Je m'attaque aujourd'hui à une épineuse question et ce partage pourra je l'espère être enrichissant. Toutes vos réflexions pourront amener de l'eau au moulin. Bien entendu la vérité est souvent en mouvement et subtile ce qui rend la tâche délicate et ardue.
Bref, j'ai fait quelques recherches sur la toile et voilà ce que j'ai pu observer et relever.
Par définition l'égo est la conscience que l'on a de soi-même (wikipédia).
La notion n'est cependant pas si simple à appréhender. Les courants de pensées spirituels ou psychologiques diffèrent sur bien des points.
La (presque?) totalité des religions perçoivent l'égo comme néfaste. En effet, comment être tout entier dévoué à une croyance si l'on s'attribue de l'importance. En tentant humblement de rationnaliser je pense que l'on a en réalité que peu d'importance si l'on voit la vie (on pourrait pour aller plus loin carrément le cosmos, voire le vide) dans son ensemble.
Pourtant, sur un plan plus individuel, toute réalité est nôtre dans le sens que chacune de nos vision est unique. Si l'on prend une approche cognitiviste nous effectuons une suite de traitements pour recréer une réalité. Pour exemplifier, quand je regarde par ma fenêtre, pour élaborer une pensée complexe différents traitements vont intervenir : traitements visuels perceptifs, traitements mnésiques (influencés par le vécu, l'inconscient et le langage), traitement langagiers, raisonnement logique, voire programmation motrice d'une réaction, execution neuro-musculaire de celle-ci... Ma réalité même si elle est en réalité identique sera hyper différente de celle d'une mouche au même endroit.
Il semble bien que toute chose perçue interne ou externe à notre corps est liée aux traitements cérébraux des afférences sensorielles. Le langage est essentiel. C'est lui qui permet les constructions réflexives plus complexes.
Dans une vision Freudienne que je trouve très intéressante pour aborder l'égo, trois instances psychiques sont identifiées : le ça, le moi (ou égo) et le surmoi (ou super égo).
Le ça, c'est des pulsions. Il veut la survie de l'espèce avec beaucoup d'énergie : nourriture, sexe, pouvoir... Particulièrement primitif, il est régi par le principe du plaisir, aucune morale.
Le moi (ou égo), c'est une sorte d'intermédiaire qui tente de satisfaire le ça, tout en se débrouillant avec les contraintes dictées par le surmoi (ou super égo). Il relie donc le conscient et l'inconscient.
Le surmoi (ou super égo) est notre idée d'un idéal. Il gère aussi le rapport aux autres. Il a tendance à juger nos actes. Il peut être dur avec le moi.
Dans cette approche il n'y a pas d'âme, à moins qu'elle puisse être dans les 3 couches ou dans l'une ou l'autre. Freud décrit ainsi l'humain comme un être fragmenté avec des conflits intérieurs contradictoires. (Il faut noter que le savant s'occupait de malades et qu'il avait peut-être lui aussi des difficultés intérieures, mais qui n'en a jamais eu?)
Le super égo est dans cette description favorable au vivre ensemble, une sorte de frein ; et l'égo est un intermédiaire entre le frein et l'accélérateur (le ça, un peu fou fou), qui a pour mission (impossible?) de gérer les deux. Espérons que se soit l'âme qui tienne le volant!
Dis comme ça, ça peut faire un peu peur, mais ça montre aussi la profondeur et la complexité du mental ; et ça peut expliquer pourquoi ça bouillonne si souvent dans nos caboches.
Pour faire plus simples les Cherokee ont une légende avec 2 loups : l'un mauvais (l'égo, l'avidité, le mensonge, la supériorité...), l'autre bon (humilité, gentillesse, vérité...). Celui que l'on nourrit est celui qui gagne. Cette approche est suffisamment simple pour être comprise facilement. C'est toute la dualité de l'esprit qui peut être à mon avis résumé en cela.
Oui mais !
L'égo est par définition la conscience que l'on a de soi-même, si l'on a conscience d'être peu, d'être un maillon de la vie parmi d'autres, où est le problème, pour celui qui est dans la vérité? (Je ne prétends pas l'être, je suis seulement à sa recherche.)
Pourtant je pense que sur ce forum, rares sont les sujets où à un moment ou à un autre quelqu'un n'intervient pas pour expliquer qu'il faut se libérer de l'égo, au sens pas toujours précisé d'illusion du soi. Un peu comme le reflet de la lune sur l'eau n'est pas la véritable lune.
Là survient un problème difficile à résoudre. Cet égo mauvais, nous pousse à voir les choses comme si nous en étions le centre. Il aura fallu bien longtemps à l'homme pour admettre que la terre tourne autour du soleil et non l'inverse. Et on a pas encore fini les niaiseries, loin de là.
Dans nos relations aux autres nous devenons le mauvais loup, celui qui utilise les autres pour satisfaire ses pulsions. Peut être qu'un lien peut être fait ici entre l'Homme et les autres êtres vivants mais là n'est pas réellement le sujet. Dans nos relations, nos émotions sont déformées et se transforment en désirs. Nous croyons être meilleurs et penser mieux. Comme dans une meute de loups, des rapports de force ont lieu à bien des niveaux (bande de pote, collègues, parents-enfants, mari-femme...). Dans une vision plus globale on peut considérer que d'autres rapports de force ont lieu avec des meutes d'humains qui dominent et des meutes dominées.
Par contre l'amour-propre nous est utile pour savoir qui l'on est, suivre ce qui nous semble juste (écouter le sage plutôt que le plus musclé).
En sommes, l'égo serait néfaste tandis que l'amour propre très utile. L'un conduit à l'aveuglement tandis que l'autre amène au discernement. Les 2 (?) sont reliés aux émotions. Evidemment nous sommes nombreux en quête d'atteindre un certain silence intérieur, mais quelle proportion de nous y parvient réellement.
Alors j'ai essayé ça et là de trouver des moyens de faire la différence. Tout n'est pas forcément juste mais ça doit pouvoir aider à réfléchir.
- L'égo donne une vision déformée de la réalité, seul notre prisme d'analyse nous apparaît pertinent, nos faiblesses sont niées, possiblement avec violence.
L'amour-propre nous permet de garder l'esprit ouvert, d'accepter nos faiblesses et nos forces, avec une certaine lucidité évolutive.
-L'égo nous amène à vouloir être le centre de l'attention, à convoiter une place plus grande, l'indifférence est blessante
L'amour-propre nous amène à trouver notre place en lien avec les autres que l'on cherche à comprendre et à écouter.
-L'égo nous pousse à vouloir transformer les autres pour satisfaire nos propres attentes sans se préoccuper de leur souhaits, leur résistance amène la colère.
L'amour-propre amène à respecter l'intégrité de l'autre, éventuellement à le conseiller de manière non dirigiste et non violente.
-L'égo nous pousse à juger les autres avec dureté
L'amour-propre nous amène à les considérer avec compassion
(Alors ça c'est pas mal!)
-L'égo nous pousse à aller vers les autres (pour les aider ou même seulement leur parler) pour en tirer un bénéfice, les utiliser avec des attentes en retour.
L'amour-propre ne nous pousse pas à chercher à s'appuyer sur les autres pour atteindre nos objectifs. Il nous fait voir dans les autres la possibilité de nous transformer et de grandir.
-L'égo nous fait nous sentir supérieur
L'amour-propre nous fait nous considérer comme l'égal de l'autre. (Là question? Pensez-vous que des personnes soient supérieures? maîtres? Sachants? Génies?...)
-L'égo est lié à un déséquilibre narcissique, le regard des autres compte beaucoup. L'autre a donc un grand pouvoir sur nous.
Pour conclure par rapport à l'amour-propre. James (1890) déclare que l'intensité de l'amour-propre est lié au décalage entre le mode de vie et l'idéal de l'individu.
Voilà, là question est si épineuse, que je suis sûr qu'elle fera réagir. Je ne sais pas si cette appellation d'amour-propre est pertinente, j'espère qu'ensemble on arrivera à quelques idées constructives.


Bonne soirée à tous