C'est gentil, Denis, d'offrir le champ', faisons donc sauter le bouchon

.
Oui, la métaphore est belle, mais je m'empresse d'ajouter - comme tu dois le savoir - que je ne suis pas le premier à la proposer, elle est même plutôt habituelle. Ici, les ouvertures correspondent aux orifices du corps humain, d'autres fois on parle de puryashtaka, l'octuple forteresse, pour parler de l'ensemble sensoriel interne et externes.
Voici des chants Baûls au langage cypté :
"Merci, je vous le dis,
Pour cette maison construite en l'air
Sans aucun support.
La maison est là
sans terre en-dessous,
Comment va-t-elle se tenir ?
Elle a toutes les chances d'être emportée
par les tempêtes et les cyclones.
Elle a neuf pièces
Et tout en haut une tourelle.
Là s'accroche le fou.
Neuf chambres se suivent
De l'étage le plus haut
Jusqu'en bas. Il y a neuf portes...
Le fou se dit : "comment entrer ?
Par quelle porte puis-je entrer ?"
Lalân Fakir
"Ce corps comprend
Huit chambres sans serrures,
Le tout sur neuf étages.
Mais ce corps nous dit
Les choses de trois façons.
Un tribunal siège au second étage.
Le premier est envahi par les marchands,
A l'entresol vivent les soldats
et des employés de bureau.
Tous méditent avec leur chapelet en verroterie.
Les marchands cherchent à s'introduire partout
pour voler ce qu'ils peuvent dans les chambres.
Tiens fermée seulement la porte de la Tourelle
Et dors-y à ton aise.
Là tu n'as rien à craindre des six ahuris !
Ô mon esprit, dors tranquille !"
Lalân Fakir
Certes, il peut nous manquer des clefs traditionnelles pour interpréter ces textes, mais cela n'empêche pas de les goûter et de voir ce qu'ils évoquent pour nous.
Les stances du Vijñanabhairava que tu cites sont très belles, Denis. Tu as peut-être remarqué que l'on trouve dans d'autres traditions des propositions qui entrent en résonance avec ce texte.
Par exemple les descriptions de Khecari mudrâ qui se trouvent dans Hathayogapradîpika ou gherandasamhitâ.
"Place le soi au milieu de l'espace et place l'espace au milieu du soi. Réalisant que tout n'est qu'espace, il ne faut penser à absolument rien.
Vide à l'intérieur et vide à l'extérieur, comme une jarre vide dans l'espace.
Plénitude à l'intérieur et plénitude à l'extérieur, comme une jarre immergée dans l'océan."
H.Y.P. IV. 55-56
Il se trouve d'autres passages qui te plairaient peut-être dans le tantrâloka. Si cela t'intéresse et que je dispose d'un peu de temps, je pourrais aller extraire quelques gemmes...mais il n'y a pas que les textes, n'est-ce pas
Salut dans les dix directions !
Kavi