même si vous ne le méritez pas.
L'homme affamé lisait un livre de recettes
Mais sa faim grandissait plus il tournait les pages
Et ses yeux noirs brillaient sur sa face d'ascète.
Sur sa table un poulet montrait ses avantages.
Perdus sur un chemin deux aveugles marchaient.
Ils se tenaient la main, faisant des petits pas
Et le moindre caillou les faisait trébucher.
Vers un gouffre ils allaient mais ne le savaient pas.
L'un de ces malheureux parlait à son ami,
Il lui disait: « Suis moi, je connais le chemin! »
Et l'autre le suivait, le croyant à demi,
Vers le gouffre béant, en lui tenant la main.
Deux hommes discutaient, tous deux portaient lunettes,
L'un aux verres fumés, l'autre teinté de bleu.
Le premier affirmait: « Le monde est gris, c'est net! »
L'autre lui répondait: « Non, il est bleu, parbleu! ».
Un troisième arriva, aux yeux des verres roses,
« Vous vous trompez » dit-il « Il est rose, vraiment! »
Celui aux verres gris lui répondit, morose:
« Voilà bien l'innocent, la vie n'est qu'excrément! ».
Nous ne pouvons voir l'air que nous respirons,
« Normal, pour un gaz » et nous avons tout dit.
Qu'il nous manque, pourtant et le corps se corrompt.
Son essence trouvée nous mène au samadhi.
Par la vision de chaire on ne verra pas Dieu,
Il existe pourtant; retournez le regard:
Vous oubliez l'égo, il crie, se fait odieux,
Mais soyez-en certains: dans la paix il s'égare.
Assaillis de désirs nous allons dans le monde.
Voulant les assouvir nous allons aux plaisirs.
Mais les plaisirs brûlés reste une cendre immonde
Qui nous fait voir la mort venue pour nous saisir.
Il nous faut tant d'argent, il en faut toujours plus
Pour payer les plaisirs qui, aussitôt connus,
Nous laissent à notre faim qui grandit toujours plus.
Avec elle le malheur commencé continue.
Frustration de celui qui n'a pas tout l'argent
Nécessaire à sa faim, mais celui là, au moins,
Se dira: « Le malheur c'est mon manque d'argent »
Mais celui qui a tout de quoi a-t-il besoin?
jai!
