Une idée sur le tantrisme

Tantrisme ...
Un mot usité de partout, mis à toutes les sauces. Venez nous parler de vos expériences et idées sur cette voie.

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Denis
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Une idée sur le tantrisme

Message par Denis » 31 mars 2007, 10:24

A la question de savoir si le tantrisme est une invention contemporaine je répondrai simplement qu'on le retrouve dans toutes les voies de l'orient. En passant par la voie du Vajrayana des tibétains, en continuant au Japon par la voie du zen et en regardant surtout un être comme Abhinavagupta, un des plus grands maître de l'Inde (esthéticien, philosophe, ..) ayant vécu au Cachemire vers la fin du 10e et au début du 11e siècle de notre ère, qui nous a laissé des textes extraordinaires sur cette vision, traduits par Lilian Silburn (Directrice de recherche au CNRS).
On trouve dans ces traductions un texte du nom de Vijnana Bhairava Tantra (La discrimination de la Réalité ultime), qui est le grand texte du tantrisme et qui fait partie des plus anciens Tantra ou Agama (textes révélés) de l'Inde.
Transmis de maitres à disciples oralement, on ne trouve pas beaucoup de trace de ce texte avant notre ère et il faut attendre le début de notre ère pour en avoir.
Le tantrisme vise essentiellement l'intériorisation et l'arrêt du processus dichotomal de la pensée. Il est axé sur l'expérience de l'intériorité, une intériorité absolue de la conscience, par opposition à la dispersion de l'extériorité qui met en place une relation du sujet, de l'objet et de l'observation.
L'unité rechercher est totale et sans retour, elle se nomme Bhairava.
La notion de bonheur n'existe pas à proprement parler dans cette vision. Le monde est souffrance et la souffrance vient de l'ignorance. Ignorance qui me fait me considérer comme un individu séparé du reste, et qui me fait voir les objets comme étant séparés de moi. Cette discrimination entraine l'idée psychologique et tout le processus psychologique se met en place ici par la codification et la teinte que prends l'observation de l'objet extérieur à moi. Cette codification et ces teintes sont apportées par ma culture, mon histoire, mon personnage dans son histoire, et me poussent à aimer ou rejeter telle ou telle autre événements qui se proposent, de ces états d'âme apparaissent tous nos troubles qui se figent dans notre structure énergétique de notre corps.
Le tantrisme tente alors de faire feu de tout bois pour permettre à la conscience de retrouver son état indivise, et ne se préoccupe pas de la relation psychologique qui reste totalement stérile pour atteindre à un bonheur utopique, psychologique, mais voit l'arrêt des souffrances par la maitrise du mental, des souffles, des énergies et de l'esprit.

Il est fortement à regretter que notre monde perdu dans la recherche effrénée de l'émotion liée à l'image ne voit dans le tantrisme que la part des pratiques sexuelles et occulte totalement tout le reste de cette extraordinaire voie.
Dans le Vijnana Bhairava Tantra on trouve 112 techniques de méditation, seules 3 parlent de la méditation dans un acte sexuelle, et l'une de ces 3 est relative à l'imaginaire…

L'aspect le plus difficile à comprendre c'est que le tantrisme est une expérimentation de l'instant présent, dans l'acte, et ne peut se comprendre par l'intellect. La prise de conscience doit avoir lieu pendant l'action (vimarsha), alors le processus en cours disparait pour laisser place à la conscience absolue, indivise, lumineuse (prakasha). L'énergie de l'acte ne se perd pas, ou ne se brûle plus dans l'acte lui-même (par la sensation de plaisir ou de déplaisir) mais permet à la conscience de monter, s'ouvrir et transcender l'individu qui retrouve alors sa réalité.
Pour arriver à cela, les énergies dans l'action doivent être totalement libérées, comme par exemple un parent qui se jette sous les roues d'un camion pour sauver son enfant.

La psychologie n'a donc pas de place ici, car elle fait appel à une conscience qui n'est pas dans l'action et qui laisse l'individu dans son histoire avec ses mensonges, doutes, peurs, inhibitions, frustration…
La conscience avant l'action est la morale, elle inhibe l'action
La conscience pendant l'action est frustration, elle met en place l'idée de compétition.
Enfin la conscience après l'action est psychologie et débouche sur la tentative d'expliquer l'action….
Mais l'action n'est alors jamais libre, libérée et libératrice.

Enfin, la sensation de bonheur, si on recherche cette chose dans notre vie, peut-être atteinte par la plénitude (à l'inverse de dépression) de notre être et peut-être rapidement vécue et installée profondément par un travaille conscient sur notre respiration…

Je finirai simplement en citant ces strophes du Vijnana Bhairava Tantra :
Vijnana Bhairava Tantra a écrit : 20-21- Si celui qui pénètre dans l’état de l’énergie réalise qu’il ne s’en distingue point, son énergie divinisée (saivî) assume l’essence de Siva et on la nomme alors ‘ouverture’. De même que, grâce à la lumière d’une lampe ou aux rayons du soleil, on prend connaissance des diverses portions de l’espace, de même, O Bien-aimée c’est grâce à son énergie que l’on peut connaître Siva.

22-24 - la déesse dit:
O Dieu des dieux Toi qui portes l’emblème du trident et as pour ornement la guirlande de crânes, (dis-moi) par quels moyens on peut apercevoir l’état qui a forme de plénitude propre àBhairava, qui échappe au temps et à l’espace et défie toute description. En quel sens dit-on que la suprême Déesse est l’ouverture qui lui (donne accès) ? Instruis-moi O Bhairava, afin que ma connaissance devienne parfaite.
Bhairava répond:
Il faut exercer une poussée ascensionnelle sur la suprême (Energie) formée de deux points (visarga, que sont) le souffle expiré, en haut, et le souffle inspiré, en bas. la situation de plénitude (provient) de ce qu’ils sont portés (ou maintenus) sur leur double lieu d’origine

Commentaire.
Tout comme le soleil se lève à l’est et se couche à l’ouest, le souffle expiré (prâna) se lève dans le coeur et se couche dans le dvâdasânta extérieur, le souffle inspiré (apâna ou jîva) poursuit le cours inverse. Lorsqu’il s’agit du fonctionnement ordinaire du souffle, le dvâdasânta se situe extérieurement à douze largeurs de doigts au delà de l’extrémité du nez, point précis ou le souffle expiré disparaît. Mais chez le grand yogin, lors du fonctionnement de son énergie vitale que désigne le terme uccâra, surrection, le souffle au lieu de se frayer un chemin vers le dehors, emprunte la voie médiane (susumnâ) pour s’élever du coeur jusqu ‘au dvâdasânta intérieur lequel se confond à ce moment avec le bramarandhra situé au sommet du cerveau. L’énergie assume alors son aspect infiniment subtil de kundalini figurée ici par le visarga qui s’exprime en devanâgarî par deux points ( : ) et, phonétiquement, par une légère aspiration du souffle. Ce visarga ne se comprend bien que par rapport au bindu à l’origine il n’existe qu’un seul point, le bindu, qui symbolise l’unique .Siva; mais aucun mouvement ne pouvant se produire dans l’unité indivise, le bindu doit se scinder en deux pôles entre lesquels s’effectuera le mouvement spécfique propre au visarga.
Les courants vitaux centripètes et centrifuges (prâna et apâna) fonctionnent constamment et toujours de concert. Un sloka précise que sous forme de HA et de SA ils engendrent en fusionnant en un point (bindu M) la formule HAMSA, l’état du milieu ou vacuité dans laquelle s’unissent puis disparaissent les énergies inspirées et expirées.
Les souffles prennent naissance en deux points.’ le lotus du coeur et le dvâdasânta et c’est là qu’ils se reposent lorsque la respiration est suspendue. Maintenus dans leur espace respectif ils s’intériorisent (‘antharmukha,) et acquièrent une certaine plénitude. On nomme visrânti, repos du souffle, l’intervalle (madhya) durant lequel le souffle ni n ‘entre ni ne sort. Ainsi la plénitude à laquelle notre verset fait allusion est celle du visarga partout présent et toujours chargé d’énergie vitale accumulée du fait que chacun des points qui le constituent se trouve alternativement rempli d’énergie. Mais plus encore, elle est faite de la félicité qui accompagne le fonctionnement automatique et spontané des souffles introvertis et bien équilibrés en samâna.
Cette pratique peut appartenir à l’une ou à l’autre des trois voies selon l’interprétation du terme visarga ; si l’on identifie les deux pôles à la subjectivité (ahantô) et à l’objectivité (idanta), il s’agira de la voie de Siva. Ou ‘on en fasse les énergies de connaissance et d’activité, le yogin suivra la voie de l’énergie. Par contre, à qui s avance doucement sur la voie de l’individu, ces pôles ne représenteront que les souffles inspirés et expirés. Mais quelle que soit l’interprétation donnée, le yogin réside dans la plénitude indifférenciée, à la jonction de ces deux pôles, dans l’état nu de l’énergie, état plénier de Bhairava
.
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Re: Une idée sur le tantrisme

Message par Jugulé » 05 avr. 2007, 00:21

Denis a écrit :L'unité rechercher est totale et sans retour, elle se nomme Bhairava.
La notion de bonheur n'existe pas à proprement parler dans cette vision. Le monde est souffrance et la souffrance vient de l'ignorance. Ignorance qui me fait me considérer comme un individu séparé du reste, et qui me fait voir les objets comme étant séparés de moi.
Ce que tu écris là m'interpelle. Tu dis que le monde est souffrance soit, et que la souffrance vient de l'ignorance soit. Que cette ignorance est le fait de me considérer comme objet séparé, cela devient beaucoup plus difficile à expliquer à quelqu'un, surtout si je m'amuse à lui dire "Si tu te considére comme un individu c'est que tu es ignorant.". Ne faut-il déjà avoir accepter cette idée avant de se lancer dans cette recherche? Quels argument pourrais-je trouver pour expliquer à quelqu'un qu'il n'est pas entité séparé? Devant mon absence d'argumentation, c'est moi moi qui vais passer pour ignorant crédule, ou pour déiste ayant laisser de côté ma capacité de raisonnement. Ce qui me ferait penser, que si je veut devenir un adepte du Tantra, il me faut avoir foi en une chose que je ne saurais expliquer.
Denis a écrit :L'aspect le plus difficile à comprendre c'est que le tantrisme est une expérimentation de l'instant présent, dans l'acte, et ne peut se comprendre par l'intellect. La prise de conscience doit avoir lieu pendant l'action (vimarsha), alors le processus en cours disparait pour laisser place à la conscience absolue, indivise, lumineuse (prakasha).(...)
La conscience pendant l'action est frustration, elle met en place l'idée de compétition.
:shock: ????
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Message par Denis » 05 avr. 2007, 09:23

L'ignorance est de se considérer comme étant séparé du tout, c'est le fait de se s'identifier à l'individu que je suis dans son histoire, sa vie, son corps...
Cela est souffrance car alors les événements qui nous arrivent seraient "injustes" ou au contraire "justes". Alors qu'en vérité nous somme "cela", tout cela...
Prenons l'idée de la dépression.. Une dépression est basée sur le principe que dans un endroit il y a une basse pression et autour de cet endroit une forte pression... Pour que la dépression disparaisse il faut que les pressions s'équilibrent. Pour qu'elles s'équilibrent il faut entrevoir que moi et le reste c'est la même chose. Que je ne suis séparé du reste que par une idée…

Si on regarde le tableau des Tattvas https://www.yoga-darshan.com/tattvas-prakrti-purusa.htm , le monde intérieur et extérieur est une création de Ahamkara.

Le mental devient alors le maitre de nos sens. Sens qui existent pour appréhender un extérieur hypothétique mis en place par moi-même… Sens qui trouve une résonnance avec les éléments grossiers (mahabhutas) grâce aux outils des tanmatras.
L'aspect le plus difficile à comprendre c'est que le tantrisme est une expérimentation de l'instant présent, dans l'acte, et ne peut se comprendre par l'intellect. La prise de conscience doit avoir lieu pendant l'action (vimarsha), alors le processus en cours disparait pour laisser place à la conscience absolue, indivise, lumineuse (prakasha).(...)
La conscience pendant l'action est frustration, elle met en place l'idée de compétition.
C'est le danger de sortir 2 phrases de leur contexte...
Entre ces 2 phrases il y a avait cette phrase :
Denis a écrit : L'énergie de l'acte ne se perd pas, ou ne se brûle plus dans l'acte lui-même (par la sensation de plaisir ou de déplaisir) mais permet à la conscience de monter, s'ouvrir et transcender l'individu qui retrouve alors sa réalité.
Pour arriver à cela, les énergies dans l'action doivent être totalement libérées, comme par exemple un parent qui se jette sous les roues d'un camion pour sauver son enfant.
Là est toute la subtilité...
Il y a la Conscience avec un Grand C, qui elle reste immobile, puis il y a la conscience, qui en fait est assez proche de l'inconscience, c'est celle que monsieur (et madame :D ) utilisent tous les jours, à chaque instant, de la vie. Elle est en réalité entre l'insconscience et la conscience, elle est limitée par nos conceptions, nos doutes, nos peurs, nos envies, nos désirs... L'énergie y est diffuse, morne...
Pour que vimarsha est lieu il faut déjà être dans un certain processus...

J'espérai que quelqu'un pose cette question, merci à toi d'avoir si bien lu mon post... :wink:
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Message par Yog » 05 avr. 2007, 10:45

"Si tu te considére comme un individu c'est que tu es ignorant.".
L'ignorance est de se considérer comme étant séparé du tout, c'est le fait de se s'identifier à l'individu que je suis dans son histoire, sa vie, son corps
Je ne suis pas tout à fait d'accord avec vos définitions de l'ignorance. Si Patanjali et le Sâmkhya définissent bien que l'ignorance est le fait d'ignorer l'observateur et uniquement de s'identifier au corps et au mental, ça ne veut pas dire non plus que nous ne sommes pas le corps et le mental. L'ignorance est de ne pas prendre conscience du centre et de confondre l'observateur et les outils d'observation. Mais en fait, nous formons un tout avec les différents éléments qui nous composent. Le tout étant de ne pas inverser leurs rôles et de remettre les choses à leur place. Mais à mon sens, vouloir absolument se désidentifier de son corps me parait être tout aussi illusoire que s'identifier uniquement à lui.
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Message par Denis » 05 avr. 2007, 22:15

Bien sur Yog, tout est toujours question de degré...
Vouloir absolument se désidentifier de son corps n'est pas forcément une bonne chose, à moins de devenir ascète et de vivre en retrait du monde, et encore...

L'idée fondamentale n'est pas tant se désidentifier de son coprs mais plus ne pas trop s'y attacher, comprendre que c'est un superbe outils, extraordinaire, un temple...
Mais comme tout bon outils il s'use en l'utilisant....
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Message par isa » 06 avr. 2007, 18:53

Denis a écris :
La conscience avant l'action est la morale, elle inhibe l'action
La conscience pendant l'action est frustration, elle met en place l'idée de compétition.
Enfin la conscience après l'action est psychologie et débouche sur la tentative d'expliquer l'action….
Mais l'action n'est alors jamais libre, libérée et libératrice.
moi ça me laisse un peu perpex :?

en tout cas le reste est intéressant comme définition du tantrisme
avant j'étais athée mais depuis qu'on ma dit que j'étais Dieu.... lol ;-)))
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Message par Jugulé » 10 avr. 2007, 10:34

isa a écrit :moi ça me laisse un peu perplexe :?
Qu'est-ce qui te laisse le plus perplexe, l'idée ou les termes?
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Message par Jugulé » 11 avr. 2007, 15:25

Je viens de comprendre avec cette photo, l'association lotus/lumière (comme quoi faut jamais dèsespérer!):
Image
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Message par isa » 14 avr. 2007, 17:30

superbe! la lumière au coeur du lotus...

sinon, je crois que j'ai oublié de répondre a une question... :oops:
Qu'est-ce qui te laisse le plus perplexe, l'idée ou les termes?
peut etre les termes...
je pensais qu'en ayant conscience de ses actions on était dans l'instant présent.. mais visiblement ce n'est pas le cas! tout doit dépendre de la manière d'etre.... :?
sinon, autre chose qui n'a rien a voir :
la psychologie ne peut donc pas etre efficasse pour etre "libéré" selont le tantrisme....
moi je me dis qu'un peu des deux ça peut etre bien,enfin selement pour les gens qui ne supporterais pas les techiques trop radicale du tantrisme... en sachant que si quelqu'un se sent assez "fort",il peut abandonner définitivement la psychologie que effectivement n'amène pas forcément au bonheur.mais je sais Denis...tu n'aimes pas la mayonnaise infaaaaaaaaame :cry:
:wink: :)
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Message par kavi » 16 avr. 2007, 02:20

isa a écrit :superbe! la lumière au coeur du lotus...

sinon, je crois que j'ai oublié de répondre a une question... :oops:
Qu'est-ce qui te laisse le plus perplexe, l'idée ou les termes?
peut etre les termes...
je pensais qu'en ayant conscience de ses actions on était dans l'instant présent.. mais visiblement ce n'est pas le cas! tout doit dépendre de la manière d'etre.... :?
je pense que cela vient d'un problème de précision terminologique. Par consience, Denis entendait probablement "conscience différenciatrice", celle qui pose le monde uniquement en termes de relations sujet/objet.
A propos, voici un court texte qui n'est pas sans rapport avec la question. On y trouve certaines idées pareilles au vijñanabhairava.
Quant à la psychologie, le tantrisme (sous certains aspects, notamment celui du trikâ) étant plutôt inclusif, elle peut participer de l'émancipation de l'individu. Couper l'expérience humaine en mettant d'un côté le somatique, d'un autre le psychologique, d'un autre encore le spirituel... n'est-ce pas justement la différenciation qui égare et empêche de dépasser les catégories ?
Proclamer "shivo'ham" ("je suis Shiva") ce n'est pas uniquement postuler en nous une essence incorporelle qui transcenderait nos limitations physiques, c'est aussi affirmer que le corps est également le déploiement de la "conscience-shiva", que le frémissement (spanda) de la shakti se trouve au coeur de l'activité cellulaire.
Autrement, on en revient toujours au dualisme cartésien étendue/esprit qui n'est pas de mise dans la vision du monde tantrique.

(j'dis ça, mais il est tard, et je ferais de mieux d'aller méditer au lieu d'écrire des c... ;-))
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Re: Une idée sur le tantrisme

Message par lorkan739 » 16 avr. 2012, 11:50

La conscience avant l'action est la morale, elle inhibe l'action
La conscience pendant l'action est frustration, elle met en place l'idée de compétition.
Enfin la conscience après l'action est psychologie et débouche sur la tentative d'expliquer l'action….
Mais l'action n'est alors jamais libre, libérée et libératrice.

Enfin, la sensation de bonheur, si on recherche cette chose dans notre vie, peut-être atteinte par la plénitude (à l'inverse de dépression) de notre être et peut-être rapidement vécue et installée profondément par un travaille conscient sur notre respiration…
Les stances du Bhairava-Tantra expriment un travail fait par Bhairava par l'intermédiaire de son Souffle divinisé...
Dans le Tantra, le Dieu, par l'action, débouche sur l'explication de son action...

Le Dieu, par goût pour le jeu de sa liberté, se détache d'une fraction de lui-même. Il assume une forme qui a virtuellement perdu connaissance de son Essence.
Par sa démonstration d'une profondeur vertigineuse et insondable, la Déesse va finalement parvenir a s'identifier à Lui. En un instant, elle réalise le Dieu. Elle peut alors grâce à la prise de conscience de son essence incomparable et sans-égal s'absorber totalement...

Par cette séparation et grâce à Elle ; elle permet à Bhairava de parfaire son éveil.
Samkhya Karika a écrit :Ainsi, en appliquant la discrimination -concernant les réalités principielles- et du fait de l’absence de l’erreur et du doute, la connaissance véritable apparaît sous les formes suivantes:
1/ je ne suis pas (la Prakrti et ses phénomènes)
2/ ne m’appartiennent pas (la Prakrti et ses phénomènes)
3/ je ne suis pas (l’auteur des phénomènes de la Prakrti).

•:• KÂRIKÂ 65
De ce fait -suite à la connaissance des réalités principielles - Purusa, établi dans sa propre nature, tel un spectateur, regarde la Prakrti qui, dépourvue des sept formes- dispositions-, a cessé de produire (les phénomènes) faute de nécessité.


•:• KÂRIKÂ 66
L’un (Purusa) pense: la Prakrti est vue par moi. L’autre (Prakrti) pense: je suis vue -par Purusa. Elle cesse d’agir. Bien que le lien existe, la nécessité de produire n’existe plus.
Afin de guider l'âme, hors de cette prison, vers l'Unique...
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Re: Une idée sur le tantrisme

Message par Denis » 16 avr. 2012, 19:16

Voila que tu fais un grand écart, Lorkan, entre le Samkhya, avec les strophes qui parlent de Purusa, et le Tantrisme...
Je ne crois pas qu'on puisse créer un tel lien, car le Smakhya est dualiste et le tantrisme est moniste
Purusa n'a pas les mêmes attributs que Shiva...
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