Amandine a écrit :en ce moment, je passe du temps dans le Mahâbhârata et la Bhagavad Gîtâ.
je vais mettre ici quelques notes que je prends, si ça interesse quelques personnes de venir parler de ça, vous êtes bienvenus
je commence avec quelques points sur le vishnouisme.
"l'Epopée" (le Mahâbhârata) appartient au courant vishnouite (et non au courant shivaite).
on trouve beaucoup d'incarnations divines de Vishnu, c'est un point important, ces différents rôles qu'il joue en tant qu'avatar( incarnation divine).
en effet, il est Vishnu-Vâsudeva, le dieu suprême, qui trône avec Lakshmi, sa parèdre, au ciel des dieux
et entre chaque création du monde, il se repose sur Ananta, le serpent sans fin, symbole de l'éternité.
mais il descend au secours de ses fidèles à "chaque fois que l'ordre chancelle" (Bhagavad Gîtâ), sous différentes incarnations:
-sous la forme de Krishna, le guerrier et ami des Pandava (dans le Mahabharata)
-sous la forme de Râma (dans le Ramayana)
-ou sous formes animales telles que:
- le sanglier qui va repêcher la terre au fond des oceans
- le poisson Matsya
- la tortue Kurma
- Simha-Nârâyana, l'homme lion
-Vâmana, le nain aux pas magiques. (si quelqu'un a une idée de la provenance de ses légendes? je me réfère à AM Esnoul dans "Ramanuja, la mystique vishnouite", mais elle évoque seulement ces légendes)
-mais il se laisse aussi voir comme Shiva et sous l'aspect féminin de Durgâ-devî, la Grande Déesse (dans le Mahabharata)
" LA LEGENDE IMMEMORIALE DU DIEU SHIVA "
LE SHIVA-PURÂNA
traduit du sanskrit
présenté et annoté par Tara Michël.
Connaissance de l'Orient
Collection UNESCO d'oeuvres représentatives
GALLIMARD. Série Indienne. 1991
Chapitre premier : l'Eloge de la geste de Shiva.
10. Ô sage, il n'y a rien de tel que le Shiva-purâna pour
la purification de l'esprit surtout dans l'âge des ténèbres.
12. Ce Shiva-purâna est le plus élevé et le plus sublime
de tous les anciens recueils. Il manifeste la nature même de shiva,
et, par conséquent, il doit être révéré et compris dans l'existence humaine.
13. En le lisant et en l'écoutant réciter, l'homme est touché par la grâce
et il atteint le monde de Shiva.
16. Ô sage, celui qui écoute le Shiva-purâna cesse d'être un humain,
il devient une manifestation de Rudra, une forme de Shiva.
23. Il n'y a pas de doute, écouter le Shiva-purâna et réciter
les noms de Shiva est aussi efficace que de posséder
l'arbre magique qui exauce tous les désirs.
24. Pour le bien de tous les gens de l'âge de Kali, aux penchants mauvais et
dépourvus de rectitude, le Seigneur Shiva a décanté le nectar de cette oeuvre.
25-26. Si un homme absorbe de l'ambroisie, lui seul devient immortel et ne vieillit jamais.
Tandis que s'il boit le nectar de l'histoire divine de Shiva,
toute sa famille deviendra douée de longévité et exempte de vieillissement.
On doit toujours avoir recours à cette oeuvre sanctifiante.
27. Si l'on obtient de tels résultats rien qu'en écoutant le Shiva-purâna,
que dire alors du des résultats obtenus lorsqu'on porte Shiva dans son Coeur ?
33. La maison où l'on discourt sur ce Shiva-purâna devient un lieu saint.
Tous les péchés des habitants de cette maison son détruits.
35. Ô meilleur des sages, un pécheur n'est appelé pécheurs
que tant qu'il n'a pas entendu ce Shiva-purâna avec recueillement.
37. Avec émerveillement je me prosterne éternellement devant ce Shiva-purâna.
Puissé-je obtenir la grâce de Shiva et la dévotion envers ses pieds sacrés.
Extrait du VIDYESHVARA-SAMITHÂ
( Receuil du Seigneur de la Connaissance )
Chapitre VI : L'origine du Linga.
[Nandikhesvara dit :]
1. " Une fois, il y'a très longtemps, ô prince des ascètes, Vishnu était assoupi sur le grand serpent qui forme sa couche, à côté de lui était la Déesse de la Fortune et tout autour de lui sa suite.
2. Or Brahmâ, le premier des savants védiques, par hasard passa par là. Il interpella le beau Dieu aux yeux de lotus qui reposait:
3-4. " Qui es-tu, toi orgueilleux qui reste allongé même après m'avoir vu ? Lève-toi paresseux et reçois-moi, qui suis ton Seigneur et qui suis venu ici ! Les rites expiatoires sont enjoints précisément pour ces fous prétentieux qui n'accueillent pas avec hospitalité un hôte honnorable et âgé !"
5. Lorsqu'il entendu ces paroles, Vishnu fut irrité. Mais il ne le montra pas et, gardant une approche calme, il répondit : " Salut à toi, très cher, et bienvenue. Assieds-toi, je t'en prie, sur cette couche. Comment se fait-il que ton visage laisse transparaître de l'agitation et que tu écarquille les yeux ainsi."
6. " Cher Vishnu, sache que je suis venu avec la vitesse du Temps. Je suis digne des plus grands égards, car je suis l'Aïeul et le Protecteur de l'Univers, et ton protecteur aussi."
7. Vishnu répondit : " Très cher, l'univers entier est à l'intérieur de moi, et tu t'appropries un rôle qui n'est pas le tien. Tu es né du Lotus qui à surgit de mon nombril. Tu es donc mon fils, et tes propos sont dépourvus de sérieux."
8-9. Opposant ainsi arguments à arguments, chacun prétendant à la préeminence et affirmant être le Seigneur, ils en virent à vouloir s'affronter en duel, comme deux béliers entêtés cherchant à s'entre-tuer.
10. Les deux divinités pleines d'héroïsme, assises sur leur montures respectives, le cygne (Hamsa) et l'aigle (Garuda), se mirent à se battre. Et leur escorte aussi en vint aux prises.
11. Pendant ce temps les différents groupes de divinités se déplaçant dans leurs chars aériens vinrent assister à la bataille fantastique.
12-18. Tout en regardant depuis les cieux, ils se mirent à répandre une pluie de fleurs partout. Le Dieu monté sur Garuda (Vishnu) devint furieux et décocha d'atroces flèches et toutes sortent d'armes contre la poitrine de Brahmâ. Brahmâ enragé lança d'innombrables projectiles dans un déchaînement de colère. Les dieux assistant au combat les soutenaient l'un et l'autre et commentaient la bataille avec agitation. Vishnu dans son emportement respira avec force et déchargea l'arme Mâheshvara contre Brahmâ. Contrarié, Brahmâ déchaîna l'arme terrible Pâshupata contre la poitrine de Vishnu. L'arme magique s'éleva très haut dans le ciel resplendissant comme dix milles soleils, avec des milliers de piques aiguës et le ronflement formidable d'un cyclone. Les deux armes de Brahmâ et de Vishnu se rencontrèrent dans une collision fracassante.
19-22. Telle était la bataille entre Brahmâ at Vishnu. Alors les dieux effrayés et affligés comme des peuples pendant la guerre de leurs monarques cherchèrent un secour et se remémorèrent que seule la Divinité qui portent le Trident, Shiva, le Suprème "Brahman", est la cause de la création, du maintien et de la destruction des mondes ainsi que de l'occultation ou de la grâce envers les âmes. Sans sa sanction pas un brin d'herbe ne peut être cassé par aucun être en aucun lieu.
A ces pensées, dans leur épouvante, ils se précipitèrent vers la demeure de Shiva et arrivèrent au sommet du Mont Kailâsa où réside le dieu qui a le croissant lunaire posé sur son diadème.
23. En contemplant ce séjour de Parameshvara qui a pris la forme de la syllabe OM, ils s'inclinèrent avec respect et entrèrent dans le palais.
24-25. Là ils virent le chef Suprème des dieux resplendissant sur son trône de joyaux en compagnie d'Umâ, sur un autel au milieu d'une salle d'audience.
26. Sa jambe droite était placée sur son genou gauche. Ses mains belles comme des lotus reposaient sur ses jambes. Toute sa cour l'environnait. Il était pourvu de tous les signes bénéfiques. Des jeunes femmes habiles et gracieuses l'éventaient avec art et attention. Les "Véda" le célébraient. Il répendait sa bénédiction sur chacun.
27. A cette vue, les dieux se mirent à pleurer de joie. Ils vinrent en masse s'agenouiller à une distance respectueuse. Alors faisant les délices des dieux, Shiva, joyaux de crête de toutes les divinités, les fit s'approcher et s'adressa à eux gravement et mélodieusement.
Chapitre VII : Shiva réconforte les dieux alarmés et intervient
[Nandikesvara dit :]
1. Le Seigneur dit : "Chers enfants, salutation à vous. J'espère que l'univers et toute la race des dieux, sous ma souveraineté, est florissante et engagée dans ses devoirs appropriés.
2 Ô dieux ! Le combat entre Brahmâ et Vishnu m'est bien connu. Cette agitation de votre part est bien inutile."
3. Ainsi l'époux d'Ambâ réconfortait l'assemblée des dieux avec des paroles douces comme du miel et un sourire apaisant.
4. Et le Seigneur annonça de se rendre en personne sur le champ de bataille de Vishnu et Brahmâ et il donna des directives à cent des chefs de son escorte.
5-6. Toutes sortes d'instruments de musique résonnèrent pour annoncer le branle-bas du départ du Seigneur. Les chefs de sa suite étaient entièrement équipés, parés de tous leurs costumes et leurs décorations, et assis sur leurs montures respectives. Le Seigneur époux d'Ambikâ prit place dans le char très saint ayant pour forme le "mantra" OM et embelli par cinq anneaux circulaires. Il était accompgné par ses fils, des Gana et de la cohorte des dieux.
7. Bannières hautes en couleur, évantails, chasse-mouches, pluies de fleurs, musique, danse, faisaient honneur à la troupe, et Pashupati, le Seigneur des âmes liés, accompagné de Pârvatî, la Grande Déesse, s'avançait vres le lieu du duel avec toute son armée.
8. Lorsqu'il aperçu de loin la bataille, Le Seigneur disparu dans le firmament. Les musiciens cessèrent de jouer et le tumulte des Gana s'arrêta.
9. Là sur le lieu du combat, Brahmâ et Vishnu résolus à se battre à mort attendaient le résultat de la confrontation des armes Mâheshvara et Pâshupata qu'ils avaient projetées.
10-11. Les flammes qui se dégageaient des deux armes brûlaient les trois mondes. En voyant cette destruction imminente de l'univers qui était prématurée, qui ne venait pas au moment approprié, la présence invisible de Shiva assuma la forme terrifique d'une immense colonne de feu qui apparut entre les deux dieux.
12. Les deux armes flamboyantes qui étaient suffisantes pour calciner l'univers entier furent absorbées dans la colonne de feu qui s'était manifestée.
13. Lorsqu'ils virent ce phénomène merveilleux qui avait neutralisé leurs armes, les deux dieux en conflit se demandèrent l'un à l'autre: " Qu'est-ce que cette apparition étonnante ?
14. Qu'est-ce que cette colonne de feu qui s'est élevée entre nous ? Elle dépasse le domaine de la perception sensorielle. Nous devons trouver où elle commence et où elle finit. Quels en sont la base et le sommet ? "
15. D'accord sur cette décision, nos deux héros fiers de leur prouesse s'engagèrent immédiatement dans leur recherche.
16-18. " Rien n'en sortira si nous sommes ensemble ", dit Vishnu et, prenant la forme d'un sanglier, il partit vers le bas en quête de la racine. Brahmâ prit la forme de l'oiseau migrateur (Hamsa) et s'envola vers le haut en quête de sommet. Traversant les mondes inférieurs et allant très loin vers le bas, Vishnu ne parvint pas à découvrir la base de la colonne de feu. Complètement épuisé, sous sa forme de sanglier, il remonta vers ce qui avait été le champ de bataille.
19. Mais Brahmâ dans son ascension, toujours plus haut dans le ciel, aperçut une mystérieuse fleur de " Ketakî " qui tombait d'en haut.
20-21. C'est qu'en voyant la bagarre de Vishnu et Brahmâ, le Seigneur Shiva s'était mis à rire. Comme sa tête avait été secouée par le rire, une fleur de " ketaki " était tombée de sa coiffure. Bien qu'elle eût poursuivi sa chute pendant de nombreuses années, ni son parfum, ni son éclat n'avait diminué. En fait, Shiva avait fait tomber la fleur pour bénir Vishnu et Brahmâ.
22-23. Brahmâ dit :" Ô reine des fleur, par qui as-tu été portée ? Pourquoi tombes-tu ? Je suis venu ici, sous la forme d'un oiseau, pour chercher le sommet." La fleur répondit : " Je tombe du milieu de cette colonne primordiale qui est inscrutable. Cela m'a pris un temps infini. Par conséquent, je ne vois pas comment tu pourrais en appercevoir le sommet. "
24-25. Chère amie, dit Brahmâ à la fleur, tu dois faire ce que je te demande. En présence de Vishnu, tu dois dire : " Ô Achyuta, Brahmâ a vu le sommet de la colonne. J'en suis témoin." En lui faisant cette requête, Brahmâ s'inclina devant la fleur de " Ketakî " à maintes reprises. En cas de périls graves, on peut avoir recours à un subterfuge ou à un mensonge pour se sortir d'affaire, disent les textes faisant autorité.
26. Brahmâ revint au lieu où il était parti et, voyant Vishnu complètement épuisé, et malheureux, il se mit, lui, à danser de joie. Vishnu, comme un eunuque qui avouerait son impuissance à une femme, dit la vérité et confessa son échec. Mais Brahmâ s'écria :
27-28. " Ô Hari ! J'ai vu le sommet de cette colonne. Cette fleur d " Kétakî " est là pour en temoigner." La fleur répéta le mensonge, donnant son adhésion à la déclération de Brahmâ en la présence de Vishnu. Hari, y ajoutant foi, s'inclina devant Brahmâ. Il se mit à adorer Brahmâ avec les seizes actes d'hommages.
29. Alors le Seigneur prit une forme visible pour châtier Brahmâ qui avait eu recours à la tromperie, et sous la forme d'un Personne divine, il sortit de la colonne de feu. En le voyant, Vishnu se releva et, avec les mains tremblantes de terreur repectueuse, il saisit les pieds du Seigneur.
30. " C'est par ignorance et par aveuglement, en te méconnaissant toi qui est sans commencement et sans fin que nous nous sommes lancés dans cette quête, incités par nos désirs. Être miséricordieux, pardonne nos fautes. En fait, c'est à cause de ton jeu divin que nous avons erré."
31. " Ô cher Hari, je suis satisfait de toi, parce que tu as adhéré strictement à la vérité en dépit de ton désir d'être le Seigneur. C'est pourquoi dans la foule des fidèles tu auras un statut égal au mien. Tu sauras honnoré comme je le suis.
32. A partir de maintenant, tu auras un culte indépendant de moi, avec des temples séparés, des consécrations d'icônes, des fêtes sacrées et des cérémoniels différents. "
33. C'est ainsi que jadis, le Seigneur, fut charmé de la véracité de Hari et lui accorda un rang égal au sien devant l'assemblée des " Déva ".