Alors je ne maitrise pas toutes les traditions de l'Inde, donc ma réponse sera incomplète, surtout en ce qui concerne le vedanta. Mais, je peux par contre parler du bouddhisme originel.
Il me semble pourtant qu'il y est quelque chose de tout a fait ressemblant dans la démarche spirituel bouddhiste et yogique
Il faut savoir que le Bouddha et Patanjali, s'inspirent tous les deux du Sâmkhya. Donc il est normal de trouver des similitudes, notamment en ce qui concerne la méditation.
Le Sâmkhya est athée, càd, qu'il n'y a pas la présence d'un dieu créateur ni l'intervention d'un dieu pour obtenir le salut. Dans Patanjali, il y a le terme Ishvara qui est attribué à Dieu, mais en fait, il varie en fonction de la culture et de la tradition. On peut voir dans Ishvara un principe absolu et/ou comme un modèle omniscient, parfait qui peut servir de base à la méditation. Bref, il y a matière à débat.
Le Bouddhisme originel (je précise parce que par après ça varie selon les traditions bouddhistes) se démarque du brahmanisme par le non-soi, l'anatman. Bouddha nie l'existence de l'atman en tant que principe permanent qui se perpétue au fil des différentes incarnations. Par contre, il y a un ensemble d'agrégats qui transmigre, mais ils sont en constante évolution, d'où impermanents.
Lorsqu'on parle de Brahman, il faut aussi parler de l'Atman. Brahman est le Soi universel et l'Atman, le Soi individuel. Ils sont reliés l'un à l'autre par le souffle.
Je copie-colle un passage de mon article sur les origines du Yoga :
Dans la Kena Upanishad : "Ce par quoi la respiration est conduite, c’est cela le brahman, sache-le" (I,8). Dans la Kaushitaki Upanishad : "C’est le souffle, le Soi conscient qui, s’étant emparé de ce corps, le fait se dresser… Car tous deux résident ensemble dans ce corps et le quittent ensemble" (III, 3) Quant à l’âtman : "Le souffle naît de l’âtman. Comme l’ombre sur un homme, ainsi le souffle est étendu sur l’âtman" (Prashna Upanishad, III, 3) Le Soi, âtman, est donc une conscience inspirée liée à brahman.
Sources
Donc pour répondre à ta question, on ne peut pas dire que Brahman soit la vacuité, je ne pense pas. Par contre, il n'est pas non plus un Dieu tel qu'on l'entend dans la tradition judéo-chrétienne. Le Bouddhisme en niant l'âtman, nie automatiquement brahman, puisqu'ils sont intimement liés.
Maintenant, je pense aussi, que la notion de Dieu n'apparait que tardivement dans les traditions de l'Inde. J'ai le sentiment que les anciennes civilisations et les anciens textes ne parlaient pas d'incarnation divine ou de principe divin. Ils s'intéressaient plus à une intériorité, au mystère de l'univers, sans pour autant aller dans une idée de création du monde par un Dieu créateur.
A la base Brahman n'est pas un Dieu, mais symbolise l'invisible, l'inexprimé, le non-manifesté.
Il y a déjà plus d'un an, je me suis donné comme objectif d'étudier sérieusement les origines historiques du yoga, le Sâmkhya et le Yoga de Patanjali. Ce qui ressort de ce travail, c'est que je me suis rendu compte qu'il faut rester prudent par rapport aux interprétations. Car, lorsqu'on s'intéresse à la notion de Brahman par exemple, on obtiendra pas vraiment les mêmes données selon les traditions. Donc très vite, on se perd et on arrive plus à démeler le vrai du faux. Par exemple, pour retrouver l'origine du yoga, c'est quasiment impossible, car chaque tradition va donner une autre version.
Prenons le bouddhisme. Le bouddhisme originel parle du non-soi et de renaissance. Si on passe dans le bouddhisme tibétain, on a l'existence d'une âme et on parle de réincarnation. Pourquoi ? Par le bouddhisme tibétain est un mélange de bouddhisme, de tantrisme et de shamanisme.
Quand on veut étudier sérieusement une notion, il faut au préalable se limiter à une tradition à la fois et éventuellement s'intéresser à la tradition originelle qui parle en premier de cette notion. Etant donné qu'en Inde, les textes ne sont pas des références chronologiques, car généralement ils ne sont que des aides-mémoires à des traditions déjà existantes depuis longtemps, on se rend compte que le travail devient extrêmement difficile et qu'on se doit d'être rigoureux. Même Patanjali subit ce problème.
Les Yoga sutra dépendent grandement de l'appartenance culturelle du traducteur et du commentateur.
Bref, tout ça est bien compliqué et demande beaucoup de rigueur.
j'ai du mal a me dire que je fais de la méditation pour que mon "ame" et Braman" ne fasse plus qu'un...
La méditation consiste à s'extraire du fonctionnement du mental ordinaire tourné vers l'extérieur, pour aller dans une intériorité qui permet d'entrer en contact avec sa dimension intérieure. C'est mettre de côté le parasitage du discours mental pour atteindre un silence susceptible de refléter notre nature véritable. A la limite, on pourrait presque faire un parallèle entre Brahman/Purusha et Atman/Buddhi, mais je n'en suis pas sûr. Faudrait y réfléchir.
Voilà, j'espère avoir pu un peu répondre à tes questions.
![Souriant :)](./images/smilies/2.gif)