Dangers sur la médiation Manque d'expérience

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Maëva

Dangers sur la médiation Manque d'expérience

Message par Maëva » 26 oct. 2005, 13:57

Bonjour,

J'ai une trés courte expérience de la méditation ( 6 seances) et déjà je me pose certaines questions.
Lors de l'assise je suis présente aux exercices de souffle durant les 30 mn , mon mental est calme pas d'idées ou de pensées qui ne viennent perturber mon attention portée au souffle.
Mais ce que je ressens c'est un corps de plus en plus froid et dur (même sensation lorsque l'on touche une personne morte ) donc froid et dur au niveau de l'assise jambes puis bras et lorsque le prof demande aux élèves de reprendre conscience de son corps assis là c'est l'angoisse car je n'y arrive pas en deux ou trois mouvements le coeur se met à battre trés trés vite ? et je mets longtems avant d'ouvrir les yeux je me fais" violence " pr reprendre conscience de ce corps que se passe t'il au juste je n'ai pas l'impression que les autres élèves vivent ce retour de façon difficile est ce par manque d'expérience?? lors du rerour je ressens comme une sorte de peur d'angoisse de la mort ? est ce mon mental qui crée tt ça??
qd je vois les autres élèves le retour semble simple et confortable?
tant que tt ceci ne sera pas clair pr moi je ne me reessaierai pas à cette activité
Merci pr vos remarques, expériences et conseils
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Denis
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Message par Denis » 28 oct. 2005, 19:20

Bonjour Maëva,

Sois la bienvenue sur le forum, juste une chose merci de ne pas utiliser un langage raccourci ou proche du SMS.

Pour ce que tu décris dans la méditation, je pense que cela n'est pas très fondé et que c'est plutôt une création du mental. Le fait que le coeur se mette à accélère c'est bien que le mental (le cerveau) qui dirige tout cela. Peut-être une peur qui à mon avis disparaîtra avec un peu de pratique.

La voie de la découverte de son monde intérieure est de toute façon parsemée de moments assez étranges et même réellement effrayants, mais dans 99,9 % des cas ce ne sont que des créations mentales.

En fait c'est surtout de nous même que nous avons peur.
Une petite histoire en inde raconte cela :
"Un homme voyant une corde enroulée sur le sol la prends pour un cobra royal et meurt d'une crise cardiaque…"

Entre les peurs que nous pouvons nous faire ou les grandes extases, voir les grands bonheurs, tout cela doit être considérer comme un simple paysage qui défile quand on est dans un train. Seul l'endroit où doit se rendre le train est important.

Continue ta pratique et dans quelques temps viens nous en reparler, d'autres choses se manifesteront.

Denis
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Message par Andre » 19 déc. 2005, 12:28

Maêva, votre vécu en méditation me semble très intéressant. Mon interprétation diffère assez sensiblement de celle de Denis. Je ne crois pas qu’il y ait « création du mental », au moins au niveau du froid et du dur. Par contre, je suis d’accord avec lui quand il dit que vos sensations associées à l’accélération de votre cœur au sortir de la méditation disparaîtront avec la pratique. Les sensations de froid et de dureté du corps me semblent tout à fait « logiques ». Il m’arrive de les éprouver moi-même. C’est probablement d’abord pour cela qu’elles me semblent logiques.
La méditation étant d’abord une relaxation qui se caractérise par un ralentissement du métabolisme, de la circulation sanguine puisque les muscles et tout l’organisme sont au repos, il est normal que le corps se refroidisse. Cela peut être « vu » en prenant des photos en infra-rouge. La dureté du corps résulte de ce même ralentissement de la circulation. Froid et dureté du corps sont d’ailleurs signalés par tous les mystiques qu’ils soient d’Occident ou d’Orient. Je cite dans un autre de mes messages sur ce forum le livre La chair des Anges, où ce fait est constamment rapporté. Il est rapporté également dans Hatha-yoga pradipika de Tara Michael. Mais on peut apprendre à se réchauffer en relaxation et donc en méditation. Il suffit par exemple de rester poumons pleins ou poumons vides assez longtemps. On peut aussi utiliser l’expiration.
Dans mon livre Le yoga au risque de la psychanalyse et de la science occidentale, je rapproche ce vécu de froid en médiation de notre expérience de la naissance : tous mouillés au sortir du ventre maternel nous avons dû avoir bien froid avant que notre régulation thermique ne se mette en route. Pour les mystiques, la méditation est l’occasion d’une renaissance. Je pense que pour renaître, il nous faut revivre ce froid effectif de notre naissance.
Reste le problème : pourquoi ces sensations nous étonnent-elles ? C’est peut-être là que serait la création du mental.
Maëva, il est probable que vous êtes réellement en relaxation en méditation, c’est pour cela que vous allez jusqu’au froid et à la dureté du corps. D’après votre récit, j’ai cru comprendre que ces sensations ne vous posaient pas de problème ; l’émotion, un peu d’angoisse apparaît quand on vous demande de quitter cette état. Il est probable que les autres membres du groupe ne sont pas encore allés aussi loin que vous dans cette voie ou bien ils ont trouvé inconsciemment le moyen de se réchauffer en médiation. C’est peut-être le fait de vous sentir un peu différente des autres qui fait battre votre cœur un peu vite. Qu’en pensez-vous ?
Comment tout cela a-t-il évolué depuis octobre ? De toutes façons, le yoga vous aidera peu à peu à réduire les sensations physiques comme l’accélération des rythmes cardiaque et respiratoire qui accompagnent l’émotion (voir l’ « émotion » de Psyphilo dans « expression sur un thème »).
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Denis
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Message par Denis » 19 déc. 2005, 21:26

Bien sur que le corps s'engourdi dans l'approche de la concentration. Les sensations de froid et dur sont bien les premiers éléments que tout le monde ressent dans les premiers instants de recherche.
L'acceptation de l'immobilité qui s'accompagne souvent d'une sensation comme si on était pris dans du béton à durcissement rapide est assez effrayante.
Puis un jour, on s'approche de la réelle possibilité de méditer, et de Dharana on commence à passer vers Dhyana. Dans bien des cas, cet état passe par une accélération des idées, comme si elles étaient innombrables et qu'il était impossible de les maîtriser. Le brouhaha intérieur devient assourdissant, le corps est pris de transpiration, le souffle parfois lui aussi s'embale, puis d'un coup, tout cesse et la conscience se manifeste.
Cela se nomme le Spanda, et nombre de textes parlent de cette accélération des fréquences et autres vibrations intérieures. Cela reste aussi très étrange pour celui qui vit cela.

Denis
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Message par Andre » 29 janv. 2006, 08:43

Je ne suis pas d’accord quand tu déclares « non fondé » tout ou partie du vécu que décrit Maëva dans son message « Dangers sur la médiation Manque d'expérience ». C’est là que la psychologie occidentale et surtout la psychanalyse me semble plus opérante que le yoga pour comprendre un certain nombre de choses. De mon point de vue, Maëva est allée dès ses premières expériences de méditation assez loin, plus loin que la plupart des autres débutants, ce qui déclenche une certaine émotion, un peu d’angoisse… Je considère son vécu en méditation comme assez normal, prématuré peut-être par rapport aux autres débutants… L’un des buts du yoga c’est d’atténuer les manifestations physiques, comme l’accélération des rythmes du cœur et de la respiration.
Je ne suis pas non plus d’accord quand tu commences ton dernier message par « Bien sûr, … ». Il y a une sous-estimation de cette angoisse devant le « béton à prise rapide ». Ton image est très forte. Et je vais développer le rapport entre yoga et psychanalyse, cela servira de réponse à un de tes messages de juillet que j’ai laissé sans réponse, ce dont je te prie de m’excuser. C’est vrai que le but de la psychologie moderne, comme celui du yoga, est de délivrer une personne de ses angoisses, le plus souvent irraisonnées. Mais ce n’est pas en lui disant de but en blanc que ces angoisses sont irraisonnées, qu’on aide quelqu’un à s’en sortir. Ce n’est que peu à peu qu’on arrive à faire prendre conscience que certaines attitudes en particulier l’angoisse, héritées de la toute petite enfance, sont inutiles. Il s’agit de « respecter le symptôme » comme disent certains psychanalystes. C’est à cette angoisse devant l’état de méditation que je faisais allusion dans ce message de juillet. D’après moi, elle laisse des traces même si elle est surmontée. Elle n’est jamais aussi bien surmontée qu’on le croit.
Il y a bien des chances que ces sensations d’être « pris dans du béton à prise rapide », nous les avons vécu dans notre berceau. C’est probablement le résultat de ratés dans la mise en route de notre régulation thermique. C’est pour cela que ça nous angoisse aussi fortement. Mais cela est une hypothèse personnelle. A cette époque de notre vie, nous nous en tirons en pleurant abondamment, en criant et en hurlant. Ces manifestations de violence ne sont pas seulement dues à la faim ou à un inconfort quelconque.

Je me demande si on ne peut pas envisager une voie vers la méditation où l’on resterait toujours dans un état de relaxation et où donc on éviterait le passage brutal traumatisant dans « le béton ». C’est en tout cas celle que je recherche. Quand Dhruva dit « … en dépassant la terrible douleur de mon corps… » dans son sujet sur L’électromagnétisme de l’univers, je suis assez effrayé. Je ne crois pas qu’on dépasse jamais vraiment une terrible douleur de son corps. Comme l’on peut apprendre à modifier son rythme respiratoire, comme on peut étirer ses muscles sans douleur au delà de ce qui se fait habituellement, on peut apprendre à ressentir le froid et l’ankylose de la méditation de façon agréable sans douleur, tout simplement en y allant progressivement, en fractionnant les expériences, en observant la détente et les changements de température quand on s’arrête chaque fois que l’angoisse devient un tant soit peu trop importante. C’es la méthode de déconditionnement que je décris dans mon livre.
Cela pose aussi le problème de la pédagogie du yoga. Je sais bien que le textes traditionnels sont des résumés, des aide-mémoires, que la transmission du yoga se fait oralement dan le dialogue singulier de l’élève avec son maître. Mais je cite dans mon livre une définition de l’adepte : « La description de l’élève qualifié, telle qu’elle est rapportée dans un texte du XVe siècle est à l’opposé de ce que l’on demande à un étudiant occidental en philosophie (H. Zimmer, Les philosophies de l’Inde, Payot, 1985, p. 48) : “Quand il (l’élève) aborde l'étude du vedânta, il doit éprouver un sentiment non de critique ou de curiosité, mais de foi totale dans le fait qu'il découvrira la vérité dans les formules qui vont lui être communiquées ». Le maître semble chercher des élèves convaincus d’avance. Dans le cas qui nous occupe maintenant, c’est probablement des personnes prêtes à affronter les sensations les plus douloureuses. Même si c’est partiellement une utopie, je recherche à amener tout le monde aux bénéfices du yoga. Pour moi, le yoga est une ascèse sans ascèse contrairement à l’ascèse chrétienne. Je suis pour un yoga hédoniste comme je le dis par ailleurs. Que certains tels Dhruva pratiquent le yoga dans la douleur pour la dépasser, c’est leur problème ; cela ne me regarde pas. Mais que des enseignants les y encouragent, je suis contre. Je trouve que c’est verser dans « le masochisme judéo-chrétien », en particulier le Christ mort pour nous sur la croix auquel nous sommes invités de façon pressante à nous identifier pour mériter le Ciel.

Les créations du « mental » ne sont pas des choses négligeables. Nous vivons grâce à notre mental même si nous devons apprendre à nous en méfier quelque fois. Peut-être les renonçants indiens peuvent-ils s’en passer. Mais ceux qui acceptent de vivre dans « le siècle », dans la vie courante, ne le peuvent pas. D’ailleurs, je ne suis même pas sûr que les renonçants peuvent s’en passer totalement. Il y a bien des chances que se priver du mental ce soit la mort à brève échéance.
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Message par François » 29 janv. 2006, 17:04

André je trouve ton commentaire extrêmement intéressant et cela rejoint mes propres observations. J'ai souvent cette impression que plusieurs occidentaux transposent leur conditionnement chrétien sur le yoga ; démonisation à outrance de l'égo (péché originel), fascination quasi morbide pour l'éveil (le paradis), négation du corps, du plaisir, mortification et sectarisme. Sans oublier la vénération souvent naive des textes anciens, etc. Il n'y a pas de texte sacré en yoga, Patanjali n'a pas reçu de révélation divine mais est un codificateur qui s'est efforcé de synthétiser les sources multiples et confuses dans une perspective pratique et pédagogique et il y a réussit mais pas à la perfection à preuve les divergences d'interprétation auquel le texte donne lieu. Le Hatha Yoga Pradipika est un texte magistral mais lui aussi sujet au contexte de son auteur.
La redécouverte du yoga par les occidentaux au début du siècle est aussi très lié à l'enseignement védantique de Vivekananda et la culture ésotérique du mouvement théosophique, ce qui je crois nous permet de comprendre le maillage de ces perspectives "religieuses" et du yoga.
Techniques millénaires certes le yoga est aussi d'actualité pour le contemporain et c'est ce qui en fait la force et témoigne de son authenticité. Nous avons la capacité d'en redécouvrir le sens par la pratique assidue et bien sûr l'étude respectueuse des anciens.
Connais-tu les travaux de Swami Rama et Swami Ajaya sur la psychothérapie et le yoga?
Le guerrier ne lit pas sa certitude sur le visage de ses voisins.
Castaneda
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