Samadi Pada : Sutra 11 : La mémoire est la persistance des impressions laissées par les objets perçus ...

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Denis
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Samadi Pada : Sutra 11 : La mémoire est la persistance des impressions laissées par les objets perçus ...

Message par Denis » 19 nov. 2024, 14:50

Sutra 11. La mémoire est la persistance des impressions laissées par les objets perçus dans la substance mentale.
Sutra 11 : anubhūtaviṣayāsaṃpramoṣaḥ smṛtiḥ

Avec le Sutra 11, Patanjali nous propose une nouvelle fonction du mental, qui est la mémoire (smrtih).
La mémoire est difficile à appréhender, on ne sait pas ce qui la compose et comment des impressions peuvent s'inscrire et surtout dans quoi, où et comment ?
Je crois que c'est le domaine le plus flou dans la vision des neurosciences, avec bien sûr celui de la Conscience...
Dans mon expérience et mes visions, la mémoire n'est pas dans le cerveau, donc pas dans les neurones, elle s'inscrit, comme un film, dans des registres, des plans d'énergie qui gardent les images de tout ce que nous vivons et qui permet à d'autres de lire ces registres et de pouvoir alors connaitre le passé d'une civilisation ou d'une personne...
Il y a quelque chose d'incroyable dans la transformation de la substance mentale quand elle entre en contact avec les objets perçus par nos sens...
En effet, les sens apportent une information au mental qui va lui permettre de "prendre la forme" de cet objet perçu par les sens.
Cette "prise de forme" du mental est ce qui nous apporte du plaisir ou du déplaisir.
Il y a des années que j'observe ce mouvement très précis du mental dans sa capacité à prendre la forme d'un objet perçu par les sens et ce qui va donner plus loin dans les YS la possibilité de faire Samyama (la convergence) et de connaitre la profondeur des choses.
Tout cela a débuté un jour quand je roulais à moto...
À cette époque, j'avais un 600XR préparé en supermotard et j'aimai rouler comme un fou avec, en jouant avec la glisse des pneus...
J'aimai rouler vite dans un endroit très dangereux, entre les files de voitures qui sortent et entrent de Saint-Tropez.
La vitesse dans ces conditions est extrêmement dangereuse et oblige à être totalement concentré au point d'avoir une sorte de prescience de ce qu'il va arriver...
Un jour, totalement concentré sur le peu d'espace entre les files de voiture, mon regard perçoit sur le côté une silhouette d'une "jolie femme" au milieu de personnes marchant sur le trottoir à gauche de la sortie de Saint-Tropez, avant la station d'essence pour ceux qui connaissent...
Pendant quelques dixièmes de secondes, mon regard est allé se poser sur les parties génitales de la belle dame...
J'ai donc quitté le lieu du feu et du danger pour aller prendre du plaisir ailleurs dans une inconscience totale du danger...
Quelle folie, quand on sait qu'il y a plusieurs accidents graves par jour dans ces files de voitures...
Prenant conscience de ce mouvement mental et physique, je me gare un peu plus loin et entre en méditation sur ce que je viens de vivre...
Il m'apparait très clairement (à cette époque) que nos désirs essayent de nous manipuler tout le temps.
Une étude que j'ai lue bien après montre, en effet, que nos yeux cherchent tout le temps ce que nous pourrions manger et/ou avec qui nous pourrions nous reproduire, elle démontre aussi que nous voyons 10 fois plus rapidement les parties génitales d'une femme ou d'un homme (c'est vrai pour les femmes comme pour les hommes) qu'un danger qui vient vers nous...
Je constate aussi que le plaisir de cette observation vient du fait que ma matière mentale, mon mental a pris la forme de ces belles rondeurs...
Assurément, cela est-ce qu'il se passe aussi quand nous nous rappelons quelque chose qui nous apporte du plaisir ou pas. Le mental reprend la forme de cette chose et plaisirs ou déplaisirs reviennent...
Il y a donc bien un vrtti du mental, une transformation du mental.
Cette forme et ces impressions vont s'inscrire dans les registres de ma vie humaine et la persistance de l'impression avec.
Elle sera disponible pour cette vie et dans les futures, ce qui occasionnera la sensation que nous avons tous connue d'un déjà-vu...
Cette accumulation de formes et d'impressions va créer notre karma qui influencera cette vie et les suivantes si nous n'atteignons pas la réalisation dans cette existence.
Pour ma part, il ne sera jamais possible de venir supprimer ces formes et ces impressions dans les registres. Par contre, dans la pratique du Yoga, nous apprenons à laisser de côté cette "connexion" pour laisser la Présence se révéler totalement. Cela se fait par la maitrise de notre mental, en ne le laissant plus réagir à toutes les sollicitations de toutes sortes (sens, mémoire, émotions, état d'âme...)

La mémoire (smrtih, prononcer smritih) est le cinquième élément du mental :
Pramanani, l’acquisition des connaissances valides (YS I.7 ),
Viparyaya, la connaissance erronée (YS I.8 ),
Vikalpa, l’imagination (YS I.9 ),
Nidra, le sommeil profond (YS I.10 ).
Mithuna
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Re: Samadi Pada : Sutra 11 : La mémoire est la persistance des impressions laissées par les objets perçus ...

Message par Mithuna » 21 nov. 2024, 12:09

Je retiens un point important de tes propos, Denis, qui est la plasticité du mental, son aptitude à prendre et conserver dans la mémoire les "formes" des objets auxquels il s'attache, ce que tu nommes "impression" ce terme évoquant bien la dépendance de la distorsion opérée sur le mental par le contenu affectif de tels stimulis (qui peuvent d'ailleurs provenir tout autant de notre monde extérieur que de notre monde intérieur, i.e, une des strates de consciences définies dans les YS) : ne disons nous pas être "impressionné" par tel objet ou telle personne?
Dans la continuité de la citation d'Amandine au YS 1.4 citant Vijnana Bhikshu "Comme un aimant qui, en attirant à lui un morceau de fer, rend un certain service à son propriétaire et devient ainsi, pour ainsi dire, un bien précieux de ce dernier, ainsi l'organe interne (the mind) sert son maître, Purusa, en attirant à lui les objets qui l'entourent et en les présentant à Purusa et devenant ainsi, comme si il était le soi même (the very self) de Purusa.", le même Vijnana Bhikshu considère que "bien que Purusha soit pure conscience et non sujet à altération, les reflets dans le Purusa des fluctuations qui ont la forme des objets du mental deviennent les fluctuations du Purusha lui-même".
En d'autres termes ce qui tend à "impressionner" le mental en creusant en lui les sillons qui deviendront la source des conditionnements (YS 1.4) , répond sur un plan phénoménal à ce qui tend à projeter la pure conscience en dehors de son installation dans sa propre demeure (YS 1.3), comme la souffrance phénoménale impactant notre conscience personnelle répond à la souffrance spirituelle issue de notre séparation du Soi (YS 1.5).
Je ne peux m'empêcher de trouver ici une analogie avec la distorsion de l'espace temps : (Wikipedia)
"Une distorsion spatiale est une modification du continuum espace-temps dans une région de l'espace déterminée.
Il faut s'imaginer l'espace-temps comme une « toile » tendue au-dessus du sol. Une masse (ou une énergie, puisqu'il y a équivalence d'après Einstein : E=mc2) est comme une bille que l'on poserait sur la toile. Sous son poids, la toile formerait une cuvette. Si une autre bille était placée suffisamment près de la première, elle roulerait dans sa direction, c'est l'attraction gravitationnelle.
La distorsion gravitationnelle est ici symbolisée par la distorsion de la toile. Quand cette distorsion est trop importante, la toile est « percée », il y a formation d'un trou noir
."
De la même façon lors de l'irruption d'une masse ou d'une énergie trop importante dans notre champ perceptif, le Mental – notre continuum espace-temps se déforme pour répondre à cette "impression". A l'extrême un trou noir sera ici une énergie traumatique trop puissante pouvant "percer" le continuum de notre personnalité et déboucher sur des formes d'aliénation profondes et durables impactant tout autant notre devenir personnel que spirituel.
Maintenant si je reviens à la translitération du sanskrit
[Anubhûta = continûment expérimentés – Vishaya = (de) l'objet – Asampramoshah = ne pas manquer, ne laissant pas aller ou ne permettant pas de s'échapper – Smritih = mémoire.]
Traduit par Taimni ainsi "La mémoire, c'est de ne pas permettre à un objet dont on a fait 'expérience, de s'échapper"
Il est intéressant de noter qu’ici la mémoire est présentée comme un processus actif, non comme la globalité des souvenirs conscients ou non emmagasinés. Ce processus est qualifié de Asampramoshah ce qui signifie "ne pas laisser aller". Il s'agit donc du rappel de tel ou tel phénomène externe ou interne, de "rétention" ou même de "re-tension" dans la mesure où on réactive une tension psycho somatique avec le souvenir considéré. Il est particulièrement instructif de comparer ce "ne pas laisser aller" à l'essence même du Yoga qui est "la résorption ou la suspension des modifications du mental" (YS 1.2). Une telle rétention est donc génératrice de formes de conscience et des contenus centrifuges correspondants, sources de souffrance spirituelle (YS 1.5) qui devront être dissouts. Dans la logique de ce premier chapitre les YS ne recherchent pas la cause de ce rappel mais il est clair que le contenu affectif du contenu mémorisé dynamisé par les latences jouera un rôle fondamental dans sa criticité. En réalité tout souvenir agréable ou douloureux de nature phénoménale fortement entaché d'affectivité deviendra clairement un objet de conscience qui devra être résorbé et ce quel que soit le plan de conscience qui l'abrite.
Nous considérons trop souvent nos contenus mémoriels comme des souvenirs figés, rangés précieusement dans le coffre-fort de notre mémoire comme les fichiers d'un ordinateur. Cependant rappeler un souvenir n'a rien d'un processus neutre : chaque fois que nous réactualisons un souvenir, nous lui insufflons une nouvelle vie, nourrie des préoccupations présentes, et nous le modifions, renforçant son potentiel énergétique centrifuge et la dépendance de notre conscience à son égard. Le passé sous toutes ses formes et l'univers de formes de conscience qu'il tisse en nous doit donc être finalement résorbé ; l'éveil du Témoin permettant de dissoudre la charge affective qu'il comporte, même si cela peut sembler long et ingrat, surtout si nous avons laissé pousser des racines profondes.
Un aspect important de la mémoire (ce qui la rapproche du monde onirique) est son indépendance du caractère irréversible du temps tel que notre raisonnement analytique le conçoit. Une telle rupture est évidente dans le cas d'un lourd traumatisme subi. On connait le cas d'école d'un soldat qui s'étant retourné avait vu son compagnon décapité, fauché par un obus. L'impact de cet événement était si fort qu'il était impossible de lui faire comprendre que cet événement était passé. Même s'il l'appréhendait intellectuellement, il le revivait constamment en boucle.
Nous savons tous à quel point les rituels de deuil sont importants dans le cas de la disparition d'un être cher. L'absence de reconnaissance du cadavre n'a rien d'anodin. Une partie de nous conservant son image de vivant réfutera longtemps et douloureusement sa disparition.
En ce qui concerne ceux qui s'engagent sur une voie spirituelle, le travail sur la mémoire occupe une place importante. En effet remords et regrets font le terreau des latences qui à leur tour alimentent des formes de conscience extrêmement puissantes nous tirant vers un passé non achevé et constamment réactualisé. Effacer un remord en voulant gommer sa cause ou un regret en recréant un scénario palliatif tout comme l'évocation nostalgique d'un bonheur perdu renforce l'actualisation de ce souvenir en activant l'imagination (YS 1.9).
Si leur impact émotionnel est trop fort (négatif mais aussi positif au sens de notre personnalité), de tels souvenirs finiront par altérer notre conscience temporelle en l'ancrant dans un présent illusoire et nous faisant revivre cet épisode comme s’il était présent et que nous l'habitions et le vivions. Certains de ces traumatismes forts, qu'il s'agisse d'un accident, d'une séparation douloureuse ou conflictuelle ou d'une relation avortée (ce qui peut parfois nous sembler anodin pouvant laisser une blessure profonde) vont s'inviter de façon persistante dans notre quotidien et au sein même de notre pratique spirituelle, engendrant parfois la tentation de les réactualiser "comme on appuie sur une dent qui fait mal".
En nous replongeant dans la dynamique des YS nous retrouvons un risque concret de non-discrimination dont il est question en YS 1.8 aboutissant "à une connaissance erronée", la connaissance erronée étant dans ce cas une confusion temporelle produisant fatalement des "modifications douloureuses" (YS 1.5). Ici nous comprenons mieux ce que signifie la discrimination (qui n'est pas une simple approche intellectuelle) permettant de dissoudre le lien affectif puissant susceptible de nous ancrer dans le passé.
En marge de tels souvenirs prégnants à notre conscience, nous sommes parfois étonnés de voir resurgir des souvenirs impactants que nous pensions oubliés ou même dépassés durant la méditation., ce qui peut parfois nous apparaitre comme un recul décourageant, alors même que la dissolution progressive des formes de conscience apparentes révèle des conditionnements latents, obstacles sur notre devenir, leur pénibilité étant révélatrice de leur emprise affective.
Dans un tel contexte, lutter ou fuir de tels contenus, en particulier dans la méditation dans le but louable de s'en délivrer, n'est pas seulement contreproductif, mais paradoxalement en renforce la dynamique : agir ainsi réactive les latences qui les réactualisent. La bonne pratique de la méditation "résorption des modifications du mental" (YS 1.2) ne consiste surtout pas à évoquer à "retenir" comme l'indique ce sutra ou à manipuler de quelque façon que ce soit de de tels souvenirs, ce qui revient à l'identification à une forme de conscience (YS 1.4) mais à rester concentré sur le centre de la pratique (par exemple un mantra ou la circulation du souffle dés que notre attention se polarise sur ces contenus).
Une telle attitude consistant à regarder simplement ces souvenirs émerger, dérouler leur scénario sans chercher à infléchir ou récrire l'histoire qu'ils nous exposent en les laissant simplement "sortir du vide et retourner au vide" favorise l'éveil du témoin (YS 1.3). Il n'est pas question ici de quantité, et même si durant toute la méditation seulement quelques instants de "silence intérieur" émergent au milieu du vacarme intérieur des souvenirs, il s'agit d'une victoire significative, car il est de toute autre nature comme expliqué dans le sutra précédent.
Ce peut être long, décourageant, mais nous travaillons dans la durée et insensiblement ces souvenirs et la trame douloureuse qu'ils tissaient perdront leur énergie centrifuge pour devenir des objets. Toujours présents ils ne disparaitront pas du jour au lendemain mais perdront leur fascination et deviendront non plus des acteurs mais des parties "mortes" du paysage. Ainsi dans le phénomène d'alchimie spirituelle qui est la base de la métamorphose décrite dans les YS l'énergie ainsi réorientée deviendra combustible fortifiant notre Ishta, le désir de délivrance et d'Union avec une Plénitude sans partage. Il en résultera ainsi non seulement une modification et un recentrage de notre paysage intérieur, mais aussi un changement dans notre monde relationnel conditionnant notre quotidien.
A côté des souvenirs aliénants un type de souvenir particulier est la réminiscence d'expériences spirituelles, de rencontres puissantes et d'une qualité inédite. Dans ce cas leur intemporalité prend un sens tout différent. L'oubli libérateur des expériences phénoménales impactantes dont nous venons de parler s'oppose à la réminiscence inspirante de telles expériences, justement, parce qu'elles sont de la nature du Drastr" (YS 1.3) et par là même comme une source jaillissant dans notre espace-temps depuis une origine n'appartenant pas à cet espace-temps. Bien qu'apparues à notre conscience dans un moment particulier, elles tissent en nous un fil d'ariane lumineux dans le labyrinthe de notre destin, une "ombre des bonnes choses à venir", une invite perpétuelle à nous avancer sur le chemin de l'Union.
Yo-guy
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Re: Samadi Pada : Sutra 11 : La mémoire est la persistance des impressions laissées par les objets perçus ...

Message par Yo-guy » 27 nov. 2024, 16:05

Bonjour à toutes et à tous,
Le problème de la mémoire évoqué ici dans ce sutra me parait en effet des plus significatifs. C'est la dernière source de modification citée après la connaissance juste (YS7), la non-discrimination (YS8), les opinions personnelles (YS9), le sommeil (YS10). Je remarque d'ailleurs en faisant cette liste, que Patanjali mettra tout dans le même sac dans le sutra suivant, y compris la connaissance juste, sauf erreur de ma part. Mais je dérive déjà.
Cette dernière source de modification me parait quasiment la source de toutes les autres sources de modification "négatives" comme la non-discrimination, les opinions personnelles par exemple. La mémoire n'est en rien, contrairement à ce que pourrait le faire penser une modélisation simpliste comme on l'entend parfois dans les sciences cognitives, un dispositif comme le disque dur d'un ordinateur, qui stockerait scrupuleusement un certain nombre d'évènements vécus. Comme il a été dit, il y a quelque chose d'actif dans la mémoire, à la fois dans la mise en mémoire et dans le souvenir. Chaque souvenir qui "revient" est en fait une nouvelle création, avec toute sa force, qui va imprimer quelque chose dans notre mental. Physiologiquement, ça pourrait s'apparenter à des circuits neuronaux qui se voient renforcés à chaque ressassement. Ces fameux sillons que l'on creuse et dans lequel nous tombons si facilement, auquel nous avons parfois tant de mal à échapper. Mais c'est bien quelque chose d'actuel, ça ne vient pas du passé (ou pas vraiment), c'est là, dans le présent et cela nous impressionne. Ce terme est intéressant et j'avoue boucler un peu dessus depuis que je l'ai lu ainsi. J'ai noté tant d'expressions qui s'y réfèrent : impressionner, se laisser impressionner, avoir une bonne ou une mauvaise impression, quelqu'un d'impressionnant, etc. Et si je laisse libre cours à mon imagination, cela m'évoque le fait que cette mémoire déforme, laisse une impression, imprime quelque chose dans la substance mentale, lui donne une forme qui ne serait pas celle qui lui permettrait de laisser pleinement passer la lumière, comme des cristaux qui se polarisent par exemple suivant leur orientation. Et plus nous mobilisons cette mémoire, plus elle fait obstacle, plus elle obscurcie notre vision, et de plus en plus rapidement. De ce fait, l'image que nous percevons de nous, du monde qui nous entoure est erronée, car vue au travers de cette mémoire, de cette histoire dont nous n'avons su laisser se résorber l'énergie pour que la substance mentale puisse retrouver une forme qui lui permette d'être transparente. Le parallèle effectué par Mithuna avec la distorsion de l'espace-temps me parait dans cette veine.
Et c'est bien le jeu décrit également par Mithuna sur la pratique méditative qui permet, un peu, (très) progressivement, d'éviter cela. Permettre aux évènement mobilisés par la mémoire de s'exprimer et de mourir plutôt que de les retenir, les nourrir, leur redonner une énergie qui leur permettra de refaire un tour, de nous impressionner à nouveau. Dans le cas contraire, c'est le ressassement, c'est la dépression... On tourne en rond, on boucle, on retombe toujours dans le même sillon, on ne permet pas à l'énergie de s'évacuer. Bien sûr, parfois, on pense en avoir fini et non, un évènement va précipiter une nouvelle charge mémorielle qui devra à son tour être évacuée. Cette mémoire est la source de nos conditionnements, je le crois vraiment. Mais cette mémoire, c'est la notre et c'est aussi celle des autres, la manière dont ils nous imaginent qui peut nous figer dans un rôle et nous limiter dans notre évolution.
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