Dans tous les textes (hindouistes ou bouddhistes), on parle du monde phénoménal comme étant Maya, une illusion, parce que notre esprit est sous l’emprise de l’ignorance.
Dans ce cas, peut-on dire que la "réalité", telle qu’elle existe n’est rien d’autre qu’une auto-illusion de notre esprit qui se laisse prendre au jeu de ses propres productions qui "apparaissent à l'extérieur"et qui, selon ses dispositions et ses tendances karmiques, projettent un champ d'expérience sensorielle particulier tant sur un plan humain, animal, infernal et même divin ?
Si le monde phénoménal est une production de l’esprit, cela signifie :
- qu’il (monde phénoménal) ne peut pas être le produit de lui-même parce qu’il faudrait qu’il soit déjà existant et il ne serait donc pas nécessaire (voire même absurde) qu’il se produit de nouveau (dans ce cas, je m’interroge sur la vision samkhyste qui affirme que "tout existe déjà" à l’état de non manifesté… )
- qu’il ne peut pas être le produit d’une cause extérieure à lui-même ; car s’il "n’existe pas" en tant que tel, cette "cause extérieure" ne peut apparaitre, et donc, donc…on en revient au fameux et passionnant concept de "l’autre" …comment un "toi" peut exister sans l’existence d’un "moi" ?
si un "moi" n’existe pas "réellement", un "toi" ne peut pas non plus être réellement existant…
Ceci dit, le monde phénoménal ne peut pas apparaitre sans cause car cela va à l’encontre des expériences directes que l’on peut vivre, exactement comme un enfant ne peut pas apparaitre sans parents…aucun phénomène de ce monde ne peut apparaitre sans qu’il soit produit par une cause connue…Et c’est là où le bat blesse…si un "moi" et "toi" n’existe pas "réellement", comment l’esprit peut-il "être et a toujours été" (j’exclue totalement une vision religieuse là-dedans, donc pas de Brahma, ni de Shiva, etc) ?
Si on prend l’exemple d’un corps humain : c’est la somme des membres, d’un tronc, des organes, etc qui vont faire apparaître un corps, la même chose pour une maison : ce sont les murs, les piliers, les portes, un toit, etc, qui vont faire apparaître une maison…On peut en déduire que tous les phénomènes (comme le Samkhya l’affirme) sont composés d’éléments interdépendants qui sont la base des uns des autres, mais ces éléments sont également la somme de parties, qui elles-mêmes, sont la somme d’autres parties,etc…
Donc, on peut dire qu’il y a 2 vérités : l’une étant relative à cause des apparences (la maison, le corps sont réels), et l’autre absolue parce qu’ils n’ont pas "d’existence propre", donc irréels (étant interdépendants des éléments). Si ces 2 vérités sont une seule et même chose, cela impliquerait nécessairement qu'en voyant l'une, on verrait l'autre automatiquement, mais ce n’est le cas : on perçoit la vérité des apparences relatives, mais la vérité absolue échappe à notre appréhension directe immédiate.
Si ces 2 vérités ne sont pas une seule et même chose, cela signifie qu’elles sont différentes et que chacune d’elle existe indépendamment de l'autre... Peut-on dire que la vérité des phénomènes est semblable à des "apparitions magiques", comme le magicien qui fait apparaître et disparaître un lapin de son chapeau ? ces images que l'esprit saisit en un éclair et qui sont pourtant dénuées "d'existence propre"...
Je n'ai plus aucun souvenir de mes expériences de méditations...une amnésie totale, le néant...je disparais et je réapparais... ou est la réalité dans tout ça ?Denis a écrit : Quand il m'arrive de me réveiller dans cet état, je trouve qu'il n'y plus de corps, plus d'histoire, plus de personnage... "Je suis" simplement sans rien d'autre.
Puis en quelques secondes la connexion avec le monde, le corps et donc l'histoire, le personnage se remet en place, un peu comme un ordinateur qui démarre mais qui n'a pas de connexion avec internet et donc tourne seul dans sa réalité concrète est réelle.
Je pense que ce stade est la pure conscience immobile, le Shiva des shivaïtes ou le Purusa du Samkhya.
Je pense que ce que tu décris est ce que je vis aussi au retour d'une méditation profonde, avant que tout réapparaisse, la présence du corps est là, mais effectivement sans rien d'autre et là je crois qu'on se trouve dans le Linga Sarira qui n'est pas apte à la perception des éléments grossiers ni dans le contact subtils avec eux.