Re: Samadhi Pada - Sutra 16. Le degré ultime, c’est l’intuition directe du Soi par le rejet des fonctions...

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Denis
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Re: Samadhi Pada - Sutra 16. Le degré ultime, c’est l’intuition directe du Soi par le rejet des fonctions...

Message par Denis » 06 janv. 2025, 12:49

Yoga Sutra de Patanjali a écrit :16. Le degré ultime, c’est l’intuition directe du Soi par le rejet des fonctions inhérentes de la manifestations.
Bonne et heureuse année 2025 !

Voici le sutra 16...

Pour saisir ce sutra, il nous faut revenir à la version sanskrite...
tatparaṁ purusa-khyāteḥ guna-vaitr̥ṣṇyam

tat = que, le
param = suprême
purusa = purusa, le voyant
khyati = réalisation
guna = qualités (sattva, rajo et tamo)
vaitrsnyam = absence de désir

La notion de Purusha appartient au Samkhya, qui nous expose les 25 éléments qui nous composent.
Le Purusa dans le Samkhya veut dire "l'homme dans la cité".
Pour le Samkhya le Purusa est multiple, il y a autant de Purusa que d'homme, il est non unique comme dans une vision moniste. Le Purusa est non créé ni créateur de Prakrti, la manifestation (Prakrti) en opposée est, elle aussi, non créée ni créateur du Purusa. Le Purusa et la Prakrti se comportent comme le couple mythique de l’aveugle et du paralytique. Le paralytique est porté par l’aveugle, le paralytique guide l’aveugle…
Le Samkhya, pose dès le départ cette condition de dualité entre Purusa et Prakrti pour donner la possibilité de mieux distinguer cette polarité.
Le Shivaïsme, comme bien d'autres visions, acceptent la description précise est scientifique de la manifestation et des 25 éléments qui la compose et rajoute 11 éléments pour arriver à une vision moniste où Shiva devient Purusa dans la manifestation.
Il est impossible de séparer le Samkhya des YS, ils se retrouvent dans les Darshan.

On trouve aussi le mot Guna, lui aussi dans le Samkhya, qui sont les qualités de l’énergie au nombre de 3 (Rajas, Tamas, Sattva).
On peut comprendre les gunas par la vision de l’eau.
L’eau gelée est soumise à la qualité de l’énergie Tamas, inertie, apathie, ignorance, obscurité, force centripète…
L’eau sous forme de vapeur est soumise à la qualité Rajas, action, mouvements, passion, force centrifuge, douleur…
L’eau liquide est sattvique, équilibre, force orbitante, pureté, lumineux, propice à l’apparition de la Présence et de la lumière.

J’aime cette idée de « degré ultime », le mot khyati propose la « réalisation », l'expérience ultime…
La réalisation est un état auquel on appartient totalement ou pas du tout, comme toute réalisation.
Par exemple, je travaille sur un exercice de math, je ne comprends pas…
D’un coup vient la compréhension de l’exercice et cela devient évident.
La seconde avant la prise de conscience, je n’avais pas l’idée de la chose, la seconde après la chose est là, indélébile à jamais…
Le plus fou dans cette « réalisation » c’est que rien n’y mène en ligne droite, rien !
On pourrait croire que de prier, méditer, devenir gentil, fervent, « spirituel » aiderait à la réalisation, mais non, rien de tout cela ne permet la réalisation et des centaines de textes parlent clairement de cela. Je pense par exemple au VijnanaBhairava tantra, qui débute par la Shakti qui énumère des dizaines de qualités qu’elle possède et qu’elle a comprise pour finir par dire qu’elle n’y est pas.
Et Shiva qui dit que tout cela ne sert à rien, que tout est dans la finesse de l’instant décisif…
Je vous engage aussi à écouter ce que dit Stephen Jourdain, sur la réalisation :
« Curé, plombier, député, esprit aigu, vivant, âme cartonneuse, esprit cultivé, homme en friche, homme de rigueur, tricheur, tous dormants, tous évanouis au même degré, tous persuadés de veiller et privés de conscience de la même façon exactement.
Car ce sommeil métaphysique est sans graduation, sans nuances, est un unique niveau auquel on appartient tout à fait ou pas du tout.
Comment leur faire comprendre qu'ils dorment ?
Ils admettraient volontiers que le degré de conscience qu'ils ont d'eux-mêmes n'est pas ultime, que cette saisie de soi pourrait, quantitativement, être améliorée.
Comme on rendrait plus clair, plus intense un jour qui serait déjà levé. Mais comment leur faire croire.
Comment simplement leur faire poser l'hypothèse que précisément, ici, le jour n'est pas encore levé.
Que la question se pose réellement de savoir si la lueur qu'ils connaissent participe du fait diurne.
Comment leur faire savoir qu'en cette vigilance extrême qu'est la conscience de soi habituelle, ils dorment !
Qu'en son essence le phénomène, appelé état de veille, dort."


Oui, en son essence le phénomène appelé état de veille dort !!
Que cette vigilance extrême de la conscience dans l’état de veille dort !

Assurément, cela est très dur à entendre, à comprendre, à accepter…
Nous faisons tous tant d’efforts, nous pensons tous tant avoir de maitrise sur ceci ou cela, nous aimons tellement toutes nos pratiques, nos démarches, mais tout cela ne permet pas d’aller à la réalisation…

J’entends Nisargadatta nous dire que nous n’avons pas besoin de guru, qu’il est en nous et que la seule chose que nous avons à faire est de chercher en nous, d’aller vers la chose qui dit : "je suis" pour sortir de toutes les illusions de la manifestation et accéder à un état au-delà de l’univers, où justement tout l’univers est contenu en nous dans une infime partie de ce que nous sommes réellement. Mais cet état demande un long travail dans l'immobilité et le silence de soi.

Rejeter les fonctions inhérentes de la manifestation, c’est s’éloigner des gunas, de toute la manifestation, ce n’est pas une démarche volontaire, psychologique, intellectuelle, ni un état graduel, c’est un État, celui d’accéder à tout, d'être hors tout.

Abhinavagupta nous dit :
S’il manifeste l’univers, il cache sa nature.
S’il manifeste sa nature, l’univers disparait.
Un peu plus loin, Patanjali nous dit que ceux qui n’ont pas atteint cet état ultime, deviendront éventuellement des Dieux…
Les Dieux eux-mêmes sont subjugués par celui qui s’est réalisé…

Le réalisé est celui qui a réalisé Dieu en lui, et en lui il n’y plus que Lui…
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Denis
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Re: Samadhi Pada - Sutra 16. Le degré ultime, c’est l’intuition directe du Soi par le rejet des fonctions...

Message par Denis » 14 janv. 2025, 08:42

Bonjour,

Personne pour commenter ce sutra ?
Mithuna
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Re: Samadhi Pada - Sutra 16. Le degré ultime, c’est l’intuition directe du Soi par le rejet des fonctions...

Message par Mithuna » 15 janv. 2025, 09:01

Je pense utile Denis, comme tu l'as fait d'afficher la translitération de chaque nouveau Sutra, ce qui permettra à chacun au-delà des traductions proposées (qui sont souvent déjà interprétations s'inscrivant dans la logique de leur auteur) de confronter le texte initial avec son vécu, quitte à proposer d'autres traductions qui l'inspirent et enrichiront ainsi nos échanges.
Ainsi dans ce sutra il est intéressant de mettre en perspective celle de Jean Papin et celle de Taimni. Si pour J.Papin , "l'intuition directe du Soi" est la conséquence du rejet des "Fonctions inhérentes de la Manifestation" , pour Taimni "la conscience de Purusha" est la cause "du moindre désir pour les gunas". Il y a donc ici deux logiques différentes dans leur enchainement. Plutôt que de les opposer, de la même manière que nous pouvions considérer pratique persistante et non-attachement comme deux aspects complémentaires de notre engagement (YS 1.12) ainsi que l'inhibition des modifications du mental (YS 1.2) et l'installation du Soi dans sa propre forme (YS 1.3) elles concernent à la fois une éradication plus profonde puisqu'il s'agit ici non globalement de toutes les formes de conscience évoquées au sutra 12 mais bien des moteurs qui les animent, i.e. les "Fonctions inhérentes de la Manifestation" et une forme de perception différente.
A l'évidence ce Sutra s'inscrit pleinement dans la continuité de nos échanges avec Yo-Gui les "Fonctions inhérentes de la Manifestation" étant les locomotives des "train de pensées" susceptibles de nous emmener dans la destination qui est la leur et leur confrontation avec l'intuition ou la conscience du Soi -Purusha- un aspect important de notre pratique.
Si nous suivons la progression des YS alors qu'en YS 1.2/1.3 la pratique de l'inhibition des modifications du mental nous amenait à découvrir le Drastr, le Soi, ici il est question de "Conscience de Purusha" (Taimni) ou "discrimination de Purusha" (Vyasa) ou enfin de "l'intuition directe du Soi" (Papin) ce qui signifie dans les 3 cas une "mise en mouvement" du Soi qui tout en restant "établi dans sa propre forme" (YS 1.3) suscite en nous une dynamique transformatrice par le souffle de l'intuition.
Car pour nous permettre d'appréhender l'intuition sans se fourvoyer il est nécessaire d'avoir pratiqué "l'inhibitions des modifications mentales" (YS 1.2) de façon persistante (YS 1.12) afin d'enraciner en nous la discrimination (YS 1.7-1.8) qui permettra de reconnaitre "l'intuition directe du Soi" sans la confondre avec une émanation quelconque des "Trois fonctions inhérentes de la manifestation" parvenant à notre conscience par un des plans de conscience décrits en YS 1-8 à 1-11. En effet " L'intuition directe du Soi" ne procède ni d'un processus mental déductif, ni d'un ressenti émotionnel, même si elle peut s'accompagner de telles opérations. Nous avons tous connus des personnes abonnées au "Je sens que.." qui suivaient finalement l'impulsion de leurs affects, ce qui est bien différent. Ce dont il s'agit ici est une forme de certitude ou "d'évidence" de nature essentiellement autre. C'est elle qui dans la confrontation à des "trains de conscience" virulents révèle une réalité à la fois inassignable et inclusive qui ouvre de nouvelles perspectives comme nous l'avons vu dans nos échanges au sutra précédent.
La dynamique de ce Sutra révèle donc un double mouvement. D'abord laisser émerger "l'intuition du Soi" est bien le résultat de la pratique depuis le second sutra, il s'agit d'un mouvement conscient non de "faire" mais de "défaire", d'arrêt, de "relâchement dans le silence du Soi". Si nous acceptons de nous attacher à cette pratique, alors un mouvement inverse s'amorce, cette même "Intuition" étant à même d'opérer en nous le rejet des "fonctions aliénantes de la manifestation".
Lorsque le Sutra 14 nous parlait d'enthousiasme, il s'agit bien du moteur "inspiré" de notre engagement comme les "Fonctions inhérentes de la Manifestation" sont celles de nos désirs. Chacun de nous est motivé par un but qui peut être un désir d'Union avec une forme du Divin, ou une libération, qui sont la "destination" de notre désir spirituel, notre Ishta. L'enthousiasme représente ce désir, fortement enraciné en nous et qui nous permettra de cheminer vers ce but quelles que soient les vicissitudes du chemin. Or l'émergence de cette intuition est le résultat d'une "Présence" non dans un futur hypothétique, mais bien dans le "présent", une "évidence" qui n'a rien de désincarné, mais émerge "ici et maintenant" dans notre quotidien, cette évidence étant déjà une révélation de ce but, devenant une énergie efficiente et transformatrice qui pénètre tous les plans de notre existence, si nous choisissons de l'écouter.
Yo-guy
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Re: Samadhi Pada - Sutra 16. Le degré ultime, c’est l’intuition directe du Soi par le rejet des fonctions...

Message par Yo-guy » 16 janv. 2025, 13:26

Bonjour à toutes et à tous !
Ce sutra fait écho selon moi au YS3 « C’est alors que le voyant, le Soi, réside en sa propre nature ». Lorsque les fluctuations du mental sont stoppées, le Soi peut prendre alors la place qui lui revient.
Il résonne aussi avec le YS2, le fameux « Yoga citta vritti nirodah ». Et j’observe comme une reformulation, une sorte d’égalité entre « les fluctuations du mental » et les « fonctions inhérentes de la manifestation », comme si l’un était le pendant de l’autre. Mithuna parle de l’un comme moteur de l’autre montrant que l’on va encore plus en profondeur dans le processus d’éradication. C’est donc plus un approfondissement qu’une égalité.
Le terme d’intuition directe laisse peu de place à la progressivité comme l’illustre Denis au travers de l’exemple de la compréhension (d’un exercice de maths). C’est vrai qu’il est très difficile voire impossible de repérer le chemin entre le moment où je ne comprends pas et le moment où j’ai compris. Il s’agit d’une rupture brutale dont nous n’avons pas conscience en général (merci au passage pour l’extrait de Stephen Jourdain).
Le mental à l’arrêt, la manifestation disparaît. Le monde illusoire est une création du mental, le Soi échappe à cela. Il est au-delà de cela, il contient tout cela. Et il ne peut être perçu (puisqu’il est hors de la manifestation) ?
Que l’on « rejette les fonctions inhérentes de la manifestation » ou que l’on ait un « moindre désir pour les gunas », on revient à une discussion déjà menée précédemment sur le désir attesté dans la translittération par le terme « vaitrsnyam » (absence de désir).
La discussion entamée ici par Mithuna m’intéresse au plus haut point car je reste très méfiant à l’égard de ce que l’on pourrait appeler sans doute trop rapidement « mes intuitions » et que je questionnais aussi à l’aune de la « morale liée à ma culture » dans les sutras précédents. En effet, il y a ici un enjeu considérable qui peut être source de confusion (et de satisfaction mal placée sans doute) si l’on confond (par absence de discrimination) une véritable « intuition directe du Soi » d’une « simple » idée qui ferait suite au train de nos propres affects, qui n’en serait que la conséquence logique et somme toute prévisible, au regard de nos préoccupations, et encore une fois, de notre morale, de notre culture, etc. L’intuition directe du Soi semble être quelque chose de tout à fait différent. Pour ma part, je ne crois pas pouvoir encore revendiquer un accès à cela, l’émergence d’une telle « évidence ». Mais c’est aussi l’objectif de ma pratique qui devrait ouvrir sur ce genre d’intuition, d’absence de volition également pour laisser la place au Soi. Travail au long cours (en ce qui me concerne), travail qui peut trouver peut-être un étayage crucial dans ce texte (et sur ce forum ! ).
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Denis
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Re: Samadhi Pada - Sutra 16. Le degré ultime, c’est l’intuition directe du Soi par le rejet des fonctions...

Message par Denis » 16 janv. 2025, 22:59

Merci pour ces beaux échanges !
Mithuna a écrit :Si nous suivons la progression des YS alors qu'en YS 1.2/1.3 la pratique de l'inhibition des modifications du mental nous amenait à découvrir le Drastr, le Soi, ici il est question de "Conscience de Purusha" (Taimni) ou "discrimination de Purusha" (Vyasa) ou enfin de "l'intuition directe du Soi" (Papin) ce qui signifie dans les 3 cas une "mise en mouvement" du Soi qui tout en restant "établi dans sa propre forme" (YS 1.3) suscite en nous une dynamique transformatrice par le souffle de l'intuition.
Oui !
La limite est incroyablement floue entre la progression dont parle Mithuna, qui est concevable, et la "prise de conscience" qui elle est abrupte, soudaine et sans retour.
Assurément 100% des gagnants (réalisés) ont tenté leur chance !
Il existe certainement quelques exemples de personnes n'ayant rien demandé et à qui la chose leur est tombé dessus, mais oui, la démarche des YS est parfaite, jusqu'au "moment décisif" ou sur une méprise ou une peur, ou on en sait quoi, d'un coup la grâce nous est donnée et on bascule dans un autre fonctionnement, qui n'a plus rien à voir avoir avec ce que nous étions un dixième de seconde avant...

Oui, la perception de la saveur du Purusha met en place en nous un désir, un feu d'aller plus loin et d'en percevoir bien plus.
Sans oublier que le Purusha n'est qu'un étage de la conscience très proche de la manifestation. Le Samkhya, d'où est sorti ce mot (Purusha), n'est pas très cohérent dans sa description, on sent très bien que la limite de l'étude du Samkhya est là, et que cette étude a pris comme axiome de laisser, dès le départ, la transcendance du Purusha de côté pour faire un grand travail sur Prakrti...

Merci Yo-Guy, pour cet éclairage très clair :
Yo-Guy a écrit :La discussion entamée ici par Mithuna m’intéresse au plus haut point car je reste très méfiant à l’égard de ce que l’on pourrait appeler sans doute trop rapidement « mes intuitions » et que je questionnais aussi à l’aune de la « morale liée à ma culture » dans les sutras précédents. En effet, il y a ici un enjeu considérable qui peut être source de confusion (et de satisfaction mal placée sans doute) si l’on confond (par absence de discrimination) une véritable « intuition directe du Soi » d’une « simple » idée qui ferait suite au train de nos propres affects, qui n’en serait que la conséquence logique et somme toute prévisible, au regard de nos préoccupations, et encore une fois, de notre morale, de notre culture, etc. L’intuition directe du Soi semble être quelque chose de tout à fait différent. Pour ma part, je ne crois pas pouvoir encore revendiquer un accès à cela, l’émergence d’une telle « évidence ». Mais c’est aussi l’objectif de ma pratique qui devrait ouvrir sur ce genre d’intuition, d’absence de volition également pour laisser la place au Soi. Travail au long cours (en ce qui me concerne), travail qui peut trouver peut-être un étayage crucial dans ce texte (et sur ce forum ! ).
Oui, l'intuition directe du Soi, est aussi évidente, quand elle est là, que de se faire flasher en voiture, il n'y a plus de place au doute, car la chose nous transcende réellement et pas d'une manière émotive, ni psychologique.
Il y a une porte qui s'ouvre et qui nous plonge dans une certitude sur ce monde qui est : "Je suis tout."
Dans cette affirmation, il n'y a plus de place au questionnement, ou a un vague sentiment de se répandre autour de soi d'une manière très mentale, souvent très agréable. Non, on perçoit le monde par sa réalité nue, qui est que la Présence est partout présente...
Abhinavagupta donne une belle idée en disant "Le Soi se manifeste dans le Soi et à travers le Soi", cette phrase est devenue un ekāgratā (concentration unique, obnubilante) parfait pendant des mois, tant ce qu'exprime cette simple phrase est si clair, si précis.

Merci !
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