Tout au long de la pratique et normalement assez rapidement, des lumières vont apparaître, surtout dans quand le pranayama est présent.
Puis un jour on rencontre la lumière de l'esprit et on sait que c'est elle, elle n'est en rien une "vue de l'esprit", mais bien sa rencontre, l'expérience est bouleversante et transforme notre personnage à jamais.
Quelques Upanishad et autres textes en parlent divinement bien !
Je vous propose aussi cette rencontre :M. Buttex a écrit :Mandala Brahmana Upanishad
La concentration sur les trois types de visualisation (3), tel est le moyen de parvenir à Brahman. La Sushumna nadi, qui va du Muladhara chakra au Brahmarandhra (4) possède l'éclat du soleil. En son centre, se trouve Kundalini, qui, bien qu'elle soit aussi ténue que la fibre de la tige de lotus, brille à l'égal de dix millions d'éclairs. C'est en elle qu'est détruite l'ignorance (Tamas). Par sa contemplation, toutes les imperfections se dissolvent. Lorsqu'on se bouche les oreilles avec les index, on entend un grondement (Phutkara). Si on se concentre sur ce son, une lumière bleue apparaît entre les yeux, ainsi que dans le cœur. C'est en cela que consiste Antar-Lakshya, la visualisation intérieure.
Dans le Bahir-Lakshya, la visualisation extérieure, on voit successivement devant la pointe de son nez et à une distance de quatre, six, huit, dix et douze doigts, un espace de couleur bleue, puis une couleur proche du bleu profond de l'indigo, puis des vagues d'un rouge éclatant, puis deux nuances de jaune : le clair et l'orangé. C'est alors qu'on est réellement un yogi. Lorsqu'on regarde l'espace extérieur en roulant ses yeux et qu'on voit des zébrures lumineuses sortir des coins des yeux, on peut alors stabiliser sa vision. Lorsqu'on perçoit la lumière spirituelle (5) resplendir au-dessus de sa tête sur un rayon de douze doigts [soit 22,86 cm]*, on parvient à l'étape du nectar de félicité (Amrita).
Dans la vision médiane (Madhya-Lakshya), on perçoit les couleurs bariolées du matin, comme si le soleil, la lune et le feu s'étaient tous rassemblés au sein de l'éther (Akasha) qui vibre indépendamment d'eux. Le yogi commence alors à participer de leur nature lumineuse. Avec de la pratique, il ne fait plus qu'un avec l'espace éthéré, dépouillé des attributs de la matière (Gunas) et de toute particularité. Tout d'abord, l'espace éthéré avec ses étoiles scintillantes lui semble l'Éther suprême (Param-Akasha), aussi obscur que les ténèbres (6), et il ne fait plus qu'un avec cet Éther suprême scintillant d'étoiles sur d'épaisses ténèbres. Puis il se fond au sein de cet Éther suprême qui resplendit comme s'il était embrasé par un déluge de feu. Ensuite, il se fond au sein de l'énergie magnétique de l'éther (Tattva-Akasha), qu'illumine la lumière éclatante, la plus haute et bénéfique qui soit. Alors il ne fait plus qu'un avec l'éther solaire (Surya-Akasha), qui resplendit de dizaines de millions de soleils. À la faveur d'une telle pratique, le yogi s'unit à tous ces soleils. Car celui qui possède la connaissance de ces soleils devient semblable à eux.
3 Trilakshya : « les trois buts » de l'ascèse yoguique (sadhana) : 1) bahya lakshya, le but extérieur ou l'objectif de mieux-être physique, qui est la première motivation du débutant; 2) madhyama lakshya, le but mental, qui devient l'objectif durant l'étape intermédiaire; 3) antarika lakshya, le but intérieur ou spirituel, objectif de l'étape avancée.
Ici, les trois buts sont présentés comme trois niveaux de pratique dans la méditation, et plus exactement trois types de visualisation : extérieure, intérieure et médiane.
4 Brahmarandhra : « ouverture de Brahman » - orifice (randhra) au sommet de la tête, par lequel l’âme (Soi, Atman) est censée quitter le corps au moment de la mort, du moins pour un être ayant atteint la Libération. C'est, au niveau du corps astral, le centre du Sahasrara chakra, le lotus aux mille pétales, qui fonctionne comme un portail entre le monde supérieur de l'Absolu Brahman et le monde astral et manasique du disciple.
5 Jyotish ou Jyotir : 1) lumière astrale : étoile, corps céleste, clair de lune; 2) astrologie; 3) lumière éblouissante, rayonnement divin, équivalent au Saint-Esprit chrétien; 4) “la lumière dans la tête”, rayonnant du sahasrara chakra; la lumière spirituelle, qui est Harmonie et Sagesse et s'accompagne de félicité.
* Doigt : unité de mesure ancienne, représentant les trois-quarts d'une inch (2,54 cm), soit 1,9 centimètres.
6 Tamas : l’une des 3 Gunas (qualités ou éléments constitutifs) de la prakriti primordiale; la roideur obscure, comportant les notions de ténèbres, d’ignorance, de torpeur et d’inertie. Cf. rajas et sattva. Dans le jiva, tamas induit inertie, obscurité mentale, lenteur et lourdeur.
Petite Philocalie de la prière du cœur a écrit :« Comme il était donc en oraison, une nuit, l’esprit purifié uni au premier Esprit, il vit une lumière d’en haut jetant tout à coup du haut des cieux ses clartés sur lui, lumière authentique et immense, éclairant tout et rendant tout pur comme le jour. Illuminé lui par elle , il lui sembla que la maison toute entière, avec la cellule où il se tenait, s’était évanouie et avait passé en un clin d’œil au néant, que lui-même se trouvait ravi en l’air et avait oublié entièrement son corps.
Dans cet état, comme il disait et écrivait à ses confidents, il fut alors rempli d’une grande joie et inondée de chaudes larmes, et ce qu’il y a d’étrange dans ce merveilleux évènement, c’est que non initié encore à de pareilles révélations, dans son étonnement il criait à haute voix sans se lasser : « Seigneur, ayez pitié de moi », comme il s’en rendit compte une fois revenu à lui ; car, au moment même il ignorait tout à fait que sa voix parlait ou que sa parole était entendue au-dehors…
Très tard enfin, cette lumière s’étant peu à peu retirée, il se revit dans son corps et à l’intérieur de sa cellule, et il trouva son cœur rempli d’une joie ineffable et sa bouche criant à haute voix, comme il a été dit « Seigneur, ayez pitié de moi »
Petite Philocalie de la prière du cœur
Traduite par Jean Gouillard
Editions du seuil