Merci Amandine de ta réponse sur le lien entre Citta et Antarkarana...
Je ne pense pas que Buddhi fasse partie de l'arrêt des fluctuations du mental, pour moi Buddhi est impersonelle, elle contient tout et c'est par elle que la lumière de l'esprit est perçue...
Ce n'est pas non plus Ahamkara qui entre en relation avec le monde extérieur, ce sont les Janendrya (les 5 sens) qui, gouvernés par Manas, perçoivent le monde extérieur.
Ahamkara est le sens de l'ego, la chose qui en nous dit "j'aime cela et je le prends, ou je n'aime pas et je le repousse" et cela grâce aux informations reçues des sens et du mental qui rend compte de la relation avec le monde intérieur et extérieur.
Dans beaucoup de textes, on lit que Citta est le mental => Manas...
On trouve aussi cela :
Manas est classé en deux types: karya citta et karana citta. Dans les Yoga Sutras, le statut de l'esprit est classé dans les cinq suivants:
Kshipta – Un état d'éveil lorsque la mise au point est facilement déplacée d'un objet ou d'un sujet à un autre.
Vikshipta – Un état où le manas traite un large éventail d'informations sans pouvoir se concentrer sur un seul objet.
Mudha – Un état où le manas est terne et ne cherche pas de nouvelles connaissances.
Ekagrata – Un état où le manas est concentré sur un objet et reste concentré sans être distrait.
Niruddha – L'état où l'esprit est complètement en contrôle et où l'élévation spirituelle est atteinte.
Mithuna, Merci pour tes voeux !!!
Faire un mandala, qui est une représentation précise, codifiée, dans un rituel, tout aussi précis et codifié, ne me semble pas être une chose qui tente de faire sortir quelque chose du "subconscient" ou de la mémoire pour le "purifier", mais tout au contraire, créer un support qui permette la rencontre d'une qualité particulière d'énergie et/ou de conscience comme une divinité, ou un archétype. Pour avoir créé un grand nombre de Yantra (mandala) en utilisant les mantras qui vont avec, le but et l'expérience ont toujours été de chercher la rencontre avec une déité et non essayer de purifier la mémoire...
Je ne sais pas d'où tu sors cette traduction du sutra 1.43
Je te donne celle de Jean Papin, que je trouve bien plus claire :
43. Que l’on supprime les fonctions de la mémoire et que l’objet de la concentration brille en lui-même, on parvient alors à l’unification appelée non-argumentative.
Supprimer les fonctions de la mémoire est bien une chose possible, mais "purifier la mémoire" me semble une opération bien impossible...
C'est un peu comme cette phrase qui dit "ne pense plus à un éléphant et tu seras guéri", c'est juste impossible...
La mémoire est là, et rien ne l'effacera ni la purifiera, hormis une dégénérescence du cerveau qui l'empêche de se connecter à sa mémoire...
Qu'on supprime des nœuds dans nos corps énergétiques, oui, cela est possible, ses nœuds ont une réalité palpable, et tout bon professeur de Yoga sait reconnaitre ces nœuds dans ses élèves. Il y a des comportements et des gestes, ou même des souffles qui trahissent cela.
On purifie nos canaux énergétiques (Nadis), oui, cela est NadiShodana, mais il n'existe aucun outil pour purifier la mémoire dans le Yoga...
Le chemin du Yoga n'a rien d'une analyse ou d'une dissolution de quoi que ce soit, non, il passe par l'arrêt, c'est-à-dire la mise en retrait du mental, pour laisser surgir la Conscience.
La prise de Conscience qui d'un coup va révéler l'absolu n'a que faire des mémoires et autres traces subconscientes dans l'être.
La réalisation est fulgurante et en rien un long chemin de transformation...
Je te donne une phrase qui est un aiguillon précis pour moi et qui fait table rase de toute cette vision d'évolution :
Stephen Jourdain a écrit :Curé, plombier, député, esprit aigu, vivant, âme cartonneuse, esprit cultivé, homme en friche, homme de rigueur, tricheur, tous dormants, tous évanouis au même degré, tous persuadés de veiller et privés de conscience de la même façon exactement.
Car ce sommeil métaphysique est sans graduation, sans nuances, est un unique niveau auquel on appartient tout à fait ou pas du tout.
Comment leur faire comprendre qu'ils dorment ?
Ils admettraient volontiers que le degré de conscience qu'ils ont d'eux mêmes n'est pas ultime, que cette saisie de soi pourrait, quantitativement, être améliorée. Comme on rendrait plus clair, plus intense un jour qui serait déjà levé. Mais comment leur faire croire.
Comment simplement leur faire poser l'hypothèse que précisément, ici, le jour n'est pas encore levé.
Que la question se pose réellement de savoir si la lueur qu'ils connaissent participe du fait diurne.
Comment leur faire savoir qu'en cette vigilance extrême qu'est la conscience de soi habituelle, ils dorment !
Qu'en son essence le phénomène, appelé état de veille, dort."
Alors, non on ne "purifie" pas la mémoire et on ne supprime pas des "états psycho mentaux", on les arrête !
On les arrête pendant un temps, pour tenter autre chose, ou on les dirige pour vivre autre chose, ce qui est Samyama. A force d'essayer cela, on va pouvoir arrêter de plus en plus facilement le mental et ses fonctions (la mémoire) et on va pouvoir plonger dans ce silence de plus en plus longtemps pour accéder à des méditations de plus en plus profondes. Quand la profondeur touchera le Samadhi, tous les vasanas et autres traces seront d'elles-mêmes dépassées, vidées de leur sens. À aucun moment, on se bat contre pour tenter de les purifier, ou même, on doit s'en occuper...
J'adore ce que dit Nisargadatta :
Nisargadatta a écrit :Sans la réalisation, vous serez consumé par la répétition insensée, des désirs et des peurs dans des souffrances sans fin, la plupart des gens ignorent qu'il peut y avoir une fin à la douleur, mais une fois qu'ils ont entendu la bonne nouvelle, il devient évident pour eux que la tâche la plus urgente est d'aller au-delà de tous les conflits et de toutes les luttes.
Vous savez que vous pouvez être libre et à présent ça dépend de vous, ou bien vous restez à jamais affamé et assoiffé à jamais défait et affligé ou bien vous sortez d'ici en cherchant de tout votre coeur l'état de perfection intemporel, auquel rien ne peut-être ajouté, duquel rien ne peut-être retranché. En lui n'existe ni désir, ni peur. Non pas parce qu'on y a renoncé, mais parce qu'ils ont été vidé de leur sens...
On comprend bien là qu'il n'y a rien à purifier, pas de temps à perdre avec la gestion des traces. La recherche, la quête qui touche son but, va bruler instantanément cela et sinon, comme le dit Stephen Jourdain ou Nisargadatta, on restera dans l'illusion, dans le sommeil métaphysique, dans les peurs et les doutes, dans les traces de la mémoire et des états mentaux jusqu'à notre dernier souffle...
On se rend bien compte, que même après une méditation de 4 heures, quand on en sort, on revient dans Bibi et rien n'a changé réellement...
J'aime beaucoup le livre de Hermann Hess "Siddharta" ou Siddharta le héros du livre, dit que même après avoir vécu des choses incroyables, comme mourir dans le corps d'un animal en train de mourir ou être partis avec des oiseaux qui passent, après avoir maitrisé l'envie de manger et être capable de jeûner des jours entiers, ou encore être capable de rester immobile des jours entiers, il revenait toujours dans son corps, dans son existence et rien n'avait changé en lui...