La nuit de Mai

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MuadDib
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La nuit de Mai

Message par MuadDib » 28 mai 2016, 01:09

Alfred de Musset,

La nuit de mai

LA MUSE

Poète, prends ton luth et me donne un baiser ;
La fleur de l'églantier sent ses bourgeons éclore,
Le printemps naît ce soir ; les vents vont s'embraser ;
Et la bergeronnette, en attendant l'aurore,
Aux premiers buissons verts commence à se poser.
Poète, prends ton luth, et me donne un baiser.

LE POÈTE

Comme il fait noir dans la vallée !
J'ai cru qu'une forme voilée
Flottait là-bas sur la forêt.
Elle sortait de la prairie ;
Son pied rasait l'herbe fleurie ;
C'est une étrange rêverie ;
Elle s'efface et disparaît.

LA MUSE

Poète, prends ton luth ; la nuit, sur la pelouse,
Balance le zéphyr dans son voile odorant.
La rose, vierge encor, se referme jalouse
Sur le frelon nacré qu'elle enivre en mourant.
Écoute ! tout se tait ; songe à ta bien-aimée.
Ce soir, sous les tilleuls, à la sombre ramée
Le rayon du couchant laisse un adieu plus doux.
Ce soir, tout va fleurir : l'immortelle nature
Se remplit de parfums, d'amour et de murmure,
Comme le lit joyeux de deux jeunes époux.

LE POÈTE

Pourquoi mon coeur bat-il si vite ?
Qu'ai-je donc en moi qui s'agite
Dont je me sens épouvanté ?
Ne frappe-t-on pas à ma porte ?
Pourquoi ma lampe à demi morte
M'éblouit-elle de clarté ?
Dieu puissant ! tout mon corps frissonne.
Qui vient ? qui m'appelle ? - Personne.
Je suis seul ; c'est l'heure qui sonne ;
Ô solitude ! ô pauvreté !

LA MUSE

Poète, prends ton luth ; le vin de la jeunesse
Fermente cette nuit dans les veines de Dieu.
Mon sein est inquiet ; la volupté l'oppresse,
Et les vents altérés m'ont mis la lèvre en feu.
Ô paresseux enfant ! regarde, je suis belle.
Notre premier baiser, ne t'en souviens-tu pas,
Quand je te vis si pâle au toucher de mon aile,
Et que, les yeux en pleurs, tu tombas dans mes bras ?
Ah ! je t'ai consolé d'une amère souffrance !
Hélas ! bien jeune encor, tu te mourais d'amour.
Console-moi ce soir, je me meurs d'espérance ;
J'ai besoin de prier pour vivre jusqu'au jour.

LE POÈTE

Est-ce toi dont la voix m'appelle,
Ô ma pauvre Muse ! est-ce toi ?
Ô ma fleur ! ô mon immortelle !
Seul être pudique et fidèle
Où vive encor l'amour de moi !
Oui, te voilà, c'est toi, ma blonde,
C'est toi, ma maîtresse et ma soeur !
Et je sens, dans la nuit profonde,
De ta robe d'or qui m'inonde
Les rayons glisser dans mon coeur.

LA MUSE

Poète, prends ton luth ; c'est moi, ton immortelle,
Qui t'ai vu cette nuit triste et silencieux,
Et qui, comme un oiseau que sa couvée appelle,
Pour pleurer avec toi descends du haut des cieux.
Viens, tu souffres, ami. Quelque ennui solitaire
Te ronge, quelque chose a gémi dans ton coeur ;
Quelque amour t'est venu, comme on en voit sur terre,
Une ombre de plaisir, un semblant de bonheur.
Viens, chantons devant Dieu ; chantons dans tes pensées,
Dans tes plaisirs perdus, dans tes peines passées ;
Partons, dans un baiser, pour un monde inconnu,
Éveillons au hasard les échos de ta vie,
Parlons-nous de bonheur, de gloire et de folie,
Et que ce soit un rêve, et le premier venu.
Inventons quelque part des lieux où l'on oublie ;
Partons, nous sommes seuls, l'univers est à nous.
Voici la verte Écosse et la brune Italie,
Et la Grèce, ma mère, où le miel est si doux,
Argos, et Ptéléon, ville des hécatombes,
Et Messa la divine, agréable aux colombes,
Et le front chevelu du Pélion changeant ;
Et le bleu Titarèse, et le golfe d'argent
Qui montre dans ses eaux, où le cygne se mire,
La blanche Oloossone à la blanche Camyre.
Dis-moi, quel songe d'or nos chants vont-ils bercer ?
D'où vont venir les pleurs que nous allons verser ?
Ce matin, quand le jour a frappé ta paupière,
Quel séraphin pensif, courbé sur ton chevet,
Secouait des lilas dans sa robe légère,
Et te contait tout bas les amours qu'il rêvait ?
Chanterons-nous l'espoir, la tristesse ou la joie ?
Tremperons-nous de sang les bataillons d'acier ?
Suspendrons-nous l'amant sur l'échelle de soie ?
Jetterons-nous au vent l'écume du coursier ?
Dirons-nous quelle main, dans les lampes sans nombre
De la maison céleste, allume nuit et jour
L'huile sainte de vie et d'éternel amour ?
Crierons-nous à Tarquin : " Il est temps, voici l'ombre ! "
Descendrons-nous cueillir la perle au fond des mers ?
Mènerons-nous la chèvre aux ébéniers amers ?
Montrerons-nous le ciel à la Mélancolie ?
Suivrons-nous le chasseur sur les monts escarpés ?
La biche le regarde ; elle pleure et supplie ;
Sa bruyère l'attend ; ses faons sont nouveau-nés ;
Il se baisse, il l'égorge, il jette à la curée
Sur les chiens en sueur son coeur encor vivant.
Peindrons-nous une vierge à la joue empourprée,
S'en allant à la messe, un page la suivant,
Et d'un regard distrait, à côté de sa mère,
Sur sa lèvre entr'ouverte oubliant sa prière ?
Elle écoute en tremblant, dans l'écho du pilier,
Résonner l'éperon d'un hardi cavalier.
Dirons-nous aux héros des vieux temps de la France
De monter tout armés aux créneaux de leurs tours,
Et de ressusciter la naïve romance
Que leur gloire oubliée apprit aux troubadours ?
Vêtirons-nous de blanc une molle élégie ?
L'homme de Waterloo nous dira-t-il sa vie,
Et ce qu'il a fauché du troupeau des humains
Avant que l'envoyé de la nuit éternelle
Vînt sur son tertre vert l'abattre d'un coup d'aile,
Et sur son coeur de fer lui croiser les deux mains ?
Clouerons-nous au poteau d'une satire altière
Le nom sept fois vendu d'un pâle pamphlétaire,
Qui, poussé par la faim, du fond de son oubli,
S'en vient, tout grelottant d'envie et d'impuissance,
Sur le front du génie insulter l'espérance,
Et mordre le laurier que son souffle a sali ?
Prends ton luth ! prends ton luth ! je ne peux plus me taire ;
Mon aile me soulève au souffle du printemps.
Le vent va m'emporter ; je vais quitter la terre.
Une larme de toi ! Dieu m'écoute ; il est temps.

LE POÈTE

S'il ne te faut, ma soeur chérie,
Qu'un baiser d'une lèvre amie
Et qu'une larme de mes yeux,
Je te les donnerai sans peine ;
De nos amours qu'il te souvienne,
Si tu remontes dans les cieux.
Je ne chante ni l'espérance,
Ni la gloire, ni le bonheur,
Hélas ! pas même la souffrance.
La bouche garde le silence
Pour écouter parler le coeur.

LA MUSE

Crois-tu donc que je sois comme le vent d'automne,
Qui se nourrit de pleurs jusque sur un tombeau,
Et pour qui la douleur n'est qu'une goutte d'eau ?
Ô poète ! un baiser, c'est moi qui te le donne.
L'herbe que je voulais arracher de ce lieu,
C'est ton oisiveté ; ta douleur est à Dieu.
Quel que soit le souci que ta jeunesse endure,
Laisse-la s'élargir, cette sainte blessure
Que les noirs séraphins t'ont faite au fond du coeur :
Rien ne nous rend si grands qu'une grande douleur.
Mais, pour en être atteint, ne crois pas, ô poète,
Que ta voix ici-bas doive rester muette.
Les plus désespérés sont les chants les plus beaux,
Et j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots.
Lorsque le pélican, lassé d'un long voyage,
Dans les brouillards du soir retourne à ses roseaux,
Ses petits affamés courent sur le rivage
En le voyant au loin s'abattre sur les eaux.
Déjà, croyant saisir et partager leur proie,
Ils courent à leur père avec des cris de joie
En secouant leurs becs sur leurs goitres hideux.
Lui, gagnant à pas lents une roche élevée,
De son aile pendante abritant sa couvée,
Pêcheur mélancolique, il regarde les cieux.
Le sang coule à longs flots de sa poitrine ouverte ;
En vain il a des mers fouillé la profondeur ;
L'Océan était vide et la plage déserte ;
Pour toute nourriture il apporte son coeur.
Sombre et silencieux, étendu sur la pierre
Partageant à ses fils ses entrailles de père,
Dans son amour sublime il berce sa douleur,
Et, regardant couler sa sanglante mamelle,
Sur son festin de mort il s'affaisse et chancelle,
Ivre de volupté, de tendresse et d'horreur.
Mais parfois, au milieu du divin sacrifice,
Fatigué de mourir dans un trop long supplice,
Il craint que ses enfants ne le laissent vivant ;
Alors il se soulève, ouvre son aile au vent,
Et, se frappant le coeur avec un cri sauvage,
Il pousse dans la nuit un si funèbre adieu,
Que les oiseaux des mers désertent le rivage,
Et que le voyageur attardé sur la plage,
Sentant passer la mort, se recommande à Dieu.
Poète, c'est ainsi que font les grands poètes.
Ils laissent s'égayer ceux qui vivent un temps ;
Mais les festins humains qu'ils servent à leurs fêtes
Ressemblent la plupart à ceux des pélicans.
Quand ils parlent ainsi d'espérances trompées,
De tristesse et d'oubli, d'amour et de malheur,
Ce n'est pas un concert à dilater le coeur.
Leurs déclamations sont comme des épées :
Elles tracent dans l'air un cercle éblouissant,
Mais il y pend toujours quelque goutte de sang.

LE POÈTE

Ô Muse ! spectre insatiable,
Ne m'en demande pas si long.
L'homme n'écrit rien sur le sable
À l'heure où passe l'aquilon.
J'ai vu le temps où ma jeunesse
Sur mes lèvres était sans cesse
Prête à chanter comme un oiseau ;
Mais j'ai souffert un dur martyre,
Et le moins que j'en pourrais dire,
Si je l'essayais sur ma lyre,
La briserait comme un roseau
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Re: La nuit de Mai

Message par Harmony » 28 mai 2016, 07:19

J’adore !
Dans un autre style, moralisateur
“L’homme est un apprenti, la douleur est son maître, Et nul ne se connaît tant qu'il n'a pas souffert.”

Ne pouvant se corriger de sa folie, il tentait de lui donner l’apparence de la raison.”

Pour réussir dans le monde, retenez bien ces trois maximes : voir, c'est savoir ; vouloir, c'est pouvoir ; oser, c'est avoir.”

Ou encore, un texte détourné, ou du moins épuré pour pouvoir se prêter à plus de situations :

" On entend un grand cri derrière l’autel.
Camille
C’est la voix de ma sœur de lait.
Perdican
Comment est-elle ici ? je l’avais laissée dans l’escalier, lorsque tu m’as fait rappeler. Il faut donc qu’elle m’ait suivi sans que je m’en sois aperçu.
Camille
Entrons dans cette galerie ; c’est là qu’on a crié.
Perdican
Je ne sais ce que j’éprouve ; il me semble que mes mains sont couvertes de sang.
Camille
La pauvre enfant nous a sans doute épiés ; elle s’est encore évanouie ; viens, portons-lui secours ; hélas ! tout cela est cruel.
Perdican
Non, en vérité, je n’entrerai pas ; je sens un froid mortel qui me paralyse. Vas-y, Camille, et tâche de la ramener. (Camille sort.) Je vous en supplie, mon Dieu ! ne faites pas de moi un meurtrier ! Vous voyez ce qui se passe ; nous sommes deux enfants insensés, et nous avons joué avec la vie et la mort mais notre cœur est pur ; ne tuez pas Rosette, Dieu juste ! ne faites pas cela, ô Dieu ! vous pouvez bénir encore quatre de vos enfants. Eh bien ! Camille, qu’y a-t-il ?
Camille rentre.
Camille
Elle est morte. Adieu, Perdican ! "
Sans fausses notes.
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Re: La nuit de Mai

Message par MuadDib » 29 mai 2016, 02:28

Un peu dans le même style que toi, bien abrègé, pas loin dans la playlist :-(

Deux coeurs, c'est bonheur pour bonheur
Le mien est perdu, le votre est rendu
..et, revenu, on vous dira 'elle est morte'

D'où la question à quelques siècles de karma : tu joues à quoi, précisément, harmonie, parce que c'est visiblement pas du yoga ...
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Re: La nuit de Mai

Message par Harmony » 29 mai 2016, 10:06

Musset faisait du yoga ? J’ignorais. :D
J’ai vu ce sous-titre : Forum d'échange sur la recherche spirituelle.
Au début je voulais bêtement être comprise, maintenant je me contente d’ouvrir les fenêtres. Comprenne qui voudra.
En ce qui concerne mon choix de texte il manque 2 fois 3 mots que j’aurais dû mettre « je réparerai ma faute » « elle sera heureuse ».
Et là le sens est différent, il vaut mieux réparer ses fautes avant que la sœur ne meure. Et il n’y a pas que l’amour qui fait battre le cœur.
Sans fausses notes.
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Re: La nuit de Mai

Message par MuadDib » 30 mai 2016, 08:02

Alfred ?

Semble t'il, version Shakta :cryhappy:

Et, pour la poésie, il paraît qu'on ne l'écrit pas tant que la révèle ... D'où un certain aventurisme à en altérer quelques moautxs ...
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Re: La nuit de Mai

Message par Harmony » 31 mai 2016, 04:16

:o
Je me souviens d'un devoir de mes fils où on demandait des exemples de formules de rhétorique dans un court texte. J'en avais trouvé une petite vingtaine. La prof avait ajouté un commentaire que je te résume en début de texte. Non, pas vu comprend pas. Pourtant moi je dis qu'elles y étaient, les mots , les phrases ont un sens premier , si on en dérive c'est de la rhétorique. j'ai lu ce texte comme on sent une œuvre d'art, une peinture, une sculpture, une musique... C'est ce que font les metteurs en scène et c'est pour ça qu'on apprécie leur travail.
Sans fausses notes.
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Re: La nuit de Mai

Message par Alexandra » 31 mai 2016, 06:59

Y'a aussi les MP pour communiquer à deux
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Re: La nuit de Mai

Message par Harmony » 31 mai 2016, 07:54

Ca devient franchement pénible tous ces sous-entendus. Oui effectivement il y a des MP et des adresses mails maintenant si ce que j'écris vous gave même si ça a un caractère universel dites-vous bien que vous avez l'esprit étroit, que vos fenêtres ont été murées comme du temps où c'était des ouvertures que dépendaient les impôts locaux.
Lisez vos textes sur le yoga dignes de la bibliothèque verte.
Au théâtre, le metteur en scène est l'organisateur et le responsable de la mise en scène d'une œuvre dramatique ou lyrique, c'est-à-dire de tous les éléments qui composent le spectacle : jeu des acteurs, rythmes, espaces, décors, lumières.
On attribue ainsi à la mise en scène une dimension créatrice, qui vient doubler le champ de la technique et du savoir-faire dans lequel elle avait été jusqu'alors limitée. Désormais, la mise en scène couvre tous les domaines du théâtre, depuis le décor et les acteurs jusqu'à l'interprétation du texte. C'est l'ouverture de ce qu'on va appeler « l'ère du metteur en scène », qui, à bien des égards, définit le XXe siècle théâtral, en France comme en Europe. Il va
 Interpréter le texte
 Distribuer les rôles
 Collaborer avec les concepteurs et équipes de production
 Guider les comédiens dans leur travail tout au long des répétitions.
Le travail du metteur en scène s'appuie sur une connaissance profonde du texte de la pièce. C'est en lisant et en relisant le texte attentivement que le metteur en scène en vient à une compréhension claire des intentions de l'auteur et à une vision personnelle de la pièce qui nourrira son interprétation. Et c'est là que je voulais en venir!
tiré librement de wiki et de quelques textes de Télérama.
cqfd!

Proverbe chinois: celui qui ne sait pas qu'il ne sait pas, fuis-le.

Et donc pour en revenir au texte que j'ai choisi un metteur en scène pourrait insister non comme lui dicterait la facilité sur le dépit amoureux de la sœur mais sur le côté abandon social et c'est celui-là qui me plaît le mieux, plus moderne. Voilou.

Ca me fait penser un peu à une pub pour Sch..e votre petit jeu? What did you expect en quelque sorte :o
Sans fausses notes.
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Re: La nuit de Mai

Message par Alexandra » 01 juin 2016, 08:06

Si le yoga et les textes de yoga t'ennuient pourquoi venir communiquer sur un forum de yoga ? Autant aller sur un forum de théâtre ...
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