a écrit :Kavi peux-tu expliquer (euh, sans trop de jargon indouiste), vraiment concrètement, comme une histoire, ce qui est dit sur le son dans la création de la matière. As-tu l'expérience toi-même de quelque chose affirmant l'importance des sons dans les processus vitaux (autre que des mantras), ou dans le langage symbolique de la nature ?
Je vais faire de mon mieux, et éviter le "jargon"
Tout d'abord, tu as raison de souligner les échanges culturels entre le bassin méditerrannéen et l'Inde, ceux-ci ayant été féconds. Si cela t'intéresse, puisque tu parles du caducée, je me souviens qu'une certain Boulnois a consacré une étude au rapport de ce symbolisme avec l'Inde dravidienne (donc l'Inde du sud non védique).
Maintenant, et j'espère ne pas m'avancer trop en écrivant cela, je crois qu'en ce qui concerne les conceptions grecques sur la matière, que ce soit dans les écrits d'Aristote ou dans l'atomisme de Démocrite, on doit trouver plus de liens avec un des six darshana (littéralement : point de vue) le vaisheshika. Il y est en effet question d'analyser la nature matérielle du monde dans ses constituants, d'une manière sensiblement différente de celle du samkhyâ qui pour sa part opère un dénombrement, une mise en catégorie du monde.
On trouve l'idée d'une Parole source de la manifestation dès l'époque védique. Elle apparaît à la fois comme fille des dieux et origine de ceux-ci. C'est le serpent qui se mord la queue.
A côté de cela il y a donc toute une spéculation sur la Parole qui s'est bâtie, devenue une architecture fort complexe et cardinale dans le tantrisme - particulièrement celui du Cachemire.
Mais ces spéculations concernent le dynamisme responsable du déploiement de l'Univers et non une analyse de la nature matérielle de celui-ci.
En voici les grandes lignes.
Fidèle à la quadripartition que l'on retrouve à l'oeuvre dans d'autres domaines, la Parole se révèle quadruple. Celle que nous proférons, qui existe en tant que vibration matérielle, est la plus dense, la plus "grossière". Les trois autres états vont dans le sens d'une plus grande subtilité. La parole avant d'être proférée est une intention, plus ou moins définie, une "vibration" de la Conscience. Cet ébranlement, appelé spanda (pardon pour le jargon !) en tant que geste de la Conscience qui observe son propre éclat est premier moment du déploiement. Il ne s'agit donc pas à proprement parler d'un "son" matériel qui précéderait l'espace et le ferait advenir, mais d'une vibration subtile qui fissure un certain silence. Bien entendu, celui qui s'occupe de mantra cherche à parcourir le chemin dans l'autre sens.
En ce qui concerne la deuxième partie de ta question, je ne suis pas certain de la saisir. Il est clair que certaines fréquences influent sur l'organisme mais je suppose qu'il ne s'agit pas de ce que tu vises. Si tu veux bien compléter ta formulation, peut-être y verrai-je plus clair... peut-être pas
Kavi