Laurent 56 a écrit : Dans l'islam ils pensent détenir seuls la vérité et tolèrent (difficilement) les autres religions "du livre" (juifs et chrétiens) et ne tolèrent pas du tout les autres (bouddhisme, jaïnisme, hindouisme, etc...) Elle est où ta religion "magnifique" ??????
Le Guru de Lilian Silburn qui était un Hindou a été plus que toléré dans une branche de l'Islam, puisque tout Hindou qu'il était, il a été initié dans la lignée Soufie
((passage rectifié le 26-03-2018 à 18:05 pour lever toute ambiguité...A part cela on gagne une heure de soleil en plus en sortant de boulot, ça c'est trop cool...)
Ce qu'il y a de bien avec l'Inde c'est qu'on est pratiquement forcé d'apprendre, qu'il faut se garder d'avoir des idées bien arrêtées sur tout. En un sens l'Inde nous apprend une sorte de préalable à toute vie mystique :
"Il ne faut pas porter son attention sur contenu du rêve, mais sur la façon dont on rêve" - (En subtance de mémoire ce que dit Tenzin Wangyal Rimpoché dans "Yogas Tibétains du rêve et du sommeil" tradition Boen)
Je vous copie colle un passage de ce lien
http://journals.openedition.org/assr/28209
extrait de "Jacqueline Chambron, Lilian Silburn. Une vie mystique" que je recommande de tout mon coeur :
Désirant approfondir sa connaissance de cet ensemble de traditions qui allait être le sujet/l’objet de sa recherche pendant toute sa vie, Lilian Silburn part en mission d’étude en Inde en 1949 pour y travailler avec le swami Lakshman Joo (1907-1993), le dernier représentant de la tradition śivaite du Trika qu’exposa notamment ce maître exceptionnel que fut Abhinavagupta (fin xe - début xie s.). Elle se rendit auprès de ce swami, habitant dans des conditions difficiles non loin de son ashram. Elle devait par la suite y passer à divers moments de longs mois jusqu’en 1961 en étudiant avec lui notamment le Tantrāloka, d’Abhinavagupta, grand traité sanskrit qui est un texte de base pour la connaissance du śivaisme tantrique. Elle le traduisit entièrement.
Mais elle espérait aussi, plus fondamentalement, trouver en Inde un maître spirituel qui lui ouvrirait une voie vers Dieu, au-delà de toute forme religieuse constituée. Elle la trouva dans la ville de Kanpur où elle alla sans aucune intention préméditée et même « à l’encontre de (ma) volonté » auprès d’un maître soufi Radha Mohan Lal Adhauliya – un Kayasth, un hindou, donc, pas un musulman (mais les Kayasth étaient traditionnellement au service de Moghols), initié dans une branche régionale de la lignée soufie Naksbandhiya par son père et par un « Grand Soufi », dont elle reconnut immédiatement la nature exceptionnelle et par qui elle allait vivre une expérience mystique transformante faisant d’elle désormais un être nouveau. Détail caractéristique, elle dit que ce qui la frappa alors, ce fut « l’extraordinaire écriture du Guru et de son frère et celle, merveilleuse du Soufi ». Auprès de ces maîtres, elle tomba, dit-elle, dans « une simplicité de silence dont [elle] n’avait jamais rêvé », « toutes les structures sont tombées ». Mais, toute transformée qu’elle se sentît alors, elle n’en perdit pas son bon sens de chercheur et, en dépit de la confiance totale qu’elle avait dans le Guru, elle le mit pendant plusieurs jours à l’épreuve en le taquinant, plaisantant, épreuve dont il triompha grâce à son « profond sens de l’humour ». Mais, en même temps, elle vivait intérieurement ce que le guru lui avait donné. Le quittant après quelques jours, elle partit pour le Kumbh Mela, grand pèlerinage hindou qui se tenait alors à Hardwar, au bord du Gange ; elle y prit part. Mais, le troisième jour, perdue dans la forêt, elle ne voyait plus rien du Mela, car « une nouvelle vie commençait... ce jour, le vrai jour de [sa] naissance ». Ce matin-là, elle nagea au milieu du Gange dans le courant puissant irrésistible d’un torrent de montagne débouchant sur la plaine. Puis elle se laissa emporter par le courant étant dans un état mystique profond. Avec peine, elle sortit du fleuve à demi consciente. Pendant quinze jours et quinze nuits elle parcourut la forêt, dormant sous les arbres, mangeant ce qu’un sannyasi (un ascète) nu lui donnait, oubliant tout : « j’étais complètement ivre et à moitié perdue ». On ne peut pas rapporter ici le récit qu’elle fit de ces jours (et d’ailleurs de sa vie jusqu’alors) dans une conférence (p. 43-54) qu’elle fit peu après à la demande du guru devant un groupe de ses disciples. Elle y décrit – dans la mesure où cela peut se faire – les caractéristiques de l’état mystique où elle se trouve alors : une douceur délicieuse à la fois spirituelle et corporelle « mais qui n’est pas un état du monde », des coups au cœur « comme si les cavernes du cœur (hr̥dguha) étaient creuses et qu’une immense puissance les remplissait », « une félicité si excessive que je ne pouvais supporter plus d’une seconde ». À cette époque elle vivait parfois des états de « sommeil yogique » (yoganidra) où on ne dort pas, mais où on est sans conscience du monde. De tels états (et d’autres) sont décrits dans des extraits de son journal et dans sa correspondance avec le guru et avec quelques proches. Elle revint vers le guru qui lui fit vivre avec force et profondeur des états mystiques intenses, jours d’autant plus épuisants que ses conditions de vie à Kanpur étaient sommaires et très inconfortables. Elle rentra épuisée en France en juin 1951. Elle y rentra toutefois sans perdre contact avec le Guru, car elle conservait un lien spirituel constant avec lui : ils « communiquaient » même quand elle était en France, cela jusqu’à la mort du Guru en 1966. Ce lien existentiel permanent avec son guru – qu’elle « vivait », « existait » –, trait caractéristique de sa vie, est le thème même de ce livre et peut en faire l’intérêt dans le cadre de nos Archives.
6Le guru, quant à lui, considérait Lilian comme la plus importante de ses disciples (la plus proche, peut-être) dont le rôle était désormais, à ses yeux, de faire connaître en France son enseignement. C’est un point sur lequel il revient souvent dans sa correspondance avec elle, de 1951 à 1966 dont des extraits sont donnés dans la section « Lilian et le guru 1950-1966 » (p. 69-198), qui en est la portion la plus intéressante. Elle l’est moins par ce qui nous est donné de la correspondance du guru (l’essentiel entre eux ne passait pas par lettres) qui est spirituellement assez conventionnel et mentionne beaucoup ses difficultés matérielles et ses graves problèmes de santé. Mais avant tout par la contribution de Lilian, faite d’extraits de sa correspondance avec le guru, avec des (spirituellement) proches ou des amis, mais surtout de son journal et de notes personnelles : cela forme un ensemble remarquablement intéressant sur les expériences comme sur la vie du mystique, qui a des moments de lumière incomparable, mais aussi de nuit et de désespoir. On a là, à mon sens – je ne suis pas mystique –, sur ce domaine un document d’une qualité rare, car rares sont, je crois, les mystiques capables de se voir vivre en tant que tels – et de le décrire lucidement. Signe parmi d’autres de cette attitude : sollicitée, en 1971 par deux chercheurs neurologues, Henrotte, du CNRS et Etéveneu, de l’INSERM, de laisser enregistrer ses ondes cérébrales dans un état mystique profond, elle s’y prêta, curieuse et amusée. Les résultats de l’expérience furent publiés dans La Recherche (« Les états de conscience modifiés volontairement ») en décembre 1972.