Quel est le statut de l'action dans la perspective de "l'éveil"?
Je vois en parcourant un peu les différents posts du forum qu'on n'était pas les seuls à se les poser...
Je voulais en parler en fonction de mon expérience et de mes réflexions sur le sujet.
Pour ma part, je crois que la loi du karma fait partie intégrante de notre condition d'être vivant. Chaque acte a ses causes et ses conséquences. C'est un fait qu'il vaut mieux pour moi prendre à bras le corps et intégrer (on appelle cela la responsabilité non?) afin de ne pas être esclave de notre propre vie, mais en être maître, et "acteur" (en apparence du moins). Sans pour autant tomber dans le piège de tout prendre au sérieux tout le temps, et de l'hyper-contrôle...
La libération du fruit de l'action est pour moi une question de perspective.
L'individu ne peut qu'évoluer dans la perspective du karma. Il est soumis à l'action. Il doit faire et s'abstenir de faire.
Mais l'esprit lui, peut s'en détacher. Il peut arrêter de croire en l'illusion qu'il fait ou s'abstient de faire. Il peut s'abandonner dans la conscience unique, seule reine véritable de l'action. C'est ce qu'on appelle l'abandon au seigneur. Accepter le fait que derrière tout être, c'est Dieu qui agit.
Interférer entre les deux c'est parfois brouiller les pistes. Il suffit d'être simple et de faire ce qu'on pense devoir faire. La vie répondra d'une manière sûre à tout ce que l'on fait et ne fait pas. L'action elle même n'est pas une entrave à la voie spirituelle, bien au contraire. Lorsque détachée de son résultat, elle en est le véhicule (Karma Yoga).
On imagine les êtres éveillés comme inactifs. L'image classique du sage est celle d'un sage immobile, en méditation.
Il y a une sorte d'inquiétude fondamentale à exister, exacerbée par notre propre psychologie. Notre spiritualité peut même aggraver ce trait. Peur de Dieu, peur du jugement, peur de ne pas être assez ceci ou trop cela, peur de mal faire...Etc. De cette peur nait une sorte de paralysie, amplifiée parfois par le sentiment de surenchère des conséquences de nos actes. Poussée à l'extrême, on peut même en venir à imaginer qu'on est responsable de choses dont on est pas responsables.
Il y a là un trouble dans la zone frontalière entre la conscience individuelle et la conscience supra-individuelle. On prends l'une pour l'autre et l'autre pour l'une. Ce qui est possible, mais encore faut-il en maîtriser le réseau (c'est à dire les rapports subtils entre l'égo, l'univers et Dieu).
Quoiqu'il en soit, lorsque l'on se détache de cette inquiétude, on peut remarquer que la vie, la voie, continue.
Et arrivé au soit disant "bout" du chemin... Et bien çà continue aussi! Au bout de quoi? Au bout de qui? Quand arrêtera-t-on de limiter l'éveil à un état statique d'absorption au delà du monde et de l'activité samsarique? Cet état là est une goutte dans l'océan de l'expérience spirituelle. Une goutte de nectar. Certes.

Il existe un mode d'action éveillé.
Pour le moment, Il est possible d'apprendre à se détacher de l'hypnose individuelle au sujet de l'action par l'investigation personnelle et le détachement des sentiments "agréables" / "désagréables" que notre réactivité émotionnelle impose aux situations que l'on rencontre, fruits de nos actes.
Et même de cela, on doit aussi s'en détacher.
Prenons exemple sur les enfants, sans pour autant nous comporter comme des gamins!