ISVARA GITA

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hridaya
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ISVARA GITA

Message par hridaya » 27 mars 2013, 14:41

ce texte etant long,il sera inseré en plusieurs fois.

chapitre 1

SOMMAIRE
Les rsis (les saints prophètes), réunis dans la forêt Naimisa, où ils se
livrent à de pieuses méditations, remercient le barde Lomaharsana, disciple
de Vyâsa, de leur avoir exposé, selon les antiques légendes, la création
de l'univers, ainsi que la théorie des âges du monde, et ils le prient
de leur faire connaître maintenant la vérité suprême qui affranchit du
cycle des transmigrations, la science qui a pour unique objet le brahman
(l'essence des choses, l'être divin). Mais au moment où Lomaharsana va
commencer à parler, son maître, le divin Vyàsa, apparaît. Lomaharsana
se prosterne devant lui, et lui demande de bien vouloir expliquer lui-même
aux rsis la science divine qui procure la délivrance.
Vyâsa prend la parole. Il raconte qu'autrefois Sanatkumâra et onze autres
saints ascètes, réunis dans l'ermitage de Badarikâ, où ils se livraient à de
dures austérités, interrogèrent au sujet de cette science suprême Siva luimême.
Visnu leur était apparu d'abord, et ils lui avaient demandé de daigner
répondre aux questions qui les préoccupaient. « Quelle est la cause
de l'univers? Qu'est-ce que l'âtman? Qu'est-ce que la délivrance? Quelle
est la cause du cycle des transmigrations? Qu'est-ce que le brahman suprême?
» Mais tandis que les saints ascètes contemplaient Visnu et attendaient
sa réponse, tout à coup, Siva s'était présenté à leurs yeux éblouis.
Visnu alors pria Siva d'exposer lui-même aux saints ascètes la science
divine, et Siva y consentit. Un trône resplendissant descendit du haut du
ciel. Siva s'y assit avec Visnu et, ayant été interrogé par les ascètes, il
prit la parole pour leur exposer la science qui a pour objet le suprême
Seigneur.
Dans ce premier chapitre, qui sert d'introduction, l'auteur, pour éveiller
l'intérêt de ses lecteurs, a recours à un procédé singulier, qui nous semble
maladroit, mais que, sans doute, il croit ingénieux. Le lecteur suppose
d'abord que la doctrine secrète va être exposée par le barde Lomaharsana.
Mais non: le maître de celui-ci, le divin Vyâsa, apparaît. C'est donc lui qui
va parler. Il va, croit-on, exposer la doctrine secrète telle qu'elle fut révélée
aux ascètes d'autrefois par le grand Visnu. Mais non, car il raconte qu'au
moment où Visnu allait prendre la parole, Siva se présenta et révéla luimême
la science divine. Ce ne sont pas les paroles de Visnu, ce sont les
paroles de Siva, les paroles du Seigneur suprême, que l'auteur va rapporter



CHAPITRE I 1
I
Les rsis (les saints prophètes) dirent :
1. « Tu nous as exposé exactement la création de l'Être qui existe
par lui-même, ô maître, le déploiement primordial de l'univers, l'opinion
définitive qu'il faut avoir au sujet des manvantaras (des âges
du monde).
2. « Puis tu nous as parlé du Seigneur des Seigneurs, du dieu que
doivent adorer sans cesse les varnins (les membres des classes supérieures)
qui pratiquent leurs devoirs et se consacrent au yoga (à la
discipline ascétique) appliqué à la connaissance.
3. « Et tu nous as parlé de la vérité suprême qui détruit complètement
la douleur du cycle des transmigrations, de la science qui a
pour unique objet le brahman (l'être divin). Puissions-nous, par elle,
voir l'Être suprême!
4. « Tu es Nâràyana (Visnu) en personne, toi qui as obtenu de
Vyàsa (Krsnadvaipâyana), ô maître, la connaissance de toutes les
sciences. C'est pourquoi nous te demandons de nouveau de nous
exposer cette science. »
5. Lorsqu'il eut entendu ces paroles des munis (des solitaires,
des saints ermites), le maître, le sùta (le barde Lomaharsana), versé
dans la connaissance des Purànas (des antiques légendes), selon ce
qu'il avait appris de Vyàsa (Krsnadvaipâyana), commença à parler.
6. Mais en ce moment, Vyàsa Krsnadvaipâyana en personne arriva
là où les excellents munis étaient réunis pour célébrer le sattra
(le grand sacrifice de soma appelé sattra).
7. Quand ils aperçurent, semblable à un sombre nuage, le sage qui
connaît les Vedas, Vyàsa aux yeux de lotus, ces excellents brahmanes
s'inclinèrent.

8. Et Lomaharsana, l'ayant vu, se jeta à terre, prosterné; et, inclinant
la tête à terre, il joignit les mains en signe d'obéissance.
9. Quand Vyàsa se fut informé de leur santé, les brahmanes, à la
tête desquels se trouvait Saunaka, s'approchèrent du grand muni
(Vyâsa) avec empressement, et lui préparèrent un siège digne de lui.
10. Alors le maître (Vyàsa), fils de Parâsara, leur dit : « Est-ce
que vous n'êtes pas arrêtés (est-ce qu'il n'y a pas diminution) dans
vos exercices ascétiques, dans vos études, dans votre connaissance
de la révélation ? »
11. Et alors le sûta (le barde Lomaharsana), s'étant incliné, dit
à son maître, le grand muni (Vyàsa) : « Daigne exposer aux munis
la science qui a pour objet le brahman (l'essence divine des choses).
12. « Ces munis, en effet, sont exempts de passions (sàntâh) et sont
des ascètes qui s'appliquent à pratiquer la vertu; et ils ont le désir
de t'entendre. Daigne leur expliquer exactement
13. « cette science divine qui procure la délivrance, cette science
qui m'a été révélée par toi en personne, et qui a été exposée autrefois
aux munis par Visnu, apparu sous la forme de la Tortue. »
14. Quand il eut entendu le discours du sûta, le muni (Vyâsa),
fils de Satyavatî, après avoir incliné la tête pour rendre hommage à
Rudra (Siva), prononça ces paroles, source de félicité.
Vyâsa dit:
15. « Je vais parler. Interrogé autrefois par les maîtres des yogins,
à la tête desquels se trouvait Sanatkumâra, le dieu Mahàdeva (Siva)
leur parla lui-même.
16. « Sanatkumâra, Sanaka et Sanandana, Angiras, accompagné
de Rudra, Bhrgu, le sage le plus versé dans la science du Droit;
17. « KanMa, Kapila, Garga, le grand muni Vàmadeva, Sukra et
le bienheureux Vasistha étaient tous des ascètes à l'esprit dompté.
18. « S'étant consultés (s'étant examinés mutuellement), comme le
doute avait pénétré dans leur esprit, ils se livraient aux austérités
d'un ascétisme terrible, dans le saint ermitage de Badarikà.

19. « Et ils virent alors Celui qui pratique le grand yoga (la
grande discipline ascétique), le muni fils de Rsidharma, Nàxâyana
(Visnu), l'Être sans commencement ni fin, accompagné de Nara
(Arjuna).
20. « Après l'avoir célébré par différents chants de louange tirés
de tous les Vedas, ces yogins (ces ascètes pratiquant le yoga), remplis
de dévotion, s'inclinèrent devant Celui qui connaît le mieux le yoga
(Visnu).
21. « Et le bienheureux omniscient, sachant quel était leur désir,
leur dit d'une voix profonde: •— «Pourquoi vous livrez-vous à ces
austérités ? »
22. « Le coeur joyeux, les yogins répondirent à Celui qui est l'âme
de l'univers, à l'éternel, au divin Nâràyana (Visnu) en personne,
qui était venu pour leur indiquer le chemin du salut:
23. « Etant tombés dans le doute, nous qui, tous, sommes versés
dans les textes sacrés, nous sommes venus te demander assistance,
à toi seul, à toi l'Esprit suprême.
24. « Toi, tu connais le suprême secret, tu connais tout, toi le
bienheureux rsi, toi Nâràyana en personne, toi qui es l'antique
Esprit irrévélé.
25. « Il n'y a nul autre que toi qui sache, nul autre que toi, le suprême
Seigneur. C'est pourquoi daigne trancher notre doute, de
telle sorte que notre conviction soit inébranlable.
26. « Quelle est la cause de cet univers ? Qui est-ce qui passe éternellement
dans le cycle des transmigrations? Qu'est-ce que l'âtman?
Qu'est-ce que la délivrance? Quelle est la cause du cycle des transmigrations
?
27. « Qu'est-ce que le samsara (le cycle des transmigrations) ?
Quel est le souverain maître qui voit (qui regarde, qui surveille)
tout l'univers? Qu'est-ce que le brahman (l'être divin) qui est au
delà (de l'univers). .Daigne nous expliquer tout cela.»

28. «Lorsqu'ils eurent parlé ainsi, les munis virent l'Esprit suprême
qui, ayant abandonné son apparence d'ascète, se tenait debout
dans sa vraie splendeur.
29. «Rayonnant, immaculé, entouré d'un cercle de lumière, le
dieu qui porte sur la poitrine le signe appelé « srïvatsa », avait
l'éclat de l'or chauffé au feu.
30. « Tenant dans ses mains la conque, le disque, la massue et
l'arc, il était emdronné de gloire. Et à cause de sa splendeur, à
partir de cet instant, on ne vit plus Nara (Arjuna) (à ses côtés).
31. « A ce moment, Mahâdeva (Siva), le dieu dont le sommet de
la tête est orné de la lune, Rudra (Siva), le suprême Seigneur, apparut,
disposé à la bienveillance.
32. « Quand ils virent le protecteur du monde, le dieu aux trois
yeux, le dieu qui a la lune pour parure, les munis, le coeur joyeux,
chantèrent avec dévotion (avec amour) les louanges du suprême Seigneur:

33. « Gloire à toi, Seigneur, Mahâdeva ! Gloire à toi, âiva, maître
des êtres! Gloire à toi, maître de tous les munis, toi que l'on honore
par l'ascétisme,
34. « toi qui as mille formes, toi qui es l'âme de l'univers, toi qui
mets en mouvement la machine du monde! Gloire à toi, toi qui es
infini, toi qui fais naître, protèges et détruis le monde,
35. « Seigneur aux mille pieds, toi le propice, toi qu'honorent les
rois des yogins! Gloire à toi, divin époux d'Ambikâ (Pàrvatï) !
Hommage à toi, suprême Seigneur ! »
36. « Quand il eut été ainsi célébré, le bienheureux Seigneur,
Tryambaka (le dieu aux trois yeux ou aux trois mères), le dieu qui
aime ceux qui lui sont attachés, embrassa le dieu chevelu (Visnu)
et lui dit d'une voix profonde:
37. « Pourquoi, ô dieu aux yeux de lotus, les rois des munis,
versés dans la science sacrée, sont-ils réunis en ce lieu ? Et que puis-je
faire (pour eux), ô dieu inébranlable ? »


38. « Lorsqu'il eut entendu ces paroles, le dieu des dieux, Janàrdana
(Visnu) dit à Mahâdeva (Siva), qui était disposé à la bienveillance
39. « Ces' munis, ô dieu, sont des ascètes qui ont détruit leurs
péchés. Puisqu'ils sont venus demander assistance, avec le désir
d'acquérir une vue exacte des choses, —
40. « si toi, le bienheureux, tu es disposé à accorder ta bienveillance
à ces munis dont l'âme est purifiée, daigne, en ma présence, leur
exposer ici la science divine.
41. « En effet, toi tu connais ton propre âtman (ton soi, ta véritable
essence), et il n'y a personne autre que toi qui le connaisse, ô
Siva! Parle. Explique à ces rois des munis l'âtman (le soi, la véritable
essence des êtres) par l'âtman (par toi-même). »
42. « Quand il eut parlé ainsi, le dieu chevelu (Visnu), montrant
la perfection du yoga en fixant ses regards sur le dieu dont l'emblème
est le taureau, dit aux excellents munis:
43. « Du fait que le suprême Seigneur éamkara (éiva), armé du
trident, vous est apparu, vous pouvez conclure vous-mêmes, en vérité,
que vous avez atteint votre but (que votre âtman a atteint son but).
44. « Adorez le Maître des dieux qui, se manifestant à vos yeux, se
trouve devant vous. En ma présence, lui, il peut vous parler (de
l'âtman) comme il convient. »
45. « Quant ils eurent entendu ces paroles de Visnu, les munis,
ayant à leur tête Sanatkumâra, s'inclinèrent respectueusement devant
Mahâdeva (âiva), le dieu dont l'emblème est le taureau, le suprême
Seigneur, et ils l'interrogèrent.
46. « Mais en ce moment, un trône divin, immaculé, propice, inconcevable
en quelque sorte, descendit, resplendissant, du haut du
ciel, pour le Seigneur.
47. « Sur ce siège, le dieu dont l'essence est le yoga, le créateur
de l'univers, s'assit avec Visnu. Remplissant l'univers de sa lumière,
le dieu (âiva), le suprême Seigneur, resplendissait.


48. « Alors, les munis versés dans les textes sacrés virent, sur ce
trône immaculé, Sanikara (âiva), le maître des dieux et des divinités
qui sont au dessus des dieux, dans toute sa splendeur.
49. « Ils virent, assis sur ce trône, le Maître des êtres, le dieu en
qui se trouve tout cet univers et avec qui cet univers s'identifie
(dont cet univers n'est pas différent).
50. « Us virent le Maître, le Seigneur suprême, avec Vàsudeva
(Visnu).
51. « Et, ayant été interrogé, le Bienheureux, le Seigneur suprême,
regardant le dieu aux yeux de lotus (Visnu), expliqua aux munis
le yoga suprême qui a pour objet son àtman.
52. « Ecoutez comme il convient, dit-il, ce que je vais vous exposer,
ô vous qui êtes sans péché; ayant tous l'esprit pacifié, apprenez à
connaître la pure science qui a pour objet le Seigneur. »
chevauche la monture du silence, afin de rejoindre le Guru Kabir
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hridaya
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Re: ISVARA GITA

Message par hridaya » 29 mars 2013, 10:23

CHAPITRE II
SOMMAIRE
Continuant son récit, Vyâsa rapporte aux munis de la forêt Naimisa l'entretien
qui eut lieu autrefois entre les ascètes réunis dans l'ermitage de
Badarikâ et le dieu suprême, Siva. Les paroles du Seigneur (ïsvara) constituent
l'ïsvaragïtâ.
Le Seigneur commence par déclarer que la science suprême qu'il va
exposer, est une science secrète, que les dieux eux-mêmes ne connaissent
pas. Ensuite il explique ce que c'est que l'âtman suprême. Cet âtman est
absolu, transparent, pur, subtil, étemel. Etant pure intelligence, il pénètre
tout; et par conséquent, il est non seulement l'Esprit (purusa), le Seigneur,
le Veda (c'est-à-dire: le brahman, l'être divin, l'essence divine des choses),
mais aussi le souffle vital (prâna) et le Temps dans le monde des phénomènes.
Enchaîné par sa mâyâ, par sa propre puissance magique, il crée les
différentes apparences; mais lui, il ne change pas, car, en réalité, il n'est
pas le monde des phénomènes. En réalité, il n'est ni le souffle vital (prâna),
ni le principe matériel irrévélé, ni l'entendement (manas) ; il n'est ni les
grands éléments (mahâbhûtâni), ni les éléments subtils (tanmâtrâni) ; il
n'est ni les organes de la sensation (jnânendriyâni), ni les organes de l'action
(karmendriyâni) ; il n'est ni le sujet de la sensation (bhoktâ), ni le
sujet de l'action (kartâ). Il n'est pas la mâyâ (l'illusion universelle, la
force magique qui produit l'illusion universelle) ; il n'est pas la prakrti et
le purusa, c'est-à-dire l'Esprit uni à la Nature primordiale, car il est l'Esprit
absolu. En réalité, l'âtman seul existe. La conjonction de l'âtman suprême
et du monde phénoménal est une illusion. En réalité, l'Esprit (purusa,
âtman) et le monde des phénomènes sont séparés. Et en effet, si l'Esprit
était réellement uni au monde des phénomènes, il serait, comme lui,
soumis au changement, éternellement. Or l'âtman (l'Esprit, le purusa) est
immuable. Il a la joie pour essence, et il est impérissable.
Si l'on pense que l'âtman agit et qu'il change, ce n'est pas parce que
l'âtman agit et change réellement, c'est à cause de la qualité d'agent que
possède l'ahamkâra (le principe d'individuation). Or l'ahamkâra appartient
au monde phénoménal et non pas à la réalité suprême. L'Esprit suprême,
inaltérable, contemple la prakrti (la Nature), mais il n'agit pas. S'il se
figure qu'il agit, c'est parce qu'il ne fait pas de distinction entre lui et
l'ahamkâra, c'est à cause d'une erreur, c'est à cause de l'ignorance; et
c'est cette ignorance, cette erreur, qui produit l'union illusoire du purusa
et de la prakrti, et le cycle des transmigrations. La cause (kârana) du
monde des phénomènes, ce n'est pas l'âtman (l'être essentiel), ce n'est pas
le purusa (l'Esprit), c'est le pradhâna (la prakrti), c'est l'avyakta (le
principe matériel non-manifesté), dont l'essence est l'être et le non-être,
c'est-à-dire le devenir. Aussi longtemps que, par suite de l'erreur, l'âtman
est uni (illusoirement) à la prakrti, au principe matériel, il ne peut comprendre
sa véritable nature inaltérable. C'est à cause de l'erreur, c'est parce
que l'Esprit (purusa) ne fait pas de distinction entre lui-même et le principe
d'individuation (ahamkâra), c'est parce que l'âtman se voit uni à la
prakrti et se confond avec elle, que sont produites toutes les altérations de
l'âme (dosâh), c'est-à-dire les actions (karmâni) et les sentiments (râgadvesâdayah).
Et c'est là également l'origine de tous les corps, de toutes
les apparences.
Mais l'âtman secret (guhyâtman), l'âtman non-manifesté, est exempt
d'altération. L'âtman est unique et sans second, et, s'il semble uni à la
puissance créatrice, ee n'est point à cause de sa nature propre (svabhâvatah),
mais par suite de l'illusion (niâyayâ). La dualité est due à la nature
propre de l'avyakta (du principe matériel non-manifesté). L'âtman inaltérable
n'est pas souillé par les sentiments qui naissent dans l'organe interne
ou appareil psychique (antahkarana), car cet organe interne ou appareil
psychique appartient au monde des phénomènes et non pas à la
réalité suprême. Débarrassé de l'illusion, l'âtman n'est plus affecté par
les upâdhis ou éléments de l'appareil psychique, qui le défigurent, et il
brille alors immaculé.
La vraie nature du monde peut être considérée comme étant connaissance
: c'est le purusa (l'Esprit), c'est l'âtman, c'est le sujet de la connaissance.
Elle peut aussi être considérée comme étant objet. Et en effet ceux
qui considèrent l'âtman comme étant connaissance, voient l'âtman (le sujet
de la connaissance) comme objet. Comme un morceau de cristal qui paraît
rouge lorsqu'on place à côté de lui un objet rouge, l'Esprit suprême prend
l'aspect de ce qui l'environne. Mais ceux qui aspirent à la délivrance, doivent
le considérer comme étant inaltérable, pur, éternel, pénétrant partout,
impérissable.
Le Seigneur énumère ensuite les différents états d'âme du sage qui, par
la méditation, atteint la délivrance. Quand, dans son coeur, la conscience
brille partout, il devient véritablement lui-même; quand il voit tous les
êtres dans son âtman et l'âtman dans tous les êtres, il devient le brahman
(l'essence divine); quand, plongé dans la méditation, il ne voit plus la
multiplicité des êtres, il s'identifie avec l'être unique, il devient l'absolu;
quand il est délivré de tous les désirs, il devient immortel et atteint le repos ;
quand il voit la diversité des êtres réduite à l'unité et leur diffusion émanant
de cette unité, il devient le brahman pour toujours ; quand il voit qu'il
n'y a en réalité que l'âtman, et que tout l'univers n'est que mâyâ, il atteint
la béatitude; quand il voit que le seul remède qui délivre de la naissance,
de la douleur, de la maladie et de la vieillesse, c'est la connaissance du
brahman, il devient Siva, il s'identifie avec le Seigneur. Alors il y a uniquement
connaissance, le monde des phénomènes n'existe pas, il n'y a point
coexistence de l'âtman et du monde des phénomènes, il n'y a que l'âtman
inaltérable, unique et sans second.
La doctrine exposée par le dieu Siva est la doctrine sâmkhya, c'est le
moyen d'obtenir le salut par la connaissance et le raisonnement, c'est la
science suprême qui contient l'essence de tout le vedânta, c'est-à-dire de
toute la doctrine des Upanisads. Le yoga (la discipline ascétique) consiste
à concentrer sa pensée sur l'objet de cette science suprême. Pour obtenir
la délivrance, le sâmkhya et le yoga sont nécessaires l'un et l'autre. Du
yoga naît la connaissance, et de la connaissance naît le yoga. Il faut considérer
le sâmkhya et le yoga comme étant une seule et même chose. Il
faut que la discipline ascétique ait pour base la connaissance, car sans cela
elle n'atteint pas le but suprême; et il faut que la connaissance s'appuie
sur la discipline ascétique.
Reprenant le sujet du début du chapitre, Siva déclare qu'il est lui-même
l'âtman suprême, et il le décrit. L'âtman suprême, qui a le pouvoir de
produire l'illusion universelle, possède toutes les formes, toutes les saveurs,
toutes les odeurs. Mais, d'autre part, il voit sans yeux et entend sans
oreilles.
Etant la connaissance, il connaît tout cet univers, et personne ne le
connaît. Quand il est enchaîné par la mâyâ, son pouvoir souverain devient
la cause de l'univers. Et cependant lui-même, comme il est, par nature,
au delà de la mâyâ, il n'est pas la cause de l'univers. Les yogins qui
connaissent la vérité et qui ainsi parviennent au delà de la mâyâ, atteignent
l'Être suprême dans sa pureté et s'unissent à Siva, c'est-à-dire à l'âtman
suprême.
• Dans ce deuxième chapitre, l'auteur expose quelques-uns des traits essentiels
de sa doctrine métaphysique. C'est une combinaison du théisme
sivaïte, de la philosophie des Upanisads et de la philosophie sâmkhya telle
qu'elle apparaît dans le Mahâbhârata. D'une part, comme dans la doctrine
des Upanisads, l'âtman unique et sans second est la seule réalité, tout l'univers
n'est que mâyâ (illusion), et, pour obtenir la délivrance, il faut que
l'âtman se débarrasse de la mâyâ qui l'enchaîne, et se comprenne, conformément
à la réalité, comme étant le brahman inaltérable. D'autre part,
comme dans la doctrine sâmkhya, le purusa (l'Esprit) est le contemplateur
de la prakrti (la Nature), et, pour obtenir la délivrance, il faut qu'il comprenne
la distinction essentielle qui existe entre lui et la prakrti; il faut
qu'il comprenne que c'est à cause de l'ignorance qu'il se voit uni au monde
des phénomènes. Le monde des phénomènes, c'est la prakrti (la Nature primordiale),
c'est le pradhâna (le principe matériel non-manifesté) et toutes
ses manifestations, tous ses produits, c'est-à-dire non seulement les grands
éléments et les éléments subtils, mais encore les organes de la sensation et
les organes de l'action, le manas (l'entendement ou sens interne), l'ahamkâra
(le principe d'individuation) et la buddhi (l'intellect). Or le monde des
phénomènes est mâyâ (illusion). Il n'existe pas en réalité. L'âtman seul
existe. La mâyâ est âtmasamsrayâ, c'est-à-dire qu'elle s'appuie sur l'âtman,
qu'elle a pour origine l'âtman. Mais d'autre part, l'âtman, qui est pure
pensée et qui est inaltérable, n'agit point. C'est par erreur, parce qu'il ne
fait point de distinction entre lui-même et l'ahamkâra (le principe d'individuation)
qu'il pense qu'il agit. Il n'est donc point la cause de l'univers.
La cause de l'univers, c'est l'avyakta (le principe matériel non-manifesté),
c'est la prakrti. Mais, puisqu'en réalité, il y a unité et non dualité, puisqu'en
réalité, l'âtman existe seul et sans second, il faut admettre que
l'existence de la prakrti est illusoire.
L'auteur proclame l'identité de l'âtman et du brahman, l'identité de
l'âtman et du dieu suprême Siva, l'identité du purusa et de Siva. Cependant
ce ne sont point là des termes équivalents. Ces ternies désignent différents
aspects de l'Etre suprême. D'une manière générale, on peut dire,
semble-t-il, que l'âtman, c'est l'être en soi, l'être absolu, qui s'oppose à la
mâyâ (l'illusion) ; que le brahman, c'est l'âtman considéré comme essence
divine, comme puissance divine, comme âme du monde; que le purusa, c'est
l'âtman considéré comme Esprit, que c'est l'Esprit qui s'oppose à la
prakrti et qui la contemple; enfin que Siva (l'îsvara) (le Seigneur), c'est
l'âtman considéré comme dieu personnel, comme le dieu suprême qu'il faut
adorer pour obtenir la délivrance en s'unissant à lui.


Chapitre 2

Le Seigneur dit:
1. « C'est une science dont on ne peut parler, c'est mon secret
éternel, que les dieux eux-mêmes ne connaissent pas, malgré leurs
efforts, ô brahmanes!
2. « C'est grâce à cette science qu'absorbés en Brahman, les
meilleurs des deux-fois-nés, du moins les premiers parmi ceux qui
sont versés dans les textes sacrés, ne sont plus entraînés dans le
cycle des transmigrations.
3. « Cette science évidemment la plus secrète, ce secret qu'il faut
garder avec soin, je vais A vouS l'exposer aujourd'hui, à vous qui
m'êtes fidèlement attachés, à vous qui êtes versés dans les textes
sacrés.
4. « Cet âtman est absolu, transparent, pur, subtil, éternel. Il
pénètre tout, incontestablement; il est pure intelligence (pure pensée)
; il est au dessus de toute obscurité.
5. « Il est Celui qui gouverne et réfrène les pensées et les sentiments
intimes (Celui qui gouverne de l'intérieur); il est l'Esprit;
il est le souffle vital; il est le Seigneur suprême; il est le Temps en
ce monde ; il est l'Irrévélé (le Non-manifesté) ; et il est le Veda, dit
le texte sacré.
6. « De lui naît l'univers, et en lui l'univers se dissout. Lui, le
magicien, quand il est enchaîné par sa magie, il crée les différentes
apparences (les différents corps).
7. « Mais lui, il ne change pas ; le Seigneur ne consiste pas dans le
samsara (le monde des phénomènes et des transmigrations). Il n'est
ni la terre, ni l'eau, ni le feu, ni l'air, ni l'éther;
8. « il n'est ni le souffle vital, ni l'entendement, ni le principe matériel
non-manifesté; il n'est ni le son, ni l'objet du toucher, ni la
forme, ni la saveur, ni l'odeur; il n'est point l'être agissant (l'agent
de l'action) ; il n'est ni la parole,
9. «ni les mains, ni les pieds, ni l'organe de l'évacuation, ni
l'organe de la génération, ô excellents brahmanes; il n'est ni l'être
qui agit (le sujet de l'action), ni l'être qui sent (le sujet de la sensation)
; il n'est point la prakrti et le purusa (la Nature primordiale
et l'Esprit) ; il n'est point la mâyâ (l'illusion magique universelle) ;
il n'est pas les souffles vitaux; et non, il n'est point cela en réalité!
10. « De même qu'il n'y a point conjonction de la lumière et de
l'obscurité, de même il y a unité, non conjonction du monde des
phénomènes et de l'âtman suprême.
11- «De même que, dans ce monde, l'ombre et le soleil diffèrent
l'un de l'autre, de même le monde des phénomènes et le purusa
(l'Esprit) sont séparés (différents) en réalité.
12. «Aussi bien, l'âtman, s'il était né souillé, serait, de lui-même
(par nature) soumis au changement; et il n'y aurait point pour lui
de délivrance, même à la suite de centaines d'autres naissances.
13. « Les munis qui sont affranchis, voient leur âtman conformément
à la réalité : exempt de changement (immuable), indifférent aux
sensations opposées deux à deux (telles que le froid et le chaud),
ayant la joie comme essence, impérissable.
14. «L'opinion qui consiste à croire: «Je suis l'agent de l'action
(c'est moi qui agis), je suis heureux, je suis malheureux, je suis
petit, je suis grand », est une opinion que les hommes établissent
dans l'âtman à cause de la qualité d'agent que possède l'ahamkâra
(le principe d'individuation).
15. « Ceux qui connaissent le Veda disent que l'Esprit suprême
est le contemplateur (le témoin) de la Nature, l'esprit qui en jouit,
l'esprit inaltérable, intelligent, établi partout.
16. « C 'est pourquoi le cycle des transmigrations dans lequel sont
entraînées toutes les âmes, a pour origine l'Ignorance. C'est à
cause de l'Ignorance, à cause de l'erreur (de la fausse connaissance)
que l'Être essentiel est uni à la prakrti (à la Nature primordiale).
17. «Astre toujours levé, brillant par lui-même, c'est parce qu'il
ne fait point de distinction entre lui et l'ahamkâra (le principe
d'individuation), que l'Esprit suprême, qui pénètre partout, pense
qu'il est l'agent de l'action.
18. « Les rsis versés dans les textes sacrés, ayant compris l'Être
suprême, voient que la cause (kàrana) du monde des phénomènes,
c'est l'avyakta (l'irrévélé) (le non-manifesté) (le non-déterminé;
éternel, dont l'essence est l'être et le non-être; c'est le pradhàna (le
principe matériel) (la Nature primordiale).
19. « Uni à lui (uni au pradhàna), l'âtman, quoiqu'il reste immuable
et immaculé (impassible), ne peut se comprendre lui-même, conformément
à la réalité, comme étant le brahman (l'essence divine)
inaltérable.
20. « Il voit l'âtman dans ce qui n'est pas l'âtman (il y a vision de
l'âtman dans ce qui n'est pas l'âtman). De là la douleur et son
contraire (l'autre, le plaisir). L'amour, la haine et les autres sentiments,
toutes les altérations (dosàh) (de l'âme) ont pour cause l'erreur.
21. «La grande altération (de l'âtman), ce sont les actes, que
l'acte soit bon ou mauvais: voilà ce qui est certain. De là l'origine
de tous les corps pour tous les êtres.
22. «L'âtman secret est toujours et partout immuable et exempt
d'altération. Etant seul et unique, s'il est uni à la puissance créatrice,
c'est par suite de l'illusion, non par nature (non essentiellement).
23. «C'est pourquoi les munis ont déclaré qu'en réalité, il est
sans second (advaita). La dualité (la division en deux, origine de
l'apparition du sujet et de l'objet) est due à la nature propre de
l'avyakta (du principe matériel irrévélé, non-manifesté) ; et la màyâ_
(l'illusion) s'appuie sur (a pour base, a pour origine) l'âtman.
24. «De même que le ciel n'est pas souillé par le contact de la
fumée, de même l'âtman n'est pas souillé par les sentiments qui
naissent dans l'antahkarana (dans l'organe interne ou appareil
psychique).
25. «De même qu'un morceau de cristal, isolé, brille de son
propre éclat, ,de même l'âtman, quand il n'est pas affecté par les
upàdhis (c'est-à-dire par les éléments de l'appareil psychique qui le
défigurent), brille immaculé.
26. « Les sages disent que la vraie nature de ce monde est connaissance;
d'autres considèrent que sa vraie nature est objet; les autres
ont une opinion fausse.
27. « L'àtman-conscience qui, par sa nature propre, est immuable,
sans qualités (indéterminé) (en dehors du domaine des gunas ou facteurs
qualitatifs) et pénétrant tout, apparaît en effet comme objet
aux hommes qui le considèrent comme pure connaissance.
28. «Il en est de l'Esprit suprême comme d'un morceau de cristal,
qui paraît complètement (uniquement) rouge lorsqu'on place
à côté de lui une graine de raktikâ ou quelque autre objet rouge.
29. « C'est pourquoi ceux qui désirent la délivrance, doivent considérer
(et révérer) l'âtman, le penser, l'entendre (le percevoir)
comme étant inaltérable, pur, éternel, pénétrant partout, impérissable.
30. « Lorsque, dans le coeur du yogin qui a la foi, la conscience
(l'intelligence) (l'âtman) brille partout et continuellement, alors
il devient lui-même.
31. «Lorsqu'il voit tous les êtres dans son âtman et l'âtman dans
tous les êtres, alors il devient le brahman (l'essence divine).
32. « Lorsque, plongé dans le samâdhi (la contemplation extatique),
il ne voit plus tous les êtres (il ne voit plus la multiplicité
des êtres), alors, uni à l'Être suprême (devenu un avec l'Être suprême)
, il devient l'absolu.
33. « Lorsqu'il est délivré de tous les désirs qui se trouvaient dans
son coeur, alors, devenu immortel, le sage atteint le Repos.
34. « Lorsqu'il voit la diversité des êtres réduite à l'unité et leur
diffusion émanant de cette unité, alors il devient le brahman pour
toujours.
35. « Quand il voit qu'il n'y a, en réalité, que l'âtman, et que
tout l'univers n'est que mâyâ (illusion), alors il obtient la béatitude
(la paix).
36. « Quand il voit que le seul remède qui puisse délivrer de la
naissance, de la vieillesse, de la douleur et de la maladie, c'est uniquement
la connaissance du brahman, alors il devient éiva.
37. «De même qu'en ce monde, les rivières et les fleuves s'unissent
à l'océan, de même cet àtman (l'âtman du yogrn qui a la foi)
s'unit à l'Être inaltérable, indivisible.
38. « Alors, il y a connaissance, le monde des phénomènes n'existe
pas, il n'y a point coexistence (de l'âtman et du monde des phénomènes)
.
«En ce monde, la connaissance est cachée (enchaînée) par l'ignorance.
C'est à cause de cela que l'on s'égare (que l'on tombe dans
l'erreur).
39. «L'impérissable (le brahman impérissable) est connaissance
immaculée, subtile, exempte de doute; tout le reste, que l'on croit
être connaissance, est ignorance.
40. « Ainsi, je vous ai exposé le sâmkhya (la doctrine sâmkhya)
(le moyen d'obtenir le salut par la connaissance et le raisonnement) ;
je vous ai expliqué la science suprême, qui contient l'essence de tout
le Vedânta (de toute la doctrine des Upanisads). Le yoga (la discipline
ascétique) consiste à y concentrer sa pensée (c'est-à-dire à
concentrer sa pensée sur cette science suprême et sur son objet).
41. « Du yoga naît la connaissance ; de la connaissance naît le
yoga. Celui qui possède le yoga et la connaissance, obtient tout
(: pour celui qui possède le yoga et la connaissance, il n'y a nulle
part quelque chose qui soit encore à obtenir).
42. « Ce que les yogins atteignent, les sâmkhyas (ceux qui sont
versés dans la doctrine sàmkbya, dans la doctrine de la connaissance),
l'atteignent également.
« Celui qui considère le sâmkhya et le yoga comme étant une seule
et même chose, celui-là connaît la vérité.
43. « Il y a d'autres yogins, des brahmanes, qui, attachant leur
pensée à l'acquisition de pouvoirs surhumains, succombent toujours,
et d'autres qui sont faibles d'esprit.
44. « Mais celui qui pratique le yoga appliqué à la connaissance
(de l'Être suprême), obtiendra, après la mort, le grand pouvoir divin,
immaculé, qui comprend toutes les pensées (qui réalise tous les
voeux).
45. « Je suis cet âtman irrévélé (non-manifesté), le suprême Seigneur,
qui possède le pouvoir de produire l'illusion universelle,
et qui est célébré dans tous les Vedas, l'âtman universel, dont le
visage est tourné partout à la fois;

46. « je suis l'âtman universel, qui possède toutes les formes,
toutes les saveurs, toutes les odeurs, qui ne vieillit pas, qui ne meurt
point, dont les mains et les pieds sont partout, l'âtman éternel, qui
gouverne de l'intérieur (qui gouverne et réfrène les sentiments et
les pensées intimes).
47. « Sans pieds, je cours, et sans mains, je saisis, me tenant dans
le coeur ; je vois sans yeux, et j'entends sans oreilles.
48- « Je connais tout cet univers, et personne ne me connaît. Ceux
qui voient la_ vérité, disent que je suis le grand purusa (l'Esprit
suprême), moi, l'unique.
49. «Les rsis qui ont l'esprit subtil, considèrent que ce qui est la
cause (hetu) (de cet univers), c'est le pouvoir souverain de l'âtman,
qui est sans qualités (en dehors du domaine des gunas ou facteurs
qualitatifs de la prakrti) et immaculé.
50. « Je vais vous exposer ce que les dieux eux-mêmes, égarés
par ma mâyâ (par l'illusion que je crée) ne savent pas; soyez attentifs
et écoutez, ô vous qui êtes versés dans les textes sacrés.
51. «Etant par nature au delà de la mâyâ (de l'illusion), je ne
suis pas, quoique je mette ce monde en mouvement, considéré comme
la cause (kàrana) de l'univers. Les sages le savent.
52. « C'est pourquoi les yogins qui connaissent la vérité, entrant
dans mon corps le plus secret qui pénètre tout, obtinennent l'union
avec moi, l'union impérissable.
53. « En effet, ceux qui parviennent au delà de ma mâyâ, cette
mâyâ qui a toutes les formes, atteignent, en s'unissant à moi (avec
moi), le suprême, le pur nirvana (l'extinction, la disparition de
toutes les fauses apparences de la vie transitoire).
54. «Pour ceux-là, par ma grâce, ô roi des yogins, il n'y a plus
ensuite de retour ici-bas, même après des centaines de dix millions
de kalpas: tel est l'enseignement du Veda.
55. « Cette science qui m'est consacrée, cette doctrine du sâmkhya
qui s'appuie sur le yoga (sur la discipline ascétique) doit être transmise,
par ceux qui sont versés dans les textes sacrés, à leurs fils,
à leurs disciples et aux yogins.
chevauche la monture du silence, afin de rejoindre le Guru Kabir
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