En me prenant pour quelqu'un...

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Aurore
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En me prenant pour quelqu'un...

Message par Aurore » 19 févr. 2005, 18:42

En me prenant pour quelqu'un,
j'invente l'ombre,
je me définis, je me juge, je me déteste
ou je m'admire, je m'auto-glorifie...

En me prenant pour quelqu'un,
je t'invente... toi... l'autre que je ne suis pas.
J'invente le plaisir de me posséder à travers toi,
de m'agrandir, de m'épanouir en un plus grand que moi..

En me prenant pour quelqu'un,
je suis toujours à la recherche de l'amour
sans jamais pouvoir le trouver...
A la recherche de la liberté
sans réussir à me libérer de mes chaînes...
A la recherche d'une plénitude de vie
terrorisé par la peur de mourir, par la peur de n'être rien...

En me prenant pour quelqu'un,
j'invente le temps,
j'invente le lendemain de jours meilleurs,
j'invente l'espoir,
j'invente des techniques de développement personnel
pour me retrouver, m'aimer et aimer l'autre un peu mieux...

En me prenant pour quelqu'un,
je suis dans le clair-obscur, le bien-le mal, l'avant-l'après de moi-même.
J'agrandis sans cesse les chambres de mon Connu,
j'en décore les murs...
J'ajoute... je retire... j'embellis...
Je me sens ainsi en sécurité avec moi-même,
je me reconnais dans ce que je possède
alors qu'en vérité, je suis possédé par ce que je possède...

Me croire quelqu'un,
c'est m'éloigner en pensée de ce que Je suis,
c'est me croire différent de la Vie, de l'Amour, de la Joie
que je n'ai jamais cessé d'être...

Etrange errance de l'enfant prodigue que nous sommes tous..
La Maison du Père...nous ne l'avons jamais quittée ...
Car, en vérité, Mon Père et moi sommes UN !
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Denis
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Message par Denis » 01 mars 2005, 23:04

Une fois de plus nous a donné un merveilleux texte. Je suis heureux d'échanger avec toi.

En me prenant pour quelqu'un je devient le jouet du jeu.
Comme une bille dans un jeu de roulette je rebondi et m'éloigne du centre à chaque fois.
Certains rebonds sont merveilleux et d'autres me propulsent plus fort de l'autre coté pour me cogner plus fort. Par moment, très fugaces j'entrevois le centre, mais mon instabilité ne me permet pas de m'y arrêter, juste un rappel de la vie à elle-même…
Le temps passant, l'impermanence des choses casse irrémédiablement le jeu. Les gens que j'aimai disparaissent les uns après les autres, mon tour approche, mes constructions, mes certitudes, mes petits pouvoirs, ma beauté, mes relations, tout cela fond comme neige au soleil. Dure réalité !!!

Comment puis je maintenant jouer avec le jeu (je), sortir de l'emprise de l'illusion de ce monde sans grand sens. Peut-être en ouvrant les yeux et son cœur sur le silence qui est au fond de notre cœur. S'arrêter un instant dans son immobilité inhumaine, surhumaine, divine …, puis tenter de s'arrêter un peu plus longtemps.

Dans le silence
Dieu nous donne ce dont il veut qu'on se serve, pour aller vers lui.
Cours de Yoga en live et étude de textes en live avec zoom
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Message par Aurore » 02 mars 2005, 15:34

Merci Denis de permettre ce partage. Il y a une telle joie à partager, à se laisser inspirer par le silence. Pourquoi ne sommes-nous pas plus nombreux à le faire ? L'enseignement de la vie ne demande qu'à se frayer un chemin dans le maintenant de notre coeur déserté par la peur du lendemain..

Arrêter le temps, c'est signer "mon" arrêt de mort. Mon histoire personnelle a besoin du temps pour paraître réelle. Elle a besoin d'un passé et d'un futur pour garder du sens pour les jours à venir...

J'ai peur de ne pas exister. Alors, je m'identifie à des rôles : je me crois untel ou unetelle, homme ou femme... et je m'embarque dans des scénarios où je suis la vedette d'un film que je désire en "rose" mais qui finit souvent plus ou moins tôt par virer au noir. Ce sont les épreuves qui peuvent m'aider à sortir du rêve de "ma" vie, à m'éjecter hors du temps et à replacer la vie dans l'instant présent où plus rien de moi n'est saisissable, envisageable dans le temps...

C'est le poids de mon existence qui, à un moment donné, me pousse à m'interoger sur le sens de la vie et à entamer le chemin du retour vers la demeure du silence où habite le mystérieux Amour..
Retour à la maison... une maison que j'ai cru quitter à cause de cette pensée obsédante qui a créé un "moi-penseur" dépendant du temps pour se donner l'illusion d'exister.
En vérité, je n'existe pas dans le temps, mais je suis dans l'instant présent !

Revenir à la maison, c'est abandonner mes voyages dans le temps et retrouver l'immobilité de mon être véritable tissé d'espace et de silence et dont la respiration est Amour sans cause.
Oser perdre le temps, c'est retrouver l'Inconnaissable, l'Immensité sans nom que je suis, au-delà de la naissance et de la mort...
Homme, si tu es vide, l'eau jaillit de toi,
comme de la source d'éternité.
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