Le Yoga est un état.

[Denis]

Un état…

Je me rends compte combien il est difficile de comprendre que le Yoga est un état, un véritable état duquel on ne peut rien ajouter ni retrancher…
Certains cherchent cet état dans une démarche ascétique, essayant de faire mourir en eux les désirs et les passions, les colères et les joies, mais cela ne me semble pas le chemin de la paix.
Le contrôle ne permet rien et risque de nous amener à un état de constipé, mais souriant…
Pour autant, il nous faut mettre sous contrôle ce mental qui au début bouge dans tous les sens, rue dans les brancards et est toujours à l’affut de tout…
Non, ce n’est pas en maitrisant une énième posture que Dieu sera là !
Et oui, si Dieu n’est pas là dans votre pratique, et surtout avant de repartir à la mort, notre vie aura été un énième coup d’épée dans l’eau. Nous devons prendre conscience comme nous sommes très forts pour tourner en rond dans ce que nous savons faire et nous enorgueillir à montrer tout cela au monde pour continuer à affirmer nos limites…

Il nous faut chercher en nous, chercher cette chose qui dit « je suis » « Je suis » « Je suis »……
C’est si violent le « Je suis », c’est extraordinaire de percevoir d’un coup que ce « Je suis » n’est pas moi, mais Lui ! Lui en moi !
Ce « Je » n’ai en rien bibi et cette réalité d’être qui est « suis » de « Je suis » n’est en rien moi !
Je peux dire « je suis moi » et là d’un coup la phrase devient laide, minable, rabougrie, les ailes sont tombées et la cible est ratée…
« Je suis » n’a pas de début, ni de fin, ni de moi, ni encore moins de pensée !
« Je suis » est présent partout, car la présence est présente de fait partout !
Alors quand je ne suis plus « moi », je deviens « Je suis », le « suis » de l’Être Présent.
Asseyons-nous, restons calme, sans bouger, en ressentant tout ce qui est simplement là…

Restons calme et détendons-nous !

Respirons calmement, lentement, avec un long cycle, une longue expiration en haut pour avoir le vide en haut et inspire en bas pour avoir le plein en bas…
Tirons le dos vers le haut…
Laissons venir la joie d’être, d’être là, de ressentir le sol, l’espace autour de nous, l’espace au-dessus de nous, les cieux, messieurs…
Laissons venir le feu de la conscience, la puissance en nous !

Osons réveiller le feu, qui brûle nos scories, nos encombrements dans l’instant…
S’il y a encore des pensées, mettons une pose à vide, longue, pour aller chercher le feu du vide, acceptons d’être en feu et mis un peu à mal, rien ne s’obtient dans le confort et la demi-mesure !
Le feu transmute, transforme, et révèle par sa lumière.
Alors, quand le creuset est là, que tout en nous est devenu liquide, vibrant, lumineux, désencombré, laissons-nous submerger par le « Je suis », laissons nos limites se dissoudre dans l’infini, laissons-nous emporter hors de tout, dans tout ou dans rien.

En retour de cette envolée, la saveur de la Présence sera là encore, très longtemps en nous…

Que la Présence Soi !

[Barbe rousse]

Qu'est-ce que tu as contre les pensées?

[Denis]

Les pensées troublent la conscience.
Ce n'est pas "je pense donc je suis", c'est quand je ne pense plus que je suis...
Le Yoga cherche à arrêter le mental, et les pensées sont dans le mental...

[Barbe rousse]

Quelles sont les caractéristiques d'une conscience troublée?

[Denis]

Un peu comme le soleil qui brille quoi qu'il se passe, mais des nuages nous empêchent de voir le soleil...
Le mental, plein de pensée, de désirs, de peurs, de doutes, de projections, d'attentes, de fausses croyances, d'ignorance, troublent la conscience.
Elle est si subtile, que le vacarme la cache, comme un chant subtil d'un oiseau qu'on n'entend pas à cause du bruit...

[Barbe rousse]

Quand on a entendu le chant de l'oiseau on peut à nouveau entendre le vacarme et quand on en a marre du vacarme revenir au silence.
Quand on est en paix, la pensée n'est pas forcément troublante, qu'en dis tu?