On nous parle ici de 3 "soi"...Atman Upanishad a écrit :I-1. Enseignement d'Angiras :
I-2. Il y a les constituants du corps humain, dont la peau (derme et épiderme), la chair, la chevelure, le pouce et les autres doigts, la colonne vertébrale, les ongles, les chevilles, l'estomac, le nombril, le pénis, les hanches, les cuisses, les joues, les oreilles, les sourcils, le front, les mains, les flancs, la tête et les yeux – tous assujettis à la naissance et à la mort; aussi constituent-ils le soi.
I-3. On trouve ensuite le Soi intérieur, constitué d'éléments physiques (terre, eau, feu, air, éther) et d'éléments subtils (tattvas) (1), dont le désir, l'aversion, le plaisir, la peine, le désir, l'illusion, le doute, etc., ainsi que la mémoire, les intonations vocales hautes et celles sans accent, les voyelles brèves, longues et prolongées, celui qui entend, qui sent les odeurs, les goûts, celui qui mène le corps, acteur et soi-conscient face aux activités telles que tituber, crier, jouir, danser, chanter, jouer d'un instrument musical... Il est l'esprit – qui a déjà longuement vécu – et qui distingue entre le Nyaya, le Mimamsa (2) et les traités de législation, comme entre les objets spécifiques de l'ouïe, de l'odorat et du toucher. C'est le Soi intérieur.
I-4. Vient ensuite le Soi suprême, l'Impérissable, sur lequel il faut méditer en respectant les étapes du Yoga : contrôle du souffle, retrait des organes des sens, fixation du mental, contemplation et concentration. Ceux qui méditent sur le Soi doivent raisonner par inférences, en Le comparant à la graine de l'arbre banyan, ou à la graine de millet, ou encore à la centième partie du diamètre d'un cheveu. C'est ainsi qu'on Le conquiert, mais on ne Le connaît pas (Il demeure inconnaissable). Il est non-né, il ne meurt pas, ne sèche pas, ne se mouille pas, ne brûle pas, ne tremble pas, ne se sépare pas, ne sue pas. Il est au-delà des gunas, Il est spectateur, Il est pur, sans parties, seul, subtil, sans possessions, sans défauts, immuable, dénué de sons, sans toucher, sans goût, inodore, Il est indubitable, Il ne saisit rien, et Il est omniprésent. Il est impensable, Il est invisible. Il purifie l'impur et sanctifie le non-consacré. Il n'agit pas. Il n'est pas assujetti à l'existence empirique dans la matière.
II-1. Ce Soi que l'on nomme l'Atman est pur, un et non-duel, Il a la forme du Brahman. Seul Brahman déploie Sa luminosité.
II-2. A cet instant même où le monde manifeste les couples d'opposés distincts, tels qu'affirmation et négation, etc., seul Brahman déploie Sa luminosité.
II-3. Sous les distinctions telles que maître et disciples, aussi bien, c'est Brahman seul qui Se manifeste. Du point de vue de la vérité stricte, seul existe le pur Brahman.
II-4. Ni la connaissance ni l'ignorance, ni le monde ni rien d'autre n'existent réellement. L'assise de la vie empirique dans la matière, c'est l'apparence illusoire du monde en tant que réel.
II-5(a). Ce qui met fin à la vie empirique dans la matière, c'est la certitude de son irréalité.
Le premier relatif au corps, le deuxième le soi intérieur, puis le soi suprême, mais encore une fois on peut voir ici le mode intentionnel et voir que dans cette upanishad on nous donne un moyen d'accéder à cet Atman inaccessible en commençant par prendre conscience du soi du corps, puis du soi de l'intérieur et enfin du Soi...
Purusha, Brahman, Atman, voila pas mal de mots qui parlent finalement de la même chose en mettant le point focal sur tel ou tel aspects de cette toute puissance :
L’Atman, serait cette part de l'absolu, une part de Brahman ou Dieu qui apporte dans l'homme : "le Soi omniprésent"Jean Papin a écrit : N1 : PURUSA
Pour le Samkhya, le Purusa est l’état de soi, l’Etre exempt de tout conditionnement. On note l’absence de rapport avec Prakrti. Mais lorsque dans les écoles tantriques le Purusa se situe à ce niveau des Tattva purs-impurs, il ne désigne plus le Soi-suprême comme conscience de l’être, principe immuable et parfaitement transcendant. Il devient le Pumstattva et représente toujours l’esprit ou l’homme essentiel, mais désormais sous son aspect de principe spirituel présent en chacun (citi). Dans le Yoga, on parle volontiers de trois ou quatre Purusa. Le premier est analogue à Shiva, au Brahman, à l’Absolu ; le deuxième au Paramâtman, l’inconditionné, le Nâda en vibration ; le troisième à l’Atman, le Soi omniprésent ; le quatrième se rattachera à la conscience incarnée, le Jivâtman ; tous ces Purusa se trouvent en chaque individu et conservent cependant leur qualité d’»isolement ».
Le Vedânta nie la pluralité des « soi »5 en vertus de sa conception de l’irréalité du monde manifesté. Mais pour le Yoga et le Sâmkhya, si cette pluralité5 bis n’existait pas, l’univers fini et la conscience pure ne pourraient coexister puisque la délivrance générale se serait produite avec celle du premier homme qui aurait conquis l’émancipation. Il aurait entraîné tout le cosmos avec lui.
Enfin, en qualifiant le terme et en élargissant sa signification, Patanjali se démarque sensiblement du système Sâmkhya quand il précise qu’Ishvara est un Purusa « spécial ».
Malgré l’imperfection du discours humain, nous devons constater l’habileté avec laquelle sont exprimés ces chevauchements et ces équivalences. Par un jeu de l’expression, qui n’est pas fortuit, on parvient à cerner la réalité en présentant simultanément ces différents facettes, ou tantôt en l’infléchissant dans un sens plus philosophique (on parle alors du Brahman, de l’Atman, De Purusa, de Nada, du Bindu, de Prakrti) et tantôt en l’inclinant vers une direction plus religieuse (ces mêmes notions deviennent Shiva, Shakti, Ishvara, Sadâshiva, etc…) L’Etre reste Un dans le multiple, immobile, il bouge ; mouvant il demeure stable. Il est ; il n’est pas. Il est.
Qu'en pensez vous ?