micka a écrit :On parle de sacrifice et de lien a "dieu" au purusha supreme...J'ai l'impression que c'est un subtil melange constant de karma-yoga, jnana-yoga et bhakti yoga. Comment percevez-vous ca
Bonjour Micka
En fait, ça peut être bien de replacer ce texte dans son contexte historique, ça aide un peu à comprendre de quoi il s'agit.
Dans la société indienne védique, la notion de sacrifice était centrale. C'était un peu une idée de relation commerciale avec le monde des esprits, pour obtenir telle ou telle chose, il fallait faire tel ou tel sacrifice (on retrouve ça dans les textes grecques classiques où les soldats faisaient des sacrifices aux dieux pour qu'ils soient de leur côté pendant la bataille, on retrouve ça dans le vaudou aussi où les participants font des sacrifices aux divinités vaudou pour obtenir certaines qualités liées à ces divinités, etc). D'après ce que j'ai compris, seule la caste des brahman pouvait effecture les sacrifices, et du coup, ils avaient un grand pouvoir dans la société puisque rien ne pouvait être fait sans eux.
Un des premiers mouvement de révolte contre ça a été le bouddhisme qui a rejeté les védas, le ritualisme et qui a placé en avant la méditation et les "8 pratiques justes", donc plutôt l'idée de travail sur soi (qui devait déjà exister chez les yogi à l'époque, mais c'était sans doute réservé à des pratiques initiatiques marginales j'imagine...).
Après, il y a eu l'émergence des voies dévotionnelles (bhakti) qui ont apporté encore une autre approche de la spiritualité.
Donc à l'époque de l'écriture de la bhagavad gita, il y avait des querelles dans la société indienne sur la bonne morale à suivre. La tradition était celle des védas et des sacrifices, mais d'autres approches plus modernes étaient mises en avant. La bhagavad gita essaye de faire une synthèse de ces approches, bhakti yoga (donc dévotionnel), jnana yoga (plus basé sur la méditation, l'introspection, une approche proche du bouddhisme si on peut dire ça, mais qui reste orthodoxe) et le karma yoga (basé sur l'action, donc lié au sacrifice).
L'idée est de changer le sens du mot sacrifice, non plus vu comme une relation d'échange avec les divinités, mais plus comme le fait de conformer ses actes à la volonté divine qui s'exprime en soi (d'où les notions dans le dernier chapitre de sacrifice tamasique quand il est mal fait, rajasique quand il est lié à l'intérêt personnel, et sattvique quand il est une offrande de soi au divin). Ensuite, le rapprochement est fait avec les autres voies jnana et bhakti puisque pour ce type de sacrifice, il faut entrer en relation avec le divin, ce qui implique introspection et dévotion, donc les trois voies se rejoignent.
C'est donc un texte de synthèse de la spiritualité indienne classique, et issu du vishnouisme, donc très dévotionnel avec une approche très morale. Le hatha yoga a un peu une autre approche, puisqu'il est tantrique, donc basé sur l'énergie (et le corps en plus), ce dont ne parle pas la bhagavad gita si je me souviens bien, mais on retrouve sans doute des allusions ici ou là. Après, tout se mélange un peu en Inde, il y a sans doute des vishnouites qui ont des pratiques tantriques quand ils veulent avancer plus rapidement. Swami satyananda comparait les pratiques de la baghavad gita et les pratiques tantriques à de la bière et des alcools forts
