The Crow

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lorkan739
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The Crow

Message par lorkan739 » 13 mars 2013, 20:41

Depuis près de cent mille ans ,le corbeau est l'incarnation du dieu vivant. Celui qui est porteur de rêve : il apporta la civilization aux hommes du paléolitique. Des défenses de mammouths en ivoire furent découvertes dans une vaste zone couvrant l'europe et le moyen-orient, qui montrent une déesse aux traits de rapace, avec des serres à trois doigts et un bec crochu - un corbeau avec des seins.
Il y a environ dix mille ans, quand la déesse devint un dieu, le même oiseau omnivore poursuivit son rôle de dieu vivant à peu près partout. Les grecs archaïques appellèrent chronos, littéralement "le corbeau", ce voyageur infatigable que les romains rebaptisèrent saturne, le dieu du temps, apollon, le dieu du soleil, dont le nom veut dire "celui qui détruit", est un autre avatar du corbeau comme l'était le roi des dieux nordiques, odin. Pour les celtes, comme pour les indiens d'amérique, ce charognard portait en lui la signification cosmique du grand pourvoyeur, le créateur du monde visible. Les germains et les peuples de sibérie l'adoraient également, car le corbeau avait un pouvoir selon eux, d'oracle guérisseur. En chine, ce prédateur aux ailes noires fut le premier emblème impérial et symbolisait yang, le soleil, et la vitalité de l'empereur. En europe, au moyen âge "l'ombre du soleil" fut le nom donné au corbeau par les alchimistes, comme symbole de la "noirceur". Son unité se trouvait quelque part entre le désespoir et son antidote, le chaos. La force de vie du corbeau est capable de transcender la mort elle-même. C'est cela qui impressionna les premiers hommes, en plus des reflets magiques de ses plumes noires luisant au soleil. Le corbeau est la colère du ciel. Lorsqu'il descend ici bas il dévore tout ce qui s'y trouve, y compris les morts, ne rejetant rien, il est invulnérable, plus fort que le temps qui passe.
Lorsque nous avons atteint les limites de l'être humain, celle du corps terrestre, au bout du bout de notre imagination, nous nous tournons vers ce qui est éternel, vers ces forces qui ont tiré notre chair hors des hasards minéraux de la création. Elles seules sont capables de libérer nos destinées, de soigner nos âmes. Ces forces sont intemporelles, illimitées. Le corbeau est leur expression. Il est l'appétit irrrésistible des dieux pour les forces mortelles du monde terrestre.
Vengeur mélancolique, The Crow, de James O'Barr, est l'incarnation du dévoreur céleste. Celui qui, il y a dix mille ans, émascula son père uranus, le dieu de la montagne, dans les premiers royaumes aryens de l'indo-europe. Il est terriblement vieux et inconsolable. Ses traits féminins de clown blanc évoque la blancheur d'ivoire de la déesse originelle. Celle qui fait, et qui défait - cette mère mortifère envoie ses corbeaux arracher les âmes à nos cadavres.
Ce qu'a ajouté O'Barr au mythe, c'est une bonne dose d'acide, la décadence moderne, l'apocalypse urbaine. La petite mort de notre envellope physique dans les canyons d'asphalte, où le mal dispute à la vie. O'Barr apporte cette vision froide, dure, rapide comme l'éclair, qui fait d'un simple conte fantastique un remède au désanchantement du monde.
Les larmes, le sang, les os brisés et les cerveaux anéantis sont autant de visions qui transcendent le mystère du corbeau. Voici ce que les morts, jaillissant des flammes, émergeant de la page autrefois blanche, ont a nous dire : "nous sommes des corbeaux aux ailes brisées" et, parce que la main n'est pas différente de ce qu'elle crée, la vérité du créateur s'incarne ici. Ce livre est un rituel. Il s'agit d'un sacrifice. Plus le sang qui est versé est noir, plus le rituel est sacré. Saturne démembré, odin transpercé puis pendu, le corbeau fabrique un zombie afin de détruire des douzaines de mauvaise vies. Ce combat entre le bien et la mal est un fantasme essentiel ancré au plus profond de nous. Bien que des viols et des meurtres aient lieu à chaque seconde. Aucun mortel n'a le droit de s'emparer de la vie d'autrui. Le monde entier est infecté et nous regardons ailleurs.
The Crow est un fantasme ultime. Pendant quatre milliards d'années, il s'est repu de chair cru et vivante. L'animal sauvage qui est en nous s'en réjouit. La vie se nourrit de la mort. Nous sommes des êtres primitifs. Ignorants et cupide. Nous avons violé et tué la seule femme que The Crow ait jamais aimée. Et voila que son masque balafré a envahi le monde. Tremblons qu'il ne s'occupe de nous.
Afin de guider l'âme, hors de cette prison, vers l'Unique...
Nikoyogi

Re: The Crow

Message par Nikoyogi » 13 mars 2013, 22:21

Merci, belle symbolique en effet que celle du corbeau !

J'adore Christian Zehnder qui a fait un album hommage a l'animal :

kinaram

Re: The Crow

Message par kinaram » 14 mars 2013, 00:34

Quelle étrange nourriture tu nous sers là Lorkan...

Amer! A mer,
et toi?
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