L'émotion

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Psyphilo

L'émotion

Message par Psyphilo » 19 juil. 2005, 14:47

Le dictionnaire de l'Académie française, dans sa plus récente édition, définit l'émotion comme «une réaction affective, brusque et momentanée, agréable ou pénible, souvent accompagnée de manifestations physiques» .

"Sous le coup d'une émotion intense". L'émotion le paralysait, elle n'avait pu cacher son émotion, sont quelques-uns des exemples destinés à l'illustrer mais concèdons que, par extension, elle peut exprimer aussi un "mouvement de la sensibilité provoqué par une impression esthétique, religieuse", telle une "émotion littéraire, musicale, liée à une posture, émotion créatrice, etc.

Mais sait-on pour autant comment se forment nos émotions, celles qui nous définissent à nos propres yeux comme à ceux des autres, comment notre cerveau fait que nous soyons joyeux, tristes, effrayés, dégoûtés ou béats ?
Non pas que l'on ait négligé l'importance de cette interrogation ; depuis l'Antiquité, les hommes ont distingué la raison de la passion, la pensée du sentiment, la cognition de l'émotion. Ils savent bien sûr ressentir, sans le recours aux analyses scientifiques, ce qu'est l'amour, la haine, la peur, la colère et la joie, mais qui fait que nous les regroupons dans ce climat si particulier des émotions ? Pourquoi sont-elles si différentes, par leurs conséquences, des autres situations mentales ?

Comment les émotions influencent-elles nos souvenirs, nos rêves, nos pensées ?

En comprenons-nous toujours l'essence ?
Les contrôlons-nous ou sommes-nous sous leur contrôle ? ...

Sont-elles génétiquement déterminées, ou dépendantes de l'environnement, et sommes-nous différents en la circonstance des animaux ? Les émotions sont-elles labiles, susceptibles d'être à l'origine de souvenirs permanents, ou encore de souvenirs émotionnels inconscients ?

Je sais bien, "dans le vide", rien de tout cela... :D
Andre
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Message par Andre » 15 déc. 2005, 17:32

Dommage que tes interrogations soient restées sans réponse jusqu’à maintenant. J’espère que mon intervention n'est pas trop pédante. Il faudrait distinguer le comment du pourquoi qui est probablement le plus important et que je laisse aux philosophes. Pour le comment, on n’est pas très avancé.
Les émotions sont sensées avoir un siège dans notre cerveau. On trouve couramment indiqué dans les manuels de psychologie que le système limbique est le siège de nos émotions. Ce système limbique est notre deuxième cerveau qui en comprend trois : au cours de l’évolution des êtres vivants, sont apparus successivement le cerveau primitif dit aussi « reptilien » qui règle tous nos automatismes (respiration, circulation, digestion…), le « cerveau » limbique, et enfin le cortex chez les vertébrés supérieurs qui est extrêmement développé chez les humains ce qui permet les activités cognitives, le langage, les pensées abstraites. Ces trois parties de notre cerveau communiquent.
Le système limbique, siège des émotions, cela veut dire à peu près qu’une information transmise par nos sens (vue, ouie…) à notre cerveau et nécessitant une réponse de notre part, réponse qui sera décidée par d’autres régions de notre cerveau, passe aussi par le système limbique qui va associer une « émotion » à cette réponse. Le système limbique donne lui-même des ordres au cerveau reptilien pour les manifestations physiologiques qui accompagnent l'émotion.
La réponse du système limbique varie suivant son excitabilité. Si quelqu’un nous chatouille, l’information envoyée par les récepteurs du toucher dans la peau peut être interprétée très différemment par le système limbique, ce qui aboutit à des comportements très différents: cela peut aller du simple sourire jusqu’à des convulsions. Cette excitabilité varie avec des tas de facteurs et peut diminuer grâce à la relaxation et au yoga.

Un point important qui rapproche les émotions les unes des autres, ce sont les manifestations corporelles qui les accompagnent, qui sont « consubstantiellement » liées à elles, qu’elles soient agréables, « positives » ou désagréables, « négatives ». Accélération des rythmes cardiaque et respiratoire, sudation, modification de la digestion, du transit intestinal, du diamètre pupillaire, malaise vagal et j’en passe, toutes les manifestation de l’« énergie ». Ces manifestations sont dues à la mise en route du système neurovégétatif.
La relaxation et le yoga permettent de dissocier ces manifestations physiologiques du contenu idéatif des émotions (ce qui montre que j’exagère un peu en parlant de consubstantiel) et de les diminuer à tel point que les yogistes peuvent apparaître parfois comme un peu indifférents aux souffrances qui se manifestent dans notre monde. Un certain nombre de médicaments psychotropes ont le même effet. D’autres psychotropes comme les drogues (haschich, LSD… ) exacerbent au contraire les émotions. On a commencé à identifier les substances qui dans le cerveau servent d’intermédiaires. On étudie tout particulièrement la sérotonine et la dopamine.
canou
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l'émotion

Message par canou » 16 déc. 2005, 13:14

bonjour à tous!
je tenais à apporter quelques informations complémentaires concernant la sérotonine et la dopamine.
Ce sont 2 "neurotransmetteurs" (substances qui permettent de délivrer un message entre les neurones ).
La sérotonine est le neurotransmetteur du "bien-être", c'est elle qui apporte joie et paix en nous ainsi que l'assurance d'un sommeil sain et réparateur pour notre organisme.Une carence en sérotonine est à l'origine de dépressions,états mélancoliques alors qu'un excès provoque des troubles du comportement (bien être exacerbé,nervosité Ect...).
La dopamine est le neurotransmetteur de "la récompense",du plaisir et de sa recherche de la coordination des mouvements. En excès , elle provoque des troubles de type schizophrénie,en carence elle est souvent associée à la maladie de Parkinson (tremblements Ect..).
Ces deux neurotransmetteurs sont impliqués dans les phénomènes émotionnels selon qu'ils soient en excès ou bien en carence .Ils sont génétiquement déterminés (familles de dépressifs par exemple) mais on peut influer sur leur concentration par l'alimentation (exemple en privilégiant les aliments sucrés (fructose type fruit,céréales complètes) et riches en tryptophane pour augmenter le taux de sérotonine. Une nourriture riche en graisses saturées (type fast-food) et en sucre raffinée est très préjudiciable pour notre équilibre hormonal et donc émotionnel (car le système hormonal joue un rôle majeur au niveau émotionnel).
La pratique du yoga qu'en à elle à un aspect très intéressant car elle ne va pas apporter ou bien restreindre nos taux de neurotransmetteurs ou bien d'hormones,mais elle va permettre leur régulation:
Par son action sur les mouvements du corps produits lors de la pratique des asanas, elle va permettre de réguler le taux de dopamine (risque diminué de maladie de Parkinson) et amplifier par les pratiques de pranayama et de relaxation la régulation du taux de sérotonine.
Le yoga est un outils merveilleux pour mieux gérer nos émotions au quotidien mais également pour mieux nous connaître car une fois débarrassés de nos émotions parasites, nous pouvons entrer en contact avec notre être véritable...et cela en vaut vraiment la peine!
à très bientôt sur le forum!
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Message par Denis » 17 déc. 2005, 00:42

Merci à vous trois sur ce très long court de chimie, je trouve juste un peu triste que vous ne faite pas de lien avec la science indienne des chakras.

Il me semble qu'il serait dommage de croire que nos sentiments, sensations, perceptions viennent uniquement du cerveau. Il est vrai que notre "bô" monde technologique voit dans le cerveau la clé de tout, mais à mon avis cela est bien un leurre, d'autres choses plus subtils sont à l'oeuvre et jusqu'a présent l'esprit n'a pas était démontré ni par la chimie, ni par la science occidentale et il serait loin d'être dans le cerveau....

Voila que nous avons identifié l'objet qui est l'analyseur parfait, Le cerveau dans le rôle de l'ordinateur central, juste une question, qui est derièrre l'écran, et pourquoi tout cela.... :wink:

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Message par Andre » 17 déc. 2005, 09:35

Voici une réponse partielle à Denis. Je ne crois pas que le rôle prépondérant accordé au cerveau soit un véritable obstacle pour l’étude des émotions ou de tout autre manifestation du psychisme humain. L’étude des émotions est difficile parce qu’il est difficile de provoquer à volonté une émotion au laboratoire. L’exemple de la colère est tout à fait significatif. Le seul moyen pour provoquer une vraie colère est de déséquilibrer brusquement du sujet. Et cette colère ne dure pas. La colère qui dure, qui mine une personne pendant des jours et des jours est assez inaccessible à l’expérimentation. Autre contrainte, celles résultant de l’appareillage. Les données les plus précises nous sont fournies actuellement par l’imagerie médicale par résonance magnétique fonctionnelle. On ne peut examiner qu’un sujet allongé, immobile, la tête tout particulièrement. Cela restreint considérablement les subtilités possibles. Et il est difficile de déséquilibrer un sujet allongé. Les conditions d’étude en laboratoire sont très éloignées des situations de la réalité quotidienne. C’est là le point faible des études scientifiques.
Il est vrai aussi que derrière le rôle prépondérant du cerveau se profile souvent l’image d’une organisation sociale très hiérarchisée avec les technocrates au sommet.
Je précise de nouveau, comme au début de ma précédente intervention, que je ne m’aventure pas dans le « pourquoi », domaine des philosophes. Pour ce qui est plus précisément du rapport entre la chimie et l’esprit : même si comme le suppose Denis, l’esprit ne sera jamais réductible à la chimie, il n’est pas interdit et il n’est pas non plus sans intérêt de poursuivre l’étude de la chimie du cerveau et du système nerveux tout entier. Pour ce qui est des neurotransmetteurs, ils interviennent donc dans les synapses, les jonctions entre nerfs. Mais il y a des synapses dans tout le corps, pas seulement dans le cerveau. De plus, certains neurotransmetteurs ont d’abord été découverts comme hormones, en particulier dans le système digestif, loin du cerveau.
Yog

Message par Yog » 19 déc. 2005, 13:16

J'avais vu, il n'y a pas si longtemps que ça, une émission à la télé qui parlait de l'éducation, de la pédagogie, au niveau scolaire. Ils étudiaient les conditionnements, les comportements, les réactions et testaient la possibilité d'avoir une incidence sur notre propre comportement. Sujet intéressant. Ce qui m'a frappé, c'était la remarque d'une personne, qui disait, qu'en fait, on était en train de découvrir scientifiquement ce qu'on sait depuis 5 000 ans.
Il y avait un rapport évident avec les constations du yoga, même si celui-ci n'était jamais énoncé. Par contre, ce que je trouvais dommage au niveau de l'approche de certains scientifiques, c'est que s'ils n'ont rien à observer et à mesurer, ils estiment qu'il n'y a pas de consistance, que ce n'est pas palpable et donc c'est du domaine du subjectif et de l'imaginaire. En occident, la pensée scientifique a tendance à n'accorder que peu de crédits au subjectif et à l'imaginaire, puisque la science est en quête de la Vérité. (ce qui est objectif)
Je trouve la science très utile, à plus d'un titre, mais je trouve dommage qu'elle veut tout réduire à des données observables et surtout reproduisibles à souhait. Quand on sait que la physique quantique énonce que l'expérimentation est influencée par l'observateur, on se doute bien que l'objectivité tant recherchée tombe en miettes.

Personnellement, je suis plus philosophe que scientifique et je trouve passionnant d'étudier le comportement des gens et les mécanismes mentaux. Démontrer que tel synapse réagit à tel stimuli ne m'intéresse que moyennement, puisque ça ne reste qu'une image, une projection, une manifestation de quelque chose de bien plus profond. Montrer que l'amour provoque dans la personne telle réaction dans le cerveau, c'est bien joli, mais ça ne permet pas de vivre l'amour, ça ne permet pas d'avoir une idée précise de ce qu'est l'amour.
L'avantage de la science, c'est de pouvoir démystifier les choses, ce qui peut être positif, à condition de ne pas tuer la créativité et l'imaginaire et le sens du merveilleux.
Un jour, Einstein reçut une photo d'une éclypse solaire qui prouvait que sa théorie était juste. Il regarda la photo et dit " C'est merveilleux". Sa femme lui dit "Oui, maintenant ta théorie est juste".
Il lui répondit : "Non, non, pas ma théorie. Cette photo est merveilleuse"
Ca nous montre bien, que même l'étude des sciences ne devrait pas nous faire oublier le merveilleux de la Vie, de l'Univers.
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Message par Denis » 19 déc. 2005, 21:09

Yog a écrit :Démontrer que tel synapse réagit à tel stimuli ne m'intéresse que moyennement, puisque ça ne reste qu'une image, une projection, une manifestation de quelque chose de bien plus profond
Oui, bien d'accord avec toi. La science ne peut trouver le conscience, ni la comprendre, alors elle observe des phénomènes et dans son évolution écrase bien souvent ce qu'elle affirmait hier.

Elle est insdipensable à l'évolution de l'humanité, elle apporte de belles possibilités et en cela on ne peut s'en passer, mais pour celui qui cherche la vérité, il ne la trouvera pas dans la science mais au fond de lui.

La Maharthamanjari donne une belle idée de tout cela :
Si un miroir reflète un visage et qu'on le fasse se refléter lui même dans un autre miroir, à son tour le deuxième miroir où il se reflète, c'est celui-là qu'il faut connaître.
L'univers se mire lui même, pour tenter de découvrir la réalité il faut considérer le visage et le premier miroir comme des illusions, alors le voyant comprendra que tout cela ne sont que de simples reflets dans la conscience et vivra pleinement la conscience unifiée.

Denis
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