VIPARITA-KARANÎ-MUDRA

Vous pratiquez le Yoga, vous voulez soit poser une question relative à votre pratique soit expliquer une technique.

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subseb
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VIPARITA-KARANÎ-MUDRA

Message par subseb » 05 août 2006, 05:03

Bonjour,

j'ai besoin d'aide pour cette mudra. A vrai dire, il n'y a pas deux explications techniques similaires sur le web. J'apprends le yoga par les livres d'André van Lysebeth que je cite pour l'exécution de cette mudra :

"Le role du pouce et de l'index est capital, ou plutôt la fourche formée par eux. Elle se place de façon qu'un maximum de poids se pose sur elle. Le corps ne repose donc pas sur les paumes, dont la surface serait trop grande, mais sur la fourche pouce-index, qui n'offre qu'une surface réduite, presqu'un un tranchant qui doit pénétrer dans la région des reins. Les pouces sont tournés vers la colonne, les reins sont creusée afin que le poids des jambes et du bassin se porte sur les deux fourche qui pénètrent dans la masse molle des organes. Les mains se placent exactement entre les os du bassins et les fausses côtes."

C'est pas très clair pour moi et je me fais mal à chaque fois au doigts, je narrive pas bien à me cambrer et ne trouve pas la "masse molle des organes" dans cette position. Peu de satisfaction, pas du tout relaxant et intenable.

Si je lis maintenant la description technique de Denis que je cite :

" relever les jambes et le bassin et appuyer le bassin sur les mains. Les jambes sont tendues et jointes et les pieds se trouvent environ à la verticale de la tête"

Ca ne sonne pas pareille.

Si on regarde sur les sites américains de Hatha Yoga, on a le droit de mettre ses jambes en l'ai contre le mur.

Bref, si quelqu'un arrive la méthode Van Lysebeth, pourrait-il compléter la description de l'exécution correcte ? D'autant que l'auteur propose d'enchainer cette mudra uniquement depuis Sarvangâsana...

Denis, dans la méthode que vous proposez, pourriez vous me dire quels sont les muscles qui sont tendus et ceux qui sont relachés. j'ai essayé votre technique, mais ca ne me relaxe pas du tout, je dois faire fausse route. Les coudes supportent-ils tout le poids du corps ?

Je précise qu'au moment ou j'écris ce mail, j'ai les muscles du bas du dos toujours très tendus (aussi durs que des biceps). Si par exemple je suis assis sur le sol et que je mets les deux jambes en avant, je n'arrive pas à bien redresser la colonne vertébrale, il y a une bosse vers le bas de mon dos (muscle des cuisses trop courts sans doute) (( heu, même si ce n'est l'objet de cette question, si vous avez le même problème que moi et une ou deux bonnes asanas à pratiquer pour ce problème et aussi celles à éviter, je suis preneur))

Merci de votre aide.
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Denis
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Message par Denis » 06 août 2006, 11:31

Bonjour subseb,

Merci pour ton post et bienvenu sur ce forum !!

Voila un post qui me fait plaisir et qui marque la tristesse de vouloir mettre par écrit une "précision" sur une posture.
Pour ce qui serait de trouver la définition parfaite d'une posture, je crois qu'il y a Iyengar qui a tenté de faire un livre qui donne la forme extérieure précise de certaines postures, dans Yoga Dipika. Mais dans sa prétention posturale cette posture (viparita Karani mudra) n'y est pas, très certainement trop simple pour le monsieur...

Bref, je crois profondément que le petit détail que tu recherches n'est en rien intéressant, excuse moi d'être aussi direct. Mais vois tu ce qui m'anime dans le Yoga ce n'est pas de savoir si la posture est bien faite selon la définition de Pierre, Paul ou Jacques, c'est qu'est ce que je peux vivre avec une posture qui m'anime.
Alors je crois que pour cette technique une chose devient vraiment étrange, elle ne se nomme pas Asana, comme paschimonatasana, mais viparita karani Mudra. Toute la subtilité de cette technique est là, et non dans la position des mains qui tiennent le dos.

Cette technique entre dans les mudras et non dans les asanas, as tu trouvé quelque part dans le web ou dans les livres, chez tout ceux qui expliquent la technique une explication sur ce fait ????
Je crois que même Van Lysbeth est passé à coté de la chose, lui aussi....
C'est malheureux, mais c'est une grande réalité. On peut faire des postures, du pranayama, des techniques de concentration et tout le reste toute sa vie, sans jamais découvrir le Yoga...

Pour la partie visible de la posture, personnellement je la prends de 2 manières... Mais surtout ne retient pas ça....
La première :
1/ Je pars allongé au sol.
2/ Sur une expire je soulève les jambes, le bassin.
3/ Je pose les coudes au sol et laisse le bassin reposer dans les mains.
ici 2 possibilités.

La première, je cambre les reins, donc ouvre le ventre et les jambes sont parfaitement à la verticale, le poids est sur les mains, mais entre dans la terre par les avant bras. Donc peut de difficultés.

La deuxième, je laisse les reins enroulés, dans ce cas les jambes partent en arrière.

Puis au bout de quelques minutes, ou dizaines de minutes, quand on trouve la clé…

On revient sur une expiration.

Que faut-il retenir alors de cette posture, de ce mudra ?

Comme dans toutes les techniques, et contrairement à ce que tu dis, ce n'est pas le coté relaxant qui est intéressant dans une posture, sinon il y aurait un grand nombre de postures qui disparaitrait, mais c'est qu'une posture fait appel à un archétype et que c'est lui qu'il faut tenter de trouver.
En gros, la forme extérieure d'une posture, qui n'a pas un grand intérêt devient un linga.
Un linga est un objet qui renvoie à une profondeur, à un état de conscience, à une connaissance, à de nouvelles possibilités…

La démarche d'une posture est assez simple. On prend la posture, on tente de la garder le plus longtemps possible, dans le cas de Vipparita Karani Mudra, Swami Satchitananda nous la faisait tenir 30mn. Mais là encore la durée ne veut rien dire si pendant les 30mn tu pestes contre cette technique ou tu attends désespérément son arrêt en bougeant. Non, si tu la prends c'est pour trouver l'immobilité totale. C'est cela la première clé dans une posture, trouver une immobilité tant extèrieure qu'intèrieure, jusqu'à ce qu'elle entre dans un paroxysme où l'immobilité serait inhumaine… Alors là le pratiquant se trouve au bord de son monde, au bord de son connu, la posture donnant un axe aux énergies, l'énergie conduira le pratiquant dans la possibilité de vivre et expérimenter des nouveaux pants de la création ou de l'esprit.

Dans cette démarche la forme "parfaite" ou aboutie, d'une posture n'a aucun sens, au point où il est possible de prendre une posture, d'en ressentir tous ces effets sans même la prendre…
De plus, nous devons faire avec ce que nous avons, c'est-à-dire notre corps, nos nerfs, notre souffle, notre équilibre….
Celui qui est raide et qui ne peut même pas toucher ses pieds dans paschimotanasana doit-il arrêter le Yoga ou ne pas en faire, ou doit-il forcer comme un bœuf au point de se petter les lombaires pour trouver aux yeux de qui (???) la gloire d'avoir fait une belle posture….

Adopte, adapte et améliore, cela est toute la vision de l'inde.

Si tu as suivi mon explication je pense que tu devrais poser une question …. :wink:
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Message par Yog » 06 août 2006, 12:53

Cette technique entre dans les mudras et non dans les asanas, as tu trouvé quelque part dans le web ou dans les livres, chez tout ceux qui expliquent la technique une explication sur ce fait ????
"Yoga Darshan" de Parmahamsa Niranjanananda en parle. :)
Mais je n'ai ni le courage ni l'envie pour l'instant d'en parler plus. Peut-être plus tard.
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Message par rico » 06 août 2006, 14:55

Cette technique entre dans les mudras et non dans les asanas
différence entre une asana et une mudra???
"Le yoga spirituel n'existe pas, le yoga c'est l'unité et on ne peut rien faire avec un corps faible."
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Message par subseb » 06 août 2006, 15:56

Merci pour ta réponse. Pour cette mudra de toutes façons je suis sur la mauvaise route, parce que je n'arrive pas à trouver un moyen de la garderplus de 10 respirations. Ca me fait mal au coude, pas moyen de trouver l'immobilité.

Quand je parlais de côté "relaxant, je te citais en fait,
"Viparîta est très relaxante et régénérante. " ...

Pour la petite histoire de la mudra, je cite A Van Lysebeth :

"En inde, mudra désigne les diverses expressions de la main, utilisées par les danseurs et les danseuses (---). En yoga, on appelle mudras des positions spéciales des doigts, ou de la main dans certains cas, des attitudes corporelles dans d'autres.(---). En réalité, ce sont des techniques destinées à modifier localement le flux de prâna. Le mot "localement" est important et, dans la présente mudra (Viparita Karini Mudra), c'est au niveau des reins et des surrénales, que l'essentiel se produit.

Voilà pour la petite histoire et pour ma part, je vais tenter d'y aller doucement et de trouver la clé si tu m"en dis un peu plus.
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Message par Denis » 06 août 2006, 17:14

Rico a écrit :différence entre une asana et une mudra???
Oui Rico, c'est bien cette question que j'attendais...

Pour info subseb je ne suis pas l'auteur des postures écrites dans le forum.
Toutes les définitions sont issues de la tradition et de textes traditionnels, quelques commentaires appartiennent à mon prof.

Pour revenir à la question entre mudras et postures.
Il faut oublier le pal commentaire de A Van Lysebeth, et peut-être même oublier ses livres. :D :wink: !

On trouve effectivement des techniques relatives à la manière de placer les doigts et déjà ces petites techniques peuvent nous donner une idée de la puissance de l'invocation.
Car il s'agit de cela, le mudra est une forte invocation à quelque chose.
Ainsi avec les doigts il est possible de faire le mudra de Kali, Siva… La forme extérieure nous permettant de nous connecter à des énergies et donc forcément à des états de consciences particuliers.

D'autres part, les mudras tentent d'amener le pratiquant vraiment dans des profondeurs inconnus, ils sont vraiment les rampes de lancement.

Je vous donne ici quelques extraits d'un texte transmis par M. Chauvet lors du stage que nous avons réalisé ensemble sur ce thème.
"C’est la mise à feu des énergies.

Dans le tantrisme, l’état méditatif vient directement après les mudrâ, que ce soit après une montée d’énergie ou non. L’ordre est toujours : Asana, prânayama, mudrâ, état méditatif. Dans les mudrâ, il s’agit surtout de ne plus respirer et de tenir le vide ou le plein.

Dans les mudrâ, il existe également l’idée de la spontanéité, la saisie au vol d’états particulièrement intériorisés. Pour cela on utilise l’imagination active (bhavana). Il faut vivre les mudrâ avec force conviction et grande passion. Chaque mudrâ doit déclencher le feu, on y dévoile son intimité, on y fait remonter les latences secrètes contenues au plus profond, enfin l’on y brûle son histoire personnelle avec grande joie.

C’est la manifestation de la pure énergie, de l’unité en Shiva/Shakti, dans le silence et l’immobilité.

L’arrêt des souffles n’est pas loin, l’on y prend au mieux un petit souffle résiduel, l’on est dans le sens ascendant donné à l’énergie, dans l’effervescence et la lumière. L’on y attend sans vraiment le rechercher l’arrêt spontané des souffles (Kévali). La visée des mudrâ est donc bien la manifestation d’une énergie qui va porter le yogi tout droit vers le non souffle. Tout près, se trouvent encore d’autres états d’absorption, ou états méditatifs …."
Par exemple et pour revenir à Viparita Karani Mudra, il nous est donné une chance extraordinaire dans cette posture de pouvoir rester très longtemps dans des arrêts de souffle. En effet la forme inversée et très stable de ce mudra, qui inverse les courants internes, nous facilite les arrets du souffle et éveille les énergies dans un endroit très particulier qui est la gorge.
Vishuda Chakra est la clé de l'espace et du temps, il est lié à l'oui et au son, à la parole, à l'élément éther. C'est le son qui créé l'espace et le temps, c'est pour cela qu'au début de tous les textes parlant de genèse on parle du verbe, le verbe est la vibration (Nada) qui manifeste l'espace et le temps. Une simple expérience le montre bien : Criez en montagne, dans une église, au bord de la mer, ou dans une cave vous renseignera directement sur les éléments, le volume, l'espace, des choses autour de nous.

Dans la gorge on se concentrera sur une boule noire ou blanche, comme vous voulez et on tentera de s'identifier à cette boule afin quelle devienne infiniment grande, ainsi le pratiquant "incorporera" le monde, le manifesté en lui...
Voici la deuxième clé, après l'immobilité du corps, du mental et donc du souffle, il faut suivre là où vous amène l'énergie et tenter de s'identifier à la zone mise en lumière par la technique, ou alors tenter de partir avec une invocation très forte et utiliser bhavana.
L'identification passe par l'arrêt de l'idée de ce que nous sommes, l'arrêt de notre monde et nous permet d'expérimenter directement. Là est la différence fondamentale entre connaissance et savoir.

Dans cette identification il sera possible d'expérimenter toutes les qualités et possibilité de ce centre mais aussi de ces émanations. Ainsi Vishuda est le centre qui passe par-dessus le temps et l'espace, plongeant le pratiquant dans le "rêve" et tout ce qui tourne autour. Notamment la possibilité d'être enseigné, initié…

Il est certain, que pour tenir ce mudra longtemps et dans l'immobilité il faudra déjà avoir, un corps endurant et apte à rester immobile longtemps, des énergies maitrisées et fortes, une capacité à contrôler le souffle et le mental réelle. Donc subseb, si tu n'arrives pas à tenir cette posture longtemps, ce n'est pas grave, il faut simplement que tu travailles encore toutes les autres postures et pranayama, puis un jour, sans t'en rendre compte tu prendras toutes ces techniques sans plus trop souffrir dedans…

Pour revenir au mudras, il faut savoir qu'il en existe un très grand nombre, mais qu'ils ne sont mentionnés nulle part. Ils restent encore des techniques secrètes. Cela est bien normal, ils sont d'une réelle force mais en même temps n'ont rien de bien "démonstratifs" alors notre monde accès désespérément sur la forme et non le fond les a mis de coté.
De plus il faut impérativement avoir connu de long moment sans souffle pour entrer dedans et tout cela va totalement a l'encontre de la vision du Yoga occidental.
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Message par rico » 06 août 2006, 20:03

Tiens ça me fait penser que mon prof en parlant de viparita karani dit que celui qui le tient 12 heures devient immortel.
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Message par subseb » 07 août 2006, 04:49

hé bien ... merci. Pour un premier poste, c'est très enrichissant !
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Message par Denis » 07 août 2006, 10:20

Rico a écrit :Tiens ça me fait penser que mon prof en parlant de viparita karani dit que celui qui le tient 12 heures devient immortel.
C'est ce que dit la tradition :wink:
Mais bon 12 heures dans l'immobilité, la concentration, le pranayama, l'arret du souffle.... Je crois qu'il nous faudra plusieurs vies pour trouver l'immortalité :D :D
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