instant n'est que la projection de notre histoire, de nos fantasmes, etc. La science abonde aussi en ce sens. J'ai été marqué par une étude relatée par Varela, Thompson et Rosch (1993) dans leur ouvrage "l'inscription corporelle de l'esprit" : le nerf optique connecte les yeux à une région du thalamus appelée noyau géniculaire latéral puis, de là, au cortex visuel. Ce qui est remarquable, c'est que si l'on examine le système dans son ensemble, on constate que les informations recueillies par ce noyau géniculaire latéral, avant de transmettre le tout au cortex visuel, ne proviennent qu'à 20% des yeux et à 80% d'autres régions du cerveau. En d'autres termes, et sans doute, de manière un peu rapide, le cerveau ne se sert, pour construire l'image du monde que l'on prend pour "la réalité", que de 20% d'informations provenant effectivement de l'extérieur. Le reste est construit à partir d'éléments qui n'en provient pas directement... Cela en dit long sur ce que l'on "voit". Cela en dit long aussi sur ce qu'il faut accomplir pour accéder à cette réalité...
Ce sutra fait écho (pour moi, en ce moment, au hasard de mes lectures) avec "la guirlande des paroles du guru" (Sri Muruganar / Ramana Maharshi) : sans cesse, il est rappelé ce lien entre la suspension du mental (est-ce l'arrêt ?) et l'accès au Soi, à la véritable nature. Je ne citerai ici qu'un passage, presque au hasard : "349. Lorsque les sens fallacieux sont sous contrôle, lorsque les conceptions mentales sont éliminées, et que l'on est inébranlablement établi en tant que Soi dans le Coeur, alors la Connaissance qui brille dans cet Etat de ferme établissement dans le Soi est le Dieu réel [Siva]".
Merci pour ces beaux témoignages, très inspirants. Chaque instant de ce chemin recèle ses cadeaux...
Il y a bien dans ce sutra, la présentation d'une conséquence du sutra précédent :
SI l'activité mentale est suspendu ALORS nous accédons à notre véritable nature, le Soi.
Comme le remarque justement Mithuna, le Soi est associé à la vue, c'est le Voyant.
C'est aussi le rappel (pour moi en tout cas) d'un aspect qui échappe à l'évidence, tant nous sommes confiants en ce sens, prépondérant chez la plupart des humains : ce que nous voyons en temps "normal" n'est pas la réalité, n'est pas notre véritable nature alors que nous sommes persuadés de l'inverse. L'image du monde que nous construisons d'instant en instant n'est que la projection de notre histoire, de nos fantasmes, etc. La science abonde aussi en ce sens. J'ai été marqué par une étude relatée par Varela, Thompson et Rosch (1993) dans leur ouvrage "l'inscription corporelle de l'esprit" : le nerf optique connecte les yeux à une région du thalamus appelée noyau géniculaire latéral puis, de là, au cortex visuel. Ce qui est remarquable, c'est que si l'on examine le système dans son ensemble, on constate que les informations recueillies par ce noyau géniculaire latéral, avant de transmettre le tout au cortex visuel, ne proviennent qu'à 20% des yeux et à 80% d'autres régions du cerveau. En d'autres termes, et sans doute, de manière un peu rapide, le cerveau ne se sert, pour construire l'image du monde que l'on prend pour "la réalité", que de 20% d'informations provenant effectivement de l'extérieur. Le reste est construit à partir d'éléments qui n'en provient pas directement... Cela en dit long sur ce que l'on "voit". Cela en dit long aussi sur ce qu'il faut accomplir pour accéder à cette réalité...
Ce sutra fait écho (pour moi, en ce moment, au hasard de mes lectures) avec "la guirlande des paroles du guru" (Sri Muruganar / Ramana Maharshi) : sans cesse, il est rappelé ce lien entre la suspension du mental (est-ce l'arrêt ?) et l'accès au Soi, à la véritable nature. Je ne citerai ici qu'un passage, presque au hasard : "349. Lorsque les sens fallacieux sont sous contrôle, lorsque les conceptions mentales sont éliminées, et que l'on est inébranlablement établi en tant que Soi dans le Coeur, alors la Connaissance qui brille dans cet Etat de ferme établissement dans le Soi est le Dieu réel [Siva]".
Re: Samadhi Pada - Sutra 3 : C’est alors que le voyant, le Soi, réside en sa propre nature.
Pour moi, il manque une notion lorsque l'on parle de voyant, car c'est la conscience et la vison pure de ce qui est et dont nous faisons partie.
Ce qui nous empêche de voir nous-mêmes, ce sont les filtres déformants de notre ego, l'agitation de notre mental, l'influence de notre environnement, le besoin de jugement et de questionnement. La liste est longue.
Par contre, lorsque tout s'arrête tout apparaît.
Un moment en suspension, un moment de grâce au-delà du temps où nous sommes tout simplement.
Cela peut arriver en médiation les yeux fermés, mais également à tout instant de la vie avec les yeux bien ouverts.
Lorsque cela arrive dans un instant de vie suspendu, les images sont les mêmes, mais la perception est complètement différente.
Puis, pour une raison ou une autre, au gré d'une pensée, nous ressortons de cet état.
La finalité est donc selon moi l'arrêt du mental, la suspension ne suppose qu'une parenthèse.
Cette étude n'est peut-être pas le lieu, mais peut-être qu'en parallèle de cette étude, nous pourrions créer un topic sur les expériences vécues par chacun, en même de cette étude se poursuis.
Ce qui nous empêche de voir nous-mêmes, ce sont les filtres déformants de notre ego, l'agitation de notre mental, l'influence de notre environnement, le besoin de jugement et de questionnement. La liste est longue.
Par contre, lorsque tout s'arrête tout apparaît.
Un moment en suspension, un moment de grâce au-delà du temps où nous sommes tout simplement.
Cela peut arriver en médiation les yeux fermés, mais également à tout instant de la vie avec les yeux bien ouverts.
Lorsque cela arrive dans un instant de vie suspendu, les images sont les mêmes, mais la perception est complètement différente.
Puis, pour une raison ou une autre, au gré d'une pensée, nous ressortons de cet état.
La finalité est donc selon moi l'arrêt du mental, la suspension ne suppose qu'une parenthèse.
Cette étude n'est peut-être pas le lieu, mais peut-être qu'en parallèle de cette étude, nous pourrions créer un topic sur les expériences vécues par chacun, en même de cette étude se poursuis.
Re: Samadhi Pada - Sutra 3 : C’est alors que le voyant, le Soi, réside en sa propre nature.
Je te suis sur ce point, Shaman: ici nous sommes au début des YS et clairement le Sutra 3 exprime un état de suspension (Samadhi), mais pas d'absorption des contenus mentaux, cet état est bien la finalité des YS, c'est la délivrance Kaivalya qui sera abordée au dernier chapitre qui porte d'ailleurs ce nom Kaivalya pada. Le déroulement des 4 chapitres vise à cette fin.
En ce qui me concerne, ainsi que d'autres pratiquants, j'ai expérimenté le fait que la persévérance dans la sadhana, tout en alternant comme tu le soulignes des états de résorption avec une identification à nos contenus mentaux, ne conduit pas à une rupture. L'état de résorption (pour moi le silence intérieur) émerge insensiblement entre les plages d'identification aux contenus mentaux, constituant "l'espace entre deux pensées". Il enrichit et transforme jour après jour la structure de nos contenus mentaux, dans ce qui est pour moi "une alchimie intérieure", une dynamique créatrice au-delà de la dualité.
Au sujet des expériences intérieures, je pense que cette étude des YS est bien le lieu de partager nos pratiques et nos expériences, tout en restant dans la cohérence et la dynamique du texte ; en tout cas c'est bien ma ligne directrice.
Merci à tous pour vos commentaires constructifs et sincères.
En ce qui me concerne, ainsi que d'autres pratiquants, j'ai expérimenté le fait que la persévérance dans la sadhana, tout en alternant comme tu le soulignes des états de résorption avec une identification à nos contenus mentaux, ne conduit pas à une rupture. L'état de résorption (pour moi le silence intérieur) émerge insensiblement entre les plages d'identification aux contenus mentaux, constituant "l'espace entre deux pensées". Il enrichit et transforme jour après jour la structure de nos contenus mentaux, dans ce qui est pour moi "une alchimie intérieure", une dynamique créatrice au-delà de la dualité.
Au sujet des expériences intérieures, je pense que cette étude des YS est bien le lieu de partager nos pratiques et nos expériences, tout en restant dans la cohérence et la dynamique du texte ; en tout cas c'est bien ma ligne directrice.
Merci à tous pour vos commentaires constructifs et sincères.
Re: Samadhi Pada - Sutra 3 : C’est alors que le voyant, le Soi, réside en sa propre nature.
Bonsoir...
Le sens de la vue est assurément le sens qui prend le plus d'énergie, il n'est pas le plus subtil, ni le plus puissant, puisque dans l'ordre des chakras, l'ouïe se place au-dessus...
Le son porte en lui le moins d'élément et nous devenons totalement ce que nous écoutons...
Alors pourquoi "le voyant ?"
Pour moi la vue est le niveau "incarnée" du voyant et donc nous devons nous placer sur le niveau de l'esprit et comprendre que l'esprit est "vision", donc bien plus que la vue...
Cela me fait penser à une chose amusante...
Ingénieur commercial pendant 9 ans, quand j'étais dans mon bureau, en train de faire tout autre chose que travailler sur mon ordinateur, je n'avais "qu'une seule peur", celle d'être vu par mon chef d'agence...
La vue de celui qui est au-dessus de nous est ce qui nous met en marche et le Samkhya nous met bien en scène cela en parlant de la danseuse et du spectateur...
La danseuse danse pour le spectateur, mais dès que le spectateur sort de l'illusion et donc de la scène, la danseuse (prakrti) s'arrête de produire, le spectacle disparait, et le spectateur n'est plus là non plus...
Lors de mes plongées en Samadhi, la trinité "voyant, vue, objet" n'est plus, il ne reste que la lumière et rien d'autre...
Tant que cette trinité est là, nous ne sommes pas encore fondus dans l'absolu...
Cette idée d'arrêter le mental évoqué au deuxième sutra est très spécifique, il y a effectivement mort de nous, de notre personnage...
Cet arrêt arrive avec l'arrêt de la respiration, car mental et respiration sont totalement liés...
Alors dans un moment de paix absolue, d'enstase parfaite, le souffle se suspend de lui-même, sans effort, sans volonté et dans un sentiment de plénitude et de ferveur totale.
Mais...
Mais...
La chose doit aller plus loin...
Plus loin, c'est la fin des process mentaux, la fin du personnage, il nous faut mourir à soi pour ressusciter dans ce corps de gloire...
Oui, le Yoga est mourir, mourir à soi pour rencontrer le Soi...
Je suis heureux de lire que Yogi Lakshminath Maharaj dit aussi cela, c'est une chose que je dis et vis depuis l'âge de 18 ans...
Mais...
Mais...
Quel est ce Soi où nous devons nous abandonner, quel est sa nature ??
Le Soi se manifeste par la Lumière que le Shivaïsme nomme Mahaprakasha, les hébreux "Aur", claire lumière chez les Tibétains...
La lumière intérieure est ce qui nous permet de voir, sentir, percevoir...
Elle "éclaire" la réalité et permet la prise de conscience.
Le Shivahisme parle de Mahaprakasha, la Grande Lumière, et de Vimarsa, la Prise de conscience de la lumière...
C'est-à-dire qu'en regardant un nuage passé dans un ciel bleu azur, éclairé par un beau soleil, d'un seul coup, nous pourrions être subjugués au point d'arrêter le souffle, donc le mental, et si tous mouvements du mental cessent, alors la prise de conscience de la source derrière toute la manifestation apparaitra et Mahaprakasha se révélera dans le silence et l'immobilité de notre être...
Goraksa dans LA MAHARTHAMANJARI, mon texte préféré, commence son texte par :
C'est à 18 ans que la lumière est venue comme ça, pendant un cours de Yoga Nidra, suite à des nuits de "décorporations"...
J'ai passé toute la nuit après le cours à me perdre dans la lumière dès que je fermais les yeux et grande fut ma joie et ma surprise de lire des années après la "Petite philocalie de la prière du cœur" où j'ai retrouvé mon expérience vécue par un moine orthodoxe du fond de sa cellule :
"Comme il était donc en oraison, une nuit, l'esprit purifié uni au premier Esprit", oui, c'est bien cela, nous devons mourir à nous-mêmes dans un moment d'abandon et de détente total pour unir notre esprit au premier esprit...
Alors la lumière est là et nous revenons à notre source, la lumière...
Un commentaire de La Mahartamanjari nous propose cela :
Le sens de la vue est assurément le sens qui prend le plus d'énergie, il n'est pas le plus subtil, ni le plus puissant, puisque dans l'ordre des chakras, l'ouïe se place au-dessus...
Le son porte en lui le moins d'élément et nous devenons totalement ce que nous écoutons...
Alors pourquoi "le voyant ?"
Pour moi la vue est le niveau "incarnée" du voyant et donc nous devons nous placer sur le niveau de l'esprit et comprendre que l'esprit est "vision", donc bien plus que la vue...
Cela me fait penser à une chose amusante...
Ingénieur commercial pendant 9 ans, quand j'étais dans mon bureau, en train de faire tout autre chose que travailler sur mon ordinateur, je n'avais "qu'une seule peur", celle d'être vu par mon chef d'agence...
La vue de celui qui est au-dessus de nous est ce qui nous met en marche et le Samkhya nous met bien en scène cela en parlant de la danseuse et du spectateur...
La danseuse danse pour le spectateur, mais dès que le spectateur sort de l'illusion et donc de la scène, la danseuse (prakrti) s'arrête de produire, le spectacle disparait, et le spectateur n'est plus là non plus...
Lors de mes plongées en Samadhi, la trinité "voyant, vue, objet" n'est plus, il ne reste que la lumière et rien d'autre...
Tant que cette trinité est là, nous ne sommes pas encore fondus dans l'absolu...
Cette idée d'arrêter le mental évoqué au deuxième sutra est très spécifique, il y a effectivement mort de nous, de notre personnage...
Cet arrêt arrive avec l'arrêt de la respiration, car mental et respiration sont totalement liés...
Alors dans un moment de paix absolue, d'enstase parfaite, le souffle se suspend de lui-même, sans effort, sans volonté et dans un sentiment de plénitude et de ferveur totale.
Mais...
Mais...
La chose doit aller plus loin...
Plus loin, c'est la fin des process mentaux, la fin du personnage, il nous faut mourir à soi pour ressusciter dans ce corps de gloire...
Oui, le Yoga est mourir, mourir à soi pour rencontrer le Soi...
Je suis heureux de lire que Yogi Lakshminath Maharaj dit aussi cela, c'est une chose que je dis et vis depuis l'âge de 18 ans...
Mais...
Mais...
Quel est ce Soi où nous devons nous abandonner, quel est sa nature ??
Le Soi se manifeste par la Lumière que le Shivaïsme nomme Mahaprakasha, les hébreux "Aur", claire lumière chez les Tibétains...
La lumière intérieure est ce qui nous permet de voir, sentir, percevoir...
Elle "éclaire" la réalité et permet la prise de conscience.
Le Shivahisme parle de Mahaprakasha, la Grande Lumière, et de Vimarsa, la Prise de conscience de la lumière...
C'est-à-dire qu'en regardant un nuage passé dans un ciel bleu azur, éclairé par un beau soleil, d'un seul coup, nous pourrions être subjugués au point d'arrêter le souffle, donc le mental, et si tous mouvements du mental cessent, alors la prise de conscience de la source derrière toute la manifestation apparaitra et Mahaprakasha se révélera dans le silence et l'immobilité de notre être...
Goraksa dans LA MAHARTHAMANJARI, mon texte préféré, commence son texte par :
Mahesvarananda est Goraksa et "gerbe odorante" est, ce que veut dire Mahartamanjari, le monde est comme une gerbe odorante de fleurs sortant du coeur...MAHARTHAMANJARI a écrit :1 S’étant incliné devant les pieds éternellement purs du maître Mahaprakasa (Grande Lumière), Mahesvarananda composa cette gerbe odorante dont grande est la signification.
2 Resplendissant de l’éclat immuable et vibrant de la conscience de soi, puisse Mahaprakasa prospérer. Les traités ne s’emploient qu’à examiner l’excellence de son nom.
C'est à 18 ans que la lumière est venue comme ça, pendant un cours de Yoga Nidra, suite à des nuits de "décorporations"...
J'ai passé toute la nuit après le cours à me perdre dans la lumière dès que je fermais les yeux et grande fut ma joie et ma surprise de lire des années après la "Petite philocalie de la prière du cœur" où j'ai retrouvé mon expérience vécue par un moine orthodoxe du fond de sa cellule :
Cette phrase est magnifique, notamment cela :Petite philocalie de la prière du cœur a écrit :"Comme il était donc en oraison, une nuit, l'esprit purifié uni au premier Esprit, il vit une lumière d'en haut jetant tout d'un coup du haut des cieux, clartés sur lui, lumière authentique et immense, éclairant tout et rendant tout pur comme le jour.
Illuminé lui aussi par elle, il lui sembla que la maison tout entière, avec la cellule où il se tenait, s'était évanouie et avait passé en un clin d'œil au néant, que lui-même se trouvait ravi en l'air et avait oublié entièrement son corps. Dans cet état, comme il disait et écrivait à ses confidents, il fut alors rempli d'une grande joie et inondée de chaudes larmes, et ce qu'il y a d'étrange dans ce merveilleux événement, c'est que, non initié encore à de pareilles révélations, dans son étonnement, il criait à haute voix sans se lasser : "Seigneur, ayez pitié de moi".
Très tard enfin, cette lumière s'étant peu à peu retirée, il se revit dans son corps et à l'intérieur de sa cellule, et il trouva con cœur rempli d'une joie ineffable.
"Comme il était donc en oraison, une nuit, l'esprit purifié uni au premier Esprit", oui, c'est bien cela, nous devons mourir à nous-mêmes dans un moment d'abandon et de détente total pour unir notre esprit au premier esprit...
Alors la lumière est là et nous revenons à notre source, la lumière...
Un commentaire de La Mahartamanjari nous propose cela :
Merci à vous tous pour cet échange, c'est vraiment lumineux !Mahesvarananda a écrit :« En vérité les cygnes étendent largement les ailes et volent partout dans le ciel. O Cygne du lac sacré, O (ma Pensée! Ton vol merveilleux (s’élève) au plus lointain du ciel lorsque tu déploies tes deux ailes : ‘vacuité’ et ‘élan’ ». Pour s ‘envoler dans le firmament, deux choses sont nécessaires à l’oiseau : l'espace ouvert à l'infini, firmament d’une pure conscience ou vide sans obstacle, et aussi l’élan, l'impulsion susceptible de le lancer dans toutes les directions en écartant les limites imaginaires, ce qui lui permet d’atteindre le Tout, la Splendeur qui a l'éclat du firmament.
Dieu nous donne ce dont il veut qu'on se serve, pour aller vers lui.
Formation de Professeur de Yoga => Un véritable chemin initiatique - Début janvier 2025
Sadhana Peeth - Ashram - Lieu de pratique du Yoga en France
Cours de Yoga en live
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Re: Samadhi Pada - Sutra 3 : C’est alors que le voyant, le Soi, réside en sa propre nature.
Merci pour vos messages. Je peux seulement maintenant revenir à cette étude.
Voici ma petite contribution .
tada drashtuh svaroope avasthanam
="A ce moment-là (le temps de la concentration), le voyant (le Purusa) se repose dans son propre état (non modifié).
Dès que les vagues se sont arrêtées et que le lac est devenu calme, nous voyons le sol en dessous du lac. Il en va de même pour le mental ; lorsqu'il est calme, nous voyons notre propre nature ; nous ne nous mélangeons pas à nous-mêmes, mais nous restons nous-mêmes. " écrivait Swami Vivekananda
=Le voyant demeure alors en lui même. On ne s’identifie plus à un état mental. La conscience pure demeure en elle-même.
La cessation complète des fluctuations est Kaivalya.
Quand la suppression est temporaire c’est Nirodha.
Voici ma petite contribution .
tada drashtuh svaroope avasthanam
="A ce moment-là (le temps de la concentration), le voyant (le Purusa) se repose dans son propre état (non modifié).
Dès que les vagues se sont arrêtées et que le lac est devenu calme, nous voyons le sol en dessous du lac. Il en va de même pour le mental ; lorsqu'il est calme, nous voyons notre propre nature ; nous ne nous mélangeons pas à nous-mêmes, mais nous restons nous-mêmes. " écrivait Swami Vivekananda
=Le voyant demeure alors en lui même. On ne s’identifie plus à un état mental. La conscience pure demeure en elle-même.
La cessation complète des fluctuations est Kaivalya.
Quand la suppression est temporaire c’est Nirodha.
Re: Samadhi Pada - Sutra 3 : C’est alors que le voyant, le Soi, réside en sa propre nature.
Namaste
Bonjour à tous
Franchement je ne sais pas quoi écrire sur ce 3 ème Sutra.
Le témoin Purusha qui rejoint sa non forme neti neti c'est pas cela c'est pas cela.
Purusha la forme svaroopa et nirguna.
Alors comment Purusha peut être expliqué alors qu'il est nirguna.comment.
Pour moi ça reste encore une médiation avec support.
Le secret c'est la méditation sans support.
Car Purusha est svaroopa et nirguna.
Alors là après la cittavritti nirodha c'est le silence absolu .
Et Purusha redevient le témoin de ses propres pensées.
Purusha
Bonjour à tous
Franchement je ne sais pas quoi écrire sur ce 3 ème Sutra.
Le témoin Purusha qui rejoint sa non forme neti neti c'est pas cela c'est pas cela.
Purusha la forme svaroopa et nirguna.
Alors comment Purusha peut être expliqué alors qu'il est nirguna.comment.
Pour moi ça reste encore une médiation avec support.
Le secret c'est la méditation sans support.
Car Purusha est svaroopa et nirguna.
Alors là après la cittavritti nirodha c'est le silence absolu .
Et Purusha redevient le témoin de ses propres pensées.
Purusha
l esprit est plus fort que la matiere
Re: Samadhi Pada - Sutra 3 : C’est alors que le voyant, le Soi, réside en sa propre nature.
Tu as raison Pashupati, pas plus que la chenille peut appréhender ce que ressent et vit le papillon, notre personnalité ne peut appréhender cette forme spirituelle et intangible, hors des catégories habituelles de l'espace et du temps qui forment le cadre de notre conscience ordinaire. Par contre si nous persévérons dans notre Sadhana en amorçant ce mouvement de résorption des formes mentales émerge jour après jour un organe interne qui nous permet de percevoir ce nouvel espace intérieur comme une réalité. Il s'agit d'un résultat d'expérience non d'un concept.
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- Messages : 74
- Enregistré le : 28 avr. 2021, 04:17
Re: Samadhi Pada - Sutra 3 : C’est alors que le voyant, le Soi, réside en sa propre nature.
Le Soi est omniprésent et pénètre tout.
Il est vu comme le spectateur par l'effet de la maya, mais en fait il n'en est rien. Tout apparaît sans qu'il y ait de spectateur. C'est la vision que nous propose Patanjali.
Ce que nous prenons pour le voyant n'est pas fixé dans un point particulier, cette idée créé l'égo. Nous croyons que toutes nos perceptions apparaissent en un point, se présentent à nous. Cette croyance va être dépassée par le samadhi.
Le Soi s'établit dans sa nature lorsqu'il est vu partout tout autour de nous et pas seulement à l'intérieur de nous. Le Soi devient dès lors universel et non plus individuel.
Il est vu comme le spectateur par l'effet de la maya, mais en fait il n'en est rien. Tout apparaît sans qu'il y ait de spectateur. C'est la vision que nous propose Patanjali.
Ce que nous prenons pour le voyant n'est pas fixé dans un point particulier, cette idée créé l'égo. Nous croyons que toutes nos perceptions apparaissent en un point, se présentent à nous. Cette croyance va être dépassée par le samadhi.
Le Soi s'établit dans sa nature lorsqu'il est vu partout tout autour de nous et pas seulement à l'intérieur de nous. Le Soi devient dès lors universel et non plus individuel.
Re: Samadhi Pada - Sutra 3 : C’est alors que le voyant, le Soi, réside en sa propre nature.
Oui, merci Barbe Rousse !
La vue dans le corps est axée vers l'avant et limité.
L'esprit lui "voit" tout, car tout est lui...
Quand on rencontre l'Esprit, on est tout, on voit à travers des milliers d'yeux des gens autour de nous, tout en étant aussi ce qu'ils voient et en laissant notre corps faire ce qu'il doit faire...
La vue dans le corps est axée vers l'avant et limité.
L'esprit lui "voit" tout, car tout est lui...
Quand on rencontre l'Esprit, on est tout, on voit à travers des milliers d'yeux des gens autour de nous, tout en étant aussi ce qu'ils voient et en laissant notre corps faire ce qu'il doit faire...
Dieu nous donne ce dont il veut qu'on se serve, pour aller vers lui.
Formation de Professeur de Yoga => Un véritable chemin initiatique - Début janvier 2025
Sadhana Peeth - Ashram - Lieu de pratique du Yoga en France
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Re: Samadhi Pada - Sutra 3 : C’est alors que le voyant, le Soi, réside en sa propre nature.
En effet il ne faut pas se méprendre sur la nature, la forme où la demeure dans laquelle réside le Drastr, le Soi.
Lorsque nous sommes dans l'état de Yoga (1.2 Résorption des états de conscience) il y a disparition des deux cadres fondamentaux qui structurent notre conscience.
L'espace qui est la propre forme non du Drastr mais de notre façon d'être au monde en instaurant une séparation radicale entre l'entité à laquelle nous sommes identifiés et son externalité. En revenant à la Vision centrale dans ce sutra, alors que notre œil et la vision comme entité psycho somatique nous permet de focaliser notre attention sur une partie de ce qui nous environne, c'est également un "organe obstacle" qui détache cette partie du reste de la manifestation. Il en va de même de tout notre appareil perceptif restreignant la conscience globale du Soi dans laquelle il n'y a plus ni intérieur ni extérieur à une série d'objets de conscience intérieurs ou extérieurs à cet appareil mais radicalement extérieurs à la conscience pure du Soi.
Ce que montre ce sutra c'est qu'en résorbant ces contenus de conscience, l'intérieur la pure conscience, le Soi , le Drastr devient également extérieur, englobant la totalité des objets de conscience dans sa propre forme ou nature (svarupe) qui devient à son tour média perceptif, à la fois organe global et pleine conscience.
Mais cette restriction implique également le temps. En état de Yoga, le temps objectif, personnel est aboli, dissout, je touche du doigt non seulement la plénitude spatiale, les mille yeux qui emplissent l'univers, mais également la plénitude temporelle, l'éternel présent, la certitude inaliénable que passé, présent et futur ne sont également que des contenus de conscience que j'habite par mes conditionnements. Au-delà je ressens ce qui m'a créée, ce que je suis au-delà des vicissitudes de mon destin et l'évidence de mon devenir dans une unité intemporelle mais pleinement dynamique qui constitue la clé de la métamorphose intérieure décrite par les YS.
Lorsque nous sommes dans l'état de Yoga (1.2 Résorption des états de conscience) il y a disparition des deux cadres fondamentaux qui structurent notre conscience.
L'espace qui est la propre forme non du Drastr mais de notre façon d'être au monde en instaurant une séparation radicale entre l'entité à laquelle nous sommes identifiés et son externalité. En revenant à la Vision centrale dans ce sutra, alors que notre œil et la vision comme entité psycho somatique nous permet de focaliser notre attention sur une partie de ce qui nous environne, c'est également un "organe obstacle" qui détache cette partie du reste de la manifestation. Il en va de même de tout notre appareil perceptif restreignant la conscience globale du Soi dans laquelle il n'y a plus ni intérieur ni extérieur à une série d'objets de conscience intérieurs ou extérieurs à cet appareil mais radicalement extérieurs à la conscience pure du Soi.
Ce que montre ce sutra c'est qu'en résorbant ces contenus de conscience, l'intérieur la pure conscience, le Soi , le Drastr devient également extérieur, englobant la totalité des objets de conscience dans sa propre forme ou nature (svarupe) qui devient à son tour média perceptif, à la fois organe global et pleine conscience.
Mais cette restriction implique également le temps. En état de Yoga, le temps objectif, personnel est aboli, dissout, je touche du doigt non seulement la plénitude spatiale, les mille yeux qui emplissent l'univers, mais également la plénitude temporelle, l'éternel présent, la certitude inaliénable que passé, présent et futur ne sont également que des contenus de conscience que j'habite par mes conditionnements. Au-delà je ressens ce qui m'a créée, ce que je suis au-delà des vicissitudes de mon destin et l'évidence de mon devenir dans une unité intemporelle mais pleinement dynamique qui constitue la clé de la métamorphose intérieure décrite par les YS.