"Bouddha de lune, Bouddha de soleil"

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amandine
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"Bouddha de lune, Bouddha de soleil"

Message par amandine » 24 oct. 2012, 21:24

si ça vous dit .. un article d'Ariane Buisset .
Ariane Buisset donne des cours de Yoga, Tai-CHi, propose des ateliers de chant diphonique et chant harmonique, de la méditation Zen, des ateliers d'écriture dans le Perche . Elle écrit aussi pour des revues de Yoga et a publié plusieurs livres .
superbe édito
grande parole .. :coeur:

"Bouddha de lune, Bouddha de soleil"
"Contre le matérialisme spirituel"
Ariane Buisset
Édito paru dans Infos Yoga

Un maître zen dont j’ai oublié le nom résumait l’enseignement du Bouddha en disant « Bouddha de lune, Bouddha de soleil ».
Je suis en bonne santé, mes affaires prospèrent, ma maison est florissante : Bouddha de soleil.
Je suis malade, ruiné et ma toiture fuit : Bouddha de lune.

La plus grande leçon que puisse nous donner une pratique est que la dimension réelle de chaque situation est toujours inchangée, inaltérée, parfaitement claire et lumineuse, un espace sans bornes d’intelligence et de compassion, qu’on appelle cette dimension le Bouddha, le Brahman sans qualité, le soi, Dieu ou la nature christique.

Ainsi donc me voici à l’hôpital, pour ce qui ne semblait être qu’une pleurésie et qui finalement se révèle être un cancer en haut du poumon droit.

Bon ! Evidemment, en attendant le résultat des examens confirmant ce diagnostic, j’aurais pu être folle d’anxiété, j’aurais pu prier le ciel (?) de finir par le modifier. Puis devant le diagnostic confirmé, me trouver démunie, inquiète, en colère, stupéfaite. Mais…

Merci la méditation ! Merci le Yoga ! Merci tous les maîtres qui ont eu à cœur de m’éclairer, que je les aie rencontrés en chair et en os ou que j’aie simplement lu leurs écrits ! Merci la pratique patiente et assidue de la méditation zen, de l’attention au souffle, de la présence. Merci tout ce magnifique enseignement.

À trente-cinq ans « je » me suis éveillée, et mon maître zen de l’époque a authentifié cette « expérience » selon les méthodes habituelles, expérience qui n’en est pas une, puisqu’elle est l’évanouissement de tout expérimentateur dans une dimension d’amour, de lumière et d’intelligence, sans vis-à-vis. Puisqu’elle est la mort (et son envers, la vie éternelle).

Bref, depuis, j’enseigne par mille moyens traditionnels que j’essaye de « moderniser », par des livres , des retraites, et on m’a vu évidemment manifester toutes sortes de travers humains et de désarrois dans de petites circonstances : j’ai eu peur de ne pas plaire à quelqu’un, d’être en retard pour mes impôts, de conduire en ville…mais pour les grandes choses, youpi , vive le Yoga, « je » suis toujours placée dans le seul lieu véritable et inaltérable de ce que je suis et de ce que nous sommes tous : un lieu parfaitement clair, serein et joyeux.

Donc j’y suis en ce moment. Sans doute au mieux de ma forme spirituelle. Tout à fait prête à ce que ce corps continue à vivre ou à ce qu’il s’effrite et meure. Dans les deux cas, « Bouddha de soleil, Bouddha de lune », je suis à chaque instant au cœur de la joie, présente à chaque instant à ce qui est immuable et à ce qui se passe, aux infirmières, à mes compagnes de chambre. L’espace ne s’est pas rétréci, il s’est plutôt agrandi, puisque je ne me perds plus dans les verres d’eau quotidiens dans lesquels j’ai encore la stupidité de me noyer.

La psychologue de l’hôpital est venue spontanément me voir, assez choquée que je ne sois pas choquée. Mais quand je lui ai expliqué que la mort n’a pour moi aucun sens, parce que ce que je suis est là dans cette pièce, ici, et que je n’irai jamais nulle part ailleurs (où pourrais-je bien aller ? ) quand je lui ai dit que je n’étais absolument pas croyante, que me raccrochais pas du tout à l’idée d’un paradis futur ou d’un nouveau corps, ou d’un autre monde, ou d’une rencontre avec Dieu pour plus tard, mais à ce qui était déjà ici, intact et pas malade du tout… elle a eu l’air de comprendre et, aux dires des infirmières, elle ne m’a pas classée parmi les fous. Elle a juste dit : « il n’y a pas beaucoup de gens qui diraient ce que vous dites ». J’ai répondu : « bien sûr que si, tous peuvent le dire. Il n’y a qu’à chercher un peu…Nous sommes tous comme ça. Je suis normale. »
Évidemment parmi certains de mes élèves, c’est un peu le désarroi : Comment ! N’y a-t-il pas de justice ? Comment quelqu’un qui n’a jamais fumé peut-il être ainsi frappé ! etc ; etc…Voilà un raisonnement qui vient de ce que j’appellerais le « matérialisme spirituel » dans lesquels beaucoup de pratiquants se fourvoient. Alors une fois de plus je leur répète ceci : le but du Yoga (du zen ou de n’importe quelle autre religion bien comprise) n’est pas de vous donner un corps sain, de vous permettre d’engranger des circonstances dites heureuses, de vous apporter la richesse la gloire ou la santé : ça c’est du capitalisme déguisé (donnant-donnant). Le but du Yoga, c’est de vous permettre de faire l’expérience directe que la maladie, la pauvreté et les accidents de toutes sortes ne sont pas des « occultations » du divin, des épreuves à traverser pour aller vers « le mieux » et pour grandir (encore que cette attitude soit déjà assez évoluée). Le vrai but du yoga, c’est d’expérimenter que ces choses dites « négatives » sont déjà, tout de suite, sans transformation aucune, la face cachée d’une dimension d’amour intelligent, entier et inaltérable. En tant que professeure, je pensais avoir été claire, mais que certains (pas tous heureusement) hésitent encore sur l’attitude juste montre mes limites en tant qu’enseignante, non les-leurs.

Pierre Feuga qui tenait cet edito avant moi, est mort d’un cancer, comme Krishnamurti et Ramana Maharshi. Le maître zen Philipp Kapleau est mort d’une maladie de parkinson, L’espace réel de ce qu’ils ont été est toujours là. La pure conscience lumineuse est toujours là. L’intelligence aimante capable de créer de nouvelles situations et de nouveaux êtres à chaque seconde est toujours là. Ils m’ont montré le chemin et je m’appuie sur eux. Leur dimension véritable n’a pas bougé. Elle n’a pas progressé. Elle est dans ma chambre. En moi. En vous. Et tout autour et à travers. Je sais que c’est dans cette dimension qu’ils vivaient. Que nous vivons tous. Donc c’est ce qui est là, quoi ! Alors, à vous de jouer.
:) :coeur:

son site
http://www.ariane-buisset.com/index.htm
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ValerieB
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Re: "Bouddha de lune, Bouddha de soleil"

Message par ValerieB » 24 oct. 2012, 21:41

superbe! Merci Amandine!!!! :)
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Denis
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Re: "Bouddha de lune, Bouddha de soleil"

Message par Denis » 24 oct. 2012, 23:25

Dans la réalité ultime de l'instant présent !
:coeur:
Dieu nous donne ce dont il veut qu'on se serve, pour aller vers lui.
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