Pour faire suite à la discussion entamée ici, je vous propose de vous partager comment s'articule ma pratique des arts martiaux avec le yoga et l'esprit de méditation. Je parle bien ici "d'esprit de méditation" car je serais bien dépourvu de savoir si ce que je fais est vraiment de la méditation.

En préliminaire, il serait malhonnête de ma part de m'attribuer toutes la synthèse de cette réflexion tant Olivier Boutonnet m'a apporté beaucoup sur la compréhension du continuum entre toutes ces notions, et tant lui-même a déjà construit quelque chose de clair, digeste et construit.

Si cela vous intéresse, vous pouvez aller faire un tour sur son site : ht tp: //w ww.w ude m en.co m/
En liminaire à présent, je pense qu'il est important de poser les bases de ma réflexion : les sports de combat sont différents des arts martiaux.
Le consensus trouvé sur le forum que je modère est que l'on peut qualifier de "sport de combat" une confrontation de 2 personnes partageant des règles communes, connaissant la date de leur échange, ayant eu tout le loisir d'observer son adversaire, etc. Dès lors, l'échange qui s'en suivra pourra être préparé, et il est même fort probable que nos deux belligérants fassent durer les rounds, tout simplement parce qu'ils auront travaillé leurs compétences physiques au cas où le combat vienne à durer.
Le cas des arts martiaux est différent : la rencontre sera probablement asymétrique où -par exemple moi- je pourrais me retrouver confronté à une ou plusieurs personnes, cette personne peut être armée, et la situation peut m'être particulièrement défavorable ! Un exemple : je ne peux pas fuir parce que je suis avec ma femme ou mes enfants.
Dès lors, il convient de ne pas tomber dans la paranoïa (comme -hélas !- je ne l'ai que trop vu !) et de comprendre les ressorts du fonctionnement des arts martiaux, qui sont souvent des systèmes complets changeant profondément le corps et l'esprit.
Cela prend du temps (les années passent et je chemine toujours), mais au fur et à mesure, je sens que mon édifice se renforce.
Le principal enseignement que j'ai compris grâce à Olivier et que je confirme tous les jours est la nécessité de se forger une éthique. Pas au sens communément admis (déontologie), mais plutôt au sens grec ("éthiquos") tel que l'a fort bien résumé Paul Ricoeur ou encore détaillé Spinoza.
Que dois-je mettre en place pour à tout prix éviter de me retrouver dans une situation que je ne veux pas ?
Pour cela, il convient en premier de se réserver un havre de paix. Certains parlent de "green zone", de "base arrière", de "retraite"... Bref, d'un endroit où je pourrais laisser toutes les défenses de côté pour laisser le temps de réfléchir aux stratégies à mettre en place. "L'aguerrissement se fait en temps de paix" expliquait Clausewitz. Je crois-là que cette citation peut se comprendre sous différents plans : il y a bien-sûr la plus directe, celle d'une préparation immédiate à la violence. Mais quand y regarde bien, celle-ci peut (doit !) ne jamais arriver. On peut donc lire cette phrase comme les ressorts à mettre en place pour augmenter le calme de mon cœur, et donc ma résilience au travers de "la grande bataille qu'est la vie " (

La méditation, la psychologie, la philosophie sont pour moi des bonnes façons de mieux me appréhender ma vie sociale et urbaine au quotidien.
Quant à la question extrême d'une hypothétique rencontre avec la violence, il est toujours bon de savoir ce qu'il y a en jeu. Car dès que l'on va "commercer", les conséquences peuvent être désastreuses : la mort bien-entendu, l'infirmité pour soi ou pour l'autre, les tribunaux, la prison, etc. Il s'agirait donc de bien peser le pour et le contre pour prendre conscience de la nécessité -ou non- de "rentrer dans la danse".
Il est donc indispensable de se poser ces questions dans son repaire. Car si la situation viendra à dégénérer, je mets toutes les chances de mon côté pour garder un pied avec mon éthique et des réalités bien tangibles ma vie actuelle.
Il m'arrive donc souvent de regarder mes enfants dormir, d'arpenter mon appartement ou de simplement rendre grâce de si bien respirer !
Quelle attitude adopter lorsque je quitte mon chez moi ?
C'est là où le lien avec le yoga devient pour moi de plus en plus clair : cela passe chez par travailler une forme de "détachement" du regard, ou plutôt "d'observer le monde comme si je le regardais du haut d'une colline".
Avec de la pratique, j'ai fini par détacher mes tracas du quotidien (achète le pain, t'as vu lui ? qu'est-ce que je regarde ce soir, etc.) de mon "moi". Au départ, c'était assez perturbant, parce que j'avais l'impression d'avoir un interrupteur qui passait à s'allumer ou s'éteindre.

C'est souvent trop fugace, mais bien agréable.

Cet état doit être maintenu en tension par un travail conjoint de l'attention et de l'intention .
(j'écrirai la suite demain, car -hélas !- je suis appelé vers d'autres missions !)