En mémoire d'un grand acteur
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En mémoire d'un grand acteur
Voici un extrait d'une très belle interview de Bernard Giraudeau (que j'adorais) sur son approche du Yoga et de la spiritualité...(non, non, il n'a pas fait parti d'une secte... )
Qu'est-ce qui a basculé chez vous ?
J'étais dans une boulimie qui me déséquilibrait. Je fuyais la vérité en même temps qu'elle me hantait. Mon perfectionnisme était une colère contre moi-même et contre les autres pour ne pas aller au fond des choses. Je vivais dans une sorte d'oppression. Je savais qu'à un moment ou à un autre quelque chose allait arriver : une grave déprime, un accident. Je pratiquais des sports extrêmes et j'ai failli à plusieurs reprises y laisser ma peau. Si vous alimentez continuellement la cocotte avec des désirs, sans relâcher de temps en temps la pression, tout finit par péter. Dans la médecine chinoise, le rein, c'est l'eau et donc le filtre : à un moment, le mien s'est bouché.
Son cancer, on se le fabrique ?
C'est beaucoup plus compliqué que ça ! Il existe des facteurs environnementaux et comportementaux, mais le biologique et le génétique entrent en ligne de compte. Nous avons tous plus ou moins des cancers en nous. Mais c'est en fonction de nos défenses immunitaires que nous les développons ou pas. Or le stress diminue ces barrières de protection. À partir de là, il s'agit de chercher à comprendre pourquoi la maladie vous arrive, à vous.
Alors, comment changer ?
Entamer une recherche, c'est formidable : comme le dit Ysé dans le Partage de midi, de Claudel. On s'applique « à perdre connaissance » pour mieux se reconnaître. Je suis en train de « m'apprendre » à savoir qui je suis. J'ai entamé un parcours, semé d'épreuves et d'embûches. Mais c'est une belle page de mon existence. Je remercie même qu'elle me soit arrivée.
Malgré les souffrances ?
Oui, parce que la maladie m'a permis de faire un chemin que je n'aurais sans doute jamais emprunté autrement.
Quel genre de recherche avez-vous entreprise ?
Avec mon psychothérapeute, je travaille aussi sur l'hypnothérapie et la sophrologie. J'ai rencontré des personnalités formidables qui m'ont mis sur des pistes, comme l'urologue et psy Thierry Jansen, l'auteur de la Solution intérieure, et m'ont tourné vers les pratiques de la médecine et de la philosophie orientales, du yoga au qi gong. Chacun écoute qui il est prêt à écouter. Car à partir du moment où vous faites ce voyage-là, vous montez dans un train que les autres ne prennent pas. Ils restent sur le quai, quoi que vous fassiez. Seuls ceux qui ont fait le même genre de voyage peuvent comprendre vraiment.
Mais comment font ceux qui n'ont pas la chance de pouvoir « penser » leur maladie ?
C'est pour eux que j'ai participé à des émissions de télévision grand public sur le cancer. J'aimerais donner de l'espoir à ces malades qui subissent de douloureuses chimiothérapies et se sont entendu dire un matin : « Vous en avez pour un an. » Je leur assure que la vie est bien là. Mais il leur faut faire leur propre expérience, tenter des pistes en parallèle - ça peut être la danse, le rire, que sais-je. Sans le savoir, les malades attendent ce signal : « C'est à vous de jouer. » Ils sont prêts à se mettre au travail, à défricher leur jardin intérieur.
Vous, c'est par la méditation que vous y parvenez ?
Je pratique le Yoga et la méditation. Méditer, c'est se recentrer pour être en accord avec soi-même et l'univers entier. J'aime l'exemple des peuplades de Sibérie où chacun tente de trouver sa mélodie, et le tempo particulier qui le mettra en harmonie avec le monde. J'essaie de chercher cette note juste, de m'accorder, de trouver le rythme dans lequel je dois vivre. La méditation est à la fois une discipline quotidienne et un plaisir. Elle me permet également de me réparer : si, un matin, je vais mal - ça arrive, on n'est jamais sûr de rien... - alors, je respire et je tente la vacuité mentale.
À l'Institut Gustave-Roussy, comment se passent vos visites aux enfants malades ?
Je leur lis des histoires, comme celle de la grenouille Nénette des Contes d'Humahuaca, que j'ai écrits il y a quelques années pour mes enfants. J'ai fait aussi venir un illusionniste. Et demain, je serai accompagné par un artiste ventriloque et des petites poupées. Ce sont des expériences passionnantes qu'il faudrait multiplier.
Et l'écriture ?
Elle fait aussi partie de mon quotidien. Chaque jour, après mes exercices de méditation, je lis et il y a toujours des réflexions qui viennent. L'écriture, il faut que je m'y attelle. Mais, une fois que c'est parti, je m'accroche. Les histoires, je n'aime que ça. Je suis un fou de London, Melville, Conrad, parce qu'ils ont raconté de grandes et belles histoires et qu'à travers elles passent une philosophie de la vie et un vrai regard sur l'homme.
Votre personnage, enfant, pleure à propos des réflexions de sa grand-mère sur le corps et l'esprit...
Je voulais commencer et aussi finir mon roman sur cette question qui nous taraudera tous jusqu'à la fin. Quelle valeur a notre vie ? Ne faut-il pas tout simplement « être », corps et âme ? Sans spiritualité, notre existence n'aurait aucun sens. Je pense qu'il existe quelque chose du domaine de la lumière, très certainement. J'avais emmené mon ami handicapé - celui pour lequel j'ai écrit mon premier livre, le Marin à l'ancre - sur un petit bateau pour naviguer. En quittant la plage sur laquelle il avait laissé son fauteuil roulant, il me disait : « La plus belle chose qui puisse m'arriver, c'est de le voir ainsi s'éloigner sans moi... » Cet homme, encombré d'un corps qui l'avait fait souffrir toute sa vie, s'en est libéré un matin. Je parlerais d'une élévation. Mais ne me demandez pas plus de précision. Pour mon ami, il y a une lumière quelque part, dans laquelle il est bien...
Qu'est-ce qui a basculé chez vous ?
J'étais dans une boulimie qui me déséquilibrait. Je fuyais la vérité en même temps qu'elle me hantait. Mon perfectionnisme était une colère contre moi-même et contre les autres pour ne pas aller au fond des choses. Je vivais dans une sorte d'oppression. Je savais qu'à un moment ou à un autre quelque chose allait arriver : une grave déprime, un accident. Je pratiquais des sports extrêmes et j'ai failli à plusieurs reprises y laisser ma peau. Si vous alimentez continuellement la cocotte avec des désirs, sans relâcher de temps en temps la pression, tout finit par péter. Dans la médecine chinoise, le rein, c'est l'eau et donc le filtre : à un moment, le mien s'est bouché.
Son cancer, on se le fabrique ?
C'est beaucoup plus compliqué que ça ! Il existe des facteurs environnementaux et comportementaux, mais le biologique et le génétique entrent en ligne de compte. Nous avons tous plus ou moins des cancers en nous. Mais c'est en fonction de nos défenses immunitaires que nous les développons ou pas. Or le stress diminue ces barrières de protection. À partir de là, il s'agit de chercher à comprendre pourquoi la maladie vous arrive, à vous.
Alors, comment changer ?
Entamer une recherche, c'est formidable : comme le dit Ysé dans le Partage de midi, de Claudel. On s'applique « à perdre connaissance » pour mieux se reconnaître. Je suis en train de « m'apprendre » à savoir qui je suis. J'ai entamé un parcours, semé d'épreuves et d'embûches. Mais c'est une belle page de mon existence. Je remercie même qu'elle me soit arrivée.
Malgré les souffrances ?
Oui, parce que la maladie m'a permis de faire un chemin que je n'aurais sans doute jamais emprunté autrement.
Quel genre de recherche avez-vous entreprise ?
Avec mon psychothérapeute, je travaille aussi sur l'hypnothérapie et la sophrologie. J'ai rencontré des personnalités formidables qui m'ont mis sur des pistes, comme l'urologue et psy Thierry Jansen, l'auteur de la Solution intérieure, et m'ont tourné vers les pratiques de la médecine et de la philosophie orientales, du yoga au qi gong. Chacun écoute qui il est prêt à écouter. Car à partir du moment où vous faites ce voyage-là, vous montez dans un train que les autres ne prennent pas. Ils restent sur le quai, quoi que vous fassiez. Seuls ceux qui ont fait le même genre de voyage peuvent comprendre vraiment.
Mais comment font ceux qui n'ont pas la chance de pouvoir « penser » leur maladie ?
C'est pour eux que j'ai participé à des émissions de télévision grand public sur le cancer. J'aimerais donner de l'espoir à ces malades qui subissent de douloureuses chimiothérapies et se sont entendu dire un matin : « Vous en avez pour un an. » Je leur assure que la vie est bien là. Mais il leur faut faire leur propre expérience, tenter des pistes en parallèle - ça peut être la danse, le rire, que sais-je. Sans le savoir, les malades attendent ce signal : « C'est à vous de jouer. » Ils sont prêts à se mettre au travail, à défricher leur jardin intérieur.
Vous, c'est par la méditation que vous y parvenez ?
Je pratique le Yoga et la méditation. Méditer, c'est se recentrer pour être en accord avec soi-même et l'univers entier. J'aime l'exemple des peuplades de Sibérie où chacun tente de trouver sa mélodie, et le tempo particulier qui le mettra en harmonie avec le monde. J'essaie de chercher cette note juste, de m'accorder, de trouver le rythme dans lequel je dois vivre. La méditation est à la fois une discipline quotidienne et un plaisir. Elle me permet également de me réparer : si, un matin, je vais mal - ça arrive, on n'est jamais sûr de rien... - alors, je respire et je tente la vacuité mentale.
À l'Institut Gustave-Roussy, comment se passent vos visites aux enfants malades ?
Je leur lis des histoires, comme celle de la grenouille Nénette des Contes d'Humahuaca, que j'ai écrits il y a quelques années pour mes enfants. J'ai fait aussi venir un illusionniste. Et demain, je serai accompagné par un artiste ventriloque et des petites poupées. Ce sont des expériences passionnantes qu'il faudrait multiplier.
Et l'écriture ?
Elle fait aussi partie de mon quotidien. Chaque jour, après mes exercices de méditation, je lis et il y a toujours des réflexions qui viennent. L'écriture, il faut que je m'y attelle. Mais, une fois que c'est parti, je m'accroche. Les histoires, je n'aime que ça. Je suis un fou de London, Melville, Conrad, parce qu'ils ont raconté de grandes et belles histoires et qu'à travers elles passent une philosophie de la vie et un vrai regard sur l'homme.
Votre personnage, enfant, pleure à propos des réflexions de sa grand-mère sur le corps et l'esprit...
Je voulais commencer et aussi finir mon roman sur cette question qui nous taraudera tous jusqu'à la fin. Quelle valeur a notre vie ? Ne faut-il pas tout simplement « être », corps et âme ? Sans spiritualité, notre existence n'aurait aucun sens. Je pense qu'il existe quelque chose du domaine de la lumière, très certainement. J'avais emmené mon ami handicapé - celui pour lequel j'ai écrit mon premier livre, le Marin à l'ancre - sur un petit bateau pour naviguer. En quittant la plage sur laquelle il avait laissé son fauteuil roulant, il me disait : « La plus belle chose qui puisse m'arriver, c'est de le voir ainsi s'éloigner sans moi... » Cet homme, encombré d'un corps qui l'avait fait souffrir toute sa vie, s'en est libéré un matin. Je parlerais d'une élévation. Mais ne me demandez pas plus de précision. Pour mon ami, il y a une lumière quelque part, dans laquelle il est bien...
Ce n'est pas en regardant la lumière qu'on devient lumineux, mais en plongeant dans son obscurité...
- Denis
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Re: En mémoire d'un grand acteur
Sublime, merci Odile !
C'est si évident, mais il y a encore tellement de gens qui restent sur le quai et qui voient le train passer...Quelle valeur a notre vie ? Ne faut-il pas tout simplement « être », corps et âme ? Sans spiritualité, notre existence n'aurait aucun sens.
Dieu nous donne ce dont il veut qu'on se serve, pour aller vers lui.
Cours de Yoga en live et étude de textes en live avec zoom
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- philippe12
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Re: En mémoire d'un grand acteur
Bonjour a toutes et a tous
@merci Odile
Derrière l'acteur il y a toujours un homme
Je suis heureux que Bernard est atteint ce stade
Ce matin j'ai appris la disparition de David servan schreiber
Depuis des années je suivais son combat... Simplement passionnant
Derrière le medecin et le createur du magazine psychologies... voila un homme qui a acceuilli et vecu avec sa maladie
Aujourd hui il a rejoint Bernard, Amy et tant d'autres dans la lumiere
Amour et lumiere
Namaste
@merci Odile
Derrière l'acteur il y a toujours un homme
Je suis heureux que Bernard est atteint ce stade
Ce matin j'ai appris la disparition de David servan schreiber
Depuis des années je suivais son combat... Simplement passionnant
Derrière le medecin et le createur du magazine psychologies... voila un homme qui a acceuilli et vecu avec sa maladie
Aujourd hui il a rejoint Bernard, Amy et tant d'autres dans la lumiere
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Modifié en dernier par philippe12 le 28 juil. 2011, 17:15, modifié 1 fois.
"Abhyâsa Vairâgyâbhyâm Tan-nirodhah"
Re: En mémoire d'un grand acteur
Si seulement c'était si évident que ça !Denis a écrit :Sublime, merci Odile !C'est si évident, mais il y a encore tellement de gens qui restent sur le quai et qui voient le train passer...Quelle valeur a notre vie ? Ne faut-il pas tout simplement « être », corps et âme ? Sans spiritualité, notre existence n'aurait aucun sens.
- Denis
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Re: En mémoire d'un grand acteur
Je te propose de venir à un de mes stages...
Dieu nous donne ce dont il veut qu'on se serve, pour aller vers lui.
Cours de Yoga en live et étude de textes en live avec zoom
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Re: En mémoire d'un grand acteur
Bernard Gireaudeau était un grand acteur. Il émanait de lui une grande intensité.
Le cancer est un des grands mal de notre époque c'est sur. Je suis bien placé pour le savoir car j''ai une très forte hérédité à ce sujet des 2 cotés de ma famille.
Paix à son âme.
Le cancer est un des grands mal de notre époque c'est sur. Je suis bien placé pour le savoir car j''ai une très forte hérédité à ce sujet des 2 cotés de ma famille.
Paix à son âme.
Re: En mémoire d'un grand acteur
Peut être... un jour... Mais il y a la distance (ma région est beaucoup moins ensoleillée que la tienne ) et surtout que je me sens mieux, pour le moment et peut être à tort, dans une pratique solitaire.Denis a écrit :Je te propose de venir à un de mes stages...
- Denis
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Re: En mémoire d'un grand acteur
Je pense qu'il a toujours était un grand mal, et qu'il n'est pas forcément spécifique à notre époque.Le cancer est un des grands mal de notre époque
Je dirais même qu'a notre époque ces maladies reculent, puisque notre espérance de vie augmente.
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Re: En mémoire d'un grand acteur
En fait je crois que c'est le contraire, ces maladies avances car notre espérance de vie augmente. Quand l'espérance de vie était de 50 ans le cancer de la prostate faisait peu de victimes.Denis a écrit :Je dirais même qu'a notre époque ces maladies reculent, puisque notre espérance de vie augmente.
Après difficile de dire l'impact de la pollution ou des pesticides, les études sont souvent contradictoires.
- Denis
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Re: En mémoire d'un grand acteur
Oui, forcément il y a des cancers qui apparaissent et qui n'étaient pas là il y a 150 ans du aux âges avancés que nous atteignons. Pour autant nous vivons beaucoup mieux qu'avant et plus longtemps, c'est que les maladies étaient bien plus radicales avant.
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Re: En mémoire d'un grand acteur
Je suis d'accord. Mais on peut rêver à la formidable qualité de vie (sur le plan physique) qui serait possible en associant la vie saine de l'époque et les savoirs de maintenant. Oui au scanner, non aux pesticidesDenis a écrit :Oui, forcément il y a des cancers qui apparaissent et qui n'étaient pas là il y a 150 ans du aux âges avancés que nous atteignons. Pour autant nous vivons beaucoup mieux qu'avant et plus longtemps, c'est que les maladies étaient bien plus radicales avant.